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L'art de la bonne conscience
Péan interviewé dans l'Humanité Dimanche sur son livre sur le Kosovo ce weekend. Le journaliste de l'hebdo communiste lui demande pourquoi les va-t-en-guerre de l'époque, à l'origine directe de la création d'un Etat mafieux à Pristina, ne se sont jamais remis en cause. Messieurs du Part communiste, vous êtes vous remis en cause ? avez vous pensé à mettre en jugement les membres de votre direction qui ont décrété à partir du 1er avril 1999 - c'est à dire quand les bombes de Westley Calrk se sont mises à viser plus explicitement les infrastructures civiles - qu'il ne servait à rien de manifester ? Avez vous demandé à votre eurodéputé M. Wurtz pourquoi sur les chaînes de TV il se pavanait en répétant comme le ministre de la défense du gouvernement auquel il appartenait que les Serbes commettaient un "génocide" au Kosovo, bref s'alignait sur la propagande de guerre du gouvernement auquel son parti appartenait ? Croyez-vous que je mens à ce sujet ? Relisez mon livre "12 ans", celui dont les intellos antiguerre "oublient" de parler.
Péan lui-même oublie de faire la moitié du boulot dans son interview. Pas un mot sur les Serbes, les Goranis, les Roms, bref tous les non-albanais expulsés du Kosovo en juin 1999 par l' "Armée de libération du Kosovo" albanaise. Pas un mot sur le révisionnisme historique infâmant dont les Serbes furent l'objet... Il remarque que le gouvernement "de gauche plurielle" fut le plus ardent à vouloir cette guerre tandis que Chirac freinait des quatre fers. Oui c'était une guerre de centre gauche, le Nouvel Obs, Libé et le Monde, aimaient plus nos bombes que le Figaro. Cohn-Bendit s'étranglait de haine, BHL voulait une intervention terrestre pour envahir Belgrade. Je n'ai pas oublié messieurs... Il n'y avait que la vieille droite, à l'époque, pour rappeler qu'il y avait un monument à l'amitié franco-serbe dans le jardin de Kalmagdan, en souvenir des centaines de milliers de Serbes morts pour une vision commune de l'avenir de notre continent que Paris et Belgrade avaient partagée jadis. Péan a inclus dans son livre les lettres de Chirac qui tente en vain en 98-99 de calmer le jeu. A la veille des bombardements, je me souviens, le maire gaulliste du IXe arrondissement de Paris Kaspereit avait appelé le président pour lui demander de faire quelque chose pour les empêcher. Chirac "attends, je consulte mes conseillers, je te rappelle". Dix minutes plus tard, Chirac reprend le combinet : "Je ne peux rien faire". Quand France Info annonçait les "bavures de l'OTAN" - "un train bombardé par erreur", "un quartier résidentiel écrase par nos bombes", les bombes à fragmentation sur la place du marché de Nis, bien évidemment ce n'étaient pas toutes des "bavures" - il y avait une affiche électorale en bas de chez moi. Celle du parti au pouvoir qui nous serinait chaque jour que c'était une guerre de la "civilisation contre la barbarie", nous maintenait dans la veulerie et le mensonge, jour après jour, sur le cadavre de l'idéal yougoslave minutieusement anéanti par nos missiles Tomahawk. Sur cette affiche, la tronche d'un certain François Hollande...
Mon CR sur "Sahélistan" de Samuel Laurent
Publié ici sur Parutions.com
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Samuel Laurent Sahélistan
Seuil 2013 / 19.50 € - 127.73 ffr. / 370 pages
ISBN : 978-2-02-111335-8
FORMAT : 15,4 cm × 24,0 cm
L'auteur du compte rendu : Juriste, essayiste, docteur en sociologie, Frédéric Delorca a dirigé, aux Éditions Le Temps des Cerises, Atlas alternatif : le monde à l'heure de la globalisation impériale (2006) et publié récemment Abkhazie, à la découverte d’une "République" de survivants (Éditions du Cygne, 2010).
A circonstance exceptionnelle, personnage exceptionnel. La guerre de Libye et du Sahel (qui aujourd’hui se prolonge du Mali au Cameroun), «notre» si belle et si chère guerre de Libye, aura fait émerger un personnage singulier : Samuel Laurent.
L’homme a de quoi surprendre. Employé par des sociétés privées pour explorer les pays dangereux et y évaluer les risques des investissements, il a fait du danger sa profession. Et c’est un observateur plein de bon sens, autant que de franc parler. Comme si la vérité ne pouvait plus venir aujourd’hui ni des journalistes professionnels, ni des services de l’État mais du milieu des affaires, seul prêt à accepter qu’on appelle un chat un chat. Surtout l’homme a un talent incroyable pour s’attirer la confiance des protagonistes des guerres, même ceux dont les opinions sont aux antipodes de ses convictions. En un clin d’œil, il sait se faire des réseaux qui le mèneront au contact des pires ennemis des Occidentaux, dans les endroits les plus improbables et plus risqués.
Ce talent, Samuel Laurent l’a mis au service de la description d’une nation qui se meurt, d’un cadavre en décomposition : celui de la Libye. Ecoeuré par la bêtise d’un Bernard-Henry Lévy et d’un Nicolas Sarkozy qui ont précipité ce pays dans le chaos sans en évaluer les conséquences, autant que par la lâcheté de nos médias complices de cette catastrophe, dont ils n’osent pas nous révéler le vrai visage, Laurent nous embarque aux quatre coins de cette contrée soumise au règne des milices, des mafias et des fanatiques, de Tripoli à Benghazi et jusqu’au fin fond du grand Sud Libyen, contrôlé par Al Qaida Maghreb Islamique (d’où sont lancées les opérations contre le Mali et le Niger).
L’auteur nous fait tout voir : les massacres des Noirs toubous au nord de la frontière tchadienne, les tortures à Misrata, les trafics de drogues à la passe de Salvador, le QG de la milice Rafallah Sahati, et celui des djihadistes d’Ansar al-Charia. Il ne le fait pas dans l’abstrait, sur la base de «on-dit», mais en se rendant sur place, en rencontrant les acteurs des combats au risque de prendre une balle dans la tête, toujours ancré dans le témoignage de première main. Sans jamais verser dans les balivernes de la propagande antiguerre (parfois symétriques hélas de la propagande de nos armées) qui s’est sentie obligée en 2011 de faire l’apologie de la «résistance» kadhafiste, ou de noircir artificiellement les anciens combattants d’Afghanistan, Laurent se fie à son sens des rapports humains pour trier le bon grain de l’ivraie. Son analyse conduit souvent à des conclusions surprenantes quand il explique que, plutôt que de s’appuyer sur les planches pourries et pseudo-libérales de Moustapha Abdeljalil et Mahmoud Jibril, les actuels «gouvernants» (au sens formel du mot), qui «couvrent» en secret les pires terroristes, «l’Occident» (puisqu’il faut appeler ainsi l’actuel bloc atlantiste) sauverait sans doute ce qu’il lui reste à sauver en négociant avec des guerriers islamistes comme Abdelhakim Belhaj (l’ancien gouverneur militaire de Tripoli décrit à tort selon lui comme un allié d’Al Qaïda) ou Mohamed el-Gharabi (le chef des Rafallah Sehati, la principale brigade qui assure une bonne part du maintien de l’ordre à Benghazi).
Il est difficile d’évaluer le bien fondé des jugements de Samuel Laurent puisque, précisément, il est malheureusement le seul parmi les Occidentaux à être allé aussi loin dans la tentative de rencontrer et de comprendre les véritables pouvoirs qui contrôlent aujourd’hui véritablement la Libye. Personne ne peut contrer ses dires, et donc personne ne peut non plus les jauger au vu d’éléments contradictoires. Peut-être d’ailleurs l’auteur ne dit-il pas tout ce qu’il sait (et puis d’abord, au fait, pourquoi ce choix de sortir un livre maintenant, au risque de ruiner ses chances de poursuivre le métier exercé jusque là ?).
Ce qui est certain en tout cas, c’est que par-delà l’analyse politique, le témoignage sur le terrain est fort, écrit dans un style magnifique et entraînant, ciselé au scalpel, d’une précision de géomètre. Il livre l’image d’un pays qui s’enfonce. Un pays naguère prospère où l’on ne ramasse plus les ordures dans les rues et où plus aucune vie normale n’est plus possible, tout étant suspendu au pouvoir terrifiant d’ados armés de fusils automatiques auxquels les villes, mais aussi les forêts, les côtes et le désert appartiennent désormais. Vitupérant contre l’Occident qui laisse se développer cette anarchie à quelques centaines de kilomètres de ses côtes, Samuel Laurent met en garde les Européens : en livrant la Libye (et les armes de Kadhafi) à Al-Qaïda, puis en décidant de fermer les yeux sur ce qui s’y passe, vous vous exposez aux pires atrocités sur votre propre sol, et la crise malienne n’est qu’un pâle avant-goût de ce qui vous arrivera dans quelques années. Mais qui a encore des oreilles pour entendre l’avertissement ?...
Frédéric Delorca
( Mis en ligne le 18/06/2013 )
Face to face, and back to back
Ce soir un homme s'est arrêté à 20 h en face de l'AKM (Centre Culturel d'Atatürk) à Istanbul. D'autres personnes l'ont rejoint.
Canan me dit que l'image est plus forte que tous les rassemblements syndicaux qui étaient prévus.
La révolution turque est pleine de belles images. Je soupçonne beaucoup d'Occidentaux de penser que justement ce ne sont "que" des images, que, comme les "Indignados", ça n'ira pas au delà du symbole. Qui peut le savoir après tout ? Mais je sais que c'est ce que les gens pensent ici.
Défense nocturne de la "Grande culture" d'antan
Je viens d'un monde où la "culture respectable" formait un tout cohérent. Les gens dans ce monde-là n'allaient pas glaner des connaissances ici et là sur le Net, puis collectionner des savoirs pointus dans une logique de "distinction" (un savoir de geek). La culture était un bloc canonique avec ses points de passage obligés : Goethe, Balzac, Shakespeare, Flaubert, Kant, Platon, que sais-je encore. On n'était pas forcés d'aimer ces références, mais on était forcés de les respecter et de "tenter de les lire" si l'on voulait être soi-même respectable. Elles formaient un tout, inspiraient un style, fournissaient des images à nos vies. Tout le monde était d'accord là dessus.
Il y a peu je regardais des DVD de la série Magnum (années 80), qui est empreinte d'un regard un peu distancié, amusé, mais très déférant au fond à l'égard de cette "grande culture". C'était un monde où aucune journaliste de Canal + ne se serait permis d'émailler son propos, comme je l'entendais récemment de ponctuations du type "souvenez vous, nous vous en avions déjà parlé le mois dernier", parce que l'actualité ne nous imposait pas sa dictature, et aucun journaliste ne se serait senti autorisé à imposer à son public de se souvenir de ce qu'il y avait dans cette futile actualité un mois plus tôt.
Cette "grande culture" était discriminatoire, machiste et raciste, mais elle gardait une vocation universaliste comme celle de l'Empire romain, qui, ne l'oublions pas, unissait autrefois les deux rives de la Méditerranée (il y eut des empereurs gaulois, ibères, mais aussi arabes). Elle entretenait dans les élites beaucoup d'hypocrisie, de mépris, et de sentiments détestables, mais proposait aux plus jeunes une Forme, une façon d'être tournée vers l'exigeance et la beauté.
Moi qui étais un fils d'ouvrier, à moitié métèque, je risque de survivre dans le monde d'aujourd'hui comme un dernier témoin et peut-être un ultime serviteur de ce monde culturel qui, à l'époque, me prenait de haut et auquel j'inspirais au mieux de la condescendance paternaliste, un peu comme ces supplétifs des légions romaines francs, goths, burgondes qui, après avoir mis à terre l'Empire, firent rouvrir les arènes et restaurèrent les institutions qu'ils avaient détruites parce qu'elles étaient au fond pour eux le seul moyen de former une société digne de ce nom.
J'ai beaucoup écrit sur ce blog au cours des dernières années sur des grands personnages du 19e et du 20e siècle. J'ai même ressorti Etiemble, ce vieil érudit des années 70 qui nous faisait sourire (parce qu'il était "has been" et parce que son culte des lettres à l'époque me faisait violence) quand il apparaissait sur les plateaux de TV d'Apostrophes de Pivot, et dont j'ai redécouvert, il y a peu, le phrasé, et les combats politiques ô combien nobles. Hier soir je jetais un coup d'oeil à une nouvelle série d'Arte, "Odysseus" qui, plus que de nous parler du monde d'Homère, utilisait celui-ci comme prétexte aux projections de notre époque. "Plus belle la vie chez Ulysse", tel aurait dû en être le titre. Avec une scène de coucherie toutes les 5 minutes (parce que c'était français, en version américaine c'eût été trois décapitations par quart d'heure), et entre les deux pas grand chose, ou plutôt oui : le vide sidéral qui emplit la tête des scénariste, et de la plupart des créateurs parce qu'il n'y a de toute façon plus rien à dire ni plus rien à penser. "Français encore un effort" pour vous réapproprier la culture moribonde à laquelle le siècle dernier croyait encore un peu, voilà le défi qu'on voudrait lancer. Hé quoi, vous avez 28 ans et écoutez sur You Tube "REM", "Kim Carnes" et autres veilleries chéries par vos parents. Pourquoi ne vous feriez vous pas un devoir, aussi, de lire et de respecter tout ce qu'eux mêmes ont dû se coltiner ? Allez, chiche. On verra bien si après, quand vous aurez fait cela, il y a encore autant de vide sur Internet et sur la TNT...
Le collectif "Code Pink" au Yémen
Vous le savez, je suis devenu un inconditionnel de Medea Benjamin et de son collectif anti-guerre "Code Pink". Trop enthousiaste peut-être d'ailleurs car si un jour ce collectif fait un faux pas, des petits teenagers sur le Net ne manqueront pas de me reprocher d'avoir dit du bien de lui, mais peu importe. Ces dames, après s'être rendues en Afghanistan rencontrer les Pachtounes que les drones d'Obama bombardent sont en ce moment au Yémen dans un but similaire.
Voyez le reportage de Jodie Evans sur leur site posté aujourd'hui même : "Nous avons été accueillis par Abdul Rahman Barman, un avocat qui représente HOOD, Abdulelah Haider Shaye et la plupart des prisonniers de Guantanamo et des survivants des drones américains.Bien qu'il soit l'un des hommes les plus occupés au Yémen, il a eu la gentillesse de mettre de côté le temps de parler et de partager des histoires, des informations et des photos avec nous (...) Nous avons appris comment l'ancien président Saleh a profité de la présence croissante d'Al-Qaida dans la péninsule arabique - ou mieux connu sous le nom d' AQAP - et exagérait délibéréament la menace pour les Etats-Unis pour assurer son propre financement. Nous avons également appris par des fuites câbles américains de 2012 que Saleh a donné aux États-Unis «une porte ouverte au terrorisme». Cette stratégie est contre-productif et a aidé AQAP à grandir. Quand un être cher est tué sans raison par nos politiques antiterroristes, et sa mort se voient déniée par les deux gouvernements yéménite et américain, les Yéménites pensent qu'il n'y a pas d'autre moyen que de se venger et de se joindre à un groupe militant. (...) Dans certains cas, même de voir le recrutement se passe dans les prisons, où les petits voleurs deviennent des agents d'Al-Qaïda, motivé par la vengeance de nouveau. (...) Le Yémen est si beau. Les rues sont pleins de bruits de klaxon, d'explosions de pétards lors d'un mariage lointain et d'aboiements des chiens. Ici, dans la vieille ville l'électricité vient de sauter eti nous sommes dans la nuit noire. Ce qui me reste de meilleur de la journée a été la générosité et la gentillesse des Yéménites que nous avons rencontrés. Ils sont reconnaissants que nous leur montrions ici un autre type de soutien que celui auquel ils sont habitués par la communauté internationale, à l'écoute et en solidarité avec le droit des personnes yéménites à l'autodétermination."
Epictète et la nature humaine
Il est un point excellent dans le stoïcisme qu'on retrouve jusque dans sa version la plus tardive (à laquelle je préfère la première, celle de Zénon et Chrysippe, plus anarchiste), et que ni Chomsky ni les psychologues évolutionnistes ne récuseraient, c'est son souci de philosopher à partir de la nature de l'homme et des animaux.
Je lis dans Epictète (Diatribai Entretiens ch XXIII I, 23, 1) le texte ci dessous - je suis désolé de vous le livrer en anglais mais je ne le trouve pas sur le Net dans notre langue sauf en version orale que vous pouvez écouter ici (mais je n'aime pas la voix de la dame). Notez le lien classique qu'il établit entre paternité et engagement politique. L'épicurisme d'Onfray et de Marx ne tient pas face à un texte comme celui-là.
" Even Epicurus is sensible that we are by nature sociable beings; but having once placed our good in the mere outward shell, he can say nothing [p. 1077] afterwards inconsistent with that; for again, he strenuously maintains that we ought not to admire or accept anything separated from the nature of good, and he is in the right to maintain it. But how, then, arise any affectionate anxieties, unless there be such a thing as natural affection towards our offspring? Then why do you, Epicurus, dissuade a wise man from bringing up children? Why are you afraid that upon their account he may fall into anxieties? Does he fall into any for a mouse, that feeds within his house? What is it to him, if a little mouse bewails itself there? But Epicurus knew that, if once a child is born, it is no longer in our power not to love and be solicitous for it. On the same grounds he says that a wise man will not engage himself in public business, knowing very well what must follow. If men are only so many flies, why should he not engage in it?
And does he, who knows all this, dare to forbid us to bring up children? Not even a sheep, or a wolf, deserts its offspring; and shall man? What would you have, that we should be as silly as sheep? Yet even these do not desert their offspring. Or as savage as wolves? Neither do these desert them. Pray, who would mind you, if he saw his child fallen upon the ground and crying? For my part, I am of opinion that your father and another, even if they could have foreseen that you would have been the author of such doctrines, would not have thrown you away. [p. 1078]"
La musique de la révolte turque
Il y a des musiques qui servent de toile de fond à de grands événements, et qu'il faut connaître si l'on veut connaître les choses autrement que par les seuls mots. Lili Marleen pendant la seconde guerre mondiale en Europe, "Maria" de Blondie pendant la bombardement de la Yougoslavie par l'OTAN, et... Eyvellah au milieu du printemps turc qui a lieu en ce moment. J'ajoute à cette chanson les paroles en version anglaise. Et un petit documentaire. Tous mes remerciements à Canan.
To your pepper, your gas,
Your batons, your sticks,
To your harsh kicks,
I say bring it on, bring it on
Attack me shamelessly, tirelessly
My eyes are burning but I don't bow, nor do I lessen
I am still free I said
I am still right I said
to you
I am still human I said
Do you think I would give up, tell me
To your pepper, your gas,
Your batons, your sticks,
To your harsh kicks,
I say bring it on, bring it on
Your slap in our face
Your grudge against our voice
Cheers to all of you
Bring it on bring it on
Raise your hand without hesitation and fear
The squares belong to us, don't forget it, this nation is ours
I am still free I said
I am still right I said
to you
I am still human I said
Do you think I would give up, tell me
To your pepper, your gas,
Your batons, your sticks,
To your harsh kicks,
I say bring it on, bring it on
Your slap in our face
Your grudge against our voice
Cheers to all of you
Bring it on bring it on
Antifascistes contre extrême droite

Le meurtre du jeune étudiant de Sciences Po, hier à la gare de RER Haussman. Les voix qui s'élèvent pour la "dissolution" des groupes d'extreme droite (attention de ne pas aller trop loin dans la répression d'un courant de pensée auquel je suis hostile mais qui a sa liberté d'expression comme tous les autres).
Certains jeunes d'extrême gauche (car c'est dans la jeunesse que la tentation de la violence est forte, qu'elle soit verbale ou physique) qui fantasment sur l'Italie des années de plomb, sur Rouillan, sans se rendre compte qu'un conflit ouvert entre milices d'extreme gauche et d'extreme droite dans un pays où la plupart des classes populaires en milieu semi-rural votent FN se terminerait par la victoire de la réaction comme en Italie en 1922. Si nous étions dans la Russie des années 1860 les jeunes étudiants de gauche essaieraient d'aller haranguer la France pro-FN démoralisée par la mondialisation libérale, ce qui serait peut-être un moyen de recoudre le tissu social. Mais le fossé sociologique entre les deux Frances est trop grand. Et c'est sur les épaules du faible gouvernement social-dem (par ailleurs écrasé par la politique d'austérité prônée par l'Allemagne), certes pourvu de la main de fer de M. Valls (mais les ministres de l'intérieur socialiste, de Weimar, comme de la IVe République en 1947 ne peuvent pas à eux seuls apaiser la tempête qui monte) que repose la pacification des esprits. C'est demander beaucoup à des gens qui ont peu.
Schneidermann ce matin met en garde les fausses symétries créées par les journalistes. Une spécialité de ce milieu et de tous les pouvoirs conservateurs. Les médias aussi pourraient jouer un grand rôle pour apaiser le climat, mais ils n'ont hélas pas été formés à cela. Continuons pour notre part à défendre les espaces de dialogue, même de dialogue conflictuel. Pourquoi le gouvernement ou les municipalités ne créeraient ils pas des forums de débat "live" (pas sur Internet qui favorise l'hystérie) entre les deux Frances prêtes à en découdre dans la rue ?