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Nouvelle publication
C'est allé très vite. J'avais dit en janvier que je ferais une pause sur le front des publications. Et puis en février j'ai parlé de la Transnistrie avec un copain et sa femme. Ils étaient intéressés. Je me suis dit que peut-être je devrais ressortir de mon tiroir mon compte-rendu de voyage dans ce pays, pour en faire profiter d'autres personnes. Je l'ai envoyé à tout hasard à Patrice Kanoszai qui a publié mes derniers livres. Il a été emballé, car la Transnitrie le passionne.
Il y a sans doute une raison nouvelle pour les gens de ma génération de s'intéresser à ce petit pays. D'abord parce que c'est un territoire dissident. C'est si rare de nos jours. Et puis le regard sur l'URSS n'est plus le même qu'il y a 15 ans. Birino me disait le mois dernier qu'un prof d'histoire polonais vient de sortir un livre qui revoit à la baisse les chiffres de la terreur rouge dans les années 1920 et 1930 en Russie, et la ramène en dessous des chiffres de la terreur blanche. Beaucoup de gens voient de plus en plus que le monde capitaliste a sousestimé les catastrophes qu'il en engendrées tout en gonflant artificiellement celles du camp opposé. Sans éprouver de nostalgie pour le système soviétique qui a partiellement échoué, les gens le jugent moins durement et sont prêts à considérer avec sympathie un petit peuple qui choisit d'y vivre quand tout autour de lui (la Moldavie, l'Ukraine) est voué au au libéralisme sauvage et au règne des mafias.
Mais je suis conscient que mon programme de publication ne suit pas ce que j'avais prévu initialement. Je pensais que j'aurais d'abord à défendre mon roman sur le Béarn avant de republier des livres politiques.
Ca ne se passe pas ainsi parce que je suis dans une impasse : politique, intellectuelle, existentielle. Toutes mes publications s'écrasent sur un mur. Le mur de silence du monde. Personne n'en parle. Or, moins mes livres font parler d'eux, moins j'ai de chances de convaincre les éditeurs de publier mes prochains textes, car je deviens pour eux un gouffre financier.
Pourquoi ce silence ? Pourquoi est-ce que lorsque j'écris un roman sur le Béarn même le plus insignifiant des journalistes locaux de ce coin ne trouve pas de raison pour mentionner mon livre ? Je n'ai pas de réponse à cette question. La faiblesse du service de presse et des réseaux de diffusion de mes éditeurs ne peut pas tout expliquer.
Pourtant je sais que certains lecteurs apprécient beaucoup mes livres. J'ai reçu par exemple cette semaine un écho très favorable d'une lectrice italienne à propos de mes "10 ans sur la planète". La loi de l'indifférence est mystérieuse. Mais je ne peux pas m'arrêter à ça. D'une certaine façon, continuer à publier malgré cette chape de plomb est une façon de me prouver à moi-même que j'existe, et de faire circuler en contrebande des choses que je sais et que peu de gens savent : par exemple qui peut se vanter de savoir ce qu'il se passe en Transnistrie, pays boycotté par nos médias et sur lequel on a fait courir tant de rumeurs infâmantes ?
Je l'ai dit : à moyen terme j'ai l'intention de sortir de mon impasse personnelle autrement que par les publications - en changeant de job, en m'intéressant à l'anti-impérialisme municipal. Parce qu'il faut que je retrouve la chair du monde. Celle qui aussi redonnera du corps à mes mots, à mes pensées. Mais dans l'attente de cela, tant pis, je continue de publier, comme le petit Poucet semait des cailloux. Et donc vous trouverez prochainement sur le marché mon petit livre sur la Transnistrie.
Interview sur l'Atlas alternatif en 2006
Frédéric Delorca interviewé sur Radio France Internationale en 2006 (par Richard Labévière).
Projets
Je suis pourtant très ouvert au dialogue avec tout le monde. On ne progresse que par le dialogue. Une de mes amies italiennes est revenue il y a huit jours ravie d'une conversation avec un partisan de Mobutu qui avait un discours du défunt maréchal en guise de sonnerie sur son téléphone portable. Elle, qui détestait Mobutu au nom de l'héritage de Lumumba, a découvert que ce partisan du dictateur déchu partageait la même passion qu'elle pour le père de l'indépendance du Congo, sans qu'il trouve cela contradictoire avec son amour pour Mobutu. Cette amie est ainsi sortie de la conversation avec l'idée que l'opposition schématique Lumumba/Mobutu qu'affectionne l'ultra-gauche (dans un cinéma rue de la clé il y a 7 ans on diffusait successivement un film sur l'assassinat de Lumumba et "Mobutu roi du Zaïre") pouvait être dépassée. Le dialogue l'a faite avancer.

Vous souvenez-vous que dans les années 1910 le Conseil d'Etat a rendus des arrêts faisant obstacle à ce qu'on appelait à l'époque le "socialisme municipal", c'est-à-dire une tentative de faire la révolution socialiste à partir des communes, quand une majorité de cette tendance les dirigeait, à défaut de la faire au niveau national. Et si l'on se lançait dans l'anti-impérialisme municipal maintenant ? Songez à Creil, songez à Grigny où des élus se sont découverts une vocation bolivarienne. Songez à Bagnolet dont le maire se rend à Gaza juste après le retrait de Tsahal. Vous ne voyez pas bien à quoi je songe ? Patience. Des pistes d'action très concrètes vont peut-être s'ouvrir dans cette direction.
Les rapaces contre l'Irak
Des nouvelles d'Asie
J'ai déjà beaucoup écrit sur le Soudan, mais je ne suis pas étonné que le discours anticolonialiste autour de ce pays ne rencontre guère d'écho en France, et que les bonnes âmes s'entousiasment pour l'inculpation de son président devant la CPI. Nous ne connaissons cela que trop bien.

Je lisais ce matin dans la presse chinoise un article d'un certain Zong Yiwen, membre de l'association China Religious Culture Communication, selon lequel 80 % des membres du soi-disant gouvernement tibétain en exil sont Tibetan Youth Congress, une organisation qui appelle à l'intifada la population du Tibet. Ces membres sont censés être aux ordres du Dalaï Lama aux termes de leur constitution. Or peuvent-ils soutenir la violence que condamne officiellement leur leader ? ou leur leader tient-il un double langage ? Une enquête sur ce gouvernement tibétain en exil, son personnel, ses valeurs, ses financements, serait utile à la compréhension des enjeux.
Dans toutes ces affaires de sécession il y a toujours un Ibrahim Rugova non-violent que l'on met en avant, et derrière lui, un gang façon UCK, et une base américaine en prévision (avec la bénédiction des multinationales évidemment).
Vu aussi ces tensions militaires en haute mer entre les USA et la Chine. Et l'obstination du gouvernement nord-coréen à envoyer un missile de longue portée en faisant croire que c'est un satellite (dans la presse il semble que seule la Chine reconnaisse à la Corée du Nord le bénéfice du doute - je le leur accorderais moi aussi s'ils ne s'obstinaient à prétendre avoir déjà lancé un satellite en 1998 alors qu'il s'agissait déjà d'un missile).

Où en sommes nous avec Wilhelm Reich ?

L'approche du printemps ayant ressuscité ma libido, j'ai négligé les mises en garde publiques(trés justifiées au demeurant) de F.Beigbéder, et me suis précipité sur le fanclub de Wilhelm Reich sur Facebook pour savoir où en était la révolution sexuelle. Pour le moment la moisson n'est pas bonne. Dans ce club j'ai découvert une jeune monténégrine qui dirige un centre civique subventionné par l'Union européenne à Podgorica. La conversation a tourné court assez rapidement. La belle demoiselle pensait à la libération sexuelle mais surtout à la sienne dont elle était très fière. Les frustrations de ses contemporains ne l'intéressaient guère. Bien que je lui expliquais que l'économie néo-libérale sans doute diminuait la quantité globale de plaisir en Europe, elle semblait considérer que c'était purement affaire de sensibilité privée, et que, elle ayant bossé dur pour arriver à une esthétique de vie supérieure, elle interdisait en tout cas à quiconque de dire qu'elle était une privilégiée. Tout juste sur le volet politique consentait-elle à admettre que les minorités sexuelles méritaient qu'on se batte pour leurs droits (mais cela, elle avait dû le lire dans les dépliants de l'Union européenne). Du reichisme revu et corrigé à la sauce individualiste. Voilà qui ne mènera pas loin. Je poursuivrai peut-être les investigations dans ces cercles à l'occasion. Déjà dans les années 90 on disait que les reichiens n'avaient plus grand chose à dire.
Réponse à une question sur le Kosovo

Comme la majorité des Serbes, je m'oppose à la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo et souhaite que la Cour internationale de justice donne raison à Belgrade. Je m'y oppose pour les raisons suivantes
1) L'indépendance du Kosovo a été arrachée au prix de dix ans d'interventionnisme et d'actions coloniales occidentales dans les Balkans, et d'une série de mensonges diffusées dans l'opinion publique sur l'histoire ancienne et récente de cette région, et du rôle que le peuple serbe y a joué
2) Parce cette indépendance ne garantit nullement les droits des minorités non-albanaises dans cette province actuellement encerclées et dont le patrimoine culturel est menacé
3) Parce que cette indépendance unilatérale acquise sans référendum concommitent du Kosovo et de la Serbie, et au mépris de toutes les règles qui président aux sécessions "par consentement mutuel" (les Etats-Unis et leurs alliés ayant d'ailleurs dissuadé toute négociation en vue de concessions réciproques) menace complètement tout l'ordre européen et mondial - il y introduit la loi de la jungle, qu'ont toujours affectionnée les USA quand leurs intérêts sont en jeu (rappelez vous par exemple leur refus des verdicts de la cour internationale de justice sur le Nicaragua, semblable aux refus israéliens du verdict sur le mur de Jérusalem)
En revanche mon point de vue diffère de celui de certains (nombreux) Serbes en ceci que je pense inévitable une partition du Kosovo (d'ailleurs pronée par le président yougoslave Cosic dès le début des années 1990). L'argument souvent entendu selon lequel "le Kosovo est le coeur (affectif et historique) de la Serbie" pour aussi romantique et touchant qu'il soit ne pouvant conuire à faire totalement l'impasse sur la présence massive d'une population albanaise dont une majorité de toute évidence ne souhaite plus collaborer avec les institutions serbes. Ce facteur doit être démocratiquement pris en compte pour organiser des découpages dans divers sous-ensembles de la province, me semble-t-il. Mais ces découpages, cette partition, doivent être négociés.