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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Opinions

15 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Le fait que l'on ne me demande rien devrait être une raison suffisante pour que je ne dise rien. Et cependant si je devais attendre qu'on me demande quoi que ce soit avant de publier un livre par exemple, je ne publierais jamais rien. Or on ne peut nier que beaucoup de gens trouvent mes publications utiles.

 

Donc pour les quelques personnes qui de temps à autre tapent "delorca" sur Google ou ont mon blog dans leurs favoris et jettent un coup d'oeil à mes textes en se disant "où en est Delorca de ses réflexions ?", voici quelques une de mes réflexions sur les grands sujets du moment, au hasard des mots clés qui me viennent à l'esprit. Bien sûr ce ne sont que des opinions, de la doxa. Faites en ce que vous voulez.

 

Chine : Une nouvelle équipe prend en main le PC chinois. Je m'amuse du décalage entre l'imagerie très sérieuse (en costume sombre) de ce PC et ce que les médias occidentaux voudraient voir. Décalage aussi, sans doute, avec certains aspects "branchés" de la société chinoise (mais qui n'est pas TOUTE la société chinoise). J'ai dit un mot à ce sujet en janvier dernier (cf ici), mon avis n'a pas changé. Je reste favorable à une politique d'échange constructif avec la Chine. C'est un pays au potentiel formidable, mais aussi exposé à de très nombreux risques (crise morale, pénurie d'eau, crise des matières premières etc).

 

Déficits publics : J'attends toujours que l'on m'explique pourquoi avec un PIB bien plus élevé qu'en 1981, un Etat qui a réduit ses effectifs, et des services publics qui marchent moins bien, nous avons 15 points de prélèvements obligatoires en plus. Je veux bien croire que quelques cadeaux faits aux employeurs (10 % du PIB), les abus de certaines corporations (les médecins qui creusent le déficit de la sécurité sociale, les élus locaux qui développent à l'excès leurs administrations) contribuent aux gaspillages. Il y a aussi sans doute beaucoup de professions à observer de plus près (comme le secteur de la grande distribution), et des dépenses à remettre sur la table du débat public (comme celles liées à notre appartenance à l'OTAN). Mais peut-être faut-il aussi remettre à plat beaucoup d'aspects du fonctionnement de l'Etat (par exemple est-on sûr que l'informatisation n'est pas une source de dépenses supplémentaires ? est-on sûr que l'on encourage chez les citoyens un rapport à l'Etat qui soit de nature à en diminuer les dépenses - je pense à cette culture de "consommation des institutions" qu'on voit à l'oeuvre un peu partout). La question de la dette dérive largement de ces problématiques-là.

 

Gaz de schiste : Peut-être est-il trop tôt pour en envisager l'exploitation, puisqu'il semble que l'on n'en maîtrise pas bien les effets dérivés. Faut-il pour autant "vouloir savoir" et propecter pour avoir une cartographie des réserves estimées comme le souhaitait M. Allègre ? Dans un monde libéral où savoir qu'une ressource existe crée des pressions dans le sens de l'exploitation, vu la faiblesse de nos Etats qui ne résistent à aucun lobby, mieux vaut sans doute rester prudent et ne pas trop vouloir connaître nos réserves. M. Rocard n'est pas une homme qui fait autorité à mes yeux. Mais il est clair que si dans 10 ans les techniques sont mieux maîtrisées, et s'il se confirme que nous sommes le "Qatar du gaz de schiste" alors il faudra s'il intéresser de près... et nous n'aurons peut-être plus de problèmes pour payer notre sécurité sociale ou faire face à la dette publique ! (question : aurons nous la sagesse de faire avec le gaz de schiste ce que la Norvège fit avec le pétrole ? Pas sûr... Notamment à cause de l'Union européenne.

 

Qatar : Je souhaite que la France se désengage de son alliance avec le Qatar et même propose un redécoupage du Golfe persique éliminant ces micro-Etats. Mais c'est comme la sortie de la France de l'OTAN ou de l'Union européenne, cela doit se penser dans le cadre d'une stratégie vaste.

 

Ecologie : Je soutiens l'idée d'une réforme globale de la société pour diminuer son consumérisme et l'adapter aux ressources limitées de la planète. Cela suppose un renforcement de l'Etat, et un encadrement ferme du capitalisme. Les Verts ne sont pas à la hauteur de cet enjeu politique. Mamer, Duflot, Gatignon etc le montrent chaque jour.

 

Syrie : Je continue de penser que la France doit rester neutre dans le conflit qui oppose la dictature baasiste (dont l'existence n'est plus adaptée à notre époque, et les islamistes soutenus par la Turquie et les monarchies du Golfe. Il serait souhaitable, comme en Serbie en 1999, qu'une troisième force apparaisse, mais je ne crois pas que les quelques blogueurs et jeunes citadins démocrates que compte encore ce pays puissent offrir une option crédible pour l'heure. Il faut que les Etatst-Unis cessent d'encourager l'opposition armée sur la voie de l'intransigeance. Une solution à la zimbabwéenne serait sans doute un pis-aller, même si elle aurait l'inconvénient de maintenir en place l'appareil du Baas, ce qui n'est certes pas très satisfaisant intellectuellement pour le démocrate que je suis, mais on ne voit pas d'option alternative sérieuse à court terme.

 

Libye : Je n'ai aucune opinion sur la Libye. C'est le fruit de l'absence d'information là dessus. Quel est le poids de l'Etat libyen au dessus des milices, et de créer un semblant de démocratie dans ce pays ? Je l'ignore. J'espère juste que la passion anti-kadhafiste (à certains égards légitime, je pense aux victimes des crimes de guerre kadhafistes à Misrata) des nouvelles autorités, qui les a conduit a emprisonner massivement et sans procès une partie importante de la société libyenne, parvienne à se concilier avec un sens du consensus national et du respect des droits de la défense.

 

Islamophobie : Tout un chacun a le droit d'aimer ou détester l'Islam, le judaïsme, le christianisme, le bouddhisme etc. Il est cependant légitime que si un dixième de la société française est de culture musulmane cela se ressente dans les insititutions, la culture officielle de notre pays : que cet apport soit intégré. D'autant que l'entelacement de la culture française et de l'Islam remonte à plus d'un siècle désormais, et que l'Islam comme institution (pas seulement les individus qui s'en réclamaient) s'est montré loyal à la République française dans les circonstances les plus dures, notamment la guerre de 1914-18 . L'ouverture à la sensibilité musulmane suppose aussi un traitement plus impartial des conflits du Proche-Orient.

 

Eglise catholique : Je suis en désaccord avec les appels lancés à l'Eglise catholique à se réformer. Chaque religion interprète ses textes sacrés comme elle l'entend. Ce n'est pas aux personnalités extérieures qu'il appartient d'émettre des jugements. J'observe que la tradition catholique est riche de divers courants, qui vont de l'extrême gauche à l'extrême droite, tous intéressants à étudier. A titre personnel je préfère que le débat politique se déploie sur la base de discussions rationnelles et non de dogmes religieux, mais chacun est libre dans sa sphère privée de cultiver l'imagerie qu'il souhaite, et il est bon aussi que nos institutions connaissent et reconnaissent ce qui en elles a été influencé par le christianisme, tout comme elles doivent être ouvertes aux autres religions et à l'athéisme.

 

Transhumanisme : C'est un mouvement très divers lui aussi, et souvent caricaturé. Ila  le mérite d'avoir une vision prospective des effets des technologies sur l'humain. La question de la fatigue que l'humanité inspire en nous et de la volonté de la dépasser par la technologie me paraît très sérieuse

 

Humanités : Les humanités doivent être replacées au coeur de notre culture contre le discours des spécialistes. Le goût des belles lettres, du style, mais aussi de l'histoire, du respect de notre passé en l'appréhendant pour ce qu'il est (et non comme une annexe du présent) doivent être remis au goût du jour. Mais il faut éviter que les humanités ne deviennent un réservoir de propos creux et mondains ou d'idées fumeuses comme ce fut le cas par le passé. Un certain encadrement rationnel est nécessaire.

 

Mariage homosexuel : Je trouve absurde la volonté de certains homosexuels d'accéder au mariage, étant moi-même hostile à cette institution. Pour l'éducation des enfants il me semble que la présence d'une figure féminine et d'une fiigure masculine auxquelles l'enfant peut se référer est un facteur important de la construction de soi. Je suis d'ailleurs partisan, au nom du respect de la diversité culturelle, qu'une culture féminine et une culture masculine continuent d'exister dans la société comme sources de valeurs et de références spécifiques, ce qui bien sûr n'empêche pas les individus d'alterner leur adhésion à l'une et à l'autre , voire de les mélanger au gré de leur développement existentiel. Je suis aussi conscient du fait que la culture masculine dans sa version traditionnelle (et ses affinités avec la violence physique dans le cadre patriarcal ancien) doit subir un aggiornamento du reste assez difficile à réaliser dans le détail.

 

Voilà, on pourrait continuer ce petit égrainage pendant quelques heures si le temps pour cela ne faisait défaut...

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L'écriture vagabonde

13 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

 C’est amusant et émouvant : une copine qui vient de publier son premier livre chez mon éditeur vit une intense agitation intérieure. De l’ « autocombustion », comme elle dit. Je pense l’avoir un peu apaisée en lui disant qu’un livre publié est une part de nous-mêmes que l’on quitte, qui est achevée, comme une vie qu’on termine,  et qu’on peut désormais contempler tranquillement, parce qu’elle est finie. On peut aussi prendre appui sur elle pour écrire autre chose. En tout  cas elle ne nous appartient plus, et elle trouvera une autre vie chez les autres, sous une autre forme.

 

transnistriecouv.jpgTenez, par exemple j’ai découvert hier qu’un Franc-comtois, me cite dans un de ses récits. Il a traversé l’Europe en vélo jusqu’à Tiraspol, et, pour évoquer son arrivée à la frontière de la Transnistrie, lui vient cette phrase « "Bienvenue au pays des derniers soviets ! " comme l’a écrit Frédéric Delorca en 2007 ». « Voyage officiel au pays des derniers soviets » est  en effet le sous-titre du livre que j’ai écrit il y a cinq ans.

 

Cette évocation de ce cycliste m’a rappelé le temps où Deleuze se réjouissait de recevoir des courriers d’associations de surfers, ou de plieurs d’enveloppes. Il est bon de voir son écriture revivre sous des actes ou sous des latitudes qui n’ont rien à voir avec son propre quotidien. Que mes mots aient dansé dans les rayons des roues de ce voyageur, voilà bien la meilleure aventure qui pouvait leur arriver. Mon année 2007 est morte depuis belle lurette, mais une part d’elle a revécu dans le sillage de la bicyclette de ce Fran-comtois, entre Dniestr et Danube. C’était peut-être la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Et avec elle ont revécu un peu des moments vécus avec  ces gens à Tiraspol, un peu des mots de l’interprète en langue française, et de ma camarade russo-kazakho-transnistrienne à qui j’écris de temps à autre. Ces instants, ces gens, ces situations se sont un peu prolongés dans les initiatives, les rencontres, les audaces et les folies de ce cycliste. Je n’aurai donc pas écrit en vain.

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Centenaire de la guerre des Balkans et du Congrès de Bâle

10 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

La guerre des Balkans, vous connaissez ? C'est cette guerre sur laquelle pour en première dans les années 80 on faisait un peu l'impasse, et sur laquelle en première de Sciences Po on faisait une fiche rapide (une demi-page) pour dire que la Serbie, la Grèce et la Bulgarie se sont agrandies et que la Turquie n'a gardé qu'Istanbul dans sa partie européenne.

 

Marrant comme dans un cadre scolaire tout devient abstrait... Un peu comme dans nos médias aujourd'hui.

 

CNN Turk commémore le centenaire du début de cette guerre en ce moment. En septembre la Radio Télévision Turque (TRT) organisait   un concert intitulé « la Fête Balkanique (la Fête de l’Amitié) » ayant "pour objectif de montrer les liens historiques à travers la musique" le 1er septembre dernier à 20h00 à Skopje en Macédoine , puis le 8 septembre à Sarajevo en Bosnie.

 

Le 27 novembre il y aura sans doute à Sofia la célébration de la victoire bulgare à Merhamli. Le Parti socialiste bulgare propose de donner le nom du général Delov au poste de douane de Mazaka, sur la frontière bulgaro-serbe. Il avait élaboré la même proposition à Kardzhali mais s'était heurté à la résistance du parti communautaire turc dans cette ville. En Serbie les autorités commémorent la guerre sur une ligne d'apaisement et de pacifisme. Non sans raisons. Pour avoir une idée des fantasmes que suscitent ces souvenirs chez certains esprits sommaires, on peut regarder les deux vidéos tout en bas. Mais bon, le concours de l'Eurovision nous en donne déjà le spectacle tous les ans.

 

Commentaire de Jaurès au moment du Congrès Socialiste International  de Bâle fin novembre "Hélas ! la rivalité haineuse des peuples balkaniques a depuis une génération fait un mal infini. Si les Grecs, les Serbes, les Bulgares, au lieu de se jalouser et de s’égorger pendant trente ans, s’étaient unis pour exiger des réformes comme ils se sont unis pour assaillir la Turquie, l’évolution de l’Orient aurait pu s’accomplir sans les violences et les souffrances de la guerre"... (sur ce congrès il faut relire le roman d'Aragon "Les Cloches de Bâle")

 

 

 

 

 

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A quoi on sert

9 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Je pourrais me demander à quoi je sers... Je veux dire en dehors de ma vie familiale et de mon boulot. Cette semaine il y a deux personnes qui me l'ont rappelé. Une personne qui m'a interviewé sur l'Abkhazie. Une autre qui m'a envoyé son livre (une recueil de nouvelles) pour me remercier de l'avoir aidée à le faire publier chez un éditeur parisien. Aider la création, aider ceux qui veulent faire connaître le réel, leur réalité intérieure, celle du monde qui les entoure, de leur pays, voilà une juste cause, plus importante que de scander des slogans et d'appeler à manifester. C'est dans cette optique que j'ai toujours travaillé, depuis le temps où je témoignais pour les Serbes incompris. Aider à dire, à faire connaître, aider ce qui est vrai, au milieu des clichés mensongers passés en boucle. C'est plus important que la politique des partis, des associations, des groupes, tout ce système d'embrigadement.

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Tanja Nijmeijer, la guerillera hollandaise

6 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Amis lecteurs qui essayez de penser l'avenir, continuez à suivre ces deux thèmes : les technologies (leur destin dans le transhumanisme par exemple) et le matriarcat (avec tous les débats féministes dans le périmètre du Front de gauche). Beaucoup d'autres thèmes comme l'avenir de l'Union européenne, les politiques libérales etc, sont moins déterminants pour notre futur que ces deux-là.

 

Alors côté female power et matriarcat, on avait parlé il y a peu de la jeune pachtoune Malala Yousafzai qui se remet de ses blessures dans un hôpital de Birmingham. Signalons aujourd'hui un autre phénomène médiatique féminin, la guérillera hollandaise Tanja Nijmeijer, surnommée "Alexandra" qui s'est engagée dans les FARC arrivée avant-hier à La Havane pour négocier les accords de paix avec le gouvernement colombien. Sa bio est sur Wikipedia en français.

 

Quoi qu'on pense des FARC et des révolutionnaires en général, je pense que son nom mérite autant sinon plus d'être connu que celui d'Ingrid Betencourt dont on nous a stupidement rebattu les oreilles il y a quelques années, au point de recouvrir l'Hôtel de Ville de Paris de son portrait.

 

Au fait : le Front sandiniste de libération nationale vient de remporter une victoire écrasante aux élections municipales du Nicaragua.

 

 

 

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Shows très chauds en Béarn...

4 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Béarn

Discussion digne de l'ambiance de mon roman "La révolution des montagnes" aujourd'hui. Un DJ me racontait une prise de bec entre deux gogo dancers dans une boite connue de Pau : "L'une d'elle avait pris le melon, disait-il, elle disait 'moi je touche 1 800 euros au black, je fais des soirées privées pour le PDG de telle grosse boîte. Ici c'est de la merde de danser pour un public ordinaire' - c'est clair qu'elle avait bu un peu trop et qu'elle avait pris de la coke, ça s'est terminé en crise de larmes entre les danseuses dans les loges". Bon bien sûr il m'a dit le nom de la boîte (très connue) mais je serai discret !

 

Et vous saviez vous que Chris Anderson était à El Palacio à Pau récemment ? et vous saviez vous qu'il avait produit Keen'v ? Oui bien sûr vous saviez, bon moi je ne savais pas... Plus difficile : vous saviez vous que Gizane y était aussi (un autre jour)  avec ses serpents (cf la vidéo ci dessous) ? Le DJ en question eut la lourde tâche de porter ses pythons... dur dur d'être un DJ...

 

 

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Considérations basques

3 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Monsieur Valls livre à la justice espagnole Aurore Martin une ressortissante française qui a adhéré à un parti indépendantiste qui n'était pas interdit en France. La gauche s'insurge (le PCF, les Verts, le Syndicat de la magistrature), mais les souverainistes bon teint français ne  trouvent rien à redire à cette atteinte au droit national. Pas un blog de cette mouvance pour en parler.preuve que chez eux la défense de l'hexagone est à deux vitesse. Il y a les bons français (ceux qui pensent comme eux) et puis il y a les autres.

 

 

De passage en Béarn cet après-midi je tombe sur l'aimable émission de Julie Andrieu qui célèbre le cochon basque des Aldudes noir et rose. On me précise dans ma famille qu'il était autrefois le dénominateur commun de toutes les fermes du Sud-Ouest avant d'être détrôné par le cochon anglais, plus facile à engraisser mais d'un caractère bien plus agressif.

 

Tout me renvoie aujourd'hui à ce que le Sud-Ouest doit à la culture basque. M. Valls et ceux qui le soutiennent , ne serait-ce que par leur silence complice, devraient savoir que l'Injustice ne grandit pas la France et ne nous la fera pas aimer.

 

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Actualités françaises, et une réflexion sur le bellicisme américain

2 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

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Mélenchon propose sur son blog d'intégrer le POI au FdG en reconnaissant qu'ils ont rallié beaucoup de militants à la manif du 30 septembre contre le traité budgétaire européen. Elément intéressant, et qui prouve peut-être que le POI n'est pas associé dans l'imaginaire de la gauche à l'initiative du "Comité Pas en notre nom" qui se fait tirer dessus sur le Net.

 

L'actualité n'est pas passionnante en ce moment. Les déboires du gouvernemant Ayrault en ce moment sur tous les fronts seraient drôles si l'addition n'allait pas être à la charge des Français. Comment ont-ils pu ne pas anticiper le fait qu'ils seraient mis en minorité au Sénat sur la programmation budgétaire ? Cela dépasse l'entendement - voir ausi le bon article du Diplo sur Hollande et la Palestine.(Et pendant ce temps M. Sarkozy vend ses talents d'ex-président sur le marché des conférenciers à 100 000 euros la conférence, voir un repotage récent d'Envoyé spécial - n'en doutons pas, le cynisme des puissants n'a pas de limite... et cependant vous verrez qu'une majorité de Français votera bientôt à nouveau pour eux).

 

centcom-copie-1.jpgAujourd'hui Russia Today (dont un lecteur a rappelé récemment à juste titre sur ce blog qu'elle avait des penchants complotistes, mais je crois qu'on peut la regarder en triant soi-même le bon grain de l'ivraie) comme toujours faisait flêche de tout bois pour construire une contre-propagande. Mais cela tombait un peu à plat (comme souvent). Un argument contestable entre mille que j'entends chez eux (et chez beaucoup de militants alternatifs) : avec les millions de dollars dépensés dans les opérations d'Afghanistan et du Pakistan, qui tuèrent des civils et ravagèrent ces pays, les Etats-Unis auraient pu financer des services publics chez eux et à l'étranger. C'est un argument que nous avons nous-mêmes utilisés dans l'Atlas alternatif mais, avec le recul, je le trouve très naïf, car pas assez Clausewitzien. On ne peut pas dire que l'argent dépensé en opérations militaires qui ont échoué est perdu, et qu'il aurait été plus utile employé ailleurs. Parce qu'une opération militaire, même ratée, joue un effet dissuasif. Si vous vous abstenez d'engager vos soldats là où on s'attend à ce que vous le fassiez, quelqu'un d'autre (notamment vos riivaux actuels, ou vos adversaires potentiels), vont interpréter cela comme un signe de faiblesse, et engageront contre vos intérêts des actions qu'ils n'auraient pas osé mettre en oeuvre si vous aviez déployé vos forces. Et le fait d'encourager le rival à agir contre vous peut avoir un coût économique supérieur à celui d'engager la force en premier.

 

Autrement dit on ne peut pas raisonner sur de l'économie virtuelle. Je ne dis pas que les USA ont eu raison d'engager la force en Afghanistan. Il y a parfois de très bonnes raisons politiques de refuser d'engager la force, y compris du point de vue de la Realpolitik (par exemple, comme le fait la France en refusant de reconduire les accords militaires hérités du gaullisme qui prévoyaient un recours automatique à la force quand les intérêts français en Afrique ou ceux de dictateurs alliés, pour leur substituer une logique de coopération plus pacifique et égalitaire). Je dis juste que l'économie (fondée sur des évaluations virtuelles) n'est pas un argument solide pour disqualifier le bellicisme.

 

L'argument "encore plus à gauche" selon lequel, "à long terme" le développement des services publics rend les gens plus intelligents et moins belliqueux, de sorte que tout renoncement au recours à la force est positif pour l'humanité sur une génération, tient encore moins selon moi. Car d'une part il n'est pas sûr que les services publics forts rendent les peuples pacifiques (l'éducation et la santé gratuite dans le Caucase soviétique n'a pas empêché les peuples de se ruer les uns sur les autres à la fin de la guerre froide), et de toute façon ils ne rendent pas plus pacifique l'adversaire.

 

J'ai entendu Mitt Romney répéter récemment le catéchisme américain selon lequel le rôle de défenseur de la liberté qui revient aux Etats-Unis les oblige à ne pas diminuer le budget militaire. Je comprends cet argument et d'une certaine façon je compatis parce que c'est un argument de détresse. D'une certaine façon les USA sont pris dans un piège. Les circonstances historiques sur un siècle en ont fait une superpuissance mondiale bardée de discours messianiques (je fais l'impasse sur la petite parenthèse isolationniste post-wilsonienne des années 20), situation dont ils ont retiré beaucoup de privilèges économiques (et un droit de tirage monétaire sur le reste de la planète), mais qui aujourd'hui les piège complètement. Obligés par la dette à réduire leur potentiel militaire, ils ne le peuvent pas. De toute évidence il leur faudrait recalibrer leur puissance, devenir moins omniprésents partout, moins flamboyants, mais ils ne peuvent le faire sans encourager leurs rivaux à avancer contre eux (ceux que la Russie et la Chine par exemple font depuis dix ans de façon très visible). Les USA ne peuvent se réformer, ni se redimensionner, comme leurs comptes budgétaires l'impose. Ce qui laisse redouter un atterrissage très douloureux chez eux, et peut-être très irrationnels (sauf bien sûr révolution technologique au profit des Etats-Unis dans les domaines civils ou militaires ce sur quoi pariaient les neocons autour de Rumsfeld en 2002).

 

On peut aussi se demander du reste si le continent européen peut se réformer. Non pas se transformer en "Europe sociale" comme on dit au Front de gauche ce que je ne crois pas, mais, même si un retour aux nations se produit, trouver le moindre sens à cette recalibrage national des espaces publics. Je crains que le seul sens que nous puissions lui trouver demeure dans la perpétuation d'un état de vassalisation à l'égard de la puissance américaine. Et les discours des partis "nonistes" (les "nonistes" de 2005) ne me laisse rien entrevoir de sérieux à ce sujet.

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