Les députées allemandes Heike Hänsel et Sevim Dagdelen, vice-présidentes du groupe parlementaire DIE LINKE au Parlement allemand, ont rendu visite aujourd’hui à Julian Assange, éditeur et fondateur de WikiLeaks à Londres. Voici leur déclaration à la sortie de l’ambassade.
Chers représentants des médias,
1. Tout d’abord, nous tenons à remercier l’Ambassade de l’Equateur d’avoir rendu cette rencontre possible, et bien sûr Julian Assange pour avoir accepté une visite dans ces conditions difficiles.
2. Nous avons transmis à Julian Assange les salutations de solidarité du Parti Die Linke et la solidarité des nombreux Allemands. Les gens en Allemagne et dans le monde entier sont redevables à M. Assange. Il contribué à mettre en lumière les crimes de guerre en Irak et en Afghanistan, et les activités illégales des services secrets, en particulier de la CIA. Il a nous a ouvert les yeux sur le caractère sale et sanglant de ces guerres et sur la façon dont nous avons été trompés par nos gouvernements. Il mérite notre la solidarité.
3. Julian Assange a été très heureux de notre visite. Il s’agit de la première visite de Membres depuis mars après des mois de suspension [des visites par les autorités équatoriennes - NdT]. Nous aimerions beaucoup que davantage de collègues d’autres pays viennent à Londres pour oeuvrer à une solution humanitaire à cette situation. En tant que parlementaires, nous devrions demander à nos gouvernements d’agir. Malheureusement, le gouvernement allemand n’a jusqu’à présent rien fait pour trouver une solution. Nous avons exprimé nos regrets à Julian Assange.
En outre, nous appelons nos collègues députés du Royaume-Uni et de toute l’Europe à œuvrer en faveur d’une solution humanitaire.
4. La lutte pour la fin de l’emprisonnement de Julian Assange est en même temps une lutte contre la tentative du gouvernement américain et des autorités judiciaires de mettre la main sur un journaliste en Europe qui a publié en Europe. Nous nous opposons à cette persécution politique extraterritoriale au-delà des frontières internationales. Nous ne pouvons accepter que les États-Unis appliquent leurs lois contre les lanceurs d’alerte en Europe également.
5. Nous sommes très heureux que Julian Assange soit toujours optimiste et avec bon moral, malgré une situation aussi difficile depuis plus de six ans. Nous convenons que les gouvernements britannique et équatorien peuvent trouver une solution et fournir des assurances diplomatiques contre l’extradition vers les États-Unis.
Si les autorités équatoriennes mettent fin à l’asile de l’ambassade, Julian Assange pourrait être arrêté au Royaume-Uni et extradé vers les États-Unis, où il risque une longue peine de prison ou même la peine capitale.
Si une personne doit être extradée vers un pays où elle risque la mort en raison de ses activités politiques, il suffit sans aucun doute, en droit international, de lui accorder le statut de réfugié. L’article 33 de la Convention de Genève interdit expressément aux États signataires d’expulser ou de refouler un réfugié par-delà les frontières des territoires "où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de ses convictions politiques".
Nous tenons donc à remercier le gouvernement équatorien d’avoir accordé l’asile politique à Julian Assange dans son ambassade en 2012 pour défendre la liberté d’expression et la liberté de la presse. Nous espérons que le nouveau gouvernement du président Lenín Moreno continuera d’assurer la santé et la sécurité de Julian Assange dans l’ambassade.
Mesdames et messieurs,
6. Julian Assange et Wikileaks sont entrés dans l’histoire. Nous avons l’obligation morale de prévenir les crimes de guerre et de découvrir les crimes de guerre en informant. C’est ce que Assange et Wikileaks ont fait. Et pour cela, Assange mérite un prix, pas une persécution politique et un procès.
Nos prochaines initiatives dans cette affaire comprendront le renforcement de la solidarité internationale de parlementaires avec Julian Assange et donc avec la liberté de la presse. Parce qu’il ne s’agit pas de la personne d’Assange. Il s’agit du droit de publier des informations dans l’intérêt public. Il s’agit de notre démocratie.
Ainsi, 36 parlementaires d’une douzaine de pays européens ont écrit au Secrétaire général de l’ONU António Guterres, au Premier ministre britannique Theresa May et au Président équatorien Lenín Moreno.
7. Nous demandons au ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, de montrer son soutien et de défendre la santé et la sécurité de Julian Assange. En révélant des documents secrets, Julian Assange a rendu publics les crimes commis par l’armée américaine pendant la guerre en Irak, dont le gouvernement fédéral alors dirigé par le SPD et dirigé par le chancelier Gerhard Schröder avait également pris ses distances.
Merci beaucoup de votre attention.
Londres, le 20 décembre 2018
Heike Hänsel et Sevim Dagdelen