La manif anti-ingérence d'Antioche, le devoir d'information et la gauche
La gauche de la gauche en France n'aime pas la dictature syrienne. Pensez par exemple au député de Seine-Saint-Denis François Asensi qui dès 2011 demandait à la France de rompre les relations diplomatiques avec Bachar El-Assad. On la comprend. Elle estime, non sans raison, que les peuples de langue arabe méritent mieux que des dictatures. Il y a des exceptions : certains communistes "old school" par exemple, qui se rappellent que la Syrie baassiste avait quand même quelque chose de non-aligné et de pro-Palestinien (au moins par intermittence), et surtout qui se disent qu'entre le baassisme (éventuellement un peu "démocratisé") et l'éclatement du pays (façon Somalie) ou la guerre civile larvée ou ouverte (façon Irak) le choix devait plutôt pencher pour la première option. Les mêmes divisions se rencontrent un peu partout. Apparemment en Syrie aussi il y a des communistes bacharistes et d'autres anti.
Moi je n'ai pas d'opinion très tranchée sur la Syrie, si ce n'est que je suis résolument contre les ingérences occidentales. Je suis prêt à reconnaître face aux fanatiques du "regime change" que le bacharisme est réformable par des moyens plus "soft", et face aux amis du régime syrien que l'ASL n'est pas la bande de fous intégristes qu'ils prétendent (mais l'ASL pèse-t-elle encore ? ou est-elle déjà hors circuit face à Al-Nosra comme la LDK kosovare de Rugova l'était déjà au printemps 1999 face à l'UCK de Thaci ?).
Je regrette seulement que la position plutôt inconsistante des appareils politiques à gauche de la gauche soit aujourd'hui un obstacle à l'information des citoyens. Par exemple la position plutôt anti-Baas du Parti communiste français ne permet pas au lecteur moyen de l'Humanité ou de l'Humanité Dimanche de savoir que la gauche de la gauche turque (ou grecque, ou portugaise) est beaucoup plus radicalement anti-ingérence occidentale que le PCF. Et elle ne permet pas à ce lecteur de savoir, par exemple, qu'il y a eu une grande manifestation à Antioche dimanche dernier contre l'ingérence occidentale organisée par le PC turc, en collaboration avec le PC syrien. De même qu'elle ne permettait pas en 2012 à ses lecteurs "de base" de savoir que les dernières tribus kadhafistes étaient liquidées vraisemblablement à l'arme chimique à Syrte et à Bani Walid en Libye - une information qui aurait pourtant pu être utile au lecteur-citoyen, quoi que l'on pense, par ailleurs, du kadhafisme (d'autant que cette liquidation est loin de n'avoir fait que des victimes militaires).
Cela a pour inconvénient de faire peser sur de simples individus le devoir de "contre-information", ce qui est lourd à porter pour lesdits individus (je songe à ce site français d'information bachariste dont je n'approuvais pas le contenu, mais dont la fermeture pour cause de lassitude de son auteur me paraît très révélatrice des limites de ce type de diffusion d'info, alors qu'il était pourtant très lu), touche un public limité et prête à caution sur le plan de la fiabilité (car les initiatives individuelles peuvent facilement glisser vers le n'importe quoi).
Tout pourrait être très différent si la gauche de la gauche était plus pluraliste en son sein et moins intimidée par ceux qui la somment de s'aligner sur les dominants. Par exemple cette gauche de la gauche au lieu de chanter la louange d'Aung San Su Kyi, prix Nobel de la paix birmane, au seul motif que son père était un socialiste marxisant, aurait prêté un oreille attentive l'an dernier aux Rohingyas, minorité birmane cruellement massacrée par les extrémistes boudhistes dans l'indifférence générale des occidentaux (et d'Aung San Su Kyi), sans laisser l'Iran se faire leur principal avocat.
Toute notre culture collective serait très différente si la gauche de la gauche "officielle" (et ses médias) était plus pluraliste en son sein et plus capable de contrer les vérités officielles. Ainsi, au lieu de connaître par coeur le nom d'Ingrid Betancourt, une grande bourgeoise colombienne faite citoyenne d'honneur de la ville de Paris uniquement parce qu'elle fut prisonnière de la guérilla des FARC, peut-être les lecteurs de gauche connaîtraient-ils celui d'Anhar Kochneva, journaliste ukrainienne qui, après avoir été enlevée par la guérilla syrienne de l'ASL s'est héroïquement libérée elle-même (sans aucun soutien de chef d'Etat occidental). Anhar Kochneva était présente au meeting communiste d'Antioche. Je me suis demandé si cette journaliste avait des affinités avec la gauche de la gauche turque où, d'après le compte-rendu de l'Association pour la paix, elle jouit d'un immense capital émotionnel de sympathie. Les gens de gauche en France n'auront pas le loisir de se poser la question, car il est évident qu'elle ne sera jamais invitée à aucun meeting du Parti de gauche ou du PCF, lesquels pourtant communiaient sans réserve naguère au culte d'Ingrid Betancourt. Ainsi vont les choses...
La Défense selon les libéraux
L'ex ministre de la Défense de M. Sarkozy, député UMP de la Meuse Gérard Longuet l'a exposé aujourd'hui à Télématin sur France 2 avec la franchise brute qu'ont toujours les gens de son parti (alors que le PS sur ce sujet pense la même chose, mais suivant un mode d'expression plus confus) : certes la paix que nous avons faite avec l'Allemagne nous dispense d'avoir une armée pléthorique pour défendre notre territoire (je cite ses propos de mémoire, mais on peut facilemet les vérifier ici), oui mais voilà, il y a la globalisation. Dans le contexte de la globalisation nous faisons partie des cinq Etats qui peuvent intervenir hors de leurs frontières. En réalité 2 d'entre eux n'en ont ni les moyens ni la volonté (la Russie et la Chine) et pour les Etats-Unis c'est souvent compliqué, donc la capacité à intervenir militairement dans le monde repose de fait sur le Royaume-Uni et la France.
Comme on le voit il s'agit d'un produit, la force armée, reposant sur un savoir-faire spécifique lié à notre histoire : la capacité à aller tuer des gens pour ramener l'ordre ("l'ordre règne à Varsovie"). Nous sommes compétitifs là-dedans, comme nous le sommes sur la production de céréales et de camembert, donc il faut valoriser économiquement cette compétence. Dans le monde ricardien où chacun se spécialise dans ce qu'il fait le mieux pour optimiser la rationalité économique "globale", nous devons assumer le rôle du mercenaire, de celui qui va "casser du bougnoule" pour l'ordre global. Vu que les Russes et les Chinois ne le veulent pas (en fait c'est nous qui ne voulons pas qu'ils le fassent, parce que leur vision de l'ordre n'est pas la même que la nôtre, mais bon on évite de le présenter ainsi...), c'est à nous de le faire.
Notons que, dans ce dispositif, les vieux Républicains attachés à la souveraineté nationale et à la défense du territoire contre tout le monde y compris face aux Allemands (M. Bartolone va-t-il rejoindre ce camp ?) sont aujourd'hui les principaux obstacles à cette ambition libérale. Car ils imposent à l'Etat le coût de l'entretien des régiments frontaliers, que M. Longuet et ses amis préfèreraient consacrer à l'entretien de forces d'intervention en Afrique et en Asie, ou à la fabrication de jolis drones "made in France"...
Les convergences entre J. Attali et JL Mélenchon
J'écoutais il y a peu un débat entre M. Mélenchon et M. Attali à l'émission Des Paroles et des Actes. Comme toujours je suis à la fois admiratif devant le côté "sportif" des performances de M. Mélenchon à la TV, et agacé par le côté répétitif de certains thèmes depuis la présidentielle, par des approximations (il a affirmé qu'il était porte parole du Front de Gauche, j'avais cru pourtant que le PCF s'y était opposé, approximation grave si elle est avérée), par des contradictions aussi (la plus grave étant sur l'Union européenne).
J'ai pu constater que le "co-président" du Parti de Gauche était au fond d'accord avec M. Attali pour dire que le socialisme dans un seul pays ne marche pas (vieille antiene trotskyste), argument que M. Attali utilise pour exiger que toute politique soit pensée à l'échelle européenne et seulement à celle-ci, ce à quoi M Mélenchon ne s'opposait pas vraiment, ainsi que pour faire l'éloge des cultures maritimes (la fameuse invention de M. Mélenchon depuis 2012 sur l'avenir maritime de la France) - comme l'a dit M. Attali le monde appartient aux peuples qui ont des ports, manque de chance c'est là de la doxa libérale pur sucre : voyez le livre monumental du très libéral Matt Ridley "The rational optimist" pour qui "mer=commerce=libéralisme=progrès cognitif" contre "continent=Etats agraires= socialisme=barbarie".
Peut-être M. Mélenchon y réfléchira-t-il un jour. Pas trop tard j'espère.
Sur le plan politique en ce moment j'avoue m'attendre plus à une implosion de l'Union européenne (mais il se peut qu'elle ait lieu plus tard que prévu, et de façon qui nuise à la paix entre les peuples, faute pour nos dirigeants d'avoir planifié les choses en stratèges) qu'à une réorganisation de l'échiquier politique français. Selon toute vraisemblance le Front de gauche ne dépassera pas la Front national et n'attirera pas à lui la gauche du PS (il n'a même pas pu s'allier au POI ou au M'PEP), et ceux qui misent sur un effet Beppe Grillo (aujourd'hui par exemple Frigide Barjot, comme hier M. Asselineau dont le groupe paie à mon sens un défaut de clarté que j'avais déjà pointé en 2010), c'est à dire sur un "tiers parti" qui casse le jeu politique classique, ont peu de chances de gagner leur pari. Mais bon les surprises sont toujours possibles.
La Corée du Nord semble toujours obséder les libéraux. Qui veut y aller avec moi en juillet ?
Sur la fabrication des candidats à l'élection présidentielle
Le spécialiste des massages chinois à Paris
Actualisation 2019 : Le massage dans le taoïsme chinois est identifié comme un moyen d'entrer en contact avec des démons par l'ouverture du troisième oeil. Il avait une fonction assimilable à la sorcellerie en Mésopotamie. De nos jours la plupart des masseuses européennes travaillent en partenariat avec des médiums spirites ou ont elles-mêmes des dons de médiumnité. Il en va de même des masseuses chinoises. Evitez donc ces pratiques qui vous mettent à votre insu en contact avec des forces obscures, et, en outre, encouragent en vous un démon de masturbation qui, sur le long terme, rend votre personnalité plus instable et crée une grave dépendance.
Revu aujourd'hui le spécialiste des massages chinois, toujours en verve. Il pestait : "Impossible de vraiment connaître une masseuse. Elles changent trop vite, on ne peut pas tisser des liens de confiance" (il voudrait écrire un bouquin sur ces filles, mais il est condamné à les considérer comme interchangeables...) "Pourtant certaines ont l'air assez ouvertes d'esprit. Il y a quelques jour je me suis fait masser par une fille assez moche qui n'arrêtait pas de rigoler. Avant hier elle était plus jolie et semblait plus austère, mais elle a commencé à rigoler quand j'ai rebandé après la finition. Elle a dit 'vous très fort', et la fin du massage fut très amicale. Elle m'a raconté qu'elle était de père mongol et de mère chinoise, en France depuis quatre ans, qu'elle rêvait de retourner au pays tout ça."
"Amicale ? ai-je demandé... Tu exagères, elles font quand même ce job contre leur gré". "Je ne sais pas, répondit le spécialiste. Peut-être, comme les travailleuses du sexe, jugent-elles que c'est un job comme un autre. J'observe que quand on les traite avec douceur, respect et bonhommie, elles finissent ont des gestes moins mécaniques. Certaines jouent avec le sexe du client. La mongole, elle, inventait des gestes pas canoniques du tout comme plier mon genou et pousser ma fesse avec le pied et elle en riait. Au fond beaucoup d'entre elles n'attendent sans doute que ça : que le client leur donne l'envie de s'investir sur un mode moins stéréotypé, en personnalisant l'échange. Ca rend leur tâche plus facile, comme il est plus facile pour un plombier de se rendre chez un client souriant. Ca leur permet d'être créatives, et donc de vivre mieux le travail. C'est humain".
Voilà qui rappelle les propos de Morgane Merteuil...Et rappelons aussi que Ruwen Ogien place sur un même plan kynés et prostituées (cf http://www.franceculture.fr/emission-le-tete-a-tete-ruwen-ogien-2013-04-28) .
Un "fake" sur Sarah Palin : Tchétchènes et Tchèques
Le sarkozysme selon Camille Pascal
Dans mon milieu professionnel de juriste, un de mes chefs à lancé dans un repas il y a quinze jours : "Lisez 'Scènes de la vie quotidienne' à l'Elysée de Camille Pascal, c'est très marrant, et c'est très bien écrit, comme deu Saint-Simon moderne". Par souci de changer mes lectures habituelles, j'ai acheté le livre.
A la différence de mon interlocuteur, je n'ai pas été fan du côté "chronique d'un monde de courtisans", ni de ces tableaux de la vie des conseillers du pouvoir que, personnellement, je préfère lire en BD dans Quai d'Orsay (peut-être d'aileurs cette BD a-t-elle définitivement disqualifié la littérature comme outil de témoignage dans ce domaine allez savoir).
J'ai préféré trouver chez Camille Pascal (ancien prof à l'EHESS qui était une des plumes de Sarko dans le domaine culturel) la vision du sarkozysme que pouvaient avoir les rares intellectuels comme lui et Patrick Buisson placés au coeur de la machine élyséenne. Pas le sarkozysme comme moment de l'exercice du pouvoir présidentiel, mais le sarkozysme comme vision de la France. J'ai combattu la philosophie du président de l'époque dans ce qu'elle avait d'hystériquement néo-libéral, de foncièrement populiste en tant que refus absolu des corps intermédiaires (et de la justice). Et je l'ai dénoncée, qui plus est, comme une trahison du gaullisme et de l'intérêt national avec la réintégration humiliante de la France dans l'OTAN (juste après notre flamboyante opposition à la guerre d'Irak), l'envoi de troupes dans les zones de combat en Afghanistan, et une réhabilitation ubuesque du néocolonialisme (en Guinée, au Burkina, en Cote d'Ivoire, en Iran, en Libye, et en Syrie, juste après le soutien ridicule de Sarko à Ben Ali et Kadhafi) au mépris des règles fixées par l'ONU (notamment la résolution sur la "no-fly zone" en Libye).
Certes sur le volet politique étrangère j'ai aussi su reconnaître quelques timides signes de non alignement dans le rapprochement (en pointillé) avec Poutine, avec Chavez, ou dans son vote de dernière minute à l'UNESCO pour la reconnaissance de la Palestine mais je n'aurais jamais cru quun type comme Camille Pascal pourrait ensuite écrire un livre exposant le sarkozysme comme une authentique expérience gaulliste !
Au fond le gaullisme, ils le trouvent surtout dans la vaine ostentation de l'expérience libyenne (on sait en vérité ce qu'il faut en penser) et plus profondément, dans le "courage" qu'aurait eu Sarkozy de renouver avec les racines chrétiennes de la France en inversant l'idéologie post-soixante-huitarde. La France ne pouvant être sauvée, selon Pascal, comme selon Buisson, qu'en assumant l'héritage catholique que ces auteurs connaissent sur le bout des doigts. Moi cela ne me gène pas qu'il existe une droite catholique, une droite qui ne veut pas faire d'aggiornamento, qui veut lire Bossuet et qui connaît son catéchisme. Moi je ne laisse pas "les morts enterrer les morts" comme dit l'évangile, et je ne décris pas le christianisme comme un simple égarement de l'humanité. Mais que ces proches de Sarko aient cru que, simplement parce qu'ils rappelleraient à la République sa dette culturelle à l'égard de l'Eglise, ils "sauvaient" la France et participaient à son redressement, cela me dépasse complètement. J'ai de ce point de vue préféré Villepin qui plaçait le redressement dans les actes, c'est à dire dans l'opposition à l'hégémonisme atlantiste, davantage que dans les références culturelles. C'était peut-être nietzschéen, mais cela parlait plus au monde. C'était une autre France qui était portée là.
Moi-même j'ai été parolier de politiciens à Brosseville, je sais combien on peut s'enfermer dans les mots qu'on leur fait prononcer et quel fossé ensuite sépare ces mots de ce qu'est leur politique réelle. Pascal est un type qui s'enferme doublement, dans son rôle d'auteur de discours, et dans son rôle d'intellectuel abstrait qui croit poursuivre à l'Elysée ce qu'il faisait à l'EHESS : apprendre à la France son histoire. En pensant transformer Sarko en prof d'histoire il croyait servir le pays et faire du "gaullisme" alors qu'il n'offrait qu'un cache-sexe dérisoire au lâche alignements sur la politique des plus forts et des plus riches. Sa "scholastic view" est une erreur répandue dont bien d'autres aussi, au service d'autres souverains, devront à l'avenir se méfier dans leur propre pratique.
Agenda
Mon agenda des deux prochains mois comporte des entrées amusantes comme une rencontre avec un député à l'assemblée nationale (je ne vois dirai pas lequel) ou la participation à une réunion abkhaze à Bruxelles. Mais je reste prudent. Rien n'est acquis sur tous ces points (comme mon voyage en Corée qui paraît des plus compromis). Et comme, à la différence de M. Mélenchon, je ne vois aucune révolution venir, je peine à me trouver une utilité dans le débat public actuel si soigneusement verrouillé.
Mais l'écriture de ce blog est toujours une source de surprises. Ainsi, la rédaction de deux billets sur l'histoire locale m'a valu hier de recevoir ce mail d'une journaliste de la TV :
"Bonjour, je prépare un projet d'émission, mélange de magazine sur le patrimoine, l'architecture et l'histoire., Il s'agit de faire découvrir à une famille l'histoire de leur maison, à travers les habitants précédents de la maison : personnages célèbres, personnages de faits divers..., Par exemple la maison peut avoir abrité un criminel célèbre, un compositeur inspiré par les lieux, caché des résistants, etc..., Je recherche donc des historiens qui pourraient m'aider dans nos recherches : nous souhaitons trouver ces petites histoires pour raconter la grande histoire... Tout en dénichant ces maisons, dont les habitants ne conna issent pas encore les secrets!, , Concrètement les maisons que nous recherchons ne doivent pas porter de plaque et leur histoire ne doit pas être connue du grand public. Elles doivent être restées en l'état d'origine ou au moins certaines parties, et de préférence être situées dans un lieu riche d'histoire., , Notre projet vous intéresse t'il? Avez-vous des idées de lieux qui pourraient correspondre dans votre région?, Si vous souhaitez plus d'informations, n'hésitez pas à me contacter au 01 41 , ou par mail., , Bien cordialement, "