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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Rogopag

27 Mars 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma

La lecture des mémoires d'Alexandra Stewart m'a convaincu de regarder Rogopag de Rosselini, Godard, Pasolini, Gregoretti (1963), qui réunit quatre films autour du thème de la fin du monde. L'histoire de Godard dans laquelle Stewart joue a un côté "Le Mépris" adapté à un contexte de catastrophe atomique. Le thème de la "mécanicité qui s'empare des rapports humaines" était banal à l'époque. L'histoire de Pasolini, "La Ricotta", avec Orson Welles dans le rôle du réalisateur, valut bêtement au film la censure en Italie et à Pasolini 4 ans de prison avec sursis. Je ne jouerai pas les cuistres qui détaillent tous les sens possibles de ce film sur le film, où Pasolini se montre sous les traits de Welles tournant quelque chose qui ressemble à son Evangile selon Saint Mathieu, je ne verserai pas dans la tarte à la crême de "l'allégorie" de la création. Tout est donné dans le film. Pasolini au début a trouvé utile de rappeler qu'il livre là la meilleure lecture possible de l'Evangile de son point de vue, et il a sans doute raison. Il y a comme dans tous ses films la métaphysique de la présence qui se donne dans chaque image, la critique sociale de l'inculture et du conformisme de la bourgeoisie (toujours tellement d'actualité), le focus sur ce prolétaire-consommateur transformé en estomac à deux pattes qui, comme Charlot, court par monts et par vaux pour tromper sa misère. L'Evangile est écrite pour lui, et pourtant il meurt sans même avoir dit sa réplique, sans promesse de rédemption, ni par le cinéma, ni par les Ecritures, du moins tant que la création "tournera" pour la bourgeoisie. Heureusement le cinéaste n'est pas dupe, comme il le montre dans sa dernière phrase, son épitaphe. L'estomac-sur-pattes est ce que nous sommes, ou risquons à tout moment de devenir. Amusant, attendrissant, désespérant. Une vraie fin du monde.

 

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Léon Werth et la non-violence annamite

25 Mars 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités

werthLes sagesses chinoise et indienne ont souvent coïncidé, sans qu'on sache laquelle des deux influençait l'autre. Prenez par exemple la parenté entre la conception sexuelle du taoïsme et celle du tantrisme shivaïte. Je crois qu'on peut dire la même chose du principe de renoncement dans l'action hindouïste et de la conception confucianiste du rapport à l'autre, l'un et l'autre menant à la non-violence (ce qui n'empêche pas bien sûr que les sociétés concernées puissent avoir par ailleurs des aspects très violents).

 

Léon Werth dans l'Indochine de l'entre-deux-guerres (avant que celle-ci ne se convertisse à la violence sous la direction d'Ho-Chi-Minh, tout comme la Chine a renoncé au confucianisme sous Mao, et le redécouvre à peine maintenant) a très bien perçu cela lors de son voyage à Saïgon, et ne l'exprime nulle part aussi bien que dans ce passage de Cochinchine (p. 65) :

 

"Je me suis étonné devant des Annamites à culture européenne de cette réaction impassible, lâche ou résigné du coolie brutalisé. On m'a répondu :

 

'Vous avez un mode de votre honneur qui est de rendre les coups. Atavisme ou tradition, nous avons, avant tout, le mépris de la violence. La dignité, pour nous, n'est jamais d'opposer la violence à la violence. La dignité, c'est de se vaincre, de se dominer. Ces principes vous les trouveriez dans la morale confucéenne que les plus cultivés de vos gouverneurs invoquent parfois devant nous pour nous recommander l'obéissance ou la patience. Car il est des Européens qui aiment à prononcer l'adjectif confucéen. Ils possèdent la philosophie de l'Extrême-Orient puisqu'ils connaissent le nom de Confucius. Ils possèdent aussi son art, puisqu'ils cherchent dans les paillotes des bleus de Hué.

 

Beaucoup de villages ont un nom qui signifie la paix et la sérénité. Nous avons un proverbe qui dit : 'Si tu recules d'un pas, c'est un pas de gagné.'

 

L'homme en colère n'est pour nous qu'un ovjet de mépris et de dérision. Nous avons appris à ne point être violent. A l'action de l'homme violent, un Extrême-Oriental refuse une réaction de violence. Et si la haine naît en luui, il l'accumule...'

 

Sans doute un Européen pourrait développer devant un Extrême-Orinetal la maxime de l'Evangile : 'Tendez l'autre joue' Il pourrait même trouver dans des livres et dans des milieux d'exception les traces d'une influence évangélique. Je le défie bien d'expliquer par l'Evangile les moeurs quotidiennes, les moeurs de la rue... Le mérite de l'explication confucéenne, c'est qu'en Extrême-Orient, elle rend compte parfois des faits de la rue."

 

Je précise qu'en soulignant cela, je ne juge pas les choix d'Ho-Chi-Minh, de Mao, et d'autres d'abandonner le confucianisme pour des raisons de modernité et d'efficacité dans les années 40...

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Albanie-Kosovo

24 Mars 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

nato.jpgDans une conférence de presse conjointe des premiers ministres de l'Albanie et du Kosovo hier, Edi Rama et Isa Mustafa ont déclaré ce mardi que les pays s'uniront pour entrer dans l'Union européenne et signer des accords qui affecteront la vie des citoyens des deux pays. "Nous allons coopérer dans le domaine de l'économie, a fait savoir Rama. C'est très important, en particulier dans l'agriculture. Nous sommes déterminés à retirer dans tous les obstacles de nature administrative cette année... Nous porterons une attention particulière à l'apprentissage de la langue albanaise dans les pays où les Albanais vivent. Nous avons l'intention d'unifier notre système d'éducation, et de travailler ensemble comme une seule force qui sert une nation "

 

Le ministre de la justice serbe a réagi en déclarant que la Serbie ne restera pas les bras croisés devant la formation d'ue "Grande Albanie"

 

Aujourd'hui Belgrade commémore le 16ème anniversaire de l'attaque de l'OTAN contre la Serbie.

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Fonte

24 Mars 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La droite

SAM 2467-001Un vieux monsieur dans un bistrot disait hier : "Dix-neuf tonnes de fonte volées au château de Versailles, les canalisatons des fontaines, c'était dans le Parisien,  la presse nationale n'en a pas dit un mot, un réseau de cambrioleurs roms a été démantelé le mois dernier en Moselle. Il est soupçonné d’avoir volé environ 15 tonnes en Lorraine. L'histoire de Versailles au moins aurait dû faire la 'une' du journal TV. Ce n'est pas le cas. Preuve que le journal TV sur toutes les grandes chaînes est de gauche".

 

La gauche trouve la TV de droite, la droite trouve la TV de gauche.

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Elections départementales

24 Mars 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

026- 1992 (29.8.92-24.11.92) 206Voici encore des élections locales où tout le monde peut se déclarer satisfait. Le FN parce qu'il fait plus de 24 %, la droite alliée aux divers droite et aux centristes parce qu'elle arrive en tête malgré tout, les socialistes parce que leur score est moins mauvais que dans les sondages. Le PCF parce qu'il résiste dans à peu près tous ses fiefs, y compris là où il a été renversé par la droite aux  dernières municipales comme Le Blanc Mesnil et Bobigny. Il réalise même une percée au dessus de 10 % dans certains cantons de mon Béarn natal qui historiquement pourtant n'a jamais été intéressé par le communisme, ainsi que dans certains centres-villes bobos de métropoles régionales (parfois en alliance avec les Verts d'ailleurs).

 

Ca fait drôle de voir des départements comme l'Eure ou le Midi-Pyrénées, qui dans les années 80 n'accordaient que de faibles scores au FN, placer ce parti au second tour dans plusieurs cantons. Les temps changent. Mais il n'y avait pas de candidats FN dans tous les cantons, par exemple aucun dans le canton où je suis censé être électeur.

 

Comme souvent je me suis abstenu au premier tour et ferai de même au second.

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Hungaro-sumérien

19 Mars 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Il y a quinze ans et quelques mois j'étais à Budapest, sur Hösök Tér, la place des héros (cf mon livre "Eloge de la liberté"). Mon héros de l'époque n'était pas Gilgamesh, même si cinq ans plus tôt j'avais acheté à Madrid un ouvrage de Kramer sur Sumer.

 

Aujourd'hui j'appends que le Hongrois, mais aussi des tas de langues eurasiatiques non-indoeuropéennes, de l'avar à l'ibère, pourraient être liées au sumérien... Il faut toujours être prudent en matière de rapprochements linguistiques, mais allez donc savoir...

 

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La culture policière, Berl et l'individualisme français, Lucien Bonaparte

19 Mars 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Etat policier. Culture policière. France Culture, Arte. L'art n'intéresse plus "qu'en tant" qu'il peut faire passer un message politique, un message de solidarité avec nos insititutions, nos médias, les "fondements de notre civilisation". Nous faire "participer à l'actualité" à tout prix, consensualisme étouffant, totalitaire. Aucune spontanéité. Telle artiste est libanaise, elle a été formée dans une école en Irak, elle a tel point de vue sur le Proche-Orient. Cela seul compte. Son esthétique ? sa sensibilité ? ce qu'elle peut dire d'elle même ou dire à l'humanité en dehors de la référence à l' Actualité, à notre Kulturkampf civilisationnel, à notre totalitarisme ? On s'en fout. Seuls son itinéraire et sa participation à notre consensus obligatoire comptent. Comme seuls comptent les héritages du passé en tant qu'ils sont "mobilisables" par le totalitarisme du présent : Aristophane, Montaigne, Stendhal. Tous "au service de" notre cause. Comment cela vous n'avez rien à faire de la question de la Tolérance, de la Liberté d'expression officielle, de l'Amour dispensé par nos chères institutions européennes et internationales ? Mais vous êtes un ennemi de l'humanité !

 

Je lisais Emmanuel Berl dans la revue "Europe" hier soir. Son article dans le numéro d'octobre 1933. Berl sent le soufre parce qu'il a mal tourné en 1940 en devenant pétainiste. Une faute qu'il a commise et que je ne m'explique pas, sauf à dire que les intellectuels les plus justes les plus pertinents peuvent aussi devenir très cons. Pourtant en 1936 il était pote avec Malreaux, homme de gauche, un peu rad' soc' comme Alain, mais sincère dans son progressisme. Son appel aux sentimens individualistes et libertaires des Français face aux totalitarismes montants a quelque chose de touchant. "Thèbes fut grande grâce à Epaminondas et non l'inverse" écrit-il. Voilà qui me va droit au coeur moi qui suis un inconditionnel d'Epaminondas (euh, c'est qui Epaminondas ? est-ce qu'il est compatible avec les Femen et avec les dernières circulaires de Manuel Valls ? demanderont les journalistes qui lisent ce blog...).

 

front populaireLe regard de Berl sur la révolution bolchévique, et surtout sur la façon dont beaucoup de socialistes français ont tenté de devenir communistes alors qu'en fait leur référénce c'était Jaurès et un vieil anarchisme national. Il raconte comment la France fut stupéfaite de voir les Menchéviks, qui étaient encore les héritiers de 1789, se faire supplanter par la bande à Trostki et à Lénine, qui, vue de Paris, avait quelque chose d'aussi cinglée et mystique que le moine Raspoutine. Incompréhensible Russie. Il est sûr en tout cas, que le parti communiste français a peiné à devenir stalinien, comme l'extrême droite française fut finalement assez peu hitlérienne (quoiqu'elle fût antisémite, raciste, pessimiste, stupide et excécrable, mais l'hitlérisme n'était pas dans son style).

 

Un autre qui cite Epaminondas c'est Lucien Bonaparte, le frère de l'empereur, dans ses mémoires. C'est parce que son adjoint, un moine défroqué, au comité révolutionnaire de Saint Maximin en 1793 avait adopté ce pseudo (je crois savoir pourquoi, mais je ne l'expliquerai que dans un livre, dans quelques années). Les mémoires de Lucien Bonaparte sont sur Google Book en ligne en version française. Jetez y un oeil chers lecteurs, c'est bien écrit, et d'une lecture agréable. Le cadet de Napoléon n'est pas tendre pour les Jacobins, et surtout pour la bande de brutes avinées qui exécutent leurs décrets absurdes. C'est du même tonneau que le propos de Chateaubriand sur les vierges de Verdun.

 

La France est un pays violent (il n'y a pas de grandeur sans violence d'un point de vue nietzschéen), mais je crois qu'elle a été archi-vaccinée contre le jacobinisme. C'est pourquoi même en 1848 le jacobinisme était l'anti-référence; Toute la gauche était orpheline de Robespierre, mais profondément aux antipodes de la Terreur. Voilà pourquoi elle fut tout au long du XIXe siècle contre la peine de mort, voilà pourquoi en 1945 elle ne prit pas le pouvoir quand ses hommes en armes contrôlaient toutes les villes. Et elle a bien raison. Il est des erreurs qu'il ne faut pas répéter. Il n'est point de violence plus efficace que celle qui se condense en non-violence, celle de la Bhagavad-Gita et de Gandhi.

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