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Tensions autour de la Transnistrie
Des journalistes continuant de s'intéresser à mes compétences sur la Transnistrie (sur laquelle j'ai publié un livre il y a 5 ans) pour la réalisation d'un documentaire, je lis ce soir les journaux de Tiraspol.
Des nouvelles inattendues, comme celle-ci selon laquelle l'émissaire de Poutine en Crimée Oleg Belavenets a déclaré le 19 aout lors d'une visite au Forum de la jeunesse que la Transnistrie finira par faire partie de la Russie.
Un bilan aussi intéressant dans Novostipmr de l'impact de la crise ukrainienne sur la dévaluation du rouble et des monnaies de Biélorussie et de Moldavie. L'article explique que la dévaluation du rouble russe par rapport au dollar fera monter les prix en Transnistrie (l'inflation au premier semestre était pourtant stabilisée à 2 % contre 20 % en Biélorussie). Des mesures d'austérité sont attendues. Tout cela dans un contexte de réorientation du commerce de la Transnistrie vers la Russie (14 % seulement des exportations actuelles) comme l'avait précisé la ministre des affaires étrangères Nina Shtanski il y a 8 jours.
En lien aussi avec la crise ukrainienne le président Yevghéni Chevtchouk a rappelé tous les réservistes pour une formation d'un mois par décret signé hier.
La rumeur règne partout. DnestrTV a dû démentir que le président Chevtchouk ait le cancer ou qu'il vive dans un appartement luxueux, ainsi que la thèse, diffusée selon elle par les services moldaves et par l'oligarque de Dniepropetrovsk Kolomoiskly, qui veut que la ministre des affaires étrangères ait passé ses vacances à Leizig ou à Prague aux frais de l'Etat. Plus grave : dans la région d'Odessa (Bessarabie) des voitures avec des hauts parleurs annoncent à la population que la Transnistrie va attaquer l'Ukraine. Il s'agit de dissuader les pro-russes de Bessarabie de s'insurger contre Kiev (on parle même de l'envoi de milices de Secteur droit dans la région). Kiev redoute la création d'un axe Gagaouzie-Transnistrie-Crimée.
Les Contes de Canterbury
Je prépare un bref voyage à Canterbury, dans le Kent. Cette ville est célèbre au moins pour deux choses : Saint Thomas Beckett assassiné dans sa belle cathédrale (ce qui fit de celle-ci la destination d'un important pélerinage) et les Contes de Canterbury par Chaucer (qui se présentent comme des contes de pélerins sur le chemin de la cathédrale).
Sur Saint-Thomas-Beckett, il y aurait beaucoup à dire - beaucoup plus que la fiche Wikipédia qui ne permet pas du tout de comprendre pourquoi cette homme a été canonisé puisqu'elle se termine même en disant qu'il fait partie des Anglais les plus détestés dans son pays (sic). Il fait partie des hommes que des auteurs comme Chateaubriand et Custine ont sans doute adorés. Homme de pouvoir et de fastes en tant que chancelier du roi d'Angleterre, il épouse la cause de l'église et de l'ascèse dès qu'il devient archevêque de Canterbury et s'oppose au pouvoir séculier. Il fait partie lui aussi des perdants de l'histoire, mais son destin fait s'interroger sur ce qu'aurait été l'Europe si, au lieu de prendre le chemin qu'elle a pris (celui d'être un espace d'Etats laïcisés), était devenue un empire ecclésiastique. Peut-être aurait-elle présenté certains traits qui surprennent Custine dans l'Espagne des années 1820 : le côté "règne des clochards" par exemple. Nous aurions été sans doute un continent de "renonçants". Peut-être plus "tibétain" en un sens (malgré le phénomène des moines paillards, qui aurait peut-être été moindre).
En ce qui concerne les Contes de Chaucer, j'ai commencé à voir ce que Pasolini a voulu en faire. On est frappé par la prééminence que le cinéaste accorde dans ce film aux culs : il n'y a pas d'autres mots, je crois qu'on manquerait sa visée si l'on parlait de popotins, de postérieurs ou de fesses. Plus que dans tout autre film, c'est un langage des culs qu'il essaie de mettre en musique si l'on peut dire, dans sa dimension aussi bien génitale que scatologique. Par exemple quand le marchand Janvier est attiré par sa promise Mai, ce n'est pas par son visage qu'il est séduit, mais par son arrière-train qui se présente spontanément dénudé à lui. Le procédé est aussi repris quand les étudiants rencontrent la femme et la fille du meunier. Ninetto Davoli dans un supplément du DVD explique que Pasolini a voulu restituer la truculence de l'anglais médiéval, quelque chose qui pourrait faire penser au français de Rabelais. Mais c'est une mystification. Quand on lit Chaucer, évidemment il y a de la scatologie (dans le Conte de l'Huissier par exemple). Mais il n'y a pas la même omniprésence des fessiers. D'abord parce que les contes sont entrelardés de beaucoup de considérations philosophiques et de références aux auteurs classiques que Pasoloni a sabrées. Et puis parce que les processus de séduction y sont bien plus convenus que chez Pasolini (même si les prises de possession sexuelles sont tout aussi rapides) : dans le Conte du Marchand, Janvier tombe bien amoureux du visage de Mai, et non de son postérieur.
Quand on regarde les Mille et une nuit, on devine un projet politique chez Pasolini de définir l'amour sous un jour plus "primaire", et plus enfantin en un sens que tout ce que la tradition littéraire en a fait : l'amour n'est rien d'autre que le cri d'Ali Shar recherchant sa Zumurrud par monts et par vaux. De même on peut se demander s'il n'y a pas dans les Contes de Canterbury un projet politique chez lui de remplacer les visages par des fesses, et de faire en sorte que l'essence des rapports sociaux passe par là. Projet carnavalesque d'inversion des valeurs diraient certains. Sauf qu'il ne s'agit pas de remplacer la tête par le ventre (qui pour le coup serait la version la plus orthodoxe de l'inversion). Il faut poser les fesses en "tiers parti" ou "tierce instance" entre les deux, et les porter au pouvoir. Intéressante économie du corps qui s'accompagne d'une façon de le filmer très différente des conventions de la pornographie moderne, et au fond plus compatible avec la possibilité de sauver du récit, donc de sauver du projet politique, sans asservir celui-ci à la fascination médusée du gros plan sur le corps.
Interview de Frédéric Delorca sur BBC Afrique
Une interview de Frédéric Delorca sur l'Ukraine sera diffusée demain matin dans l'édition de BBC Afrique de 7-8h ici.
L'extrait retenu est en ligne ici - seulement 2 mn sur 18 mn d'Itw
http://www.dailymotion.com/video/x2454b8_delorca-ukraine-2_travel
Les mots clairs d'un prêtre irakien
C'est dans Le Monde et il ne mâche pas ses mots :
- Mais ne craignez-vous pas d'être utilisés par les Kurdes pour étendre leur territoire et gagner leur indépendance ?
-Ils ont eux aussi été victimes de violences et de la répression. Comme nous, leur lien avec Badgad est coupé. Les médias musulmans font de la propagande et disent depuis quinze jours que Al-Koch est sous le contrôle des islamistes, ce qui est faux. J'avais un très vieil ami musulman à Desrestoum, près d'Al-Koch ; le 7 août au soir, il n'a jamais répondu à mes appels. Pour beaucoup d'Arabes, ici, l'Etat islamique n'est pas un mouvement terroriste.
- Vous ne semblez plus croire en un Irak faisant cohabiter différentes communautés religieuses ?
Depuis 2003, il n'y pas eu un seul jour de paix. Le sang n'a pas cessé depuis de couler et la force est le seul langage que l'on connaisse depuis l'intervention américaine. Le régime qui a été installé à Bagdad est une farce et n'est que mensonge. La liberté promise est fausse. La démocratie l'est tout autant. La capitale n'a été que le lieu de tractations entre des chefs de bandes.
- Vous imputez aux seuls Etats-Unis la violence régnant dans le pays et celle perpétrée contre les minorités religieuses ?
Je dis que, en effet, la politique menée par les Etats-Unis en Irak a conduit à monter les communautés les unes contre les autres pour parvenir à leurs fins. Mais ici, les équilibres sont très anciens et fragiles, ils ont privilégié une stratégie à très court terme, et maintenant, le pays est dans un chaos indescriptible. Nous, chrétiens, pouvions vivre sous le régime de Saddam Hussein, ce n'est plus le cas aujourd'hui."
Le Tibet d'A. David-Néel
Il y a quelques jours, je regardais en DVD un de ces mauvais fims biographiques ("biopics") sur une célébrité de notre temps : Diana, avec Naomi Watts dans le rôle de la princesse de Galles. Comme son équivalent sur Margaret Thatcher sorti un peu plus tôt, et comme la plupart des productions actuelles, le film est techniquement bien fait, mais totalement dépourvu d'inspiration - notamment les scènes paroxystiques tombent parfaitement à plat.
Dans le supplément le réalisateur explique que Diana Spencer était probablement une médium-guérisseuse, même si elle n'a jamais développé ce don, que cela se sentait dans ses gestes et dans son regard, et que c'était sans doute aussi le cas de son amat le chirurgien dont j'ai oublié le nom.
L'intuition se veut chic, mais elle est simplement "trendy" comme lorsque TF1 avance le slogan "recevez des énergies positives" ou quelque chose dans ce goût-là.
La globalisation véhiculée par Internet nous offre en ce momet du "ready-made" chamanique,mystique, bouddhiste etc digne des pires super-productions de Walt Disney et cela entre progressivement dans la vulgate de tous les domaines, même cinématographique (songez par exemple à Marion Cotillard qui dit être allée voir un exorciste. Tout ce mauvais goût chargé d'images à 5 centimes (les "maîtres ascensionnés"), de fausses fêtes (la fausse fête de la pleine lune de Wesak par exemple dont beaucoup de gens croient dur comme fer qu'elle est tibétaine), n'est pas pire, me direz-vous, que les vagues d'irrationnalité orientalisante qui se sont abattues sur l'Europe dans les années 1960 ou 70 par exemple ne valurent pas mieux. Mais l'important est de s'affranchir des clichés de masse.
Je ne sais pas ce que vaut le bouddhisme d'A. David-Néel, et je m'en fiche un peu. Ce qui compte en premier lieu à mes yeux, c'est qu'il nous plonge dans une autre époque : celle où Georges Clemenceau collectionnait des statues de l'Illuminé. Une époque libère d'une autre par le simple mouvement de détachement que sa découverte provoque. En second lieu, ce que j'aime chez cette voyageuse c'est le témoignage qu'elle porte sur la ferveur paysanne de tous ces Tibétains ordinaires jetés sur les routes des pèlerinages : elle fait entendre leur langue, leurs rires, leurs prières, voir leurs visages, leurs lieux saints. On se doute bien que ni le Tibet actuel gagné par la modernité sous l'emprise de la République populaire de Chine, ni le Tibet lamaïste en exil de l'autre côté de la frontière indienne n'ont plus grand chose à voir avec ce bouddhisme-là, tout comme, si l'on veut, mon village natal aujourd'hui n'a qu'un rapport éloigné et extrêmement formel (peut-être même purement nominal) à ce qu'il était dans les années 1930.
Les lieux de ferveur mystique sont intrigants. On sait quelle fascination l'Egypte par exemple exerça sur tous imaginaires, même ceux des conquérants arabes malgré la passion iconoclaste et anti-païenne qui les animait. Le Tibet est de la même sorte. Ces lieux de foi véhiculent maintes impostures, mais aussi des éléments d'élévation authentique de l'humanité au dessus de l'esclavage de sa routine. Ce qui est intéressant dans la façon dont A. David Néel (ADN) restitue ces vecteurs de dépassement dans le contexte historique où elle les découvre, c'est qu'elle le fait à partir d'un cheminement personnel authentique. Elle n'est pas au Tibet pour réaliser une thèse universitaire, mais poussée par un élan intime qui est à la fois politique et métaphysique (peu de gens - à part quelques grands auteurs que je mets en valeur dans ce blog, et bien sûr tous les grands philosophes - ont une intuition profonde du lien qu'il y a entre le politique et le divin) : elle part d'un geste libertaire, anti-colonialiste - la volonté de braver l'arbitraire colonial anglais qui interdit l'accès au Tibet aux Occidentaux -, geste dont l'essence est l'auto-affirmation de sa puissance d'être humain ; le geste cheminement ; les dieux appuient le cheminement, de l'intérieur et de l'extérieur (comme lorsqu'ils lui "envoient" comme elle dit p. 91 un bonnet en peau d'agneau du pays de Kham au bord de son sentier), et du coup le cheminement croise, sur un mode plus authentique que s'il s'était agi d'une collecte d'informations scientifique ou administrative, le cheminement propre des populations locales.
Peu importent la religiosité ou l'athéisme affichés. Ce qui fait la force d'un voyage comme d'une action politique, ou d'une histoire d'amour etc, c'est la force intéreure qui l'habite. La part d'imposture et de faux semblants se révèle toujours. Dans le cas d'ADN l'authenticité de la force motrice ne fait aucun doute, et, du coup, elle fait ressortir des pans du réel (par exemple l'atroce saleté du peuple tibétain - rappelez vous mes remarques sur le fait que le grotesque cotoie toujours le sacré, la saleté la pureté etc) qu'une démarche plus artificielle n'aurait jamais pu saisir...
Mon Golgotha
Actualisation 2019 : Texte écrit à l'époque de mes échanges avec les médiums, largement renié depuis que je sais quelles forces sont à l'oeuvre dans tout cela.
A midi aujourd'hui, je montais une côte pareille à un Golgotha, avec cinq exemplaires de mon dernier manuscrit, contre le ventre comme une femme enceinte, et non comme Jésus sur l'épaule (des manuscrits dont j'ignore à quel éditeur les envoyer). Les cloches des églises qui sonnaient les douze coups ajoutaient à la solennité de l'instant. Instant triste sous un ciel gris car tous les bureaux de postes fermés le lundi matin avaient opposé une grille austère à mon besoin d'avoir des timbres pour envoyer cette paperasse.
Il n'y avait rien d'encourageant dans cette ascension, sauf Pénélope Cruz qui me regardait fixement en haut de la côte, en me demandant "Tu t'attendais à quoi?". Ce n'était pas Marie-Madeleine, mais quand même la femme d'Ulysse, et son nom évoquait ma croix... Elle avait sur l'épaule le perroquet des portraits de Marguerite de Navarre dans sa jeunesse. Un perroquet aux ailes de papillon, comme une hipparchia. Pénélope ne m'a jamais déçu, de "Jambon Jambon" à "Volver"... J'ai donc marché bravement en la regardant droit dans les yeux !
Deux billets de 100 Francs dans "La Pharsale" de Lucain
Mon petit camarade a laissé un message sur mon répondeur. Il dort avec l'armée de la République populaire de Donetsk dans un bled près de Lougansk... Demain ils prendront un train pour rejoindre la ville assiégée.
Seul en ma demeure, ce soir, je lisais au hasard dans le tome 2 de la Pharsale le passage où Lucain médite sur la tombe dérisoire de Pompée en Egypte. Puis je lis son apothéose de Pompée. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis heureux que Lucain (comme je suis heureux de savoir que cet auteur est né à Cordoue, qu'il est le neveu de Sénèque, qu'il a écrit une tragédie sur Médée, et une Descente aux Enfers, mais il serait trop long de vous expliquer pourquoi), ait écrit ce passage. Il le fallait. Le commentateur précise que l'apothéose est nécessaire chez les stoïciens, mais elle est aussi pythagoricienne. Donc, disais-je, après ma lecture de cette très belle apothéose, je déchire quelques pages à la main. Mais ce n'est pas du joli travail. Je saisis un couteau, entaille deux autres pages... et tombe sur deux billets de 100 Francs qui y étaient intercalés...
Deux beaux billets même pas pliés. De quelle année sont-ils ? Peut-être les années 1980 ? Pourquoi le lecteur de la Pharsale (que je lis en livre d'occasion) a-t-il placé là ces billets entre les pages non découpées ? Voulait-il les offrir à quelqu'un ? Un mystère plane sur cet argent qui ressemble à un don fait à travers les décennies. Un don qui m'échoit. Evidemment je ne peux rien en faire (ces billets ont-ils une valeur quelconque sur le marché des collectionneurs ?).
Je regarde la page où ils se trouvaient, p. 146, celle qui relate le discours de Cléopâtre pour convaincre César de l'aider à reconquérir son trône d'Alexandrie juste avant la première nuit où ils firent l'amour. Je suppose que l'homme ou la femme qui ont glissé ces deux billets n'ont pas vraiment choisi la page, puisqu'elle n'était pas détachée de la suivante...
C'est bien la première fois que je trouve de l'argent dans un livre d'occasion, mais, à la réflexion, cela va bien avec l'esprit de l'oeuvre de Lucain qui, sous la dictature de Néron (même si l'empereur l'apprécia et le protégea pendant un temps), avait toutes les caractéristiques d'une bouteille jetée à la mer, d'un don gratuit et désespéré pour des inconnus, car on ne voit pas bien à qui la Pharsale pouvait être utile (aux nostalgiques de la République ? s'ils avaient été dans le public de la Pharsale nul doute que Néron n'en eût jamais récompensé l'auteur...). Je l'ai déjà dit ici : le stoïcisme c'est le renoncement dans l'action, comme la Bhagavadgita. Et donc on donne à la postérité une apothéose de Pompée, comme on glisse deux billets dans un livre. Une générosité inutile.
Dans la Pharsale, Lucain émet le voeu que les Egyptiens, quelques générations plus tard, deviennent un jour fiers du tombeau de Pompée comme les Crétois le furent du tombeau de Jupiter (que Lucain appelle "le Tonnant"). Je me souviens que Nietzsche quand il parle de la mort de Dieu, évoque ce tombeau crétois au dieu mort. Il y a quelque chose de très beau et de très profond dans cette image de la sépulture de l'Eternel, un paradoxe qui va bien aussi avec le stoïcisme.
Lucain s'adressait à un peuple égyptien irréel, puisque ceux-ci n'ont jamais été fiers de la stèle de Pompée (de "Magnus" comme dit l'auteur). Tous ceux qui défendent des causes perdues s'adressent à une humanité absente. Il faut avoir une sensibilité à la Châteaubriand pour aimer ce genre de soliloque.
Au fait, en parlant de l'auteur des Mémoires d'Outre-tombe, je songeais ce soir qu'il avait eu la même "baraka" qu'Alexandra David-Néel dans ses tribulations américaines. Mais développer ce point me conduirait trop loin, et il est déjà tard...
Oublions un peu Donetsk, lisons Mme David-Néel
Je crois que je vais me désengager un peu de mon projet de livre avec mon petit camarade qui est à Donetsk. Je ne suis pas convaincu de la cohérence entre sa partie "chronique de guerre" et mon introduction "analytique".
Je retiens ce qu'il m'a dit et qui m'avait déjà été précisé par le Dissident internationaliste : il y a aussi une extrême-droite chez les pro-russes, et pas seulement dans les troupes de Kiev. Mais ça, on le savait : il suffisait de voir l'archange sur leur drapeau. Rien n'est jamais tout noir ni tout blanc, évidemment.
A part cela ma petite reprise des infos d'Antiwar.com sur un gros mensonge de guerre américain en Irak, fait son effet sur le blog de l'Atlas alternatif (plus de 100 likages en une journée) et aussi ma synthèse sur les recours possibles des Palestiniens devant la cour pénale internationale (50 likages). Ce qui est court et efficace est apprécié.
Je lis "Voyage d'une Parisienne à Lhassa" d'Alexandra David-Néel après avoir aperçu un reportage sur cette étrange bonne femme il y a peu. J'apprends qu'elle est une disciple d'Elisée Reclus, ce qui en soi est très prometteur (et je ne dis pas cela parce que cet auteur anarchiste a beaucoup pratiqué le Béarn comme moi, mais parce que son oeuvre est objectivement considérable). Quand on entre dans un récit de voyage comme celui de feu-cette dame sans autre lecture préalable, on est toujours bien sûr frustré, parce qu'on sait qu'on ne connaît rien d'elle, ni de son milieu social, ni de son vécu antérieur. C'est comme si quelqu'un que vous n'avez jamais vu venait vous parler à l'oreille ; on ne se sent pas bien préparé. Mais d'un autre côté, cela a aussi son charme. On se sent très vierge, très frais, plus à l'écoute. On découvre son style, on tente de deviner à travers lui une tournure d'esprit, un savoir accumulé, et bien sûr toute une époque en arrière-plan. La dame savait beaucoup de choses, avait suivi des tas de cours au collège de France. Les textes sacrés indiens et tibétains n'avaient pas beaucoup de secrets pour elle par exemple. Il est intéressant qu'elle ait croisé cela si tôt avec une tournure d'esprit libertaire. Et je crois qu'on n'a pas fini de mesurer les implications que cela put avoir, notamment l'ampleur de cette initiative qu'elle eut : de partir en tant que femme seule, sur les routes du Tibet, sous les traits d'une mendiante. Dans les mythes grecs ce sont les dieux qui se déguisent en clochards, là c'est Mme David-Néel qui le fit, toute femme qu'elle était, et toute étrangère dans l'Himalaya en 1924 ! Quelle histoire extraordinaire... Je vous en reparlerai peut-être.