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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

"Tout compte fait"

16 Juillet 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous, #1950-75 : Auteurs et personnalités

Le côté bon élève de Simone de Beauvoir dans "Tout compte fait" quand elle raconte les églises romanes charentaises (il est vrai qu'elles sont belles) ou le procès des crimes américains au Vietnam jugés au Danemark (il est vrai qu'ils furent atroces). Son regard plein de bon sens sur les fautes des régimes socialistes : la dérive de Cuba vers la dictature, la répression du "printemps croate" en Yougoslavie, les échecs du gouvernement algérien. Son indulgence compréhensible pour Israël. Ses choix contestables pour les irrédentismes contre des fédérations : pour les Biafrais contre le Nigéria (alors que le PCF et l'URSS comme Nasser et les USA soutenaient la fédération). Elle l'érige en principe, ce qui ne laisse pas de doute sur le fait qu'elle eût soutenu les Tibétains et les Kosovars dans les années 90 si elle avait survécu et persisté dans cette ligne.

Le style qu'elle incarne - l'intellectuel "propre", qui dit tout ce qu'il sait et voit, qui pose tout, et qui donne aussi beaucoup de leçons - dévoyé comme on le sait par des chefs de gang façon BHL -n'est plus trop d'actualité même si des gens comme Chomsky tentent de le poursuivre (avec moins de sens des impasses humaines qu'elle, moins de sens tragique, inhérent à la culture littéraire dont Beauvoir était l'héritière).

Bon, à part cela, l'avis de tempête sur l'Europe ne faiblit pas. Arte se fait peur avec un docu-fiction sur la fin de l'Europe. Chauvinisme grec anti-allemand contre chauvinisme allemand anti-grec, les pires souvenirs de notre continent remontent à la surface. Le capitalisme bancaire aux commandes se réjouit : l'Union européenne qui lui a offert 550 milliards d'euros pour le renflouement du système financier en 2008 lui convient, et son éclatement, avec la guerre de tous contre tous lui conviendrait aussi. En France, des pieds nickelés se font arrêter sur les Champs Elysées pour tentative de coup d'Etat, le Figaro fait sien à leur sujet le point de vue d'une gauchiste docteur ès délation (la nouvelle génération de ce style éculé après Daeninckx et Fourest). On aimerait pouvoir en rire. Comme disait mon grand-père béarnais "nem's hasquès pas arridé qu'ey lous pots bizats" ("ne me faites pas rire, j'ai les lèvres gercées").

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La Grèce humiliée

13 Juillet 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca

La Grèce humiliée

Athènes, après 15 jours d'asphyxie de ses banques, obligée d'abroger toutes ses lois adoptées depuis février, d'accepter le retour de la troïka. Tsipras contraint de s'allier à la droite et au PASOK pour se soumettre au joug allemand. Voilà qui repose la question de la résistance militaire et économique à l'impérialisme que j'avais posée dans "Programme pour une gauche française décomplexée". Les Grecs n'étaient pas prêts à une mobilisation forte. Personne n'est idéologiquement prêt à vraiment résister à la brutalité du capitalisme européen. Voilà le fond du problème.

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Récré

9 Juillet 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca

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Qui sont les Yézidi d'Irak ?

8 Juillet 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous, #Proche-Orient

En août 2014, des militants de Daech envahissaient la région kurde yezidi de Shingal (Ar Sinjar) au nord de l'Irak. 5 000 hommes étaient exécutés et 7 000 femmes faites esclaves selon le Daily Mail du 14 octobre 2014.

A cette occasion l'opinion publique a découvert les Yézidi, une communauté kurde dont les croyances mêlent un vieux fond iranien à l'islam soufi.

Contrairement à ce qu'ont prétendu les musulmans orthodoxes qui les ont souvent persécutés, les Yezidi n'adorent pas Satan (Iblis) mais lui accordent du respect, ce qui est aussi le cas des soufis. Selon une tradition médiévale, Satan aurait refusé d'accepter la demande de Dieu faite aux anges de s'incliner devant Adam, car il n'acceptait de se prosterner que devant Dieu. Chez les soufis cela signifie qu'il faut être dévoué au point d'accepter. La tradition yezidi a été formée par le maître soufi Shaykh Adi, un missionnaire venu du Liban, qui vécut chez les Kurdes eu 12ème siècle. L'enseignement de ce missionnaire s'est greffé sur un vieux fond de zoroastrisme dissident qui habitait ces régions montagneuses. A l'époque ottomane, les Yezidi kurdes rackettaient les caravanes, et les opérations punitives menées par le pouvoir urbain se faisait au nom de l'orthodoxie musulmane. Mais de nombreux adversaires des Yezidi étaient eux-mêmes kurdes.

Au début du XXe siècle, les intellectuels laïques fondateurs du nationalisme kurde construisirent l'image d'une religion yezidi "première religion originelle" du Kurdistan. Mais c'est un mythe. Aujourd'hui de nombreux restaurants, magasins etc dans le monde kurde portent le nom de Zoroastre ou du livre sacré "Avesta". Dans les années 30, le journal nationaliste kurde Hawar des frères Bedir Khan présentait la religion des Yezidis à tort comme le zoroastrisme. Certes il y a des éléments iraniens chez les Yezidis et les Yaresan, comme le sacrifice du taureau tous les ans (qui fait penser au culte de Mithra), mais ils n'ont pas fait leurs les textes dualistes et ont cultivé une tradition orale plutôt monothéiste.

Les Yezidi estiment être les vrais descendants d'Adam. Outre le sacrifice du taureau, en rapport avec Mithra, ils prient face au soleil, ce qui est aussi lié au mithracisme. Leur mythe du héros vainqueur du serpent, propre à toutes les cultures indo-européennes, pourrait être lié à l'origine même de cet ensemble. Leur culte des sept mystère renvoie à l'heptade zoroastrienne : Ahura Mazda et les les six Amasa Spantas. Les yezidi, comme les druzes, croient en la réincarnation, ce qu'ils appellent "changer la chemise". Ils vénèrent l'ange-paon Malak Tavus. Quatre aspects de leur heptade sont associés aux quatre éléments, et parfois aux archanges islamiques Gabriel, Michel, Israfel et Azrael. Deux autres sont liés à Shaykh Adi et à son successeur Shaykh Hasan.

Comme les Zoroastriens, les Yezidis pensent que le monde sera parfait après le lutte finale de la fin des temps, et qu'il n'y aura plus ni montagnes ni mers. Ils fêtent chaque saison : Navruz (Noruz) le 21 mars, mais pour eux le Nouvel an est le mercredi d'après ; la Fête de l'Assemblée, début octobre, qui est plus importante (et qui a pu correspondre à la fête de Mithra, elle même plus importante que Navruz avant les Achéménides). Ils voient le sacrifice du taureau après la création comme un acte positif (comme le font les Vedas en Inde), alors que les zoroastriens l'investissent d'une connotation négative (l’œuvre du mauvais dieu Ahriman), ce qui serait chez les Yezidi un reliquat du culte de Mithra antérieur au zoroastrisme. Pour eux bien et mal viennent d'une même source (à la différence du zoroastrisme, mais comme dans l'hérésie zurvaniste à l'époque sassanide).

Dans cet article, le chercheur canadien Richard Foltz explique pourquoi le PKK kurde a eu intérêt à cultiver l'équation fausse première religion kurde = yédizi = zoroastrisme. Le néo-zoroastrisme est à la mode chez les Kurdes. Une statue de Zoroastre a été édifiée à Efrin en Syrie en avril 2014, mais le leader religieux local yézidi Shekh Herto Haji Ismail s'est insurgé en indiquant que cela n'avait rien à voir avec leur culte. Cette récupération du zoroastrisme est aussi artificielle que celle opérée par les Pahlavis en Iran ou par les opposants au régime islamique. Les Kurdes sont sans doute, comme les Azeris un mélange d'Iraniens et de Mèdes, et peut-être d'autres éléments, mais qui n'ont rien à voir avec Zoroastre qui venait de l'Est de la Perse, même si celui-ci les a influencés.

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Hellas

5 Juillet 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Hellas

Thomas Piqueti au journal Allemand Die Zeit : ''Vous n'avez jamais pay vos dettes. Ne donnez pas de leçons !''. Solidarité avec le peuple grec en ce jour de référendum !

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Génération

4 Juillet 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

La voyante Maud Kristen et moi avons des points communs inattendus : nous avons lu Bourdieu l'un et l'autre, nous avons connu la société parisienne des années 80, qui était celle du mépris en cascade (telle qu'elle la décrit dans son autobiographie). Ce sont des points communs générationnels. Elle et moi appartenons à un monde qui était bien plus gris (sans les façades blanchies, la novlangue, et tous les artifices actuels), mais bien moins con, que celui dans lequel les trentenaires ont baigné. Je pense que je ne peux parler la même langue que des gens qui ont moins de 35 ans, et réciproquement.

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Praxis de la Grande Politique

3 Juillet 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants", #Ecrire pour qui pour quoi

Praxis de la Grande Politique

Internet rend vraiment con au delà de ce qui est imaginable. Quand je vois les "eurocritiques" s'enfermer dans leurs petites marottes, et leurs jeux d'appareils minables, lancer leurs petites revues à 50 lecteurs etc, j'ai envie de dire à ces types (ou ces dames, mais il y en a moins dans ces milieux) : ouvrez vos fenêtres, vous ne faites pas de la politique, vous faites de la triste tambouille, de l'épicerie de bas étage, secouez vous, vous êtes en plein naufrage, et vous entraînez du coup le destin de votre pays dans vos impasses minables alors que l'espoir de l'humanité pourrait reposer sur vos épaules si vous vous dépassiez, un peu !

D'abord, ce qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'il n'y a pas de Grande Politique (j'ose ce mot emprunté à Nietzsche), sans contact direct avec les grandes réalités humaines. Pour vous en persuader, relisez les chapitres de Chateaubriand sur la Révolution et l'Empire.

Les tristes sires du milieu "eurocritique" français croient que je ne fais plus de politique parce que je me désintéresse de leur petite cuisine. Quel aveuglement ! S'ils lisaient correctement ce blog, ils y trouveraient de la politique à chaque ligne, et pas seulement quand j'y rédige des billets sur la Transnistrie ou le Yémen !

Mais moi, je fais de la politique autour des grands enjeux humains, qui sont ceux qui nous montrent le vrai visage de notre époque, et nous donneront des clés pour trouver des idées qui vont au delà des problématiques "je vote pour tel parti" ou "je vote contre".

Par exemple le Kurdistan qui est le lieu de tous les héroïsmes en ce moment. J'insiste auprès de Nareen Shammo, qui est en Irak, pour qu'elle me donne des voies d'aide concrète aux femmes yézidi. Je suis en contact permanent avec un avocat kurde syrien, j'approuve à 100 % l'engagement de Graeber pour les Kurdes. Non pas pour faire de la "charité", mais parce que dans cette "praxis"-là comme diraient les marxistes, tout un chacun peut trouver autant d'idées et de force que j'en avais trouvé dans mon engagement aux côtés des Serbes en 1999 (voir mon livre là-dessus), et un vision qui m'empêchera de retomber dans les problématiques anecdotiques ou les impasses de mes camarades parisien. "La vertu est la santé de l'âme" disait Ariston de Chios, mais pour moi "ta praxis est la santé de ton engagement". Ne jamais enliser ses idées dans des propos de comptoir de bistrot.

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Mon dernier article sur le Yémen

30 Juin 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Actualité de mes publications, #Proche-Orient

Mon dernier article sur le Yémen

Mon article pour un tout nouveau site sur le Proche-Orient :

A l’été 2014, quand Dae’ch menaçait d’envahir le Kurdistan irakien et d’attaquer Bagdad, les pétromonarchies promettaient d’envoyer des chasseurs bombardiers et de l’argent au soutien de la coalition dirigée par les Etats-Unis en vue de contenir les extrémistes. Aujourd’hui Daesh a conquis Palmyre en Syrie et remporté la bataille de Ramadi en Irak, sans qu’aucun avion occidental ou des pays du Golfe ne tente de couper leur route. En revanche l’Arabie saoudite et ses alliés se sont engagés depuis le 26 mars dans une opération de bombardement brutale au Yémen, dans le but affiché de freiner la progression du mouvement Ansarullah et de sa milice houthi (de confession chiite) qui ont pris le pouvoir dans la capitale Sanaa au début de l’année.

L’opération était censée rééquilibrer les forces entre la coalition houthi (qui est élargie aux déçus du régime issu du reversement Ali Abdallah Saleh, dont certains partisans maintenant soutiennent les houthis) au profit des partisans du dernier président déchu et des sécessionnistes sud-yéménites, et il s’agissait tout autant d’éviter de dissuader le peuple yéménite (à majorité sunnite) de soutenir le nouveau pouvoir des houthis (chi’ites) et de montrer au sud de la péninsule arabique comme au nord, que le leadership saoudien sur le monde sunnite reste intact, malgré les dissensions internes à cette monarchie vieillissante aux allures de gérontocratie.

Comme c’est fréquemment le cas, les bombardements saoudiens, loin de dissocier la population yéménite du nouveau régime houthi, ont créé un mouvement de réflexe patriotique contre l’agresseur et renforcé le pouvoir des nouveaux dirigeants de Sanaa lesquels ont pu poursuivre leur offensive et conquérir la moitié de l’ex-capitale du Yémen du Sud, Aden. La stratégie saoudienne étant dans l’impasse, le Ryad n’a pas hésité à multiplier les crimes contre les civils yéménites. Les frappes aériennes sont aujourd’hui très loin de viser les seules infrastructures militaires des houthis et de leurs alliés.

La suite est ici.

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