Catalogne, Syrie, Afghanistan
La politique est bien imprévisible. Les partis ne respectent pas leur programme, voilà d'ailleurs pourquoi les électeurs s'en détournent. Du coup, les pronostics deviennent hasardeux.
En Grèce A. Tsipras a trahi son électorat en signant le pacte d'austérité, ce qui n'empêche cependant pas le peuple grec, peu rancunier de revoter pour lui (mais avec 44 % d'abstention).
En Catalogne, je croyais que Podemos introduisait du flou dans le scrutin, mais c'est finalement Candidature pour l'unité populaire, parti indépendantiste d'extrême-gauche, qui apporte de la confusion en refusant de s'associer à Artur Mas, ce qui peut enrayer le processus d'indépendance (d'ailleurs que vaut un tel processus auquel 48 % des Catalans sont opposés ?).
Les Talibans reprennent Kunduz en Afghanistan. François Hollande joue les anti-Assad bornés à l'AG de l'ONU et se réjouit des frappes que nous menons sans mandat de l'ONU (vivement qu'il sombre dans l'oubli en 2017).
Elections catalanes
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Apparemment la vague Mas (dans son partenariat CiU-ERC) n'est pas arrêtée dès lors qu'en sièges l'indépendantisme dépasse les 50 % en comptant les anarcho-syndicalistes de CUP. J'observe que Solona a menacé la Catalogne de sortir de l'OTAN. J'ai vu que CUP est radicalement anti-union européenne et anti OTAN. Je me demande si cela ne va pas pousser Mas à assumer la sortie de l'UE dont Bruxelles le menace, ce qui dialectiquement serait bon pour les anti-UE français...
Points de vue peu entendus : Farage, les Hongrois
Il faut écouter tout le monde, y compris ses adversaires, pour se faire une opinion. Quand on écouter M. Farage, on apprend que la Grande Bretagne a une grande tradition d'accueil des réfugiés (pas seulement la République française très centrée sur elle même, farage prétend même qu'elle est plus ouverte aux réfugiés politiques que la France), qu'il n'y a pas que Mme Le Pen qui dit que la majorité des réfugiés sont économiques : cela vient du premier ministre slovaque. La remarque de Farage sur la Lituanie a perdu ses classes moyennes, ce qui arrivera à la Syrie aussi, mérite aussi réflexion.
Farage veut oublier le clivage gauche droite en rappelant que le système de santé britannique ne résisterait pas au futur traité transatlantique. Il courtise le travailliste "atypique" Jeremy Corbyn.
J'ajoute aussi une vidéo sur le point de vue hongrois sur la crise des migrants, ainsi qu'une petite interview de Galloway, candidat à l'élection à la mairie de Londres, qui a encore été agressé en 2014.
Le culte de Nemesis à Italica
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Le 22 mai 2015, lorsque j'avais écrit sur la double Némésis anatolienne que j'avais vue dans un musée turc, un lecteur (ou une lectrice) de ce blog sous le pseudonyme Raphaël, m'avait demandé le nom du musée. Pour les lecteurs qui, dissimulés sous des pseudonymes, ou calfeutrés dans un silence confortable (quoique parfois un peu lâche mais bon...), s'intéressent aux lectures sur l'Antiquité, aux recherches d'anthropologie ou d'histoire des religions dont je me fais parfois un peu l'écho ici, je souhaiterais parler aujourd'hui du culte de Némésis à Italica, près de Séville (Andalousie). Je voudrais m'appuyer pour ce faire sur un article de 1984 d'Alicia M. Canto, aujourd'hui enseignante au département de préhistoire et archéologie de l'université autonome de Madrid, intitulé Les plaques votives avec plantae pedum d'Italica qui a été publié dans la revue scientifique Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, Bd. 54 (1984), pp. 183-194 et que vous pouvez retrouver in extenso en français ici.
Je tiens à préciser que, pour moi, ce genre de lecture n'est pas un travail intellectuel : cela a un enjeu existentiel. Le divin met sur notre route des gens et des œuvres qui, lorsqu'on cherche leur cohérence, nous instruisent sur les forces qui nourrissent et orientent notre vie. La déesse "Némésis" a été placée sur ma route en 2013 et je m'efforce d'en comprendre les significations, pas à pas. Pendant plusieurs mois, j'ai pensé qu'elle n'était que la déesse de la colère divine, déesse vengeresse, pleine de ressentiment. La semaine dernière, j'ai appris en tombant "par hasard" sur un texte relatif à des trouvailles sur Italica (comme j'étais tombé "par hasard" sur la double Némésis en Turquie) qu'on pouvait confondre certains éléments de son culte avec celui de Mithra (et vous savez que Mithra me poursuit aussi à travers mon soutien aux Yazidi). Et cette semaine, en travaillant sur la nudité antique, je découvre qu'elle était l'objet d'un culte très particulier en Afrique du Nord et en Espagne (d'où je suis en partie originaire) lié à Tanit (or, je connais une dame qui est aujourd'hui prêtresse de Tanit, mais c'est une autre histoire).
Italica en Andalousie est la plus ancienne fondation romaine hors d'Italie. C'est la raison pour laquelle les deux premiers empereurs non italiens, Trajan et Hadrien, sont issus de cette colonie.
Une douzaine de plaques en marbre du IIe siècle de notre ère y ont été retrouvées au milieu du XXe siècle dans les ruines de l'amphithéâtre au niveau de l'entrée orientale. Elles sont dédiées à Némésis ou Caelestis (la Céleste). Plusieurs d'entre elles représentent des plantes de pieds.
Némésis et Caelestis sont souvent invoquées ensemble ou dans les mêmes termes. Caelestis est une hellénisation puis latinisation (Rome n'étant qu'un sous-produit de l'hellénisme comme dit P. Veyne) de la déesse carthaginoise de l'amour Tanit (qui transpose l'assyrienne Ishtar). Némésis est une déesse de la rétribution et de la justice, de la fortune et de la chance. A la fin de l'époque classique son nom fut d'ailleurs associé à Artemis agrotera, déesse de la chance à la chasse. Ceci explique qu'elle soit souvent associée à un amphithéâtre (où se trouvait un Nemesion, un temple de Nemesis) et à des auteurs de dédicaces qui sont des esclaves ou affranchis devenus gladiateurs. Mais les dédicaces d'Italica sont principalement le fait d'homme libres. Les pieds signifient entrer ou sortir du bon pied et peuvent avoir été aussi gravés par des personnes riches, probablement des prêtres, à titre d'ex-voto pour l'exercice d'une charge.
L'article révèle donc une Némésis liée à Tanit qui serait une déesse de chance et de justice associée aux amphithéâtres et aux combats militaires (elle est aussi présente dans la région du Danube le long du Limes). A suivre...
Syrie, Catalogne, hollandisme
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Israël demande à la Russie un système de coordination militaire pour éviter des bombardements de sa frontière nord et notamment empêcher que le Hezbollah et l'Iran en Syrie n'obtiennent des armes de haute technologie. Voilà qui prouve que Netanyahu a pris acte de l'intervention russe. Al Manar évoque "des systèmes électroniques et de radars très modernes capables de torpiller les systèmes de communications israéliens" et des activités d'écoute en mer qui limiteraient le champ d'action des navires espions israéliens en Méditerranée.
La crise des migrants continue de déstabiliser l'Europe de l'Est. La Croatie a fermé sa frontière avec la Serbie au grand dam de Belgrade. La Slovaquie installe des barbelés. Pas sûr que les millions d'euros promis par l'Union européenne suffisent à calmer le jeu.
Croyez-vous, comme l'aurait déclaré officiellement le Parti kurde PYD que le réfugié Osama Abdul Mohsen, ancien entraîneur de foot, taclé par la journaliste hongroise Petra Laszlo serait membre d'Al Nosra affilié à Al Qaïda ? si c'est vrai la journaliste hongroise va devenir une héroïne car elle a eu du flair. Mais je suis sceptique : la source serait l'International Business Times, mais son site n'en parle pas du tout. La nouvelle pose quand même la question de la présence d'intégristes parmi ces réfugiés.
En Espagne El Mundo avant hier menaçait les retraités catalans de ne plus percevoir de pensions en cas de sécession (le coup du "moi ou le chaos" déjà appliqué par les Britanniques aux Ecossais). Et Solana (ex ministre de la défense de F. Gonzalez et ex-secrétaire général de l'OTAn pendant le bombardement de la Serbie) avertit : "La Catalogne ne serait plus dans l'OTAN". Ca ce serait plutôt bien non ?
Bon à part ça ça ne vous gène pas d'avoir un président de la République qui dit ne pas aimer les dictateurs mais livre des Rafale à un régime qui va crucifier un jeune chiite et des Mistral à un autre qui a condamné à mort des milliers de gens au terme de procès expéditifs ? Moi si.
FDG sur la Syrie + mon article sur un site ami
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Les gens sont profondément pénibles et décevants au delà du raisonnable, mais on se consolera en se disant que François Asensi a fait un bon discours au nom du Front de Gauche sur la Syrie le 15 septembre dernier à l'assemblée nationale. Il a clairement posé qu'on ne pouvait mettre Bachar El-Assad et EI sur un pied d'égalité et qu'il ne fallait intervenir que sous mandat de l'ONU en coalition avec la Russie.
Voici mon article sur l'Europe et la Syrie publié sur un site ami.
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Les appels à négocier avec Bachar al-Assad se multiplient…
La présence croissante de l’armée russe en Syrie, à la demande du gouvernement légal de Bachar al-Assad, et en accord avec l’Iran qui avait envoyé l’un de ses généraux à Moscou début août, donne des sueurs froides aux Occidentaux. D’abord révélée par des sources israéliennes fin août, cette implication du Kremlin a été confirmée par divers rapports faisant état de la création d’une base d’intervention aérienne russe à Lattaquié qui pourrait précéder l’envoi de Mig 29, voire de troupes au sol russes contre Dae’ch.
Le 6 septembre dernier, le secrétaire d’Etat américain John Kerry faisait savoir qu’il avait eu une conversation téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov dans laquelle il lui avait fait part de son inquiétude de voir l’engagement russe « entraîner la perte d’un plus grand nombre de vies innocentes, augmenter le flot des réfugiés et le risque de confrontation avec les forces anti-Dae’ch qui opèrent en Syrie ».
Pourtant cette intervention pourrait avoir pour effet de modérer les élans unilatéralistes des principales puissances militaires occidentales.
Fin août, le mystérieux afflux de réfugiés notamment irakiens et syriens aux portes de l’Europe a relancé les doutes sur la stratégie de bombardement aérien menée par les occidentaux depuis un an. Exploitant notamment l’image de la mort de l’enfant de trois ans d’un réfugié de Kobané – Aylan Kurdi -, des journaux conservateurs britanniques comme « The Sun » et le « Daily Mail » n’ont pas hésité à solliciter une implication plus grande de leur pays. « 52 % des gens disent : bombardez la Syrie maintenant ! » titrait « The Sun on Sunday » du 6 septembre, tandis qu’en France un institut de sondage mettait, lui aussi en avant le soutien majoritaire de l’opinion à l’option d’une intervention au sol. Lundi 7 septembre, le gouvernement britannique répondait à ces pressions en révélant qu’il utilisait des drones tueurs en Syrie dont un avait éliminé deux jihadistes britanniques. Le même jour, le président François Hollande annonçait l’envoi d’avions de reconnaissance au dessus de la Syrie. L’un et l’autre maintenant la position selon laquelle Dae’ch et Assad étaient l’un et l’autre les ennemis à abattre.
L’activisme des Russes pourrait bien aujourd’hui inverser cette tendance.
A droite toute...
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Après avoir dit que la sortie de l'euro était une option "maréchaliste", M. Mélenchon twitte aujourd'hui que le "plan B" c'est "toutes les options pour sortir de la domination allemande, y compris la sortie de l'euro" - c'est à dire aussi bien le fédéralisme de l'Europe sociale que la sortie de l'euro. Allez comprendre...
M. Attali appelle à faire "comme le patronat belge", et soutenir l'accueil maximal d'immigrés : c'est à dire piller les "ressources humaines" des pays pauvres, les surexploiter en Europe, baisser les salaires de la population "de souche" et détruire nos Etats pour le plus grand profit des banques.
En attendant, impossible de voir clair sur la situation des réfugiés. Qui sont-ils ? Mme Le Pen affirme que ce sont en majorité des hommes, et des migrants économiques. La presse de centre gauche prétend qu'elle ment, mais comme la presse de centre-gauche s'est spécialisée dans le mensonge depuis 15 ans, on ne sait plus qui croire. La jeune syrienne qui à Belgrade (voir vidéo plus bas) disait que les réfugiés de son pays avec l'argent des passeurs pourraient s'offrir une maison en zone sûre le long de l'axe Damas-Alep a-t-elle raison ?
Si nous renonçons à nos frontières cet été pour 300 000 migrants, n'aurons-nous pas un million de réfugiés vrais ou faux supplémentaires dans 3 mois, d'autres pays, qui auront compris comment prendre d'assaut une gare ou un poste de police ?
La Hongrie habituée à être à la charnière des invasions dans l'histoire, commence vraiment à s'affoler. Elle n'a pas tort. M. Sarkozy appelle à remettre en cause Schengen, redresser les frontières et recréer des camps d'accueil dans les pays périphériques de l'Europe, sur le modèle de ceux de M. Kadhafi qu'il a fait renverser...
La Pravda en anglais, journal communiste russe, se réjouit de la victoire prochaine de la droite dure en France (Sarkozy ou Le Pen) qui selon elle va casser l'axe atlantiste. Les communistes russes n'attendent plus rien de la gauche de la gauche française. Il est vrai que pour croire en celle-ci il faut vraiment avoir la foi du charbonnier.
Le retour de Sarkozy a de quoi inquiéter. Je ne lui ai trouvé d'appréciable pendant son mandat que son attitude modérée à l'égard de la Russie. Mais il est clair que l'atlantiste Juppé ne ferait que poursuivre la politique de Hollande dans l'alignement sur Washington (et le Washington belliqueux de H. Clinton, pas celui d'Obama) et l'affaiblissement de l'Etat en France.
J'ai voté Mélenchon au premier tour de 2012 et me suis abstenu au second tour. Je crois que si en 2017 le choix est entre Sarko, Le Pen, Hollande, Mélenchon (qui a fort mal évolué) et Juppé, je m'abstiendrai dès le premier tour.
Du Yémen à Marseille
Un bon article de René Naba sur la déconfiture au Yémen des émiratis encadrés par la France. Maxime Vivas, la sommité pro-cubaine de la mouvance anti-impérialiste porté aux nues par Xinhua.net. Onfray dans le Figaro critique la "pensée unique" sur la question de la crise estivale des migrants, la visite du président serbe au Vatican qui heureusement refuse toujours de reconnaître le Kosovo, les élus de gauche qui veulent créer un nouveau groupe anti-austérité à l'Assemblée nationale, les divisions à l'infini dans les groupes politiques (chez les Verts, au FN, au POI, au MDC), Piketty qui devient conseiller de Podemos en Espagne, l'invraisemblable (mais hélas cela devient habituel) subvention publique au porn art à Marseille et la façon bien malhonnête dont Libération et la Marseillaise crachent sur les critiques des "fachos" sans bien sûr montrer les œuvres aux lecteurs pour qu'ils puissent en juger. Voilà les news qui attirent mon regard en ce moment, outre celles que j'ai déjà traitées dans ce blog. Je ne commenterai pas davantage. Evitons juste de gerber en pensant à tous ces fiers éditorialistes de la presse nationale et régionale qui auront passé encore une bonne nuit sur le matelas de leurs trahisons, de leurs soutiens aux guerres d'ingérence, sur leur silence (ou parfois leurs mensonges élogieux) sur la compromission de nos gouvernants avec le Qatar, le révisionnisme japonais, l'occupation israélienne en Palestine, les multinationales, les flingueurs de l'Etat, le nationalisme ukrainien, l'autoritarisme sud-coréen, les latifundiaires latino-américains, l'oligarchie africaine. Bref nos fiers journalistes sans courage et sans âme. Aux grands hommes la patrie reconnaissante.
Ce qui retient
Dans le christianisme, il y a toujours quelque chose qui "retient", qui "retarde". Dans sa révélation aux enfants de La Salette la Vierge dit qu'elle "retient" le bras courroucé de son fils. Saint Paul avait parlé d'un Katechon qui retardait la venue de l'Antéchrist avant l'Apocalypse. Et, dans les visions de la mystique Sainte Anne-Catherine Emmerich qui semble avoir été autant en prise directe avec la vie des contemporains de Jésus que la voyante de Malraux avec celle d'Alexandre le Grand celle-ci raconte que la naissance de la Vierge Marie a été longtemps "retenue", "retardée" dans sa propre famille d'Esséniens qui l'attendaient depuis plusieurs générations comme calice qui porterait le Messie, par les péchés des hommes. On se demande quels péchés. Ceux du peuple élu trop complaisamment hellénisé ? Ou ceux de l'ensemble de l'humanité ? Si les Républicains romains avaient été moins hypocrites et moins vaniteux, les Ptolémée d'Egypte moins corrompus etc, la Vierge Marie et Jésus seraient-ils nés un siècle plus tôt ?
Antisémitisme des nationalistes ukrainiens
Samedi dernier, profitant du Shabbat, des gros-bras de l'extrême droite ont démoli les tentes des pèlerins juifs hassidiques venus se recueillir comme tous les ans à Uman sur la tombe de Rabbi Nachman de Breslov.
Selon Eliezer Kirshboim, président de l'association juive de la ville, la police n'est pas intervenue. Le maire de la ville a été "nommé" par le parti bandériste Svoboda lors du coup d'Etat Euromaidan de 2014, et, à la veille des élections d'octobre, taper sur les Juifs est un bon moyen de gagner des voix dans la nouvelle Ukraine pro-européenne en ce moment.
Syrie : pour sortir de la crise
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Le ministre des affaires étrangères espagnol vient d'admettre qu'il va falloir négocier avec Assad. Pourquoi M. Hollande ne l'admet-il pas lui aussi ? Nous ne sommes plus en 2011. Il faut être réaliste. Il n'y a pas eu de transition démocratique en Syrie. Il ne peut plus y en avoir tant que la moitié de la population est déplacée. Il faut restaurer l'Etat dans ce pays, voilà l'urgence, et composer avec les autorités légales du pays, c'est à dire le régime en place. Il faut monter une coalition avec la Russie contre Daech et forcer les pétromonarchies et la Turquie à abandonner cette secte.
La crise européenne des réfugiés doit aussi être réglée en concertation avec les gouvernements en place, en Afrique et en Asie. Donc en l'occurrence pour les réfugiés syriens avec Damas. Quant aux pays supposés les accueillir, bien sûr ceux qui ont une économie dynamique et des problèmes de dénatalité doivent être au premier rang pour les quotas d'accueil provisoire, c'est-à-dire en Europe prioritairement l'Allemagne. Le Pape est dans son rôle pour inciter les gens à se montrer hospitaliers, mais pas nos médias qui par se biais cherchent une fois de plus à noyer l'opinion publique sous un flot de sentimentalisme. Les solutions aux afflux de réfugiés sont politiques, elles appartiennent donc aux gouvernants sous le contrôle des citoyens, et pas aux initiatives individuelles de tout un chacun.
Il faut restaurer en Libye, en Syrie, en Irak des pouvoirs forts, quitte à encourager au sein de ces pouvoirs des clés de répartition communautaires dans lesquelles nul ne se sentirait (trop) lésé. Les clés de répartition nous conduiraient-elles à créer des non-gouvernements comme en Bosnie, rongée par les équilibres de pouvoir communautaires ingérables depuis 2015 ? Il faut voir au cas par cas. Mais le critère de force du pouvoir et de sa capacité à créer du consensus l'emporte sur tout le reste. Le gouvernement égyptien a eu la main un peu lourde mais y est parvenu. Assad peut le faire, quitte à laisser quelques postes à des islamistes "civilisés" comme Mugabe au Zimbabwe dans les années 2000 sous le patronage de l'Afrique du Sud céda quelques portefeuilles à l'opposition.
Et la démocratie ? Imposons la d'abord à l'Arabie Saoudite et au Qatar. Quand ces pays seront démocratiques et libérés des folies intégristes, on pourra songer à démocratiser la Syrie, l'Irak, la Libye. Pas avant.
Rime Darious, discours à Belgrade lors d'une manif le 6.9 (le texte du discours est sur Youtube)
Les villes françaises dans un livre de Péguy
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Je ne prétends pas connaître ni comprendre Charles Péguy, grand écrivain socialiste révolutionnaire et chrétien du siècle dernier. J'ai juste l'image d'un normalien austère, monacal, respecté, qui fut un peu une sorte de Surmoi de Jaurès, comme Bernard de Clairvaux le fut de Suger 800 ans plus tôt. J'ai bien des livres sur lui qui trainent dans ma bibliothèques, mais que je n'ai pas eu la force de lire.
Alors c'est un peu "vierge" que j'ouvre au hasard, comme je le fais si souvent avec tous mes ouvrages, un de ses livres, "Le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc".
Je tombe sur ces passages de la complainte de la bergère Jeanne (qui pour moi évoque la bergère Bernadette Soubirous à Lourdes), lorsqu'elle dit que Bethléem seule rayonne encore sur cette terre, quand toutes les villes de France sont enterrées. C'est un très beau passage sur les promesses divines devenues lettres mortes. On pense à ce que disent les occultistes sur la lettre vouée à rester morte, à devenir pierre (comme l'Eglise de Saint Pierre - "tu es petrus") tandis que seul l'Esprit (fait d'eau) la peut vivifier. C'est une méditation mélancolique sur le "ne plus". Elle passe en revue les grands foyers de spiritualité français : Chartres, Paris, Orléans, Reims, Rouen, Nancy (même si Nancy est beaucoup moins française que les autres, elle fait partie de la "Krajina" française), avec leurs saints attitrés. Bizarrement elle les traite un peu comme des machines industrielles à produire des saints, ce qui me semble être une erreur psychologique et littéraire : le divin n'aurait pas parlé à une bergère qui raisonne de la sorte. Mais l'évocation a le mérite de condenser le "vortex" ou le réseau de vortex spirituels qui composait la Francie historique.
On commet beaucoup de fautes de goûts. Quand on présente Jeanne d'Arc en combattante en armure plutôt qu'en bergère, on manque le sublime chrétien bien vu par Chateaubriand : que les saints faiseurs de miracles et les briseurs de sceptres restent des va-nu-pieds, et tirent précisément leur pouvoir de cela. L'armure n'est qu'un gadget. Pensez à Ste Agnès qui n'avait pas besoin d'armures et à tant d'autres. Et je commets moi-même une faute de goût en parlant des saints français comme de "vortex", c'est-à-dire en empruntant le vocabulaire très "Disneyland" du new age internautique, mais c'est simplement pour rappeler que ce qui se réalise dans l'ordre spirituel n'est pas spatial : les forces (je ne parle pas d' énergies) se condensent dans un seul lieu qui est en même temps un non-lieu, et ce n'est pas la question de savoir "Le Vatican combien de divisions".
Péguy recense les "vortex" sur le mode du "ne plus", du message caduc, un peu comme tous les Français aujourd'hui peuvent saisir la France comme une réalité obsolète, quelque chose qui n'a plus rien à dire au monde, un sanctuaire aux oracles muets, comme ceux du paganisme finissant.
La Jeanne de Péguy a la forme d'un immense "pourquoi ?". Pourquoi y a-t-il eu un Saint Martin à Tours, un Saint Aignan à Orléans, un Saint Ouen à Rouen, une Sainte Geneviève à Paris, un Saint Nicolas à Nancy si c'est pour que tout cela meure ? Pourquoi ces cathédrales qu'aujourd'hui nos architectes seraient bien incapables de bâtir et qu'ils savent à peine restaurer ?
Je ne suis pas nationaliste et ne pense donc pas que la France "dans l'absolu" vaille mieux et renferme un meilleur héritage que d'autres pays. Elle a juste été choisie historiquement pour sauver certains héritages grandioses (sur le plan spirituel) et les faire fructifier. Quand je parle de la France, je signifie cette alliance entre Loire et Somme entre gallo-romains et Francs qui va du VIe siècle au XIVème, alliance sans laquelle probablement ni les gallo-romains seuls ni les Francs de leur côté ne seraient arrivés à rien. En tant que demi-espagnol, je suis sensible par exemple au rayonnement de Saint Jacques en Galice, ou à celui de Saint Vincent à Saragosse (il faut lire Grégoire de Tours pour voir ce que les habitants de cette ville doivent à l'aura de ses reliques). Mais force est de constater que le mot "France fille ainée de l'Eglise" ne fut pas un vain mot pendant la séquence de huit siècles que j'évoque ici, quand elle produisit les Clovis, Charlemagne et les premiers capétiens, et dont Napoléon et De Gaulle furent les héritiers.
On me pose des questions en ce moment sur la vocation "spirituelle" de la France face à des pays comme l'Allemagne. Les catholiques français ont beaucoup réfléchi sur l'abandon de la Germanie du Nord à l'hérésie luthérienne, ses liens avec les médiums, les convulsionnaires (donc le diable) jusque sous la plume de Hegel, de Nietzsche, sa fascination pour l'Islam, pour le zoroastrisme, ses alliances japonaises, les répercussions de tout cela dans le nazisme (et peut-être dans l'imaginaire américain qui doit au protestantisme et à la Prusse). Moi qui ai beaucoup lu et aimé les philosophes allemands, et qui suis le contraire aussi bien d'un doctrinaire que d'un chauvin, je n'ai aucun début de réponse à ces questions, et ne me presse pas d'en avoir.
J'apprécie seulement que Péguy, à travers Jeanne, interroge ce "réseau de vortex" français sur le mode d'un possible "ne plus"(et pourtant Péguy le fait peu après Lourdes, peu après La Salette et la rue du Bac... "Et vous flèche de Chartres et tombeaux de Saint-Denis, saintetés du royaume de France, vous n'êtes rien".
Je me rends compte que nos médiums New Age, avec leur doctrine qui cherche des "vortex" hérités du paganisme dans des cathédrales seraient bien incapables de prononcer des mots aussi tragiques, car dans leurs pseudo-sciences physiques "énergétiques" façon théosophie orientale, il y a toujours des "énergies" à récupérer quelque part, rien ne se perd jamais, le tragique de l'Histoire, est complètement évacué (et donc la problématique poignante de la rédemption aussi, puisqu'on n'est jamais que dans de la gestion placide et bourgeoise des forces de l'au-delà). Péguy, lui, est dans la tragique, quand il montre Jeanne d'Arc indignée par le fait que les soldats "font manger l'avoine à leurs chevaux sur l'autel vénérable" et "boivent dans les très saints calices le vin qui les soûle" (p.39) elle nous plonge dans cette scène du Fantôme de la Liberté de Bunuel où les soldats athées de Napoléon en Espagne dans les églises se nourrissent avec les hosties et boivent le vin de messe dans des calices. Il campe la déchéance de l'absolu, sans laquelle "l'épistrophe" (le retour à l'unité de l'être) pour parler comme les néo-platonicien manquerait de sa dimension sublime. Mais faut-il parler le langage du néo-platonisme que Chateaubriand lie au socialisme ou aux hérésies (voyez mon billet* ici) et dans lequel Barrès voyait la matrice du mépris pour le peuple à l'œuvre aussi bien dans la secte des Assassins (hashashim) ancêtre au Proche-Orient de l'actuel Etats Islamique que dans le nietzschéisme ? Le socialisme de Péguy était peut-être anti-platonicien, mais je ne connais pas assez bien ce sujet pour pouvoir me prononcer là-dessus.
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* Billet qui renvoie à un passage des Mémoires d'Outre tombe, dont il faut aussi lire cette suite car elle nous servira pour l'avenir :
"Il était impossible que les vérités développées dans le Génie du Christianisme ne contribuassent pas au changement des idées. C’est encore à cet ouvrage que se rattache le goût actuel pour les édifices du moyen âge : c’est moi qui ai rappelé le jeune siècle à l’admiration des vieux temples. Si l’on a abusé de mon opinion ; s’il n’est pas vrai que nos cathédrales aient approché de la beauté du Parthénon ; s’il est faux que ces églises nous apprennent dans leurs documents de pierre des faits ignorés ; s’il est insensé de soutenir que ces mémoires de granit nous révèlent des choses échappées aux savants Bénédictins ; si à force d’entendre rabâcher du gothique on en meurt d’ennui, ce n’est pas ma faute. Du reste, sous le rapport des arts, je sais ce qui manque au Génie du Christianisme ; cette partie de ma composition est défectueuse, parce qu’en 1800 je ne connaissais pas les arts : je n’avais vu ni l’Italie, ni la Grèce, ni l’Égypte. De même, je n’ai pas tiré un parti suffisant des vies des saints et des légendes ; elles m’offraient pourtant des histoires merveilleuses : en y choisissant avec goût, on y pouvait faire une moisson abondante. Ce champ des richesses de l’imagination du moyen âge surpasse en fécondité les Métamorphoses d’Ovide et les fables milésiennes. Il y a, de plus, dans mon ouvrage des jugements étriqués ou faux, tels que celui que je porte sur Dante, auquel j’ai rendu depuis un éclatant hommage."
Actualités
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Suite aux encouragements d'un supporter de feu "le Blog atlas alternatif" - dont les articles en version audio et écrite ainsi que la page de liaison conservent malgré tout un succès croissant sur Facebook avec des "likages" toutes les semaines - on continue notre tour d'horizon occasionnel (et sans prétention) de l'actualité.
Il y a d'abord des spéculations sur les actions des néo-conservateurs en Syrie. Un papier qui nous parle de l'enlèvement du détachement de rebelles formés par la CIA (la Division 30") qui, entrés en Syrie sous le commandement du colonel Nadim Hassan ont été capturés début août. L'article nous dit qu'ils ont été enlevés par Al-Qaida. Sputnik avait dit "Al Nosra" et nous parle aussi d'un plan concocté par l'adjoint de Ban-Ki-moon à l'ONU, Jeffrey Feltman, pour faire adopter un plan de paix qui aboutisse à une partition de la Syrie-Ira entre un "Sunniland" et un "Kurdistan". Ce projet que le papier attribue à projet Wright (qui lui-même serait inspiré de Juppé) serait promu par un groupe autour de Petraeus auquel McCain et H. Clinton feraient partie. Pas d'éléments à ce sujet sur le Web. On ne sait s'il faut croire l'article sur parole. Son auteur n'est pas connu pour son sens de la nuance. Voyez ses accusations précédentes contre Erdogan.
Le site israélien Ynet, qui est cité par des sources étrangères comme l'organe serbe B92, avant hier annonçait que les Russes ont commencé une intervention aérienne en Syrie contre Daech. Les modalités de l'intervention de Mig 29 russes auraient été arrêtées lors de la visite du général-major Qasem Soleimani, commandant de la force d'élite iranienne Al Qods à Moscou début août. L'alliance russo-iranienne dans cette opération ne serait tournée ni contre Israël ni contre les forces américaines. Celles-ci seraient en pourparlers avec Téhéran, selon le même article, pour mener des actions militaires américano-iraniennes dans les provinces d'Anbar et de Mossoul en Irak. Si les relations turco-américaines sont aussi mauvaises que l'indiquait le papier précité, on comprend que Washington doive s'en remettre à l'Iran (Erdogan, lui, serait tombé d'accord avec les saoudiens et les qataris pour armer les milices des Frères musulmans en Syrie). L'info israélienne est-elle crédible ou bien vise-t-elle à dénoncer une "collusion" entre Obama et Assad à l'heure où Washington normalise ses rapports avec Téhéran au grand dam de Tel-Aviv. Frants Klintsevitch, le premier adjoint du chef du groupe La Russie Unie à la Douma d'Etat, et leader de l'Union russe des anciens combattants d'Afghanistan a indiqué qu'il ne pouvait ni confirmer ni infirmer l'information. Le 16 août dernier, les médias turcs ont annoncé que six avions russes Mig-31 étaient arrivés à l'aérodrome près de Damas. Mais cette information a été démentie à Moscou.
En Asie la célébration le 3 septembre à Pékin du 70ème anniversaire de la victoire du peuple chinois sur le fascisme est l'occasion d'intenses contacts diplomatiques. Le président kazakh Nursultan Nazarbayev, le roi du Cambodge Norodom Sihamoni et le président laotien Choummaly Sayasone sont déjà en Chine. Le président serbe Tomislav Nikolic aussi, qui a rencontré le président Xi Jinping lequel a insisté sur les sacrifices communs de la Chine et de la Serbie face au fascisme pendant la seconde guerre mondiale. Le président chinois a aussi rencontré ses homologues vénézuélien Nicolas Maduro et soudanais Omar al-Bachir, lequel reste (heureusement pour le Soudan) toujours aussi indifférent aux poursuites lancées à son encontre par la Cour pénale internationale, lui aussi présent pour la commémoration du 3 septembre. Les deux leaders ont annoncé la mise en place d'une partenariat stratégique. Le président vietnamien Truong Tan Sang est attendu malgré les relations pas toujours simples entre les deux pays. Le président russe Vladimir Poutine aussi, il a été qualifié d' "invité le plus honorable" par le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Chen Gopin.
L'Union européenne a interdit à tous ses membres d'envoyer ses chefs d'Etat officiellement pour ne pas vexer le Japon. Elle a exercé des pressions sur le président tchèque Milos Zeman qui avait déjà été dissuadé par Bruxelles d'assister à la parade militaire du 70ème anniversaire russe en mai. Le président tchèque s'y rendra malgré tout et en profitera pour rencontrer V. Poutine. François Hollande n'a pas eu ce courage.
Le premier vice-présidente du conseil d 'Etat et des ministres Miguel Díaz-Canel Bermudez qui dirige la délégation cubaine a fait une halte à Moscou sur le chemin de Pékin. Il a été reçu par le vice-président Dimitri Rogozine.
En Europe la situation se tend de tous côtés. En Espagne le 15 juillet le président de la généralité catalane Arturo Mas a annoncé dans une alliance électorale avec les indépendantistes de gauche d'Esquerra republicana pour les élections du 27 septembre que la Catalogne ferait sécession en janvier. La chancelière Angela Merkel hier a apporté son soutien au président du conseil espagnol Manuel Rajoy en rappelant que l'indépendance de la Catalogne est incompatible avec les règles de l'Union européenne et le Parti populaire (droite) lance un projet de réforme constitutionnelle pour que Mas puisse être suspendu de ses fonctions en cas de sécession de sa région. En Grande-Bretagne on prépare le référendum sur la sortie de l'Union européenne. La commission électorale qui seconde le Parlement a déconseillé de présenter aux électeurs la question du référendum "Le Royaume Uni devrait-il rester membre de l'Union européenne ?" car cela favorise une réponse positive "oui". Le risible chroniqueur français Apathie qui au moment du référendum grec avait déclaré sur Twitter que les français préfèrent voter "non" quelle que soit la question doit-être surpris par cette position des institutions britanniques.
En Ukraine l'extrême droite s'agite pour dynamiter le processus de Minsk, alors que le parlement votait une réforme constitutionnelle de décentralisation au profit des autonomiste le 31 août, une grenade a éclaté.
Le procureur général, un magistrat qui a succédé en février à un proche de Yatsenyuk, lequel succédait lui-même à un ancien responsable de l'extrême droite (les titulaires de la fonction semblent devenir plus modérés) a qualifié l'attentat "d'incident" mais a lancé des poursuites.
Pour finir, voici un point-video sur la crise des migrants que l'Europe affronte cet été et qui fait suite aux guerres menées par MM. Sarkozy et Cameron, Juppé, Hollande, Sarkozy en Libye et en Syrie (guerres qui devraient logiquement conduire à leur mise en accusation devant la Cour pénale internationale si l'ordre mondial était juste). 300 000 migrants supplémentaires ont afflué en Europe cette année. On a recensé des dizaines de migrants morts en Autriche, en Slovaquie. Le gouvernement hongrois a dû fermer la gare de Budapest hier pour en interdire l'accès à un millier de migrants qui avaient préalablement forcé les frontières de la Macédoine