Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Démagogie philosophique

19 Juin 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

platon.jpgDes nouvelles de ma nièce hier. Au bac de philo elle a pris un sujet sur le désir. Comme je lui avais passé l'abécédaire de Deleuze elle en a fait un certain usage dans sa  dissertation, elle était contente. "De mon temps", en 88, le désir n'était pas un sujet important en philo. N'ayant guère été traité que par Platon, Spinoza, Freud et Deleuze, qui seuls lui conférèrent un statut métaphysique (y compris Freud) on le traitait aux marges.

 

Mais hier j'entendais une prof de philo de lycée sur Radio france international : "La philo c'est très important parce que les jeunes découvrent que Socrate s'était déjà posé les questions que se posent les jeunes sur le désir, pourquoi le travail etc"... La phrase déjà m'écoeurait, car elle alignait  la philo sur les attentes des "djeuns" : tu te demandes pourquoi tu bandes, la philo va t'en parler ! Bah oui, la philo, c'est un truc à ton service, comme les institutions, c'est un truc qui se met au niveau de tes petites questions quotidiennes. Démagogie ! Je regrette déjà le temps où on entrait en classe de philo un peu inquiets, un peu prêts à faire de la résistance, mais quand même réceptifs parce que ça aillait causer de trucs pas habituels dans nos conversations. Et on commençait d'entrée de jeu avec la question reine :"Pourquoi quelque chose plutôt que rien ?" voire "Pourquoi l'être ?" et "Qu'est-ce que l'être ?" qui quand même avait plus de souffle que "qu'est-ce que mon désir veut dire ?".

 

Mais le pire du pire fut la chute de cette brave professorette de philo : "Se dire que Socrate s'est déjà posé les mêmes questions que nous, c'est une source d'émotions rares". La dictature de l'émotion, comme devant le journal TV de 20 H ou la page d'accueil de Yahoo. Mais oui ! La philo c'est fait pour vos petites émotions ! La jolie petite émotion de découvrir que vos interrogations sur votre vie quotidiennement "'achement importantes" parce que Socrate avait les mêmes ! Mais oui ! La philo ce n'est pas fait pour structurer votre esprit ni vous ouvrir à une autre dimension de la pensée que celle du quotidien. Nan nan nan ! C'est fait pour ajouter un petit vernis "sympa" à votre quotidien qui, déjà, est un truc sublime, plein d'émotions "géniales" et qu'il ne faut surtout pas dépasser, juste enjoliver.  Vous allez me dire que Raphaël Enthoven nous avait déjà habitués à cela sur Arte (tiens il invite la castastrophique Marzano dimanche), mais là ça ne touche pas que ses quelques milliers de spectateurs. Des centaines de milliers de lycéens sont otages de cette imposture institutionnelle !

Lire la suite

Souvenirs télévisuels...

18 Juin 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca

Voici le genre d'images que j'avais dans les yeux le soir à 11-12 ans quand je regardais la TV avec mes parents à 20 h qui me donnèrent envie de m'abonner au Monde à 13 ans.
 
Notez cet amusant reportage de propagande sur un voyage de Kim Il Sung
 
Lire la suite

André Gide sur les mérites de l'Islam en Afrique

18 Juin 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Tunisie-132.jpg"Au contact de l'Islam ce peuple [dans la région de Fort-Archambault] s'exalte et se spiritualise. La religion chrétienne, dont ils ne prennent trop souvent que la peur de l'enfer et la superstition, en fait trop souvent des pleutres et des sournois." (André Gide, Voyage au Congo Folio p. 223)

 

Notons que l'expression un peu généralisante de Gide qui aujourd'hui passerait pour raciste est à remettre dans la contexte des analyses du Voyage au Congo qui n'essentialisent pas les défauts des peuples que l'écrivain croise : il les attribue surtout à la surexploitation coloniale qui en fait comme il dit de "tristes troupeaux humains sans bergers". La christianisation participe à ses yeux à l'avilissement de l'Afrique là où l'islamisation la "tirait vers le haut", pour ainsi dire.

Lire la suite

L'Occident ne désarme pas

17 Juin 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Le leitmotiv de l'émission C dans l'Air du 14 juin 2012 où intervenaient Christophe Barbier, Frédéric Pons, Gérard Chaliand et Jean-Dominique Merchet: "L'Occident désarme, le reste du monde s'arme". Ce thème était accompagné de l'idée que nous serions devenus des sortes de chérubins pacifistes pour qui la mort de soldats serait devenue insupportable.

 

D'une part le budget militaire étatsunien (qui est notre "parapluie" auquel nous déléguons notre défense) a régulièrement augmenté depuis cinq ans.

 

D'autre part les appels à la guerre incessants de nos médias, en particulier à l'égard de la Syrie, montrent bien que nos sociétés sont demandeuses d'interventions militaires.

 

Il faut souligner qu'en revanche les investissements du Tiers-Monde ou de ays émergeants procèdent d'effets de rattrapage, voire s'inscrivent en réaction à l'interventionnisme occidental. Ces dépenses ne présentent pas le même degré de dangerosité que celles des Occidentaux. Les investissements occidentaux sont ciblés sur de la haute technologie sur le volet des armes nucléaires, chimiques, bactériologiques, et des armes destinées à neutraliser le potentiel des adversaires (boucliers anti-missiles, drones, armes de sabotage informatique etc), qui sont beaucoup plus efficaces que le simple entretien d'une présence armée défensive sur un territoire vaste qui absorbe une bonne part du budget militaire de pays comme la Chine ou l'Inde.

 

Enfin il faut noter que l'interventionnisme militaire occidental direc et indirect implique le recours massif à des supplétifs (les milices libyennes payées par le qatar, l'armée afghane face aux Talibans, les milices tutsies dans l'Est du Congo etc) qui permettent d'occuper le territoire en économisant les ressources humaines de sa propre armée, sans oublier bien sûr toutes les formes de mercenariat officiel ou officieux comme Blackwater en Irak (ce qui pose ensuite la question de la dépendance des gouvernements occidentaux à l'égard de ces "clients" auxquels ils sont ensuite redevables).

 

Voilà qui invalide totalement le schéma simpliste et angélique d'un soi-disant "désarmement occidental" que nous vendent les marchands d'armes pour tenter d'enrayer le déclin des budgets militaires.

 

Le vrai problème est justement que la course aux armements généralisée se poursuit bien qu'en Occident il ne se reflète pas dans les masses budgétaires. Une telle compétition fait émerger des pôles nucléaires (l'Occident, la Russie, la Chine, l'Inde, et peut-être deux ou trois autres dans les années qui viennent dont peut-être le Brésil ou l'Iran si elle échappe à un bombardement occidental) qui ont intérêt en permanence à destabiliser les autres (par la désinformation, le sabotage, l'infiltration d'alliés, et l'entretien de guerres secondaires dans les sources d'approvisionnement en matières premières (Afrique, Proche-Orient). Ces pôles pourront de moins en moins tolérer en leur sein la pluralité du débat démocratique sur la légitimité de leur existence, quiconque nourrissant ce genre de débat étant susceptible d'être accusé de travailler pour les pôles rivaux. La France peut-elle se soustraire au pôle occidental et faire entendre sa propre voix (avec son propre système d'autodéfense, ce qui suppose aussi ses alliances propres) ? Personnellement j'en doute, d'autant que cela pourrait la conduire à construire son propre pôle qui n'aurait alors pas nécessairement vocation à être plus juste et plus "démocratique" que les autres avec lesquels il serait de nouveau en compétition...

Lire la suite

Remarques économiques d'Edgar et prolongement géopolitique

12 Juin 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Je signale ici un intéressant article d'économie d'un des rares membres de la blogosphère qui parle parfois de mes travaux.

 

Je me garderai de commenter l'aspect économique de ce billet n'étant pas spécialiste. Sur le volet politique, le billet lance un appel à la préservation des espaces de discussion démocratiques, mais je doute que cet appel puisse avoir des effets. La mondialisation aurait pu être démocratique si le désarmement militaire avait eu lieu (comme c'était prévu dans la dynamique de discussion Est-Ouest sous Gorbatchev). Mais dans les années 1990 les USA n'ont cessé de s'armer et de s'inventer des ennemis-alibis, ce qui a provoqué les guerres (car l'armement doit servir comme l'a dit Mme Albright) ainsi que le réarmement des concurrents (russes, chinois, iraniens etc). Aujourd'hui l'heure est à la constitution de grand pôles militaires (occidental, russe, chinois etc) qui cohabitent dans un équilibre de la terreur (course à la conquête de l'espace, à la piraterie informatique etc) façon guerre froide, tempéré par l'échange commercial (un équilibre qui inclut le développement de guerres aux périphéries pourvoyeuses de matières premières - Proche Orient et Afrique en particulier). Dans ce dispositif, les pôles rivaux ne peuvent tolérer de débat démocratique que sur les sujets non vitaux, c'est-à-dire autres que les sujets qui sont les causes même de leur constitution et de leur surarmement. Ils peuvent débattre de "plus ou moins de social" "plus ou moins d'environnementalisme", mais pas sur la raison d'être de leur existence ni de leur rivalité avec les autres. C'est pourquoi même si l'Union européenne éclatait, elle serait remplacée par un autre système de hard ou soft power qui maintiendrait ses composantes sous le joug de l'idéologie occidentale et de ses principaux présupposés.

Lire la suite