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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Retour de Sicile

7 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Retour de Catane Syracuse et Taormine.

 

Le théâtre grec de Syracuse défiguré par de tréteaux. Les guides parlent des visiteurs illustres : Platon, Eschyle. Evidemment ils oublient mon préféré : Aristippe de Cyrène. L'histoire est toujours injuste.

 

Les colonnes du temple d'Athèna enchâssées dans les murs de la cathédrale Sainte Lucie. La côte magnifique entre les Jardins de Naxos et les hauteurs de Taormine. L'Etna, le château d'Ursino à Catane...

 

J'ai parlé pendant une heure en espagnol avec un crypto-chauffeur de taxi entre Catane et Taormine, atteint d'une infirmité cardiaque depuis l'enfance, qui donc ne pouvait travailler dans un emploi "normal", et percevait seulement 200 euros de l'Etat ce qui l'obligeait à avoir cette activité "tolérée" comme complément de salaire. Dans son discours sa haine de l'Etat italien rejoignait sa colère contre l'Union européenne. La Sicile est livrée à elle-même. Les vieux sont édentés. Les trains privatisés ont des wagons des années 50...

 

 


 

 

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Elections en France, en Grèce, en Serbie, les peuples, les oligarchies

7 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Il y avait des drapeaux algériens sur les Champs Elysées hier pour fêter la victoire de François Hollande, et des "youyous" au meeting de Mélenchon à Marseille trois semaines plus tôt. La xénophilie de la gauche d'un côté, de l'autre Sarkozy à 48 % et non à 45 malgré l'ultradroitisation de son discours dans l'entre-deux-tours, et beaucoup de votes blancs comme Mme Le Pen l'avait recommandé à ses électeurs. On est en plein dans les problématiques soulevées par Algalarrondo l'an dernier.

 

belote.jpgDerrière Hollande la gauche bobo, les classes moyennes des grandes villes, et puis un certain monde rural de tradition socialiste (dans le Sud-Ouest), ou qui a récemment lâché la démocratie chrétienne (Bretagne). Jean-Luc Mélenchon avec sa campagne flamboyante a réussi un peu à rallier quelques ouvriers au premier tour, pas beaucoup. Une bonne partie sont restés proches du FN (plus du tiers ont voté Marine Le Pen au premier tour) et de la Droite populaire (plus de 40 % derrière Sarkozy).

 

Mélenchon fait aujourd'hui le pari de les arracher en juin à la logique du vote utile qui a profité à Hollande. Pas gagné d'avance. On a le sentiment qu'un gros tiers de la classe ouvrière reste proche d'une droite dure, un tiers fluctue entre le PS et la droite d'un élection à l'autre, un autre tiers est plutôt voué à l'abstention. Très peu ont vocation à croire en un discours Front de Gauche (FdG), lequel n'est crédité que de 7 % d'intentions de vote sur l'ensemble de la population aux prochaines législatives, ce qui peut faire du 10 % si les électeurs de Sarkozy s'abstiennent et s'il n'y a pas trop de vote PS.

 

Le FdG pourrait ramener à lui une frange de l'électorat ouvrier de la droite populaire et du FN s'il tenait, comme je l'évoquais dans le Programme pour une gauche française décomplexée, un discours républicain, national et protectionniste qui, sans jouer avec les clichés xénophobes comme le fait Marine Le Pen (sur les fantasmes de l'islamisme, le hallal etc), réhabiliterait la notion de souveraineté populaire et de démocratie dans les frontières définies d'un pays, et non pas dans les frontières mouvantes d'un vaste empire européen manipulé par les banques. Mais il s'aliènerait alors sa composante bobo (petits profs, petits fonctionnaires) qui est la base de ses militants, ainsi qu'une bonne partie de sa clientèle dans les ZEP lesquelles ne veulent pas entendre parler de frontière (idem pour la clientèle PS dans les  mêmes banlieues). Dès que j'aurai cessé mes fonctions en Ile de France, je vous raconterai quelques anecdotes que j'y ai vécues en rapport avec cette problématique.

 

Les micro-partis souverainistes ne sont pas bien placés non plus pour incarner un tel discours. Debout la République (DLR), qui est le plus structuré d'entre eux, hier soir a publié un communiqué dans le pur style du RPR des années 1980, accusant M. Sarkozy d'avoir porté à l'Elysée un socialiste (comme si le mot par lui même était une insulte) et appelé à construire une alternative gaulliste. Pas un mot pour un électorat potentiel de gauche. Preuve que ce parti veut rester un grouspuscule de droite et rien de plus.

 

Ces données montrent qu'une voie républicaine entre boboïsme et xénophobie sera difficile à défendre.

 

Les Grecs ne sont pas tout à fait dans cette configuration puisque l'appauvrissement de la classe moyenne y est tel que l'équivalent du Front de Gauche Syriza (mais sans le PC qui fait 8 % tout seul !) dépasse de peu le Parti socialiste, tandis que le total  Pasok+droite classique s'élève à moins de 50 % (oublions pour un temps la poussée des néo-nazis d'Aube dorée, bien qu'elle soit symptômatique de la poussée xénophobe dans ce pays aussi). J'ignore si la gauche là bas a plus de stratégie qu'en France mais pour l'heure sa poussée a pour effet immédiat de compliquer la tâche des banquiers. L'ingouvernabilité prévisible du pays va obliger l'Union européenne à imposer une ingérence coloniale croissante à Athènes (qui peut aller jusqu'à faire revoter les Hellènes), ce qui ne fera que compliquer le soi-disant "sauvetage" de ce pays, nourrir la spéculation contre l'Espagne, et l'Italie, et donner de nouveaux maux de têtes aux fédéralistes bruxellois et aux oligarchies financières de tout poil.

 

Cela peut-il donner des arguments à François Hollande pour négocier un desserrage de l'étau du Mécanisme européen de stabilité ? Allez savoir... Je note qu'un ministre allemand commence à parler de relance salariale dans son pays.

 

Autres élections hier : en Serbie (législatives et présidentielles). Là le parti souverainiste ("Parti progressiste") de M. Nikolic passe juste devant les européistes de M. Tadic avec chacun un quart des suffrages. Le Parti socialiste (ex communiste) qui a joué la balance entre l'un et l'autre ces dernières années s'en sort bien à 14 % des voix (en net progrès). L'ex président Kostunica est dans les choux à 7 %, de même que l'extrême droite intransigeante de Seselj qui ne sera même pas représentée au Parlement (preuve que l'époque de Milosevic est bien révolue dans ce pays). La montée de M. Nikolic profite peut-être du malaise grec et de l'alternance française qui mettent à mal le dispositif bruxellois et discréditent un peu l'européisme à Belgrade comme ailleurs.

 

Mais dans ce pays comme chez nous les eurocrates ont plus d'un tour dans leur sac, et la partie de poker est loin d'être terminée... Affaire à suivre donc...

 

 

 

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François Hollande élu président de la République

6 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

hollande.jpgMonsieur François Hollande, candidat du parti socialiste, vient d'être élu président de la Répubique française. Ce faisant il met fin à cinq années de sarkozysme, cinq années qui furent parmi les plus noires de l'histoire de notre pays parce qu'ells furent notamment caractérisées par le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, son alignement systématique sur les thèses des néo-conservateurs américains, la ratification du traité de Lisbonne contre le peuple, un haut niveau de corruption politique et morale au sein du gouvernement de notre pays avec une surenchère dans la démagogie populiste (entre autre la xénophobie, mais pass seulement) et le mépris de la chose publique.

 

La fin du sarkozysme va assainir l'ambiance, car elle place au pouvoir un homme plus modeste, sans doute plus honnête, bien que son entourage soit loin de l'être toujours, et qui ne fera sans doute pas de l'entourloupe, et de méthodes marketing abjectes, une forme légitime d'exercice du pouvoir. Mais évidemment nous savons que le Parti socialiste reste un parti européiste, atlantiste et néo-libéral. Bien qu'il soit relativement plus à gauche que ses homologues européens, ses dirigeants ne sont pas en mesure à eux seul d'impulser une politique de résistance à la droite européenne, ni de défense de la relance économique.

 

Il va falloir que des forces politiques se structurent en France pour obliger M. Hollande à refuser le mécanisme européen de stabilité et imposer un logique de résistance au système bancaire.

 

Selon moi, le Front de Gauche peut être un facteur important de ré-orientation de la politique européenne. La bonne campagne de M. Mélenchon a arraché la gauche noniste à la logique de la fragmentation et rallié à la politique de nouvelles franges d'électeurs grâce à une revitalisation de l'imaginaire républicain. Mais le score électoral de cette coalition au premier tour ne peut suffire à peser sur le nouveau président, ni sans doute à créer un effet d'entraînement en Allemagne comme JL Mélenchon l'espérait. Une augmentation du nombre de députés FdG serait sans doute un atout supplémentaire à l'issue des élections législatives, mais cela ne peut remplacer l'absence de stratégie qui continue malgré tout à caractériser le FdG face aux institutions européennes, tout comme face au système financier et militaire occidental (on a trop vu pendant cette campagne M. Mélenchon improviser d'une semaine sur l'autre, et parfois d'une façon contradictoire, ses positions sur de nombreux dossiers, comme celui de la politique à l'égard de la Syrie).

 

Il faut que soit au sein du FdG (mais est-ce possible ?), soit en dehors de lui, se structure une force politique plus claire dans ses orientations stratégiques, qui, éventuellement en partenariat avec lui, pèse sur le nouveau président de la République pour exiger de lui la rupture nécessaire avec la logique  mortifère du système financier, de l'Union européenne, et de l'OTAN.

 

Pour ce faire, il faudrait que la mouvance souverainiste républicaine (MPEP, DLR, UPR) rompe avec la logique groupusculaire et sectaire qui l'inspire depuis plusieurs années, définisse un programme unitaire, et présente des candidatures communes aux prochaines élections législatives sans attendre les élections européennes qui n'auront aucun impact sur la vie politique nationale. Le pourra-t-elle à un mois de l'élection des députés ? On peut en douter, et cependant la France ne pourra pas durablement infléchir le cour des événements planétaires sans cet effort de fédération des forces antisystémiques.

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Fuyons la facilité

6 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

Retour d'une semaine en Sicile, région sur laquelle il y aurait beaucoup à dire. Je regarde quelques vidéos de gros égos internautiques anti-européistes que je préfère ne pas citer pour ne pas leur faire de publicité (ils en font suffisamment pour eux-mêmes). Je pourrais aussi vous parler du père Chouard (Etienne Chouard) avec qui j'ai eu un bref échange. Des gens qui tous ont un talent sur un plan ou un autre, mais qui parviennent à le gâcher par un truc qui déraille.

 

Une incitation pour moi à rester sur la voie de la modestie, et du travail de fond - la lecture, l'acquisition d'une culture, la persévérance dans un certain scepticisme, une voie stylistique qu'il faut défendre, construire, dans une lignée civilisationnelle dont la barbarie internautique éloigne même les cerveaux les plus subtils. Prenons la peine d'éviter la facilité.

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La politique étrangère vue par Bertrand Badie

26 Avril 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Le monde autour de nous, #Barack Obama

Journaux-3-2.jpgDans  Le Monde :

 

"Il n'est pas sûr du tout que le néo-conservatisme ne soit plus d'actualité. D'abord, parce qu'il est une forme actualisée du vieux modèle messianique qui a profondément marqué les Etats-Unis, et plus généralement le monde occidental. On peut le tenir pour l'expression radicale d'une histoire longue dont rien n'indique qu'elle soit aujourd'hui achevée. Si l'on prend en compte le camp républicain, les primaires ont même montré une surenchère entre des versions différentes mais tout aussi intenses du néo-conservatisme: celles de Rick Santorum, de Newt Gingrich ou de Rick Perry... sans compter les adeptes du Tea Party. Quant à Mitt Romney, l'option néo-conservatrice est moins nettement affichée, mais elle reste une composante de son discours.
barack.jpg
Passons du côté démocrate : le néo-conservatisme n'y a certainement pas la même rudesse, mais il reste une composante plus discrète de l'architecture idéologique globale. L'idée de "League of democracies" y est populaire, extraite de la dogmatique wilsonienne et très présente, y compris dans l'entourage de Barack Obama. Elle confère aux démocraties occidentales un rôle de gardien du monde qui n'est pas aussi éloigné des "rêves bushiens". Enfin, l'Europe, très majoritairement de droite, reste dominée par des principes qui sont loin d'être incompatibles avec le néo-conservatisme d'outre-Atlantique, d'autant plus que la gauche a renoncé depuis un certain temps à forger une politique étrangère alternative."

 

Vous pouvez lire le reste de l'interview de B. Badie dans Le Monde...

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PS : Quant à moi, je renvoie au passage à mes propositions de politique étrangère ici. 

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