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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Solitudes préférables

6 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Certaines solitudes valent mieux que les actions de groupe. Depuis que je ne collabore plus à aucun collectif, mes livres ne sont pas cités, mes articles ne sont plus repris sur le Net et l'on ne me propose plus de figurer parmi les premiers signataires d'aucune pétition. Certains s'en désoleraient, je m'en réjouis plutôt.

Et de temps à autre certaines anecdotes confortent cette satisfaction en moi. Ainsi, hier, j'ai reçu le texte d'une pétition anti-OTAN dont il vaut mieux que je ne vous donne pas le lien (car je ne souhaite pas polémiquer ni entrer dans des logiques de critiques ad hominem). Certains signataires sont de mes amis ou anciens amis, mais leur nom figure à côté de ceux de guignols. Je suppose qu'ils n'ont pas eu le choix. En outre la pétition dénonce la "Révolution orange" ukrainienne. Elle n'a que 10 ans de retard... car le problème aujourd'hui c'est Euromaïdan, pas la Révolution orange des années 2000...

Ce genre de texte montre que l'opposition aux logiques bellicistes n'est point à la hauteur de la gravité des événements. Le député à qui j'ai proposé une question au gouvernement sur l'Etat islamique s'est bien sûr gardé de me répondre - aujourd'hui les juges en font plus que les députés en matière de relations internationales, et je plains celui qui devra, après la plainte du Qatar, dire, au vu de ses très faibles pouvoirs d'investigation, si oui ou non cette pétromonarchie soutient l'EI, pour décider si le propos de M. Filippot était diffamatoire ou pas...

Et pourtant il y a tant à faire quand je vois par exemple le sinistre Porochenko appeler à la "guerre totale" contre la Russie !

La faiblesse structurelle de l'opposition au système atlantiste se révèle dans le caractère éphémère des sites sur le Net. Esprit corsaire a fermé ses portes en décembre dernier, La Tour de Babel en novembre (dommage, j'avais besoins de clés pour comprendre la résistance des profs au Mexique, La Jornada ne me donne que des fragments)...

Pour ma part j'attends toujours qu'un site d'info en géopolitique apparaisse qui fasse clairement la part des choses entre les diverses propagandes, et nous donne au moins toutes les versions en présence. Par exemple, quand on lit le 20 mai dernier sur le site de la chaîne du Hezbollah libanais Al Manar :

"Le dirigeant du Kurdistan d’Irak, Massoud Barzani souhaite la reprise des relations avec Israël comme durant les années 70 et 80 du siècle dernier. Barzani a tenu ses propos dans une interview accordée à la deuxième chaine de télévision israélienne, dont l'équipe se trouvait au Kurdistan de l'Irak, pour un reportage sur la situation politique et sécuritaire."

Il est bon de trouver dans la foulée sur Kurdpress News :

"Barzani’s Media Advisor, Kefah Mahmoud Karim, has denied the president has interviewed with any Israeli media. He told al-Maalomeh that the Lebanese daily report is completely baseless. Karim stated Barzani has not made any interviews with any Israeli media as the stance of the region towards Israel is quite known. "

Ce travail de confrontation systématique des infos à partir d'un point de vue indépendant n'est hélas fait nulle part. Ni dans les médias mainstream trop serviles, ni chez les fragiles opposants.

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Zizek et les cultures

5 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Zizek dans Libération : ~~«On a cru que le capitalisme nous permettrait de dissoudre les identités partielles… Pour l’heure, il y a une forme de capitalisme où la globalisation du marché peut coexister idéalement avec une très forte identité ethnique, raciste… Lacan avait prédit déjà que le marché commun allait nous pousser vers des formes de racisme. La limite de l’universalisme, c’est ce qu’on appelle les modes de vie. Ce qui m’intéresse, c’est le racisme qui se reproduit dans les petites choses du quotidien. J’ai des amis qui sont de gauche, antiracistes, mais quand un type asiatique ou noir s’approche, il y a un certain malaise. Ils sont embêtés par certains petits détails : "Je n’aime pas cette cuisine-là", "cette façon de s’habiller", etc. L’universalisme, pour moi, ce n’est pas l’idée d’une valeur de l’universel régnant partout qu’indiquent les ouvrages publiés par l’Unesco : la culture mondiale, la vision béate d’un patrimoine culturel universel… Je déteste tout ça. Je crois que la seule universalité, c’est l’universalité de la lutte sociale et politique, le front commun qui permet une identification, une solidarité authentique. Je n’aime pas les libéraux de gauche, les multiculturalistes qui disent : «On doit comprendre l’autre.» Non, je ne veux pas comprendre l’autre, je m’en fous. Mon idéal, ce n’est pas de vivre dans un immeuble où il y a une famille viet, une autre latino, une autre noire. Bien sûr, j’y vivrais bien, mais, comme l’a dit Peter Sloterdijk, on a besoin d’un "code de discrétion". C’est ça l’antiracisme authentique : une "ignorance", une discrétion très polie, un respect. Je veux vivre dans une ville avec toutes les cultures, mais je pense qu’elles doivent garder une distance, et que ce n’est pas une mauvaise chose.»

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Dawkins, Sheldrake, Deepak Chopra

3 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes, #Grundlegung zur Metaphysik

Il y a sur You Tube des débats intéressants entre Dawkins et Deepak Chopra (en face à face) et entre Dawkins et Sheldrake (par des voies plus indirectes). Je vous invite à les regarder. Ayant été longtemps un admirateur de Dawkins, je me garderai de le critiquer et de condamner le rationalisme militant, qui garde son utilité. Mais il faut reconnaître que dans un univers composé de 95 % de matière noire dont on ne sait rien, la défense des lois de la physique telles que nous les connaissons doit rester prudente, plus prudente que celle que mène Dawkins. Pour le reste Dawkins a raison de tenir à "séparer" les registres, la séparation étant, comme l'a souligné Benveniste, la raison d'être de la science au risque de l'enfermement dans l'ultraspécialisation, mais je suis enclin à penser que cette cause de la séparation doit être conçue en des termes plus dialectiques, plus hégéliens, plus dynamique, et donc finalement inclusive (jusqu'à inclure la foi aussi), mais ce serait un peu difficile à expliquer ici.

Je découvre (honte à moi !) Sheldrake. Son panthéisme est séduisant, mais instruit par GW Hegel et Jakob Böhme (je suis indécrottablement germanophile), je pense, à la différence de Sheldrake, que Dieu est dialectiquement au delà du monde, tout en étant dedans, ne serait-ce que du point de vue historique (il est nécessairement hors du temps). La passion de l'immanence chez Sheldrake le conduit d'ailleurs à nier que la mémoire puisse exister sans support matériel et hors des interactions (il condamne par exemple l'idée d'une mémoire akéshique). En cela (et dans sa manière par exemple de créditer les astres d'une conscience, mais de refuser la conscience à l'immatériel), on le situerait plutôt sur les rivages du stoïcisme qui, sur le terrain de l'épistémé, me paraît un peu faible. Encore un effort !

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Les Philippines et la loi fondamentale du Bangsamoro

26 Mai 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Asie

Les Philippines et la loi fondamentale du Bangsamoro

Ceux qui connaissent un peu ce blog (et pardon de ne pouvoir pour les autres fournir les liens adéquats mais le nouveau système d'Overblog ne permet plus de retrouver facilement les liens avec les anciens articles), savent que j'ai failli me rendre au Sulu (Philippines) en 2012, pour travailler sur la minorité musulmane. J'ai été intéressé par le combat du Front Moro de libération nationale (MNLF), et son action pour récupérer le Sabah en Malaisie (avec la sympathie de l'extrême gauche philippine pour cet acte anticolonialiste, puisque le rattachement du Sabah à Kuala Lumpur est dû à une action scélérate du colonisateur anglais). Il l'a payé cher puisque depuis lors le gouvernement philippin préfère négocier avec des islamistes (la Front islamiste de libération moro - MILF) soutenu par la Malaisie un nouveau statut (la loi fondamentale du Bangsamoro - BBL) qui signera la fin de l'autonomie du Sud gérée par le MNLF pour la remplacer par une autre autonomie à la botte du MILF.

Je suivais ces derniers temps avec consternation cette nouvelle stratégie pro-islamiste des autorités de Manille.

Heureusement la démocratie philippine permet encore de faire entendre la voix de la raison. Il est juste dommage que cette voix soit portée par la droite, puisqu'hier, c'est le fils de feu le dictateur Marcos qui, lors d'une audition devant le Sénat, a dû faire avouer au sous-secrétaire du cabinet de la présidence (OPAPP) en charge des négociations avec le MILF José Lorena qu'il mentait lorsqu'il prétendait que le MILF avait le mandat des sultanats locaux (dont celui de Sulu) pour traiter avec le gouvernement. Le Manila Times fait la liste des organisations sultanales consultées par le comité de Marcos (1). Il semble que la semaine dernière le sultanat de Sulu à Jolo ait proposé deux autonomies : une pour les musulmans de Maranaw and Maguindanaw et une autre pour ceux de Basilan, Tawi-Tawi et Sului, les leaders du MILF appartenant principalement à la première catégorie.

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(1) ~~Council of Royal Datus; Council of Royal Ladies Sultanate of Maguindanao; Iranun Sultanates League of the Philippines; Federation of Royal Sultanate Descendants of Mindanao Sulu and Palawan; The Heirs of Sultan Mohammad Esmael Organization Inc.; Maguindanao Mandanaue Darussalam; Federation of the Royal Sultanate of Lanao; Sultan Uko Royal Descendants Associations Inc. (SORODA); Timuay Justice and Governance Gempa te Kelindaan ne Kamal ne Erumanen ne Menuvu; Mindanao Indigenous Peoples’ Peace Forum; et Lumad Mindanawed Peoples’ Federation.

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Destruction du féminin

25 Mai 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

L'esclavage sexuel et son business se poursuivent dans les territoires contrôlés par Daesh en Irak et en Syrie. "Nous avons entendu parler d'une femme de 20 ans qui a été brûlée vive parce qu'elle refusait d'accomplir un acte sexuel extrême" déclarait en début de semaine Zainab Bangura, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies sur la violence sexuelle dans les conflits armés. C'est une entreprise d'asservissement systématique de la féminité. Les viols systématiques, qui relevaient de la propagande de guerre en Bosnie il y a 20 ans, sont devenus une réalité au Congo dans les années 2000 et maintenant sous la férule de Daesh. Après la prise d'un village, les hommes sont tués, les femmes massivement dénudées, pour la fixation de leur prix en fonction de leur beauté, puis revendues plusieurs fois pour quelques dollars.

Il y a quelques mois on parlait d'un système de libération des femmes yadizis d'Irak pour 1 000 à 10 000 euros suivant leur beauté. Les associations qui oeuvrent à ces libérations assurent que l'argent ne va pas à Daesh mais aux tribus qui soutiennent Daesh. J'ignore s'il faut encourager un fund raising dans cette voie, mais on ne voit pas trop ce qui peut être fait de concret à part cela.

Sur un plan plus politique il parait que les USA sont enfin un peu plus ouverts à la coopération avec les Russes en Syrie pour donner les numéros de série des armes de Daesh. Etrange qu'ils n'aient pas su empêcher la prise de Palmyre avec leurs bombardements comme ils l'avaient fait en pays kurde.

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Régionales espagnoles

25 Mai 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Belle victoire de Podemos qui dépasse les 20 % dans la région où je votais (l'Aragon) et la fait basculer à gauche comme le reste de l'Espagne.

Aux municipales parallèles aux régionales, Madrid et Barcelone tombent entre les mains des Indignés.

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"Carnet de thèse" de Tiphaine Rivière

24 Mai 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Lectures

"Carnet de thèse" de Tiphaine Rivière

J'ai raconté dans un de mes livres l'histoire de ma thèse en sociologie que j'ai faite à Paris I. Une thèse qui s'est passée dans des conditions bizarres, un peu comme tout ce que j'ai entrepris dans ma vie (mais peut-être plein de gens peuvent-ils en dire autant). A l'époque je la préparais tout en faisant l'Atlas alternatif et en bossant pour un ministère. J'étais partout et nulle part.

Cette thèse à la fois m'a servi et ne m'a pas servi. Elle fut utile à la publication de mes livres, inutile à mes affectations professionnelles. En partie parce que l'univers de la fac m'a très fortement déplu. La fac était de toute façon fortement discréditée dans le milieu des grandes écoles d'où je venais (milieu auquel je ne m'identifiais que partiellement mais bon...) et globalement dans la société aussi, mais je pense que si je n'avais pas été docteur en quelque chose en plus de mes diplômes précédents cela m'aurait vraiment manqué. Je ne sais pas trop ce que j'ai gagné en le devenant, mais je sais ce que j'aurais perdu en ne l'étant pas.

Pour le reste tout cela a glissé loin de moi désormais. J'ai donc cru que je pourrais lire sereinement la BD satyrique de Tiphaine Rivière parue au Seuil cette année "Carnet de thèse". Hé bien non, j'ai pris ça comme un grand coup de pied dans le ventre. Non pas en relation avec mon vécu propre car le sujet ne me touche plus de près, mais parce que je sais que, malgré la caricature, on ne peut s'empêcher de songer à tous ces gens qui sont abimés par la fac (et j'en ai connus). Bien sûr cela n'est rien à côté des horreurs que commet Etat islamique, du sort des migrants sur les mers, mais c'est tout de même un immense gâchis social, qui, par ailleurs, nuit énormément à la place du savoir et des humanités dans notre monde. Et ce n'est pas propre à la France : je connais aussi la misère morale des facs de lettres et de sciences humaines aux Etats-Unis. L'humain a un don particulier pour gâcher collectivement ses meilleures conquêtes.

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Old stones

23 Mai 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Old stones

"Pourquoi est-ce que les vieilles pierres de Palmyre émeuvent plus que le sort des gens victimes de la guerre civile syrienne ?" demande un website français aujourd'hui.

Peut-être parce que les pierres donnent plus de repères que les gens. Pendant la guerre du Kosovo j'étais à l'écoute des Serbes bombardés qui hurlaient contre les Américains. Quand le peuple de Belgrade l'année suivante a pris d'assaut la télévision d'Etat bombardée l'année précédente, un ami communiste péruvien m'a dit : "il ne faut pas être sensible au sort des civils, car les civils changent de camp facilement". Une phrase qui m'a fait froid dans le dos car, en l'occurrence, le peuple serbe n'avait pas "changé de camp", il n'était pas devenu "pro-américain" malgré ce qu'en disaient les Occidentaux. Mais il fallait bien reconnaître que le propos sur la versatilité des peuples n'est pas faux (puisqu'on célèbre les 200 ans de Waterloo, rappelez vous les remarques pathétiques de Châteaubriand sur l'anti-bonapartisme soudain des Français après la défaite).

On ne fait pas l'histoire contre les peuples (même si la gauche de la gauche a souvent gouverné sur des bases que les peuples ne pouvaient pas suivre), mais on ne peut pas non plus avoir les émotions des peuples comme boussole.

Le repère est ailleurs, dans une Vision, du Bien et de la Justice. Une fois de plus, ma fidélité à Caton d'Utique parle ici. Des idéaux qu'incarnent mieux des pierres deux fois millénaires que les sentiments des gens.

A part ça une dame franco-polonaise véhicule un témoignage intéressant sur le Donbass en ce moment dans les milieux alternatifs, j'aimerais l'interviewer.

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