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Le blog de Frédéric Delorca

Le malaise du Biafra et la guerre de religion au Nigéria

29 Janvier 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

L'apôtre John Suleiman appelle les chrétiens à l'auto-défense armée face à Boko Haram. Les services de sécurité fédéraux l'ont convoqué hier. Un leader spirituel musulman, le sultan de Sokoto avait demandé son arrestation. D'autres prédicateurs chrétiens avaient pourtant eux-aussi tenu le même genre de discours que John Suleiman. Il est vrai que ce Suleiman va peut-être un peu plus loin que les autres. En 2016, quand des villageois chrétiens de l'Etat de Kaduna ont été massacrés par les éleveurs peuls musulmans (fulani), John Suleiman avait prophétisé que le gouverneur Nasir El-Rufai mourrait sous quatre jours.

Le journal biafrais Biafra Telegraph s'indigne de l'impunité des fondamentalistes musulmans au Nigeria, et du refus du premier ministre britannique de s'engager pour les chrétiens persécutés dans ce pays, tandis que les militants du mouvement indépendantiste Peuple indigène du Boafra (IPOB) dont 20 membres furent tués le 20 janvier lors de leur manifestation pro-Trump sont inculpés de complot contre l'Etat devant une cour de Port Harcourt (le grand port pétrolier du Sud-Est); Leur procès a été ajourné jusqu'à demain. Ils sont 38.

Le leader de l'IPOB et directeur de Radio Biafra Mazi Nnamdi Kanu reste emprisonné et encourt la prison à perpétuité. Des médias britanniques ont affirmé que les journalistes étrangers ont été interdit d'accès à son procès qui a eu lieu début janvier devant la cour fédérale d'Abuja. Le Gatestone institute (un think mainstream) avait tenté d'attirer l'attention l'an dernier sur le Biafra, et vanté l'action d'Amnesty International qui serait, selon cet instut, la seule ONG à s'intéresser à la répression anti-biafraise (notamment à l'assassinat de manifestants d l'IPOB en mai 2016 et les arrestations et tortures éxtrajudiciaires).

Conscient de la montée des revendications biafraises, l'ex-président nigérian Obasanjo a reconnu que les Igbos (l'ethnie du Biafra) devraient pouvoir accéder à la présidence du pays en 2019, mais en même temps a soutenu pour cette date la candidature de leur principal ennemi, l'actuel président Muhammadu Buhari. Celui-ci, sympathisant de la charia, n'a cessé depuis deux ans de discriminer les Igbos dans les nominations à la tête de l'Etat comme dans les investissements publics. Une discrimination qui ne fait que favoriser l'indépendantisme.

L'instabilité générale du pays plaide aussi dans ce sens. Certaines régions du Nigéria sont au bord du chaos en ce moment sous l'empire de l'extrémisme des fondamentalistes musulmans. A Kano, au nord du pays, une femme kamikaze qui  portait un bébé sur son dos s'est fait exploser le 13 janvier. Dans cette ville les meurtriers de la commerçante chrétienne igbo (originaire donc du Biafra) Bridget Agbahime, 72 ans (à qui des jeunes musulmans avaient coupé la tête à cette femme de pasteur parce qu'elle avait demandé à un d'entre eux de faire ses ablutions loin de son commerce) ont été libérés...

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Justice ou injustice : des Kurdes au Botswana...

29 Janvier 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Grundlegung zur Metaphysik, #Le monde autour de nous, #La gauche, #Peuples d'Europe et UE

Justice divine, justice terrestre... Moi qui travaille beaucoup sur l'histoire des religions en ce moment, je ne peux manquer de m'interroger sur l'articulation entre les deux. Prenez les Kurdes : du point de vue terrestre leurs cause paraît juste, et d'autant plus depuis qu'ils remportent de belles victoires militaires contre Daech. Pourtant bien des éléments les condamne au regard des textes sacrés. Leurs sites sur Internet à la gloire de Marx ont des liens avec des sites pornos (si si, j'ai vu ça il y a huit jours !). L'activiste Nurcan Baysal (dont on a déjà parlé ici) écrivait la semaine dernière sur le site T24 un billet contre l'atteinte au patrimoine historique de la capitale du Kurdistan turc Dyarbekir / Amed que représenterait le projet d'Erdogan de réaménager la ville à la mode ottomane. L'article défend les statues assyriennes de lions à tête humaine, tout comme beaucoup de sites kurdes irakiens prônent le retour au zoroastrisme. Voilà qui place Erdogan dans le sillage abrahamique et les Kurdes dans le camp de l'idolâtrie... Tout comme la promesse de Mélenchon d'inscrire le droit à l'avortement dans la constitution ne doit pas le placer très haut dans l'échelle de la justice divine, c'est le moins qu'on puisse dire, même si sa défense des pauvres le situe haut dans la justice terrestre... Cela me rappelle les mots de Claudel qui reconnaissait dans son journal que les bolchéviques malgré leurs horreurs anti-chrétiennes avaient au moins rêglé son compte au démon de l'argent comme le catholicisme n'avait jamais pu le faire...

Notez que, du point de vue de la seule justice terrestre elle-même, on peine aussi à faire la part du bon et du mauvais. Prenez la cause sahraouie. Le Maroc qui a quitté l'Union africaine (ou son ancêtre) en 1984 à cause de cette question postule à une réintégration malgré l'hostilité de l'Algérie et de l'Afrique du Sud. Est-ce une cause juste ? Presque tous les Marocains pensent de bonne foi que les Sahraouis ne sont pas un peuple, comme les Israéliens considèrent que les Palestiniens n'en sont pas un. Qu'est-ce qu'un peuple ? Les Californiens allergiques à Trump prétendent de plus en plus en être un et l'on parle de sécession à San Francisco. Le patron de Facebook qui a exproprié des indigènes d'Hawaï avait l'air de ne pas considérés les pactes ancestraux qui régissaient leurs terres comme émanant d'un "peuple" sujet de droit...

Question complexe que celle du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Bertrand Russell dans un livre d'histoire des idées, rappelait que Wilson n'avait pas été jusqu'à le reconnaître aux habitants d'un quartier qui prétendaient faire sécession de leur pays pour ne plus y payer d'impôts... Cette semaine le Petit Quotidien, journal pour les enfants, bourre le crâne de nos chères petites têtes blondes en faisant sa "une" sur une info de la plus haute importance "un cerf mange du maïs dans une forêt au Kosovo". Le seul but de l'info apparemment est d'apprendre aux enfants où se trouve le Kosovo et leur faire croire que c'est bien un Etat. Promis si vous m'élisez président un jour j'obligerai le Petit Quotidien à faire se "Une" sur les belettes de Transnistrie...

En parlant de Transnistrie, avez-vous vu que le nouveau président socialiste moldave dont on a déjà parlé dans ces pages, en visite à Moscou cette semaine, laisse entendre qu'il pourrait dénoncer le traité d'association avec l'Union européenne en 2018 après les élections législatives ? La Moldavie regarde vers l'Est, Trump dénonce le traité trans-pacifique et soutient le Brexit, le Kenya s'apprête à emboiter le pas de la Gambie, du Burundi et de l'Afrique du Sud dans le retrait de la cour pénale internationale (CPI). Les institutions transnationales pro-occidentales ont du plomb dans l'aile. Même si Soros arrivait à renverser Trump ou Poutine il n'est pas sûr que cela suffirait à inverser la tendance.

Bien sûr ce n'est pas parce que l'on dynamite ces bureaucraties ou ces clubs inféodés à l'oligarchie que le monde ira mieux. La manie des murs des populistes au pouvoir à Washington et à Budapest n'annonce pas forcément des lendemains meilleurs pour l'humanité, bien au contraire. Mais on ne sait plus à quelle info se fier pour l'évaluation des bienfaits des politiques publiques. Un institut privé cette semaine publie un palmarès de la corruption et prétend que les régimes populistes nationalistes sont plus atteints par ce fléau que les pays sous contrôle des organismes internationaux. Elle explique qu'en Afrique le pays le plus vertueux est le Botswana... Comme par hasard c'est "l'élève" le plus pro-occidental du continent avec le Sénégal (notamment sur la question de la coopération internationale). Pour savoir si le Botswana est vraiment très intègre et si les régimes "populistes" ne le sont pas, il faudrait peut-être savoir si Soros (ou un de ses semblables) a financé ce palmarès. Mais même si le palmarès est acheté (donc corrompu) est-il faux pour autant ? De même un régime réputé corrompu comme celui de la Biélorussie (dont les syndicats étaient en visite à Cuba cette semaine) est-il nécessairement injuste alors qu'il maintient, par exemple, des niveaux de loyer très bas pour les pauvres ?

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Emmanuel Berl et le Béarn

26 Janvier 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités, #Béarn, #Grundlegung zur Metaphysik

C'est un phénomène très étrange : le Béarn est une province française insignifiante et éloignée de tout, et cependant il s'y est passé à divers moment des phénomènes littéraires, politiques et métaphysiques intéressants. Souvent ils furent le fait de personnalités de passage plus que de natifs.

J'ai abondamment parlé sur ce blog de ce phénomène étrange qu'y fut la réforme protestante d'où est né cet apport indéniable quoiqu'ambigu au système politique et social français que fut la royauté d'Henri IV. Mais il y a plus : ont respiré l'air du Béarn Saint John-Perse, ou encore une grande mystique catholique de la fin du XIXe siècle récemment canonisée originaire du Liban, et le cinéaste Robert Bresson, auteur d'un magnifique film sur Jeanne d'Arc qui y tourna "Au hasard Balthazar", ou le chanteur populaire Daniel Balavoine qui fait encore parler de lui à travers les médiums. Le philosophe marxiste Henri Lefebvre y organisait des retraites intellectuelles avec ses pairs où l'on planifiait le soutien au Nicaragua. Agatha Christie et Sommerset Maugham y ont écrit. Ce sont des choses que les Béarnais eux-mêmes ne savent pas, des canards boiteux comme la République des Pyrénées se gardant bien de le leur apprendre.

Lors de mon dernier séjour là-bas je m'émerveillais encore de ce fait météorologique étrange caractéristique de la région : les Pyrénées y apparaissent ou disparaissent d'un jour sur l'autre suivant que le temps va virer à la pluie ou pas. A ma grande surprise, en regardant l'interview d'Emmanuel Berl devant la caméra de Boutang en 1971 diffusé par une chaîne de télévision ce soir, j'entends Berl citer ce phénomène (*), et évoquer le temps où, juste après la première guerre mondiale, il fréquentait à Pau Francis Jammes et Drieu La Rochelle. J'aurai dû attendre mes 46 ans pour apprendre que Berl avait vécu dans ma région natale.

J'ai toujours éprouvé de la sympathie pour Berl malgré son parcours erratique qui fit de lui à un moment la plume de Pétain. Bien sûr ce n'est pas l'aspect du personnage que je préfère. J'aime mieux évidemment le collaborateur de la revue Europe (la revue de Romain Rolland) qu'il fut auparavant. Il était le cerveau du parti radical socialiste, et un vrai dilettante, une "nature passive" dit-il dans son interview en se référant aux catégories de Sartre dans son livre sur Flaubert, comme je le suis aussi à bien des égards. Je pense que j'éprouve une attirance instinctive pour sa génération d'écrivains qui fut broyée par la guerre et en conçut une mélancolie incurable, plus que pour la génération d'enfants gâtés des 30 glorieuses façon Philippe Sollers qui a transformé la France en parc zoologique d'électeurs d'Hollande et Macron.

En lisant "Europe" en 2014 j'avais relevé qu'il citait Epaminondas au moment où cette référence pythagoricienne croisait mon chemin d'une manière inattendue. "Il y aura beaucoup d'Epaminondas" aurait dit Apollonios de Tyane à propos de l'Aquitaine romaine où se préparait une insurrection contre Néron. J'ignore si l'anecdote est authentique, et, à part Joseph Bonaparte dont l'acolyte en Provence se surnommait Epaminondas, je pense que Berl fut le seul à se soucier de ce héros thébain... Mais Berl a souvent eu un regard juste sur les sujets vraiment importants. Et il l'a eu sur les Pyrénées béarnaises... Il mérite encore sans aucun doute d'être lu...

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Il l'avait fait dans "Sylvia" paru dans "La Nouvelle revue française" de Gallimard en 1953 :

" Le Béarn favorise les confusions du réel et de l'imaginaire ; les Pyrénées surgissent ou s'effacent selon les sautes du vent, tantôt si proches qu'elle font corps, indissolublement avec le paysage, tantôt si bien cachées qu'on n'ose plus parler d'elles aux touristes ; soi-même, on les oublie, jusqu'à ce qu'elles reviennent, véhémentes, vous reprocher votre manque de foi."

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Les stats des fans de la page "TV Atlas alternatif" sur Facebook

22 Janvier 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Atlas alternatif

La page vient de passer le cap des mille fans. Une occasion de faire le bilan des provenances et du profil sociologique.

Femmes 45 % - Hommes 55 %

 

Pays

Vos fans
Algérie
941
France
19
États-Unis
4
Brésil
3
Maroc
3
Royaume-Uni
3
Suisse
2
Arabie Saoudite
2
Allemagne
2
Belgique
2
Ville
Vos fans
Alger, Wilaya d'Alger, Algérie
292
Oran, Wilaya d'Oran, Algérie
65
Sétif, Wilaya de Sétif, Algérie
42
Annaba, Wilaya d'Annaba, Algérie
37
Constantine, Wilaya de Constantine, Algérie
31
Batna, Wilaya de Batna, Algérie
28
Blida, Wilaya de Blida, Algérie
26
Béjaïa, Wilaya de Béjaïa, Algérie
26
Tizi Ouzou, Wilaya de Tizi Ouzou, Algérie
22
Tlemcen, Wilaya de Tlemcen, Algérie
19
Langue
Vos fans
Français (France)
797
Arabe
167
Anglais (US)
10
Français (Canada)
8
Anglais (UK)
4
Allemand
2
Portugais (Brésil)
2
Afrikaans
1
Espagnol (Espagne)
1
Espagnol
1

 

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Réunion-débat avec Nils Andersson le 31.1.

18 Janvier 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Conférences vidéos de résistants, #Débats chez les "résistants", #Colonialisme-impérialisme

Une info utile pour nos lecteurs parisiens concernant le livre dont j'ai fait la recension ici :

Mardi 31 janvier : réunion-débat avec Nils Andersson

 
A l'occasion de la parution récente de son livre "Mémoire éclatée : de la décolonisation au déclin de l'Occident" (Ed. d'en bas),
la Librairie Le Point du Jour vous invite à une rencontre avec Nils Andersson
 
mardi 31 janvier, 19h30
Cinéma La Clef
34 rue Daubenton, Paris 5e
(métro L7 Censier-Daubenton, bus 47 ou 27)
 
Dans ce témoignage exceptionnel, Nils Andersson évoque plus de soixante ans d'un parcours culturel et politique engagé : il fut éditeur militant en Suisse de publications anticolonialistes et marxistes-léninistes ; il a soutenu le peuple algérien dans sa lutte pour l'indépendance ainsi que les militants des réseaux d'aide au FLN et les insoumis ; il a travaillé en Albanie socialiste de 1967 à 1972 ; solidaire des luttes de libération, il est encore aujourd'hui dans l'action concrète contre les interventions militaires occidentales...
 
Nous écouterons Nils Andersson nous faire partager cet engagement en conscience et obstiné, et nous débattrons avec lui sur le sens de ses combats - qui furent et sont encore les nôtres - pour comprendre non seulement l'histoire passée, mais aussi les luttes nécessaires du présent.
 
Parmi les sujets que nous pourrons discuter : Quel rôle pour le livre dans les batailles idéologiques et politiques ? Que retenir des mouvements anticoloniaux et que reste-t-il de l'anticolonialisme ? Quel lien entre les luttes de libération et les luttes de classe dans les métropoles ? L'internationalisme est-il toujours d'actualité ? L'importance des mouvements anti-guerre pour dénoncer et combattre les agressions militaires, y compris celles sous couvert du "droit d'ingérence humanitaire" ou de la "lutte contre le terrorisme" ? Quelles leçons tirer de l'expérience des pays socialistes, de celle de l'Albanie en particulier ?
 
Soirée animée par Patrick Bobulesco (LPJ) et deux grands amis de Nils Andersson : Daniel Blondet (militant anti-impérialiste) et Christian Pierrel (porte-parole du PCOF).
 
Venez nombreux (entrée libre).
 
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