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Pristina mon amour
Konstantin Katchaline, journaliste à la Voix de la Russie, écrit dans Ria Novosti : "Fin mai-début juin, la 525ème brigade de renseignement et de guerre électronique (BRGE) sera [américaine] projetée au Kosovo. " - J'ai pas mal écrit sur les Balkans dans mes bouquins.
A propos du Kosovo Le Monde dit encore sur le volet environnemental : "Cours d'eau contaminés, voitures vétustes, bords de route jonchés de détritus faute d'un système de collecte : le pays est une poubelle au milieu de l'Europe. Le coût annuel de la pollution a été estimé par la Banque mondiale à environ 221 millions d'euros. Elle cause chaque année, en moyenne, 835 décès prématurés, 310 nouveaux cas de bronchite chronique, 600 hospitalisations. Dans ce bilan catastrophique, le poids des deux centrales thermoélectriques nationales pèse lourd."
"L'avenir de l'Europe se joue à Pristina" écrivait Cohn-Bendit en 1999, pour nous inciter à bombarder Belgrade. Aujourd'hui qu'est-ce que l'Europe a produit au Kosovo ? Et pourtant elle prétend forcer la main à Belgrade pour mettre fin à l'autonomie du nord serbe. Vu le penchant des ex leaders de l'UCK pour l'homogénéité ethnique, les Serbes ont raison de se méfier. En plus il y a des tendances sécessionnistes chez eux du gouvernement autonome de Voïvodine. Grosse manif à Novi Sad hier.
Il faudrait que la gauche (dans mon vocabulaire c'est la gauche de la gauche) ose dire quelque chose là dessus. Mélenchon a essayé en 2008. Pourquoi tant de silence ? C'est à 2 h de chez nous.
Communisme hédoniste
Dans la Pravda en Anglais je tombe sur cette photo (ci dessous)... et me dis que la Pravda a bien changé depuis ma jeunesse...
Dans la même veine en France (ou presque) voir à gauche.
Scepticisme, dogmatisme, émotions et missiles
Quatre "likages" de mon billet hier. Vous savez pourquoi ? Parce que j'ai fait l'effort de le poster sur Facebook. Mais ne croyez pas que je vais toujours vous mâcher le boulot comme ça en allant faire de la pub pour mes écrits sur les réseaux sociaux ! J'ai ma dignité quand même.
Et puis c'est Noël : la semaine dernière une nouvelle personne s'est abonnée à ce blog (dans la case à droite !).
Comme il y a quatre ou cinq ans, je me donne l'illusion que je parviendrai à contourner le mépris dont m'ont accablé les quadra et les quinqua dans les années 2000 en intéressant les jeunes de 25-28 ans, allez savoir. Je leur apprends un ou deux trucs sur ces fameuses années 1998-2000 où déjà se jouaient tous les psychodrames chez les "intellectuels engagés" dans lesquels on est enfermé 15 ans plus tard.
Mon "public" naturel est plutôt du côté des chomskyens sceptiques que du côté des bornés dogmatiques qui m'ont déclaré "traître au combat pour un monde meilleur" parce que je n'appelle pas à soutenir Bachar el Assad (ha ha ha) ou le président de l'Erythrée (ha ha ha ha).
A part ça je m'inquiète pour la Corée du Nord. Non seulement il est à peu près évident que je n'aurai pas le moindre visa pour y aller, mais je me demande même s'il y aura encore une Corée du Nord dans deux mois. Oh ce n'est pas tant que l'idée de voir diaparaître leur régime politique me chagrine. Mais c'est comme l'ex-RDA. Le peuple de ce pays ne voit pas les choses comme nous, et je ne vois pas au nom de quoi on devrait les transformer par la force en Sud-Coréens... Surtout que là l'opération "chirurgicale" pourrait bien consister en carpet bombing atomique. A chaque conflit on nous dit que les dirigeants sont suicidaires (Milosevic, Saddam Hussein, Kadhafi). On nous refain le coup avec Kim-Jong-Un. Cette fois il faut reconnaître que toutes les apparences plaident pour cette thèse. Mais, vous le savez, je suis platonicien, donc je ne peux me contenter des apparences. Si quelqu'un peut m'expliquer rationnellement ce que veulent les dirigeants nord-coréens dans cette montée en flamme bélliqueuse délirante, je suis preneur. Quelles sont les motivations ? Si ce ne sont que des émotions, et de l'auto-suggestion collective gratuite, les teneurs de la pensée soixante-huit tiendront là le plus grand démenti à leurs valeurs philosophiques : une nation qui s'anéantit stupidement par excès d'abandon aux émotions.(ps : juste après avoir posté ce texte je tombe su run article qui explique la position nord-coréenne, écrit par un Occidental qui en revient, ça vaut ce que ça vaut, surtout ça manque de précision).
Euh, petit post scriptum pour les mecs du PCF qui ont écrit le communiqué sur la mort de Thatcher, on peut se demander si le reproche qu'ils lui adressent en premier lieu "l'arrogance, la certitude d'avoir toujours raison" n'est pas celui qu'ils adressent à leur propre passé. Si tel est le cas, ils feraient mieux de sortir de leur monologue nombriliste. Le problème de notre époque, est moins "l'arrogance, la certitude d'avoir toujours raison" des libéraux, que le manque d' "arrogance", et de "certitude d'avoir toujours raison" de la gauche... Si ce courant pouvait apprendre à être arrogant à l'égard de ses adversaires (ses vrais adversaires, ceux de l'UMP, pas ceux qui leur sont plus proches), un sens de l'arrogance et du combat, sans pour autant verser dans le dogmatisme, on ferait un grand progrès. La gauche de la gauche fait en ce moment tout l'inverse : elle manque d'arrogance à l'égard des valeurs de la droite, et fait preuve d'un dogmatisme inopportun sur des sujets où l'on pourrait avoir des débats tranquilles et rationnels.
Ca bouillonne
Après l'affaire Cahuzac, la droite se fait putschiste comme elle le fut déjà sous Mitterrand : le responsable du secteur économique de TF1 se répand en scénarios sur la démission de Hollande sur Atlantico.fr, un mystérieux sondage sort pour interroger les Français sur l'intérêt d'une dissolution. Et M. Mélenchon se refait populiste sur le thème du "tous pourris", alors que le PCF, à la veille des municipales aurait préféré se battre sur l'ANI, comme l'aile gauche du PS (et comme M. Filoche qui était venu à la TV pour parler de ça et fut interviewé de manière impromptue sur Cahuzac). Notons qu'il a quand même raison, car le thème de la VIe République est plus porteur devant les caméras que la simple défense tribunicienne des travailleurs (très belle expression quand on y songe, que celle de la fonction "tribunicienne" du PCF inventée par je ne sais plus quel prof de Sciences Po il y a quelques décennies, quand on sait ce qu'étaient les tribuns : des hommes de l'establishment investis d'un petit droit de veto pour protéger le peuple - au fait vous avez vu la dernière pub du PCF dans le genre "Je suis communiste et ça me fait du bien", comme au centre de thélassothérapie ?).
On se demande d'où viennent les fuites qui ont informé Médiapart usr la situation bancaire de Cahuzac (les amateurs de romans d'espionage parlent de la CIA, of course), et ce que valent les rumeurs sur M. Fabius.
Mme Joly rejoint M. Mélenchon. Ca bouge, ça tremble. Et la victoire du "non" en Alsace donne des ailes aux jacobins. Sommes nous au bord de "L'Insurrection" annoncée par le roman humoristique du journaliste Pierre Lévy ?
Les Femen, elles, se prennent les pieds dans le tapis, en brûlant un drapeau salafiste, geste interprété en Tunisie comme une volonté de brûler le drapeau de l'Islam : pourtant si j'ai bien compris l'un est noir et l'autre est vert. D'où vient la confusion ? En tout cas Amina Tyler pour qui les Femen brûlaient l'étendard a désapprouvé leur geste. Il est des subtilités maghrébines que les Femen n'ont pas comprises. Pas sûr que le topless "à moitié assumé seulement" de Caroline Fourest suffise à inverser la vapeur.
Les antifas reprennent du service contre le PRCF à Lille pour une conférence sur la Syrie (je croyais pourtant que ce petit groupe avait fourni un gros effort pour se dissocier de la "Guilt by association" avec l'extrême droite en retirant leur signature d'une pétition collective à l'automne, mais visiblement cela n'a pas suffi). Et l'ACRIMED soutient Schneidermann contre Cohen (dans le débat avec Taddei) sur la liberté d'expression. Côté liberté d'expression je pense que le PRCF pourrait obtenir l'annulation de la décision du maire de Lille devant un tribunal, mais ils n'en ont sans doute guère l'intention. Les juges sont mal vus à gauche (sauf chez les mouvementistes positionnés sur des sujets sociétaux).
Bon à part ça, ne comptez pas sur moi pour verser une larme sur Margaret Thatcher today (ps : laissons cela au FN).
EADS aux banquiers
C'est Mélenchon qui l'explique sur son blog "En septembre 2012 déjà, il était question d’une fusion entre le géant franco-allemand et le britannique BAE, héritier de British Aerospace. On avait craint les conséquences stratégiques désastreuses du tropisme libéral de Thomas Enders, le remplaçant allemand de Louis Gallois. Finalement, cette fusion ne s’est pas faite. C’est l’Allemagne qui a stoppé le processus. Pour un motif que les Français n’avaient même pas imaginé formuler : parce qu’elle redoutait une perte de souveraineté industrielle et stratégique. Mais le pire était à venir. Depuis décembre 2012, avec l’aval du gouvernement Ayrault, la finance n'a cessé de conforter son emprise sur EADS. Cette attaque se matérialise par « un accord de gouvernance ». Il fait suite à la sortie d’actionnaires privés du capital d’EADS. Cet accord entérine un recul des parts des Etats français, allemand et espagnol. Dès lors ceux-ci sont empêchés dorénavant de bloquer les décisions stratégiques qui pourraient leur nuire. De cette façon, EADS est un peu plus mis dans la main de la finance internationale. Cette mascarade à un prix. Elle oblige EADS à racheter une partie de ses propres actions aux actionnaires privés. Ceux-là même qui s’enfuient. Au premier rang desquels on trouve Arnaud Lagardère. Et il lui faut encore vendre le reste au plus offrant sur les marchés financiers. A l’annonce de cet accord absurde, l’action valait 25 euros. A peine 3 mois plus tard, elle vaut 40 euros ! EADS ayant annoncé longtemps à l’avance le rachat des actions, il était évident que le cours monterait et que l’opération de rachat qui était alors estimée à 3,3 milliards d’euros serait largement plus coûteuse. Résultat : le rachat d’actions pourrait coûter deux fois plus cher que prévu. Un gigantesque gaspillage financier au détriment de la stratégie industrielle pour l'aéronautique. Et à la table de ce gaspillage, l’assemblée générale des actionnaires tenue le 27 mars a décidé que Lagardère serait prioritaire sur les autres actionnaires pour accéder au programme de rachat d’actions."
Aujourd'hui EADS est entre les mains des banquiers Pébereau et Trichet et de M. Mittal...
Fin de journée
Hier trente mecs (ou des filles) anonymes ont atterri sur mon blog en tapant directement l'adresse URL ou mon nom. Deux de ces anonymes ont "liké" sur Fesse-bouc mon billet sur Benda et le particularisme. J'ai passé la journée comme hier à me demander si on m'autoriserait à aller promener un regard "chomskyen" en Corée du Nord cet été, en fait j'en doute de plus en plus. Et je n'ai pas trouvé l'énergie (à cause de mon boulot) d'écrire des billets sur l'archéologie (et dire que je voudrais écrire une histoire alternative du rationalisme, avec mon panthéon à moi qui comprend Chrysippe de Solès, Lucien de Samosate, Marguerite de Navarre, Julien Benda... quand trouverai-je le temps ?). J'ai juste bricolé : parcouru dans "Book"s un article sauvagement anti-Zweig (mais en partie juste), des papiers pro-israéliens qui font l'apologie de Bachar el Assad (signe des temps je suppose), et deux ou trois bêtises comme on en trouve tant sur le Web.
Parce que j'ai publié un petit billet un peu malin sur le Tchad sur le blog de l'Atlas alternatif, un ex collaborateur m'a demandé si je reprenais du service, puis intimé (presque pistolet sur la tempe) de prendre parti sur la Syrie. Je crois vraiment ne plus écrire du tout pour des gens comme lui. Je m'imagine plutôt en ce moment que mon public se trouve du côté de ces chercheurs de vérité qui lisent Chomsky et jouent de la guitare le dimanche sans trop se prendre au sérieux. Public de gens honnêtes, indépendants et ouverts.
Des tonnes d'interrogations me poursuivent. Aurais-je dû en faire plus ? Ecrire plus sur les guerres de notre époque, sur les pays isolés ou diffamés comme l'Abkhazie, ne pas faire des détours par la philosophie et la sociologie, la littérature même... Bah, à quoi bon ? Pour se retrouver toujours confronté aux mêmes accusations connes ? - "vous êtes un stalinien", "un vieux militariste", "un facho", "un anar inconséquent", "crypto-sioniste", "antisémite inconscient de l'être", "nationaliste anti-européen", "vendu à Mélenchon, à l'Europe, au grand capital, aux traîtres etc" "si tu n'es pas avec nous tu es contre nous", "choisis ton camp camarade" etc le débat sur notre époque vole tellement bas, mieux vaut être un petit peu "à côté", un petit peu "ailleurs", sans l'être complètement (car il faut toujours rester cohérent et fidèle à ses combats de toujours).
Bon allez, trêve de ratiocinations nocturnes. Demain est un autre jour. Demain je saurai peut-être si j'ai mon ticket pour la Corée. Demain j'aurai peut-être le temps de lire le billet que publie le PIR sur le féminisme vu avec les lunettes du monde arabe. Demain j'arriverai peut-être à oublier le documentaire d'Arte qui ce soir expliquait comment Google a échoué à monopoliser sous sa coupe des droits sur des dizaines de millions de livres mais pourrait bien poursuivre dans cette voie, et même nous vendre des lunettes qui stockeront dans ses bases de données tout ce que nous voyons - mais non, je n'oublierai rien de tout cela, car un bon citoyen doit affronter "with eyes wide opened" le monde ultra-fliqué et virtualisé qu'on nous construit chaque jour. Non, demain ne sera sans doute pas très différent d'aujourd'hui. Mais nous serons fidèles au poste pour en goûter les charmes et combattre les absurdités.
Julien Benda aux faux intellectuels médiatiques de notre époque
"Quand Gerson monta en chaire de Notre-Dame pour flétrir les assassins de Louis d'Orléans, quand Spinoza vint, au péril de sa vie, écrire sur la porte des meurtriers des Witt : "Ultimi barbarorum", quand Voltaire batailla pour Calas, quand Zola et Duclaux vinrent témoigner dans un procès célèvre, ces clercs étaient pleinement, et de la plus haute façon, dans leur fonction de clercs ; ils étaient les officiants de la justice abstaite et ne se souillaient d'aucune passion pour un objet terrestre. Au reste il existe un critérium très sûr pour savoir si le clerc qui agit publiquement le fait conformément à son office : il est immédiatement honni par le laïc, dont il gêne l'intérêt (Socrate, Jésus). On peut dire à l'avance que le clerc loué par des séculiers est traître à sa fonction" ("La trahison des clercs", p. 172)