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Le blog de Frédéric Delorca

Revue de presse

22 Août 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

L’exercice de la revue de presse peut s’avérer intéressant à l’occasion. Il permet de commenter certaines sottises de notre époque. Ayant lu quelques journaux dans l’avion cet après-midi, j’y trouve l’inspiration pour ce bref billet.

 

Prenez Courrier international par exemple, un journal naguère lié au groupe Vivendi et dont j’ai souvent dénoncé le ton belliciste dans mes livres : je parcours p. 11 un article sur l’Ukraine qui tournent en dérision les « coups de gueule » de la Russie. Pour moi, l’article fait écho au "débat" (p. 42) sur la soi-disant responsabilité de Staline dans le déclenchement de la seconde guerre mondiale. Tous les propos antirusses sont ridicules et le plus "drôle" est que la presse bourgeoise occidentale trouve toujours un journaliste ukrainien ou russe pour les tenir (vous savez ? de ces clients de l’occident qui grenouillent aux cocktails de nos ambassades). Sur le pacte germano-soviétique, mon point de vue est grosso  celle de l’historienne Annie Lacroix-Riz (dont je n’approuve pourtant pas certains raccourcis sur la famine ukrainienne pu sur le rôle des grands patrons dans le gouvernement de la France de l’entre-deux guerre) : oui, c’est évident, le patronat occidental a fait échouer l’alliance franco-russe voulue par Louis Barthou et joué la carte « plutôt Hitler que les soviets ». Staline n’avait donc d’autre choix que de signer en pacte avec Hitler pour gagner du temps. Et il est malhonnête de voir dans ce pacte la cause de la guerre. Mais le révisionnisme le plus idéologiquement orienté est à la mode sur ce point. Il va bien avec le forcing des pays de l’Est pour criminaliser le communisme mis sur le même plan que le nazisme (mais pourquoi avons-nous accepté ces pays dans l’Union européenne ? qu’y avons-nous gagné ?). Il y avait ce matin sur Russia Today un bon reportage sur les meetings «culturels » lettons et estoniens où l’on fait l’apologie des divisions SS et où l’on crache sur les russes.

 

Je voulais aussi dire un mot de l’article du même magazine consacré à la recrudescence du mouvement naxaliste (maoïste) au Bengale occidental pourtant gouverné par les communistes. Mais j’y consacrerai peut-être un article plus tard. De même je parlerai un jour peut-être de la commune de Marinaleda en Espagne, où, nous dit Courrier international, une politique « marxiste » est appliquée qui fait l’admiration du New York Times (sic).

 

Je lis dans le Monde beaucoup de choses sur les Verts (ils séduisent le PS mais plus Taubira). Au Brésil une rivale de Lula mise sur le parti Vert de son pays (comme la Bête-en-cour naguère). Mais cette mouvance ne m’intéresse décidément pas. Très bon en revanche l’article de Mohamed Ali Al-Ahasi qui compare les sociétés iranienne, turque et égyptienne, et souligne l’occidentalisation accélérée, du point de vue de l’évolution démographique, de la première.

 

Je trouve absurde l’éviction de Tariq Ramadan de la mairie de Rotterdam à cause de son émission à la télévision officielle iranienne (rapportée par Libération). Absurde aussi toutes ces pages des médias sur Clotilde Reiss. Tout cela est absolument dépourvu de tout intérêt. Mais je suis d’accord avec M. Kouchner (pour une fois) quand il dit (dans Le  Monde) que les manifs des bourgeois iraniens contre Ahmadinejad ne sont pas dues aux actions de nos espions mais à l’attrait du capitalisme anglosaxon sur ces gens.

 

Idem les papiers sur les élections afghanes, des élections, qui, dans un pays aussi peu libre, ne légitiment rien du tout (comme en Irak).

 

 

 

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Chomsky Notebook

21 Août 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Actualité de mes publications

L'ouvrage sur Chomsky dans lequel figure mon article sur Bourdieu et Chomsky vient de paraître en anglais aux Etats-Unis.


The book on Chomsky in which I wrote an article about Bourdieu and Chomsky has just been publihed in English in the USA.

Frédéric Delorca

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"Histoire philosophique et politique des deux Indes" (I)

17 Août 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Dans une démonstration sur le fait que le rationalisme des Lumières n'a rien à se reprocher quant au colonialisme, le lecteur de ce site "Etienne Diderot" a attiré mon attention sur l'ouvrage "Histoire philosophique et politique des deux Indes", best seller de la France pré-révolutionnaire (1772 pour la première édition). Je me propose de faire prochainement un petit commentaire de la version "synthétique" de cet ouvrage collectif apparemment complexe, baroque, et souvent contradictoire, telle que nous la présentent les éditions La Découverte (après un gros élagage sembe-t-il).

Avant d'en venir au contenu même du livre j'observe que le préfacier note que l'Histoire philosophique "propose des réformes pour les colonies certes - et, à cet égard, elle ne va pas plus loin que les agents les plus lucide du ministère de la Marine" (p. 10) ce qui tend à prouver que ce livre n'est pas une preuve de la non-compromission des Lumières avec le colonialisme, mais plutôt que les Lumières étaient au colonialisme ce qu'Obama est à l'impérialisme étatsunien. Au passage je remercie Gilles pour sa remarque sur les libéraux. Les libéraux européens au 19 ème siècle ont souvent développé des analyses critiques intéressantes contre l'impérialisme, parce qu'ils en détestaient le versant étatique et le trouvaient trop cher pour les finances bourgeoises. JA Hobson, Lénine et Luxembourg leur doivent beaucoup.

 

Mon commentaire très prochainement donc.

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NB : ce billet est le 500 ème depuis la naissance de ce blog

NB 2 : Une amie historiene me disait hier : "Bien évidemment que les Lumières ont favorisé le colonialisme, avec leur vision du progrès linéaire que l'homme blanc peut apporter aux 'peuples enfants', aux 'bons sauvages'. Cette influence indirecte sur le colonialisme est claire, tu n'avais même pas à t'embarquer dans un débat sur la question de savoir si Ferry se référait à Condorcet ou nom quand il colonisait l'Afrique. La responsablité de leur vision dans le processus colonial est si évidente "

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A propos du terme "résistant"

17 Août 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Mr Ramirez a eu l'excellente idée de poster en commentaire sur ce blog un lien en rapport avec la mythologie contemporaine des "résistants". Il est vrai, je l'admets, que les opposants à l'intervention de l'OTAN au Kosovo puis à la paranoïa anti-terroriste post-11 septembre se sont un peu facilement appropriés le qualificatif de "résistants" en réponse à ceux qui les qualifiaient d'hitléro-staliniens, d'islamofascistes, de rouges-verts-bruns et autres noms d'oiseaux. Moi-même j'ai créé un site en 1999 qui s'appelait "Résistance".

Nous parlions du "Nouvel ordre mondial", et de "résistance" à celui-ci. Je reconnais que ce sont des termes un peu faciles. "Nouvel ordre mondial" est un slogan que lança George Bush père au début de années 1990, ça n'a rien d'un programme politique cohérent (disons symplement qu'il s'agit d'une conception plus ou moins consciente d'un espace mondial soumis au capitalisme et au leadership occidental dominé par les USA, cette vision hante les esprits mais ce n'est pas un programme clairement défini et labellisé "Nouvel ordre mondial" comme une comodité de langage peut le laisser croire).

"Résistant" est une notion qui en France renvoie à 1940-45, mais aussi à la résistance algérienne à partir de 1956. Cette expression s'applique surtout à une résistance armée, et il est un peu exagéré de la transposer à la "cyber-résistance" qui est une position plus confortable. "Plus confortable", mais pas si confortable qu'on le croit tout de même quand on songe à quel point un activisme contre les idées grégaires d'une époque vous coupe de votre milieu professionnel, de votre famille, de vos amis, de vos possibités de trouver une place dans la société et peut conduire à la folie (j'ai beaucoup écrit sur la fragilité des "résistants" contemporains justement, une fragilité qui explique la difficulté de faire éclore une alternative crédible).

Je conserve néanmoins le terme pour faire simple. Je le préfère à "Dissident" car je ne veux rien avoir en commun avec un type comme Vaclav Havel. Mais il est clair qu'il ne faut pas prendre le mot dans le sens d'une autocongratulation à laquelle certains activistes cèdent facilement. C'est un vocable passe-partout voilà tout.

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L'université américaine

15 Août 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les Stazinis

Les étudiants du garçon que j'appelle "Boris" dans 10 ans sur la planète résistante ont monté sur Facebook un groupe de soutien à sa cause parce qu'il a été viré d'une université californienne - un peu comme Graeber de Yale il y a quelques années. Selon eux le licenciement serait dû à ses idées anarchistes.

Ses étudiants écrivent : "He is a Professor in the Sociology department, and for the last year has taught Intro. to Globalization, Social Movements, Globalization and Resistance, and a handful of independent study courses. He is being let go because there is no 'space' for him to teach, even when the most popular classes at USF-- yes, usually those examining globalization-- are over-enrolled and leave many students out. Grubacic is from the Former Yugoslavia and, as a result, has a work visa. If he's let go and cannot find other employment, he will most likely not be allowed to stay in the US."

Ma correpondante italienne qui enseigne aux Etats-Unis a eu ce commentaire :"I'm pissed when people do such things... such as being "the tormented professor from yugoslavia". This group was created by students adoring this professor. Now, American students are pretty orientalistic with foreign professors. They always treat us as the exoticized (from exotic) "other". Do you know what I’m saying? Especially in the case of this guy the fact that he is from former Yugoslavia makes him even more “sexy” to the American leftist gaze. Sorry perhaps I’m not clear but these things drive me insane. It’s the totalitarianism of politically correctness. Like the University of Wisconsin where I wasn’t Jewish enough (*), lesbian enough, war refugee enough to get funding… "

J'ai trouvé cet avis très instructif.

Au fait je viens de créer un groupe autour du livre "10 ans"...

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(*) (Je précise que cette phrase n'est pas antisémite son auteure étant elle-même d'origine sépharade, mais non pratiquante)
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