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Le blog de Frédéric Delorca

Irène Jacob, Véronique, Esther, la Suisse, les jumeaux, le flot

30 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma

Je déconseille à mes lecteurs de prendre ce blog "trop à la lettre" (et d'ailleurs de prendre aussi sa propre vie trop à la lettre). Bien sûr quand j'essaie de synthétiser ma réflexion sur l'ingérence occidentale, ou quand je fais une mini-fiche sur socialisme et nationalisme en 1914 comme cela m'est arrivé, il y a là des éléments cognitifs que tout un chacun peut "utiliser" à des fins pragmatiques sans prendre en compte la subjectivité de l'auteur du blog, ni la sienne propre en tant que lecteur. Mais j'ai de la culture, au moins depuis ma lecture de Montaigne et de Derrida (pour ne citer que quelques jalons), une vision non utilitaire, qui admet de "laisser couler le fleuve" sans comprendre nécessairement tout de son courant, de son flux, et laisser simplement les choses entrer en résonance. Prenez donc ce blog comme il vient, n'y cherchez rien d'utilitaire, même si certaines choses peuvent vous y être utiles un jour (l'utilitarisme est davantage du côté du blog de l'Atlas alternatif, qui, pourtant, bizarrement, a chaque jour deux fois moins de lecteurs que celui-ci...).

 

Quand je vivais à Madrid, en 1994, j'y ai vu deux fois je crois "Rouge" avec Irène Jacob. Les films de Kieslowski faisaient partie de l'arrière-plan de l'époque, comme les romans de Kundera (j'ai vu qu'il vient d'en pondre un autre, qui traîne dans les halls de gares entre les mémoires d'Adriana Karembeu et les conseils pour les entretiens d'embauche). Cela faisait partie de l'ouverture à "l'autre Europe" dont parlait Rupnik.

 

Je n'ai rien retenu de ce film pourtant, sauf la présence de l'actrice, et celle de Trintignant (ach ! "Deauville sans Trintignant..."). Jacob m'a tellement remué que je me suis dit que je devais écrire un roman dont l'héroïne ce serait elle. Mais un roman sur quoi ? J'ai traîné à la Fnac de Callao (qui, à l'époque, venait d'ouvrir, la France en était fière), et j'ai vu, en format de poche pour lycéen, "Esther" de Racine. Il n'en fallut pas plus pour me convaincre de transformer le livre d'Esther (dans la Bible) en roman. L'année précédente j'avais écrit un mix de l'Odyssée et de l'Eneide dont j'avais fait un roman un peu bizarre, et j'avais même songé à faire de même avec des contes scandinaves. Là encore il n'y avait rien d'utilitariste dans cette démarche. C'étaient de purs essais imaginaires. J'ai écrit trois pages sur Esther, juste le temps d'imaginer un peu le personnage, l'ambiance de l'empire perse (où se déroule l'action) etc, puis j'ai laissé cette tentative au fond du disque dur de mon "notebook". Il n'y avait rien de profond dans tout cela. Je n'avais que 24 ans. Les choses se mettaient juste en place, comme ça.

 

C'était il y a 20 ans. Peut-être jour pour jour, qui sait...

 

Et puis, récemment, j'ai voulu revoir "La double vie de Véronique", du même cinéaste, avec la même actrice. "Revoir" parce que je l'ai sans doute déjà vu, et pourtant comme de 'Rouge", il ne m'en est rien resté. Le film parle beaucoup de gémellité, un thème qui me poursuit ces deniers temps, et pourtant je n'y avais même pas prêté attention en achetant le DVD. Il "en parle"... C'est un euphémisme. Il en parle en fait d'une façon sublime, et j'ai repensé aux écrits de Lévi-Strauss sur les jumeaux dans la mythologie, ou au fait qu'Helen Fisher s'est lancée dans la psychologie évolutionniste parce qu'elle avait une soeur jumelle. Je n'ai pourtant jamais été particulièrement attiré par le thème du "double". J'ai au contraire toujours trouvé étrange qu'on puisse s'y intéresser. Ha ha ! on vous a peut-être à tous dit un jour que vous aviez un sosie quelque part. Moi en tout cas on me l'a dit, mais cela m'a si peu intéressé que je ne sais même plus qui me l'a dit (un type qui en tout cas était persuadé de m'avoir vu ailleurs, mais bon, après tout il y a bien un clodo qui m'a dit avoir cru voir Dieu en me croisant en mai dernier...). Pour moi le double ou le jumeau est impensable. C'est peut-être un de mes défauts.

 

Accessoirement le film montre la gare Saint-Lazare de 1990, comme Depardon a montré celle de 1996. Cette gare n'est pas n'importe quelle gare parisienne, croyez moi. Elle est chargée de présence. Voyez ce que Breton en dit dans Nadja.

 

C'est curieux mais ce matin, j'ai regardé une interview d'Irène Jacob. Nul n'aime voir vieillir les actrices de sa jeunesse. A ce propos Sophie Marceau m'inquiète. Irène Jacob n'est plus la Véronique de 1991, mais elle n'a pas encore les joues creusées de Sophie Marceau. En l'entendant parler, j'ai eu un sentiment étrange qui ne m'était jamais venu auparavant : elle n'est pas française. En 2011, j'étais souvent interviewé par des journalistes suisses d'un journal genevois, et j'ai même enregistré une séquence de 20 minutes pour la RTS (radio télévision suisse) - en fait l'interview avait duré une heure au jardin des Tuileries. Pour une raison obscure, j'intéragis beaucoup avec la périphérie de l'espace francophone (Belgique, Suisse, Québec). La journaliste elle aussi était une Véronique, Véronique Marty, et en entendant Irène Jacob, je retrouvais non seulement des intonations, mais aussi des expressions du visage, de Véronique Marty. Après vérification sur Wikipedia j'apprends qu'en effet Irène Jacob a grandi à Genève.

 

Est-ce que cela a de l'importance qu'elle soit suisse alors que cela ne se ressent pas dans le film "La double vie de Véronique" ? Je n'en sais rien. D'ailleurs peu importe que cela ait de l'importance sur un plan utilitaire ou pas (encore que, si je me souviens bien, "Rouge" se passe en Suisse, et on ne fait pas le même film à Paris qu'à Genève). Est-ce que cela a de l'importance que le seul commentaire élogieux (trop élogieux) au cours des trois derniers mois sur ce blog provienne d'une citoyenne suisse ? Je ne sais pas. En tout cas, il est étrange que "l'helvéticité" d'Irène Jacob me saute au visage aujourd'hui.

 

A 24 ans, je m'intéressais surtout beaucoup à la culture juive (ce qui en un sens a préparé m'a rencontre avec la juive serbe d'origine hongroise dont je parle dans "Eloge de la liberté"... tiens hier il y avait une magistrate hongroise à notre table tout l'après midi). C'était en partie lié à mon séjour en début d'année 1994 à Troyes, qui est un foyer important (mais oublié) du judaïsme médiéval en France. Et curieusement, comme j'étais aussi superficiel dans mon approche de la Bible que dans celle de l' "helvéticité" d'Irène Jacob (ou de Jean-Jacques Rousseau), je n'ai absolument RIEN compris au livre d'Esther à ce moment-là. Le type qui m'a ouvert les yeux au printemps dernier sur Esther, c'est un prof français qui enseigne à Cracovie (la ville où se passe une partie de la "Double vie de Véronique") quand il a pondu un article sur le lien Ishtar-Esther-Marie-Madeleine-Etoile du Berger. Son article recèle l'idée que le Livre d'Esther porte en fait la trace d'éléments très difficiles à exhumer de la vieille mythologie astrologique chaldéenne.

 

Lire le livre d'Esther à l'aune de cette mythologie est en partie une erreur puisque le judaïsme s'est construit sur son déni, mais savoir qu'elle y est présente enrichit déjà cette lecture. Ce point de départ a éveillé ma curiosité, d'autant que le prof de Cracovie disait que le mot "juif" apparaît pour la première fois dans la Bible dans ce texte, qui est donc fondateur de l'identité juive, sur fond de menace de génocide (puisque c'est de cela que parle le livre). J'ai relu le Livre d'Esther et j'y ai saisi ce que ni le prof de Cracovie, ni le jeune écervelé de 24 ans que j'ai été n'y avaient compris : ce livre est sur le pouvoir magique que le divin peut donner, miraculeusement, à la parole. La reine Esther risque sa vie sur une seule parole, et Dieu, au milieu de la terreur, lui donne les mots qui, devant le Roi des rois, vont "sauver sa peau" et celle de tout son peuple.

 

Bon, dans la foulée j'ai commandé le DVD de "Par delà les nuages" d'Antonioni. Toujours vers 1992-94, mes camarades ex-khâgneux faisaient l'éloge d'Antonioni. Mais, il était déjà vieillissant, et, dans ce film où il met en scène Sophie Marceau et Irène Jacob, le seul point positif que j'y avais trouvé (mais qui m'avait paru un peu lassant à la longue, et même vulgaire), c'est qu'il dénudait beaucoup ses actrices (enfin bon, il a dénudé Marceau plus que Jacob si je me souviens bien, ce qui est en un sens "logique"...). Au fait n'entrons nous pas dans la saison où Ishtar se dénude ? Allez savoir pourquoi, je m'étais persuadé que ce film était de Oliveira. Il est peut-être temps que je le regarde à nouveau avec un regard "mûr"... Fin de cette causette du dernier jour de "mon" mois, celui de septembre... Au boulot !

 

 

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Anniversaire

29 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

DSCN0607.JPGSeptembre fut marqué, comme tous les ans, par mon anniversaire. Les anniversaires sont un bon test de l'égoïsme des gens. Beaucoup de personnes à qui j'avais souhaité leur anniversaire (le 1er février, le 23 février etc) se sont bien gardé de me rendre la pareille. Et, comme je me suis désinscrit de Facebook fin décembre, tous ceux qui me le souhaitaient simplement "parce que ça s'affichait sur leur ordinateur" cette fois ci n'ont eu aucune machine pour leur signaler quoi que ce soit (et j'ai ainsi pu évincer la politesse mécanique). Au total cela faisait peu de monde donc pour me le souhaiter. En vérité je suis contre la célébration des anniversaire, mais je trouve que les gens qui n'ont pas la politesse de rendre un voeu d'anniversaire qu'on leur a envoyé sept ou huit mois plus tôt ont quand même un petit problème avec la réciprocité, et donc avec l'altérité...

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Védrine, Villepin et Rifkin à la TV

26 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Débat intéressant chez Taddei hier soir entre Védrine et Villepin sur l'intervention en Irak. Villepin "Il ne fallait pas d'olpération militaire, juste du politique, vous allez allumer l'incendie aux quatre coins du monde musulmans". Védrine : "Il fallait des bombes pour contenir EI, on fera du politique dans la foulée".

 

800px-Map_Non-Aligned_Movement.pngPour ma part j'observe aujourd'hui qu'on n'est plus dans le cas de 2003. Le monde entier (y compris les Russes, les Iraniens etc) voit plutôt d'un bon oeil l'opération militaire (même si Poutine a dit "n'attaquez pas Assad"). Empêcher le Kurdistan ou la Jordanie de tomber était une bonne mesure. Et aujourd'hui nous allons bien devoir remettre Téhéran dans le coup, n'en déplaise aux Israéliens. Ca a du bon (d'ailleurs Téhéran est peut être en train de faire tomber le Yémen). Bon si on pouvait profiter du grand nettoyage pour renverser le régime saoudien ce serait utile aussi... Quelqu'un a rappelé à juste titre qu'il coupait autant de têtes qu'EI (pardon, je ne dis pas Daesh, l'acronyme arabe n'ajoute rien au français, Hollande l'emploie juste pour qu'on n'entende pas "Etat" dans EI).

 

Mais pourquoi personne n'est il passé par une résolution du conseil de sécurité de l'ONU ?

 

Just a question.

 

Militairement on n'ira pas très loin contre EI, mais au moins elle sera endiguée. Mais ça peut durer des années si l'on n'a pas les moyens de corrompre les tribus comme la CIA l'a fait avec les seigneurs de la guerre afghans (au fait le régime de Karzaï qui vient de passer le relai à un successeur a bien bien tenu face aux talibans malgré le retrait US, n'en déplaise aux antiimpérialistes dogmatiques, et malgré les 100 morts de cette semaine). Ensuite, il faut peut-être penser la recomposition du Proche-Orient... Bien sûr c'est aux peuples eux-mêmes d'en décider, pas aux Occidentaux, mais par quelles voies les peuples de là bas peuvent-ils parler ? les Etats en place sont des structures d'opérette. Même la Syrie n'a presque plus d'Etat.

 

Après le débat sur le Proche-Orient, les considérations de Rikin sur le coût marginal "zéro" et l'économie "participative" qui renouvellera le capitalisme dans 40 ans, avec les imprimantes trois D, les éoliennes, la mise en réseau. Sûrement prophétique sur certains points, mais dans quelle proportion ? 20 % ou 80 % de la vie de nos enfants ? Des spéculations optimistes en tout cas.

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L'URSS et les mineurs des Asturies

26 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Espagne

spain2Paul Morand, 13 février 1970 : "Il faut être naïf comme un philosophe (Garaudy) pour s'étonner que l'URSS envoie du charbon à l'Espagne pour briser la grève des mineurs asturiens : les deux derniers pays de droite, les deux régimes absolus qui restent : Espagne, URSS s'entr'aident."


poupées

Ca rappelle Cioran sur les deux pays les plus mystiques d'Europe - Russie et Espagne.

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Crimée, Irak, Yémen

26 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Barack Obama

RaptorQuoi ? vous croyiez que les Russes étaient ant-musulmans et qu'ils persécuteraient les Tatars de Crimée ? Je vous avais bien dit, moi, que les républiques russes musulmanes comme le Daghestan envoyaient des vivres aux rebelles anti-Maïda, en Ukraine. Cette semaine on apprend que Poutine subventionne le Hadj des Tatars à la Mecque (cf ici). Acte de propagande ? Sûrement... Mais l'info mérite d'être remarquée...

 

Comme le disait le communiqué du parti communiste russe en août, la Russie serait tellement plus attractive pour les Ukrainiens si elle était un "véritable Etat-Providence"... Certes... Mais il ne faut pas en demander aux petits gars de Gazprom qui dirigent ce pays.

 

Quid du Proche-Orient ? Comme Cockburn dans The Independent (mais c'est intuitif, je n'ai pas étudié la question plus que cela) je pense que nos frappes ne serviront qu'à empêcher de nouvelles conquêtes par EI (Etat islamique), mais ne le feront pas reculer. Y avait-il autre chose à faire ? Il aurait fallu de pas envahir l'Irak en 2003, forcer Maliki à s'ouvrir aux sunnites en 2011, ne pas empêcher Assad de négocier en 2013... Aujourd'hui on ne peut que limiter la casse... Les Emirats arabes unis mettent à l'honneur une pilote femme sunnite qui va bombarder EI : l'Islam tel que vous en rêvez.

 

Je crois que les USA vont tenir parole et n'attaqueront pas l'armée d'Assad du côté irakien au passage. La mise en garde que Poutine leur a adressée la semaine dernière était claire (l'Iran a fait de même), et l'Oncle Sam n'a pas intérêt à se mettre "en plus" les chiites à dos. Vous avez vu ? Même la prise de Sanaa (au Yémen) par les chiites houtis n'ont pas trop ému Barack Obama qui, officiellement, soutient le processus de leur intégration dans le gouvernement yéménite... même s'ils continuent de crier "à bas les USA !" Entre eux et Al Qaida ou EI...

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Soueida

23 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Les Etats-Unis frappent en Syrie sans l'autorisation du gouvernement de Damas (comme ils le firent au Cambodge pendant la guerre du Vietnam).

 

Malgré les horreurs de la guerre civile de petits miracles se passent dans ce pays.  A Soueida dans le Sud on vient de déterrer l'entrée du temple de Baalshamin, seigneur du Ciel des Phéniciens. Le même qu'à Palmyre en plus petit probablement. Un monument qui remonte à Hérode l'Iduméen... Rêvons un peu...

 

Il paraît que le mithraïsme a fait de Baalshamin la projection de Mithra sur Terre... Au fait, vous saviez vous qu'il existe un "néo-mithraïsme" ? Mithra portait déjà en son temps le bonnet phrygien des Républicains contemporains... Il a un temple du côté d'Angers...

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Journées du Patrimoine

21 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

forumRien de palpitant dans ces journées du Patrimoine. Visité un site gallo-romain aujourd'hui. La guide présentait les travaux de fouilles sur un ancien temple. Au lieu d'en profiter pour expliquer aux visiteurs les cérémonies religieuses romaines, elle se perd en détails sur les remblais et les traces de coups de truelle sur les tuiles. Bref elle expose sur le sujet ce qu'elle aurait pu dire sur n'importe quel autre monument d'une toute autre époque.

 

Ce soir sur Arte documentaire sur Sainte Sophie à Istanbul.On y détaille en long en large et en travers les données sismographiques sur la résistance des murs et des colloques. Rien sur les sacres des empereurs byzantins et tous les événements formidables qui ont pu marquer l'histoire de cette cathédrale-mosquée, ni sur sa place dans l'imaginaire de Constantinople.

 

L'imaginaire, les cultes, tout cela n'intéresse plus personne. Fétichisme de la technologie. "La machine qui fait bing" des Monthy Python : comment ça a été construit, est-ce que ça va encore tenir debout ? Voilà les seules questions qui intéressent. La communion avec les peuples du passé, ils s'en tamponnent.

 

Mon temple était quand même à l'origine aussi haut que la voûte de l'arc de triomphe, et 6 de plus que la maison carrée de Nîmes. Pourtant nos pauvres archéologues ignorent à quel dieu il était dédié et attendent avec impatience les résultats des fouilles d'un puits voisin pour trouver une inscription éclairante... 23 mètres, comme disait Sarkozy naguère à propos des réélections de Berlusconi : "Ca force le respect !"

 

 

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Dans le terne...

21 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

100 0344Contre l'action en Irak, on peut dire, comme je l'ai fait sur le blog de l'Atlas alternatif, qu'elle sera contreproductive, et qu'il aurait été plus malin 1) d'inciter le gouvernement irakien à se concilier les sunnites (notamment les ex-baassistes), 2) de laisser le gouvernement syrien intégrer une opposition "modérée" à son régime dans le cadre des négociations de Genève, pour isoler EI, plutôt que d'intervenir militairement, ce qui va renforcer les extrémistes. Mais bon, de toute façon, il n'y a plus de "bonnes solutions" possibles en Irak. Et puis dans ce cas, comme dans celui du Mali ou de la Libye (si nous devons encore y intervenir comme le suggère M. Le Drian), on n'est plus tout à fait dans le même schéma qu'en 1999 sur la Yougoslavie ou en 2003 dans l'attaque contre Saddam Hussein puisqu'il s'agit d'ingérences à la demande des gouvernements légaux, ou bénéficiant plus ou moins d'une présomption de légalité (donc sans violation de la charte de l'ONU).

 

Je ne suis pas sûr que, comme je l'entends souvent à gauche de la gauche, il "suffirait de lâcher/ou faire pression sur l'Arabie Saoudite" pour rétablir l'ordre au Proche-Orient, parce qu'il n'est pas certain que nous ayons des moyens de pression réels sur cet Etat.

 

Au niveau des relations internationales, le système est aussi vicié qu'en matière de politique économique, et l'on ne peut donc que réfléchir sans enthousiasme à des politiques du "moindre mal", en regrettant que les grands principes n'aient pas été mieux respectés il y a dix ou quinze ans (ce qui nous aurait évité d'être aujourd'hui à ce point dans une nuit où toutes les vaches sont grises). C'est probablement ce que j'écrirai dans ma nouvelle version de la conclusion de mon livre sur 15 ans de militantisme politique.

 

Voilà pourquoi, à tout prendre, à part livrer quelques éléments de connaissance factuels (toujours utiles pour la lucidité de nos jugements) sur le blog de l'Atlas alternatif, je préfère aujourd'hui, sur ce blog, vous parler plutôt de cinéma...

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Pane, amore, e...

18 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma

On se méfie souvent de la Provence et des Provençaux et l'on a bien raison... Cette terre recèle toutes les formes de fascisme des plus délicates aux plus massives.

 

Je préfère la Provence des Italiens, le Mezzogiorno, surtout telle que la filme Dino Risi dans "Pain, Amour, Ainsi soit-il" en 1955, à Sorrente. La version française a la très bonne idée de doubler avec l'accent marseillais toutes les répliques.

 

On y retrouve ce plaisir de la narration légère que j'évoque souvent à propos des contes de la Renaissance. C'est de l'humour fluide, sans effort, qui coule de source, affectueux pour ses personnages (l'affection a disparu des comédies françaises contemporaines, au profit de l'affectation...). C'est l'humanité dans sa simplicité, pas vraiment à son avantage, mais jamais condamnable. Sophia Lauren, qui va fêter ses 80 ans dans deux jours (comme Brigitte Bardot le fera dans dix jours et ma mère l'a fait il y a un mois) porte un charme populaire sans artifice (que l'accent du Sud en français ne gâte pas). Onfray trouverait sans doute cela "dionysiaque". Discrètement dionysiaque, comme la villa des Mystères à Pompéï.

 

Du dionysisme rural amoral mais sans projet subversif... Vu de notre XXIe siècle hypocrite, cynique, et obsédé par le profit (y compris le profit sexuel, sans l'innocente poésie enfantine des amourettes d'antan), cela ressemblerait presque à un petit Eden perdu...

 

 

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Péril rouge

18 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Divers histoire

Il est très étonnant de voir combien en 1968-69 les gens de droite étaient persuadés que le communisme risquait de l'emporter dans le monde (remarquez j'ai constaté cela aussi en 1982). Je me souviens des images d'archives d'Edgar Faure tentant de justifier à l'assemblée nationale la constitution de l'université de Vincennes et disant aux gaullistes "certains d'entre vous pensent que le communisme va conquérir la génération qui vient - si c'est le cas ni vous ni moi n'y pouvons rien".

 

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Dans le journal de Paul Morand du 1er septembre 1969 je lis à propos de la prise du pouvoir par Kadhafi en Libye : "Révolution en Libye. Cela va faire, tôt ou tard, sauter la Tunisie et les communistes arriveront à Tanger. Faire sauter l'Espagne ne semble qu'un jeu. La flotte russe d'une Méditerranée russe appuiera. "Nous viendrons à bout de l'Occident par l'Orient" (Lénine)" "

 

Et dire que Morand a été diplomate ! Cette analyse ressemble aux propos d'un chauffeur de taxi...

 

Aujourd'hui, à part quelques exaltés d'extrême droite, personne ne fait sur les djihadistes les pronostics que les conservateurs d'il y a 40 ou 50 faisaient sur les communistes, c'est déjà un progrès. L'ennemi est ramené à une plus juste proportion.

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Féminisation des Grands corps

18 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

juillet-2006-043.jpgJe suivais cet après midi une formation juridique assurée par une membre du Conseil d’Etat. Quadra, jolie minois, plus grande que moi (peut-être grâce aux talons), elle a commencé son exposé en disant qu’elle devait se  libérer pour 16 h 45 « pour assister à une réunion de parents d’élèves dans un collège ». Elle a ajouté qu’elle se plaindrait auprès des organisateurs mis en place cette formation « en période de rentrée scolaire ». Comme son public était essentiellement féminin, on a senti monter une grande satisfaction collective, expression d’une solidarité de « genre » bourrée d’oestrogènes. Je n’aurais pas imaginé ce genre de scène avec les maîtres des requêtes du Conseil d’Etat hommes d’il y a vingt ans.

A part cela, la fille était du même narcissisme que ses collègues du Conseil d’Etat masculins. Mais d’un narcissisme plus démocratique, plus plébéien, avec force incorrections langagières comme les relevait naguère Renaud Camus contre France Culture (notamment le refus de faire les liaisons après l’expression « c’est » "c'est hintéressant"). Une coquetterie : elle faisait son autocritique sur certains arrêts, mais en montrant si ostensiblement qu’elle se critiquait que ça ne pouvait pas ne pas sembler coquet. Une inélégance : des tics au coin de sa lèvre très souvent.

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Nouvelle interview de Frédéric Delorca sur BBC Afrique

16 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

ukrainePour ceux que cela intéresse j'ai été à nouveau interviewé sur BBC Afrique, cette fois ci sur la loi d'autonomie du Donbass, cela sera diffusé demain ici (édition des infos du matin en version audio).

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The tide is high

12 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma

Cécile Duflot l'a dit assez intelligemment à l'émission de Laurent Ruquier il y a huit où quinze jours lorsqu'elle y présentait son livre anti-Hollande : la politique c'est une dynamique, disait-elle en substance, ça ne s'arrête jamais, ça penche dans, un sens, dans l'autre. On se place à un endroit, ça bouge dans un sens, on se place à un autre, ça bouge dans l'autre, ce n'est jamais stabilisé (une image que synthétise bien ce petit passage du Muppets show...)

 

 

Voyez l'Ukraine. Il y a eu la Révolution orange très pro-occidentale, un basculement "centriste" (pas si pro-russe que ça) avec Youkanovitch, puis l'Euromaïdan fascisant, la belle réaction du Donbass (même s'ils ont leurs fachos aussi), et puis aujourd'hui ce journaliste du Guardian qui écrit en substance "you ain't see nothing yet", parce que les néo-nazis qui ont été vaincus dans le Donbass veulent faire payer l'ardoise à Porochenko, et que cela selon lui pourrait conduire au coup d'Etat (le second) à Kiev... Là non plus ça ne s'arrête jamais. Une fois que la boite de Pandore du néo-nazisme est ouverte on ne sait pas où cela va.

 

En Irak, on a ouvert la boite de Pandore d'Al Qaida en dégommant Saddam, on se retrouve avec EEIL. Hollande joue les gros bras, se vante d'avoir dégommé le chef des Shebab (un peu trop bruyamment, on dirait qu'il veut des attentats sur son sol) et semble content de se pavaner à Bagdad au soutien d'Obama, mais comme dit Villepin dans Le Monde aujourd'hui "on a l'air malins avec notre quinzaine de foyers djihadistes aux quatre coins du monde musulman" (c'est en substance son message, je crois) et on se demande bien quelle nouvelle catastrophe nous prépare la spirale de l'ingérence (au fait, vous y croyez vous à l'ouverture d'une ambassade de l'Azawad aux Pays Bas ? Les Maliens en ont l'air convaincus...).

 

Chacun vit cela aussi dans sa vie personnelle évidemment. Je peux vous citer des tas de gens qui ont été enthousiasmés de me rencontrer au premier semestre et qui, aujourd'hui, m'accablent de leur mépris (ça c'est un mécanisme psychologique assez connu surtout chez la gent féminine surtout quand on publie des livres : "oh, vous publiez des livres, vous êtes écrivains comme c'est intéressant, ça fait plaisir de parler avec quelqu'un de subtil !", l'égo de la personne est flatté de dialoguer avec vous, se gonfle, se gonfle, et ça finit par "ha ha, quel écrivain de pacotille et humainement sans intérêt j'ai croisé sur mon chemin !", le processus est plus ou moins rapide mais fréquent, et très banal). Cette inconstance humaine rend notre espèce intéressante, mais aussi très fatigante à la longue, et finalement assez minable, de mon point de vue.

 

Heureusement le citoyen, peut suivre la politique nationale et internationale comme un téléfilm en se disant que les épisodes suivants ne seront pas nécessairement aussi noirs que le prédisent les Cassandre, et suivre aussi sa propre vie comme un  film en se distrayant dans la lecture d'un livre, le zapping sur les réseaux sociaux, n'importe quel hobby.

 

En parlant de film, je regarde "Au hasard Balthazar" de Bresson en écrivant ce billet. Pourquoi diable en minute 21'45 y a t il une voiture immatriculée dans mon coin de France paumé, le Béarn ? La voiture est immatriculée MQ, celle de mes parents pendant mon enfance était JQ, un peu plus ancienne donc. Tourner avec un baudet des Pyrénées, était-ce raisonnable ? Oui, le film se passe entre Béarn et Pays Basque. La convocation en minute 35"46 est à la brigade de police de Mauléon.

 

 

A part cela, je dois l'admettre, l'esthétique du film ne me convainc pas trop, même si l'idée de mettre en scène un animal "biblique" comme dit Bresson n'est pas mauvaise, de même d'ailleurs que l'idée de produire des énoncés sur un ton monocorde. Marrant comme la curauté fascinait les années 60, époque où on n'a jamais autant commenté Sade. Cela dit à la minute 1H09 il y a une bonne scène où le langage de la douceur se retourne en langage de la méchanceté, cela rejoint bien l'idée de "dynamique qui ne s'arrête jamais". "La vie n'est qu'un champ de foire, un marché où la parole n'est même pas nécessaire" dit le paysan dans le film.

 

En parlant de foire, voyez la phrase de Michel Onfray à propos de l'ex-maîtresse de François Hollande, "quelqu'un qui se venge, qui est jaloux, qui est méchant dont on connaît le trajet de Rastignac. Ce n'est pas une oie blanche, on sait que la libido lui a beaucoup servi dans son trajet". C'est quand même plus réaliste que le brûlot de cette Mme Bourcier de Lille 3 non ? Chaque affaire de moeurs de nos politiques, tous les ans, est prétexte à polémique théatrale entre féministes, amoureux de l'amour, rigoristes, que sais-je encore. Une fois ce sont les excès de M. Strauss-Kahn, une autre les rancoeurs d'une ex-concubine du président...

 

Pour finir une petite interview de Bresson :

 

 

 

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La chasse aux BRICS

11 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

dollarJe vous invite à regarder sur le blog de l'Atlas alternatif les opérations de déstabilisation du "soft power" occidental contre Jacob Zuma en Afrique du Sud (via la titulaire du poste de Médiatrice), et contre Dilma Rousseff au Brésil (avec la candidature aux élections du 5 octobre de Marina Silva soutenue par le WWF et le groupe Rothschild, c'est-à-dire la monarchie britannique et la City... c'est à se demander si l'accident mortel du candidat qu'elle remplace cet été était si "accidentel" que cela...).

 

Il semblerait que la nouvelle banque des BRICS qui prête des milliards à l'Argentine et veut évincer le dollar fait vraiment peur... Tout est fait pour casser les BRICS !

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Une ex-ministre

7 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Mme Filipetti à la Une de l'Huma dimanche. La grande presse de centre-gauche, pour sa part, fait des portraits croisés : Mme Filipetti la normalienne chiante qui cite Aragon et reste fidèle à la gauche, Mme Fleur Bidule, son successeur, ENA-ESSEC, social-libérale, dialoguant avec des rapeurs à la TV, branchée, moderne.

 

Retrouvé dans mes archives un lien URL

http://www.primo-europe.org/showdocs.php?rub=11.php&numdoc=Do-718022906 où Mme Filipetti était verte tendance "Mamère" (il y a 10 ans) et tentait de diviser la résistance à la guerre à l'Irak et à la colonisation des territoires palestiniens en appelant les Palestiniens "modérés" à se dissocier des "radicaux" dans les manifestations. Dommage, le lien ne fonctionne plus.


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