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Le blog de Frédéric Delorca

Paru dans BRN : "Les cowboys et les Andins"

31 Mai 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Je publie ci-dessous mon article paru dans le mensuel Bastille-République-Nations du 28 mai 2008  (amisbrn@yahoo.fr)  (le titre est l'oeuvre du journal) à propos du Vème sommet Union européenne-Amérique latine et Caraibes :

Les cow-boys et les Andins

Le cinquième sommet Union européenne - Amérique latine et Caraïbes (UE-ALC), s’est déroulé du 13 au 16 mai dans la capitale du Pérou, Lima, plus précisément au cœur du quartier bunkérisé de la bibliothèque et du Musée de la Nation. Pas moins de 85 000 soldats et policiers avaient été mobilisés pour l’occasion. Quand la fine-fleur de l’eurocratie se déplace dans le Nouveau monde, la première règle qui semble s’imposer est de se placer à l’abri du monde réel. C’est en tout cas ce à quoi a veillé le président péruvien Alan García, un social-démocrate libre-échangiste qui fut élu en 2006 face à un souverainiste en jouant sur le thème de la peur du bolivarisme.

Ainsi, les chefs d’Etat et de gouvernement (53 au total, un record en partie dû à l’élargissement récent de l’UE), et les responsables de la Commission européenne n’auront pas vu la grève des mineurs et des travailleurs sociaux péruviens (des « radicaux », des « ratés », des « chouineurs » selon le Premier ministre hôte, Jorge del Castillo) déclenchée en guise de bienvenue aux visiteurs étrangers ; ni le contre-sommet (« sommet des peuples ») organisé par les mouvements sociaux latino-américains au même moment. Du coup, ils n’auront pas croisé non plus… les journalistes. Ceux-ci, entravés par le dispositif policier et les contretemps de l’organisation, n’eurent finalement qu’un très faible accès au travail des délégations. Mieux – ou pire : lors de la conférence de presse du Premier ministre de l’ex-puissance coloniale, José-Luis Zapatero, les journalistes latino-américains furent invités à quitter la salle sous prétexte de mise en ordre des chaises… et remplacés dans l’intervalle par des confrères espagnols triés sur le volet. L’organisation des travaux à huis clos se sera finalement imposée comme la solution optimale. Et tant pis pour la médiatisation.

Il est vrai qu’en Amérique du sud, les peuples ont parfois tendance à porter au pouvoir des adversaires affirmés de la globalisation, qui viennent jusque dans les rencontres entre chefs d’Etat se faire protester contre l’ordre des choses. Quelques mois plus tôt, en novembre 2007, lors du 17ème sommet ibéro-américain, le président vénézuélien Hugo Chavez avait eu une prise de bec mémorable avec le roi d’Espagne devant les caméras. Il menaçait de récidiver, ayant, la semaine précédente, qualifié Angela Merkel de représentante « de la droite allemande qui a soutenu Adolf Hitler », pour conclure : « Madame la chancelière, vous pouvez aller au ... », interrompant sa phrase d’un air entendu. Celle-ci avait en effet appelé les dirigeants latino-américains à prendre leurs distances avec Caracas. A Lima, le Vénézuélien et l’Allemande se sont finalement salués chaleureusement devant les caméras.

Le président García avait d’ailleurs dû reconnaître qu’il n’y avait pas de dispositif pour empêcher son homologue de Caracas de s’exprimer. Même la venue de Carla Bruni, épouse du président français, avec promesse de séance de photo au Machu Picchu, le tout annoncé par la presse péruvienne comme la principale attraction du sommet, n’allait pas suffire à museler les contestataires. Du reste, le couple Sarkozy s’est décommandé, tout comme Gordon Brown et Silvio Berlusconi. François Fillon avait certes été dépêché, mais le forfait de l’hôte de l’Elysée a provoqué un certain dépit parmi les dirigeants sud-américains. Une occasion manquée, ont regretté certains sous couvert d’anonymat, pour rétablir des liens d’amitié qui se sont distendus ces dernières années.

Le sommet devait être consacré à deux axes majeurs : « pauvreté, inégalités et inclusion », et « développement durable : environnement, changement climatique et énergie ». Des intitulés pompeux, mais sans grandes conséquences. Les choses sérieuses, la partie strictement économique, relevaient plutôt du forum des milieux d’affaires réuni en parallèle le 15 mai. A défaut d’un engagement ferme à augmenter l’aide au développement, qui stagne à 0,7 % du PIB pour l’ensemble de l’Union, la Commission européenne apportait sa friandise environnementale : un plan baptisé Euroclima contre le changement climatique, abondé à hauteur de 5 millions d’euros pour l’Amérique latine. Au fil des tables rondes, la nouvelle marotte de l’UE, les biocarburants, a aussi été évoquée : Bruxelles veut porter leur part dans les transports à 5,75% en 2010, et 10% en 2020. Une telle perspective qui peut séduire le Brésil, largement engagé dans l’aventure en partenariat avec les Etats-Unis, effraie les pays andins qui voient leurs paysans planter du grain pour faire rouler les voitures européennes au lieu de nourrir leur population pauvre. Il n’est guère surprenant, dès lors, que les récentes émeutes de la faim dans le monde aient quelque peu contribué à éclipser ce volet des négociations. A la demande notamment du représentant cubain, les chefs d’Etat auront même consenti à inclure dans la déclaration finale une mention de l’urgence à aider « les pays les plus vulnérables et les populations affectées par les prix élevés des denrées alimentaires ».

Au total, la tonalité de la presse internationale faisait écho à l’atmosphère « apaisée » du sommet. La radio institutionnelle allemande, Deutsche Welle concluait le 18 mai sur un « Happy end », en passant sous silence les propositions abandonnées en cours de route, telles que celle, présentée par Hugo Chavez, de créer un fond d’aide pour les pays victimes de la flambée des prix des denrées alimentaires, celle de son homologue bolivien Evo Morales en vue de délivrer des prêts sans intérêts aux populations démunies, ou encore celle de l’équatorien Rafael Correa pour empêcher la surexploitation du pétrole en Amazonie. Il est vrai que de compromis en déclarations qui n’engagent à rien, tout le monde a fini par obtenir un motif de satisfaction dans cette grand’messe – même La Havane a décroché une condamnation unanime en bonne et due forme de l’embargo étatsunien imposé à Cuba.

Le thème du libre échange, quant à lui, avait été soigneusement relégué en marge du sommet, dans des échanges de vues bilatéraux. C’est que les enjeux sont de taille et les points de vue difficiles à concilier. Si l’on agrège les vingt-sept pays-membres, l’Union européenne est le deuxième partenaire économique de la région Amérique latine/Caraïbes. Le volume des échanges bilatéraux s’élève à quelque 160 milliards d’euros par an. En 2007, environ 14% des exportations latino-américaines étaient destinées à l’UE. Les firmes de l’UE représentent la première source d’investissement dans de nombreux pays latino-américains. Les stocks d’investissements européens dans la région s’élèvent à quelque 400 milliards d’euros, soit environ 12% des investissements directs à l’étrangers totaux des Vingt-sept. Pour beaucoup de pays du sous-continent, les échanges avec l’Europe sont un moyen d’échapper à l’emprise du grand voisin yankee.

Or, si le libre-échange est acquis dans le cadre d’accords d’association avec la Chili et le Mexique, le bât blesse avec certains pays de la Communauté andine des Nations (CAN). Les représentants « bolivariens » d’Equateur et de Bolivie rejettent toujours le projet qui dort dans les tiroirs de Bruxelles. Ils lui reprochent de contenir des clauses en matière de propriété intellectuelle, d’interdiction des nationalisations, et de régime des investissements étrangers qui menacent la souveraineté des peuples. Le président paraguayen nouvellement élu, Fernando Lugo, a lui aussi insisté sur la nécessité de défendre l’indépendance des nations. A défaut de consensus andin, Javier Solana se consolera par la signature probable à court terme d’un accord bilatéral avec la Colombie, sur le modèle de celui que cette dernière a déjà paraphé avec Washington, voire d’un traité de libre-échange avec le Pérou… N’est-ce pas là ce que le Hongrois Rákosi nommait jadis « la tactique du salami » ? Plus que jamais cow-boy de l’UE, le Haut-représentant Solana, avant d’arriver à Lima, avait surtout fait le crochet par Bogota pour soutenir le président colombien, dont les liens avec les paramilitaires sont connus, dans son combat contre les guérilleros des FARC.

Avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay), les négociations sont au point mort depuis 2004 pour cause de désaccord sur les subventions et des barrières douanières agricoles. Leur reprise dépend de l’issue du « cycle de Doha » (les négociations engagées depuis 2001 dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce) – c’est en tout cas ce qu’a indiqué à Lima le commissaire européen Peter Mandelson. Le sujet est donc renvoyé à des discussions ultérieures.

Bien loin du sommet officiel, mais au même moment et dans la même ville, le « Tribunal permanent des peuples », présidé par le chanoine belge François Houtart, a symboliquement condamné le système d’exploitation économique dans lequel sont inscrites les relations UE-Amérique latine, et notamment l’action de 26 multinationales européennes. Le 19 mai, l’ONG britannique Christian Aid publiait un rapport selon lequel les grands groupes des pays développés volent aux pays latino-américains quelque 50 milliards de dollars d’impôts chaque année. Le nouveau système fiscal bolivien y est cité en exemple, le Pérou d’Alan García blâmé pour son laxisme. Peut-être un thème de discussion pour le prochain sommet ALC-UE, qui se tiendra à Madrid en 2010 ?

FREDERIC DELORCA



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Le fantôme de la liberté

31 Mai 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Je regardais hier en DVD Le fantôme de la liberté, de Luis Buñuel, qui est un chef d'oeuvre de cinéma surréaliste. Dans les premières scènes du film, un résistant espagnol devant le peloton d'exécution napoléonien s'écrie "A bas la Liberté". On sait que la France au début du XIX ème siècle a mis toute l'Europe en position de devoir crier "A bas la liberté" si elle voulait défendre sa propre liberté, car la liberté française venait légitimer les massacres et l'oppression impériale. A Alcañiz qui est le chef-lieu de l'arrondissement aragonais dont à la fois Buñuel et ma famille paternelle étaient originaires, sur la place centrale, il y a un monument aux martyrs de la résistance à Napoléon. A cause de l'impérialisme français, en Espagne, les partisans de la Liberté ont pu passer pour le "parti de l'étranger". La liberté ne s'exporte pas dans des convois militaires.

Un homme qui a pu à bon droit s'exclamer "A bas la liberté !" ou "A bas la démocratie !" ces derniers temps, c'est Norman Finkielstein, un célèbre professeur américain, très critique de l’occupation israélienne, de l’instrumentalisation du génocide juif par Israël et par le lobby juif américain, s’est vu refuser l’entrée en Israël, il y a huit jours à sa descente d’avion, après avoir subi un interrogatoire de plusieurs heures et avoir été sequestré dans une cellule de l’aéroport pendant 24 H (je renvoie aux débats qu'il y a avait eu sur les travaux de cet historien en 2002, et aux critiques justifiées dont Vidal du Monde Diplomatique avait l'objet à ce sujet). Après cette expulsion manu militari, Finkielstein serait en droit de se dire que si Israël est le paradigme de la liberté et de la démocratie au Proche-Orient, cette liberté-là ne vaut pas mieux que celle des oppresseurs napoléoniens en Espagne.


A propos d'Israël, j'ai reçu cette semaine, comme beaucoup je suppose car le texte traîne sur plusieurs sites, un texte sur le travail de l'historien Shlomo Sand. Celui-ci démontre que les Juifs séfarades sont les descendants de Berbères convertis au judaïsme pendant l'antiquité (il y en eut beaucoup, tout comme beaucoup d'Arabes, ainsi qu'en porte la trace le Coran), tandis que ceux d'Europe centrale et orientale seraient descendants des Khazars, des Slaves païens eux aussi convertis. Les descendants génétiques des Juifs de Judée romaine seraient ainsi les Palestiniens car, selon cet historien, les Juifs n'auraient pas fui massivement leurs terres après les persécutions de Titus et la destruction du Temple. Même les Juifs du bassin méditerranéen seraient des Juifs convertis, et, toute cette histoire de "diaspora" juive serait largement une construction du nationalisme sioniste à la fin du XIX ème siècle.

La thèse a le mérite de briser le mythe passablement raciste d'un peuple qui serait resté "ethniquement pur" pendant deux millénaires. Toute l'historiographie du XIX ème siècle si souvent substantialiste et ethniciste car solidaire de projets idéologiques nationalistes, dans tous les pays d'Europe, a été battue en brèche (voyez par exemple comment en ce moment Christian Goudineau au Collège de France démonte le mythe de l'homogénéité gauloise ou celte). Il est bon qu'elle le soit aussi en Israël.

Est-elle pour autant fondée ? N'étant pas historien, je ne puis le dire. Disons qu'elle me surprend quand même, parce qu'on m'avait toujours appris que, malgré l'attractivité indéniable du judaïsme dans le Bassin méditerranéen à partir disons du II ème siècle av. JC, et son choix effectif du prosélytisme, la conversion restait très dure à vivre dans le cadre politique de l'empire romain (à cause surtout des règles d'organisation de la vie, de nourriture etc, incompatibles avec les règles civiques de l'Empire), ce qui explique que seul le christianisme ait pu convertir massivement des païens à l'héritage abrahamique, en balançant par dessus bord, via Paul de Tarse, la loi mosaïque. Donc en tout cas il y a peu de chance que les communautés juives de d'Asie mineure, d'Achaïe, d'Italie et de Gaule aient été des païens convertis. Le judaïsme a-t-il pu se développer plus facilement en Afrique, dans des régions moins directement soumises à l'Empire romain (donc pas l'Afrique romaine autour de Carthage mais plus à l'intérieur des terres) ou hors du champ de l'Empire romain dans certaines tribus slaves ? Je ne sais pas, il faudrait y regarder de plus près. La thèse de Shlomo Sand semble un peu trop extrême pour être vraie, mais disons qu'elle équilibre utilement celle, elle aussi extrême et pourtant dominante, de l'homogénéité de la diaspora pendant 2 000 ans.

En tout cas il est sain de voir cette thèse se développer en Israël et trouver sa place dans le débat. Elle rappelle aussi les travaux d'Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman qui montraient que le judaïsme et l'Ancien Testament étaient une création intellectuelle assez récente (le réplique du régime politique de Juda aux conquêtes assyriennes), tandis que Moïse, et le règne de Salomon qui n'ont laissé aucune trace archéologique sont probablement des mythes.

Ces voix dissidentes dans l'historiographie s'élèvent aussi, souvent, sur le plan politique pour demander que la société israëlienne s'ouvre aux autochtones arabes, et aux immigrés. Bref pour remettre en cause le projet sioniste. Tout cela est très encourageant et il faut souhaiter que ce ne soit pas tué dans l'oeuf  par les logiques militaristes à l'oeuvre dans cette zone.

Les combattants de la liberté ne sont pas tous voués à l'échec. Cette semaine les communistes et maoïstes népalais sont parvenus à transformer leur pays en une fière République. On redoutait une réaction de la droite monarchiste, elle n'a pas eu lieu (nul doute que celle-ci s'arrangera pour "droitiser" la République dans les années qui viennent, comme en France autrefois, mais pour l'heure la victoire est dans le camp de la gauche). Des milliers de combattants en ont payé le prix pendant des années face à une répression féroce. Cette fois, ils ont gagné.

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Un peu d'histoire

25 Mai 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Divers histoire

Une correspondante me transmet ce matin avec enthousiasme la vidéo ci-dessous (il y en a d'autres de la même historienne sur dailymoion). Je ne suis pas un inconditionnel des thèses d'Annie Lacroix-Riz dont certaines analyses méritent au moins des nuances (par exemple sur la guerre d'Espagne lorsqu'elle laisse entendre que tout l'appareil productif était entre les mains de l'étranger, comme si le capital basque et catalan ne comptait pour rien). Son analyse courageuse et pénétrante du rôle du capital financier dans l'histoire des années 1930 mérite néanmoins qu'on lui accorde une attention certaine.


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Fin de semaine

24 Mai 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Contrairement à ce que j'avais anticipé, mon interview de Carlos Ouédrago ne suscite aucun commentaire favorable, notamment chez les militants tiers-mondistes ou anti-impérialistes auxquels j'ai adressé les vidéos. Peut-être n'ont-ils pas eu le temps de les visionner. Mais je suppose qu'ils ne réagiront pas. Cette interview sort trop du cadre associatif dans lequel ils travaillent. Je n'ai eu que quelques remarques de dames sur les grandes mains de Carlos et sur ma voix à l'accent méridional. Rien de très politique. A propos de méridionalité, il faudra que je discute un jour sur ce blog de la question de savoir si les Français méridionaux sont des colonisés ou pas. J'attendrai peut-être qu'un de mes livres en préparation soit publié.

Cet après-midi, en surfant sur le net, je tombe sur ce titre dans B92 : "Fiat urges Serbia to follow European path". En Europe ce sont les stars du showbiz qui appellent à voter pour l'Europe. En Europe de l'Est ce sont directement les patrons des grands groupes. Le pouvoir de l'argent s'y dit plus directement. Il est vrai que les stars du showbiz y sont moins politiquement correctes que chez nous. Marija Serifovic qui a remporté le concours de l'Eurovision l'an dernier avec Molitva a donné un concert pour le candidat du parti radical à la présidentielle. Je crois me souvenir aussi qu'en 2003 un chanteuse à succès avait été arrêtée après l'assassinat du premier ministre. D'ailleurs l'Eurovision ce soir est diffusée depuis Belgrade. Voilà qui doit coûter bien cher à ce pays.

Cette histoire d'Eurovision est toujours amusante. Dans les pays de l'Est elle fait toujours ressortir des aspects auquel l'Ouest ne s'attendrait pas. L'an dernier, les votes s'étaient prêtés à une véritable analyse géopolitique, les Turcs votant pour les Bosniaques, les Serbes pour les Russes, les votes des diverses diasporas basées en Autriche faisant des arbitrage. Et la nomination de Marija Serifovic avait fait ressurgir des propos homophobes en Serbie (car on l'accusait, car dans les Balkans c'est une accusation, de lesbianisme - peut être d'ailleurs est-ce la raison pour laquelle elle a soutenu le Parti radical, allez savoir). A propos de lesbianisme, la presse transnistrienne fait ses choux gras de la répression d'une gay pride à Chisinau (Moldavie). On pourrait faire un inventaire des gay pride réprimées en Europe de l'Est.



En feuilletant la presse alternative, j'observe aussi qu'Europalestine donne la parole à Georges Corm sur la situation libanaise - les médias occidentaux ayant annoncé un premier pas vers le compromis institutionnel dans ce pays. J'entends toujours dire du bien des analyses de Corm et je veux bien croire qu'elles sont plus fiables que celles de Thierry Meyssan. en parlant du Proche-orient, je vais m'atteler bientôt pour Parutions. com au CR d'un entretien donné par le résistant Georges Habbache avant sa mort.

D'un continent l'autre : une petite vidéo sur l'Amérique latine - pardon, Suramerica...


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Interview de Carlos Ouédrago

21 Mai 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Interviews-reportages vidéos réalisés par FD

Comme je l'annonçais depuis quelque temps, j'ai pu, le 19 mai dernier (lundi), interviewer le conteur-comédien-metteur en scène burkinabé Carlos Ouédrago, qui donne en ce moment un spectacle remarquable intitulé "Thomas Sankara : La lutte en marche" (encore deux représentations au Théatre du Nord-Ouest à Paris : les 4 et 8 juin à 19 h, précipitez-vous pour y assister !).

Mon opinion sur certains thèmes évoqués par Carlos n'est pas tout à fait la même que la sienne (sur Cheikh Anta Diop par exemple), mais je n'ai pas voulu faire une interview contradictoire. Je voulais surtout mettre en valeur le travail et le point de vue de Carlos, qui se nourrit d'une réflexion politique puissante et d'une culture considérable, sur le passé de l'Afrique notamment. Carlos ressaisit l'héritage anti-impérialiste de Sankara dans une pensée indépendante, courageuse, et généreuse.

Chacun retirera ce qui lui plaira de cette interview. Ce que je retiens pour ma part, c'est l'intérêt pour chaque continent de penser une rupture avec le capitalisme importé d'Occident, et la nécessité que cette rupture démocratique, solidaire, soit conçue à partir d'une réappropriation culturelle et politique par chaque peuple de son identité et de son histoire, sans alignement sur des modèles pré-définis. Dans cette perspective, le travail de Carlos est très utile pour les Africains. Il l'est aussi pour les Européens et pour les peuples des autres continents dont la vision de l'Afrique est biaisée par l'idéologie dominante, et qui, par leur refus de savoir, se rendent complices de l'ère du mensonge et de l'aliénation qui fait de nous tous des consommateurs égoïstes et imbéciles.

Je dois préciser que si l'interview s'est terminée sur l'histoire, et sur le rôle de Christiane Taubira en France en ce qui concerne la mémoire de l'esclavage, j'ai demandé ensuite hors caméra si Taubira, qui est une "insider" du système impérialiste, était vraiment un modèle, ou s'il ne fallait pas se situer en dehors du système pour le combattre, Carlos a répondu qu'il fallait attaquer le système à la fois de l'intérieur et de l'extérieur. J'ai repris la caméra pour enregistrer cette mise au point, mais un problème technique m'a empêché de sauvegarder ce passage. En conclusion ultime, Carlos insistait sur le fait que, selon lui, le capitalisme, qui mène à la catastrophe, disparaîtra prochainement. Voici son interview.

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