Préparation de la Fête de l'Huma
Une lectrice m'incite à écrire un peu plus sur ce blog (ah ! que serais-je sans mes lectrices ?). Mais je ne suis pas sûr que le sujets qui m'inspirent en ce moment soient d'intérêt général, et je n'aime pas la dictature de l'actualisation qui caractérise les blogs.
En ce moment, je termine ma petite autobiographie intellectuelle qui paraîtra sans doute fin septembre. Je retravaille aussi le témoignage d'une passion amoureuse que je publierai peut-être l'an prochain. Mes tout derniers ouvrages avant une longue période de silence, je pense. Ce blog sera mon seul exutoire scriptural avec mon journal papier (et bien sûr le blog de l'Atlas alternatif - au fait merci au Grand soir, et bien d'autres sites d'avoir repris mon article "Colombie"). Je prépare la fête de l'Huma. Comme les Editions du Cygnes ne sont pas, d'ordinaire, présentes dans ce cénacle, je dois trouver des moyens personnels d'y introduire mes livres. Le samedi sera consacré aux 70 ans de la "retirada" des républicains espagnols. Mon ami le Sandiniste essaie de voir avec une association de Républicains si je peux y placer les mémoires de mon grand père que beaucoup de gens trouvent intéressantes et utiles (le groupe sur Facebook consacré à ce livre a dépassé les 100 adhérents en 48 heures). Je reste un outsider de ces réseaux, à la différence de mon compatriote le maître de conférences Jean Ortiz.
En parlant de compatriote, Frédéric Beigbéder, à qui j'avais envoyé mon roman en vain, est dans une grande entreprise de conquête du Béarn de ses ancêtres. Deux pages lui étaient consacrées dans La République des Pyrénées la semaine dernière. Ca c'est de la promo ! Ce que c'est que d'avoir une bonne attachée de presse... J'essaie de compenser à mon niveau artisanal par quelques initiatives désordonnées. J'ai reçu ce matin un mail d'un ami d'une chanteuse de renommée nationale originaire de mon coin aussi (je vous dirai peut-être qui, dans quelque temps, si cette affaire a une suite) me confirmant qu'elle a reçu La Révolution de montagnes. L'histoire ne dit pas si elle l'a aimé. Je me suis toujours dit que si ce livre devenait un film, elle pourrait jouer le premier rôle, quoiqu'elle ait peut être un peu passé l'âge désormais. Le temps nous piège. Cette chanteuse a pris une photo avec le livre m'a-t-on dit... J'attends qu'elleme l'envoie, voilà qui serait bien pour l'image de ce petit bouquin. Cela me fait penser à Blanrue qui demande à tous ses lecteurs de poser en photo avec un livre sur Sarkozy et les Juifs sur Facebook (un livre interdit de diffusion en France semble-t-il). Je n'ai pas d'opinion sur ce livre dont Parutions.com ne souhaite pas que je fasse une recension car il est trop ancien (je serai de toute façon déjà assez occupé par la recension du dernier livre de Collon). Mais je trouve sa campagne de diffusion originale et, semble-t-il, efficace (jouer les auteurs censurés, et surtout censurés par Sarko, est payant de toute façon, un magistrat refoulé par Michalon et condamné à publier chez L'Harmattan a joué cette carte aussi après l'élection de notre nouveau Napoléon-le-petit). J'admire le gens qui parviennent à mobiliser des équipes en ordre de bataille. J'en suis bien incapable.
La semaine dernière j'ai vu Les derniers jours du monde, un film qui se passe dans le Sud Ouest. Sa complaisance dans le catastrophisme et le nihilisme écolo ne m'a pas plu (c'était peut-être du second degré, mais trop lourd à mon goût). Il est tiré d'un roman.... publié il y a 18 ans... Cela laisse un espoir pour le mien !
Savez vous où j'aimerais être demain ? A Tripoli pour le 40 ème anniversaire de la Révolution libyenne. El comandante Chavez y sera. J'aimerais être dans une délégation officielle. Saisir les ambiances, écouter dans les halls d'hôtels ce que Vénézuéliens, Chinois, Syriens et Russes se racontent.
Score moyen du Parti communiste japonais hier, loin de la percée que les médias anglosaxons redoutaient. Vijay Prashad aujourd'hui sur Facebook (et peut-être sur d'autres médias, je n'ai pas regardé) essaie d'entretenir l'illusion qu'une dynamique de progression demeure au sein de ce parti. Mais pour l'heure le seul constat objectif est qu'il a conservé ses 9 sièges voilà tout. Peut-être le "vote utile" lui a-t-il nuis, comme en Inde. De mon côté je n'ai pas reçu de nouvelles depuis un bout de temps mes petits camarades communistes (de l'aile "gauche" du parti). Quand je n'écris pas des choses qui vont dans leur sens ils m'oublient, même en veille de fête de l'Huma. Et ce qui va "dans leur sens" en ce moment, ce sont des infos sur l'implication des USA dans la "révolution verte iranienne" par exemple. Mais j'avoue que ce sujet n'est pas au centre de mes intérêts. J'ai dit tout ce que j'avais à dire là dessus. Une responsable des Indigènes de la République m'a en revanche nvité à visiter leur stand "sauvage" à la fête de l'Huma. Je ne suis pas sûr d'approuver cette notion de stand "sauvage". Est-ce bien fair play ? Mais je ne connais pas les tenants et aboutissants de la constitution de ce stand dans le cas d'espèce, donc je suspends mon jugement.
J'ai regardé l'émission Strip tease de 2004 que la militante d'Acrimed m'a transmise sur Facebook à propos d'une visite d'une délégation belge en Corée du Nord (elle est en 3 parties sur Dailymotion). Les réflexions de Belges sont instructives. Deux des membres socialistes de la délégation ont une propension à adhérer à ce qu'ils voient qui est assez étrange (le premier le fait visiblement par intérêt, le second qui s'enthousiasme pour une école où règne la discipline dans la troisième partie est peut-être tout simplement rattrappé par son goût de l'ordre dans l'éternel débat sur "ordre ou liberté à l'école"). Beaucoup de leurs débat internes, de leurs tentatives pour pouvoir rencontrer des "vrais gens" m'ont rappelé l'ambiance de notre propre délégation en Transnistrie (sauf que nous, nous avions des interprètes qui critiquaient ouvertement le gouvernement, et nous avons obtenu le droit de rencontrer les gens de la rue sans trop de problèmes). Je trouve inadmissible que les Flammands révisionnistes comparent les Coréens aux Hitlerjungern (relisons le roman de Klaus "Le chagrin des belges" sur la Flandre collaborationniste et nazie - un véritable joyau) La Corée du Nord est quand même un pays qui a été martyrisé par l'impérialisme américain et qui n'a jamais agressé personne. Que des descendants de la collabos la comparent au 3 ème Reich est typique de la folie de notre époque qui met un signe d'égalité bien commode entre communisme et fascisme pour légitimer son propre cynisme.
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ps : une vidéo d'une inauguration d'une librairie d'un de mes éditeurs - l'Atlas alternatif s'y trouve sans doute
Echange de vues avec une jeune militante

Elle a des mots justes quand elle décrit les salafistes violents qui débarquent avec des slogans anti-Juifs dans les manifs pro-Palestine parisiennes. "Il va falloir trouver un moyen d'évincer ces gens des manifs, dit-elle, parce que moi je n'ai plus envie d'y aller, j'assisterai plutôt aux manifs pro-Palestine à Rennes où il n'y a pas des slogans comme ça." Elle dit que les Indigènes de la République ont traité l'Acrimed de sioniste à cause de sa lenteur à réagir sur Gaza. Je ne le savais pas. "C'était injuste, on n'est pas nombreux, on ne peut pas réagir aux événements comme on claque des doigts comme ça". Toujours les divisions de l'extrême gauche.
Elle est d'accord pour que la France sorte de l'Union européenne, mais pas au nom de la défense de la République française. La République et son passé trouble ça ne l'intéresse plus. Pour elle c'est comme défendre l'université et ses pontes qui envoient les étudiants au casse-pipe dans le cadre des manifs contre la loi LRU (jusqu'à même leur taper directement dessus in fine, pour débloquer sa fac). Elle est d'accord quand je lui dis que c'est comme vouloir défendre la nomenklatura soviétique en 1982. "Il faut voir plus loin" estime-t-elle. Elle en connaît un bout sur les mouvements anarchistes (ils sont puissants en Armorique) dont elle me dit qu'ils ont tendance à se replier sur eux-mêmes depuis l'affaire Coupat. Beaucoup sont "intello-chiants" dit-elle, Tiqqun fait partie des plus pédants. Pas étonnant.
Les Lumières et le colonialisme
Allez, un dernier billet court sur ce sujet dont certains diront peut-être que nous n'y avons consacré que trop de lignes ces derniers temps.
Juste un extrait de "Philosophie républicaine et colonialisme" de Stéphanie Couderc-Morandeau (chapitre 1) :
"A 18 ème siècle, le chemin de l'humanité est compris comme une progression et les théoriciens estiment que la longue marche depuis la sauvagerie jusqu'à la civilisation est une marche ascendante, conformément à l'idéologie optimiste du progrès.(...) Les sauvages, objets d'études nouvelles, ne sont plus pensés comme des êtres inintelligibles mais des individus capables d'assimiler des apprentissages (...) C'est un principe constant. Par suite, les peuples les moins avancés, c'est à dire ceux qui ne possèdent pas le développement des techniques, pariendront également à une évolution. Le sauvage est toujours considéré avec mépris. Que ce soit dans l'athropologie d'un Buffon (monogéniste) - 'qui sert de fondement à une théorie de la civilisation' selon M. Duchet - ou dans celle d'un Voltaire (polygéniste), les conclusions se résument à des propos quasi identiques : le sauvage est pure négativité, qualifié d'être stupide, ignorant, inerte, paresseux. (...) Parallèlement au droit de civilisation, une pratique civilisatrice se dessine à l'intérieur de laquelle la notion d'assimilation vient se greffer. Civiliser le sauvage est dans l'esprit d'un peseur du 18 ème siècle, lui transmettre les coutumes, les moeurs, une organisation politique et sociale occidentale. Civiliser et imposer deviennent des actions similaires (...) Le discours philosophique des Lumières indique commet mieux coloniser les pays, comment mieux les diriger, les dominer aussi. Il propose une colonisation plus juste, plus humaine, en introduisant des notions de droit"
Delorca à la Fête de l'Humanité

Revue de presse
L’exercice de la revue de presse peut s’avérer intéressant à l’occasion. Il permet de commenter certaines sottises de notre époque. Ayant lu quelques journaux dans l’avion cet après-midi, j’y trouve l’inspiration pour ce bref billet.
Prenez Courrier international par exemple, un journal naguère lié au groupe Vivendi et dont j’ai souvent dénoncé le ton belliciste dans mes livres : je parcours p. 11 un article sur l’Ukraine qui tournent en dérision les « coups de gueule » de la Russie. Pour moi, l’article fait écho au "débat" (p. 42) sur la soi-disant responsabilité de Staline dans le déclenchement de la seconde guerre mondiale. Tous les propos antirusses sont ridicules et le plus "drôle" est que la presse bourgeoise occidentale trouve toujours un journaliste ukrainien ou russe pour les tenir (vous savez ? de ces clients de l’occident qui grenouillent aux cocktails de nos ambassades). Sur le pacte germano-soviétique, mon point de vue est grosso celle de l’historienne Annie Lacroix-Riz (dont je n’approuve pourtant pas certains raccourcis sur la famine ukrainienne pu sur le rôle des grands patrons dans le gouvernement de la France de l’entre-deux guerre) : oui, c’est évident, le patronat occidental a fait échouer l’alliance franco-russe voulue par Louis Barthou et joué la carte « plutôt Hitler que les soviets ». Staline n’avait donc d’autre choix que de signer en pacte avec Hitler pour gagner du temps. Et il est malhonnête de voir dans ce pacte la cause de la guerre. Mais le révisionnisme le plus idéologiquement orienté est à la mode sur ce point. Il va bien avec le forcing des pays de l’Est pour criminaliser le communisme mis sur le même plan que le nazisme (mais pourquoi avons-nous accepté ces pays dans l’Union européenne ? qu’y avons-nous gagné ?). Il y avait ce matin sur Russia Today un bon reportage sur les meetings «culturels » lettons et estoniens où l’on fait l’apologie des divisions SS et où l’on crache sur les russes.
Je voulais aussi dire un mot de l’article du même magazine consacré à la recrudescence du mouvement naxaliste (maoïste) au Bengale occidental pourtant gouverné par les communistes. Mais j’y consacrerai peut-être un article plus tard. De même je parlerai un jour peut-être de la commune de Marinaleda en Espagne, où, nous dit Courrier international, une politique « marxiste » est appliquée qui fait l’admiration du New York Times (sic).
Je lis dans le Monde beaucoup de choses sur les Verts (ils séduisent le PS mais plus Taubira). Au Brésil une rivale de Lula mise sur le parti Vert de son pays (comme la Bête-en-cour naguère). Mais cette mouvance ne m’intéresse décidément pas. Très bon en revanche l’article de Mohamed Ali Al-Ahasi qui compare les sociétés iranienne, turque et égyptienne, et souligne l’occidentalisation accélérée, du point de vue de l’évolution démographique, de la première.
Je trouve absurde l’éviction de Tariq Ramadan de la mairie de Rotterdam à cause de son émission à la télévision officielle iranienne (rapportée par Libération). Absurde aussi toutes ces pages des médias sur Clotilde Reiss. Tout cela est absolument dépourvu de tout intérêt. Mais je suis d’accord avec M. Kouchner (pour une fois) quand il dit (dans Le Monde) que les manifs des bourgeois iraniens contre Ahmadinejad ne sont pas dues aux actions de nos espions mais à l’attrait du capitalisme anglosaxon sur ces gens.
Idem les papiers sur les élections afghanes, des élections, qui, dans un pays aussi peu libre, ne légitiment rien du tout (comme en Irak).
Chomsky Notebook
L'ouvrage sur Chomsky dans lequel figure mon article sur Bourdieu et Chomsky vient de paraître en anglais aux Etats-Unis.
The book on Chomsky in which I wrote an article about Bourdieu and Chomsky has just been publihed in English in the USA.
Frédéric Delorca
"Histoire philosophique et politique des deux Indes" (I)
Dans une démonstration sur le fait que le rationalisme des Lumières n'a rien à se reprocher quant au colonialisme, le lecteur de ce site "Etienne Diderot" a attiré mon attention sur l'ouvrage "Histoire philosophique et politique des deux Indes", best seller de la France pré-révolutionnaire (1772 pour la première édition). Je me propose de faire prochainement un petit commentaire de la version "synthétique" de cet ouvrage collectif apparemment complexe, baroque, et souvent contradictoire, telle que nous la présentent les éditions La Découverte (après un gros élagage sembe-t-il).
Avant d'en venir au contenu même du livre j'observe que le préfacier note que l'Histoire philosophique "propose des réformes pour les colonies certes - et, à cet égard, elle ne va pas plus loin que les agents les plus lucide du ministère de la Marine" (p. 10) ce qui tend à prouver que ce livre n'est pas une preuve de la non-compromission des Lumières avec le colonialisme, mais plutôt que les Lumières étaient au colonialisme ce qu'Obama est à l'impérialisme étatsunien. Au passage je remercie Gilles pour sa remarque sur les libéraux. Les libéraux européens au 19 ème siècle ont souvent développé des analyses critiques intéressantes contre l'impérialisme, parce qu'ils en détestaient le versant étatique et le trouvaient trop cher pour les finances bourgeoises. JA Hobson, Lénine et Luxembourg leur doivent beaucoup.
Mon commentaire très prochainement donc.
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NB : ce billet est le 500 ème depuis la naissance de ce blog
NB 2 : Une amie historiene me disait hier : "Bien évidemment que les Lumières ont favorisé le colonialisme, avec leur vision du progrès linéaire que l'homme blanc peut apporter aux 'peuples enfants', aux 'bons sauvages'. Cette influence indirecte sur le colonialisme est claire, tu n'avais même pas à t'embarquer dans un débat sur la question de savoir si Ferry se référait à Condorcet ou nom quand il colonisait l'Afrique. La responsablité de leur vision dans le processus colonial est si évidente "
A propos du terme "résistant"
Mr Ramirez a eu l'excellente idée de poster en commentaire sur ce blog un lien en rapport avec la mythologie contemporaine des "résistants". Il est vrai, je l'admets, que les opposants à l'intervention de l'OTAN au Kosovo puis à la paranoïa anti-terroriste post-11 septembre se sont un peu facilement appropriés le qualificatif de "résistants" en réponse à ceux qui les qualifiaient d'hitléro-staliniens, d'islamofascistes, de rouges-verts-bruns et autres noms d'oiseaux. Moi-même j'ai créé un site en 1999 qui s'appelait "Résistance".
Nous parlions du "Nouvel ordre mondial", et de "résistance" à celui-ci. Je reconnais que ce sont des termes un peu faciles. "Nouvel ordre mondial" est un slogan que lança George Bush père au début de années 1990, ça n'a rien d'un programme politique cohérent (disons symplement qu'il s'agit d'une conception plus ou moins consciente d'un espace mondial soumis au capitalisme et au leadership occidental dominé par les USA, cette vision hante les esprits mais ce n'est pas un programme clairement défini et labellisé "Nouvel ordre mondial" comme une comodité de langage peut le laisser croire).
"Résistant" est une notion qui en France renvoie à 1940-45, mais aussi à la résistance algérienne à partir de 1956. Cette expression s'applique surtout à une résistance armée, et il est un peu exagéré de la transposer à la "cyber-résistance" qui est une position plus confortable. "Plus confortable", mais pas si confortable qu'on le croit tout de même quand on songe à quel point un activisme contre les idées grégaires d'une époque vous coupe de votre milieu professionnel, de votre famille, de vos amis, de vos possibités de trouver une place dans la société et peut conduire à la folie (j'ai beaucoup écrit sur la fragilité des "résistants" contemporains justement, une fragilité qui explique la difficulté de faire éclore une alternative crédible).
Je conserve néanmoins le terme pour faire simple. Je le préfère à "Dissident" car je ne veux rien avoir en commun avec un type comme Vaclav Havel. Mais il est clair qu'il ne faut pas prendre le mot dans le sens d'une autocongratulation à laquelle certains activistes cèdent facilement. C'est un vocable passe-partout voilà tout.
L'université américaine

Ses étudiants écrivent : "He is a Professor in the Sociology department, and for the last year has taught Intro. to Globalization, Social Movements, Globalization and Resistance, and a handful of independent study courses. He is being let go because there is no 'space' for him to teach, even when the most popular classes at USF-- yes, usually those examining globalization-- are over-enrolled and leave many students out. Grubacic is from the Former Yugoslavia and, as a result, has a work visa. If he's let go and cannot find other employment, he will most likely not be allowed to stay in the US."
Ma correpondante italienne qui enseigne aux Etats-Unis a eu ce commentaire :"I'm pissed when people do such things... such as being "the tormented professor from yugoslavia". This group was created by students adoring this professor. Now, American students are pretty orientalistic with foreign professors. They always treat us as the exoticized (from exotic) "other". Do you know what I’m saying? Especially in the case of this guy the fact that he is from former Yugoslavia makes him even more “sexy” to the American leftist gaze. Sorry perhaps I’m not clear but these things drive me insane. It’s the totalitarianism of politically correctness. Like the University of Wisconsin where I wasn’t Jewish enough (*), lesbian enough, war refugee enough to get funding… "
J'ai trouvé cet avis très instructif.
Au fait je viens de créer un groupe autour du livre "10 ans"...
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(*) (Je précise que cette phrase n'est pas antisémite son auteure étant elle-même d'origine sépharade, mais non pratiquante)
Cuba, les mots et les treillis
Je lisais hier le compte rendu de "Diadore Cronos", grand lecteur du blog d'Edgar (et un peu moins du présent blog) sur son voyage à Cuba avec les jeunesses du PCF. J'ai bien ri à la lecture de son passage sur les chansons de stals dans le groupe de voyage (toujours intéressant de parler de ses camarades d'excursions, je l'ai fait sur la Transnistrie, c'est une note d'ambiance importante). Très bonne son approche critique du point de vue du quidam dans la rue qui essaie de rouler le visiteur dans la farine.
Diadore Cronos est un communiste souverainiste. Et pourtant il s'étonne que les Cubains aiment les treillis. Ca me rappelle cette nana du cercle bolivarien de Paris qui refusait d'inviter son réseau à se rendre à une réunion de solidarité avec la Palestine organisée par l'espace Ishtar parce qu'il y avait une kalachnikov sur l'affiche.
Chers lecteurs qui avez tous acheté mon Programme pour une gauche française décomplexée, vous savez mieux que quiconque que si l'on veut un virage à gauche, et se défaire de notre dépendance à l'égard du capitalisme globalisé, il faut vouloir avoir une armée forte. On ne peut pas éviter cela. Comme disait un vieil adjudant chef ardéchois des Troupes de Marine pendant mon service militaire (un gars qui élevait des abeilles dans son patelin natal) : "L'armée est un mal nécessaire".
"Cuba hurts" (Eduardo Galeano), parce que c'est un pays communiste too old fashioned, attaché à l'Etat, aux bruits de bottes, aux valeurs viriles (combien de fois entend-on condamner Cuba à cause de sa législation sur l'homosexualité - en omettant de remarquer qu'elle est la même ailleurs en Amérique latine ?).
Je dialogue en ce moment avec une enseignante communiste d'une université de la Côte Est étatsunienne. Une Italienne née en Sicile (beaucoup d'échanges avec des Italiennes sur Facebook cette année, l'attractivité de la gauche française sur ce qu'il reste des résistants de cette péninsule), avec toutes les caractéristiques de la fille méridionale, une fille intéressante (j'apprends beaucoup de choses avec elle), et très "gender studies" alors qu'elle était communiste dans son adolescence. Quand elle cherche à me flinguer, ce n'est pas avec une kalachnikov comme à Cuba, mais avec les mots de la political correctness : ceux de la mise en accusation du représentant du vieil "ordre patriarcal' que je suis censé être par certaines de mes prises de position.
Quelle arme est la meilleure dans le combat politique ? Les partisans de la mise en accusation par les mots ont eu leurs heures de gloire pendant la guerre d'Irak contre les défenseurs du treillis qui appelaient à soutenir la résistance armée irakienne. On s'enflammait dans les campus américains avec des mots, et l'on voulait traîner Bush devant la justice internationale. Les mots n'ont rien donné, sauf l'élection d'Obama, c'est-à-dire de l'impérialisme relooké dans un gant de velours. Bush n'est pas en prison, et les Américains sont encore en Irak.
Les treillis cubain posent la question du réalisme en politique, une question que la gauche ferait bien de considérer attentivement.
Orania et la condition des petits blancs
Je voyais hier un reportage télévisé sur une communauté d'Afrikaneer en Afrique du Sud qui refuse le mélange avec les Noirs : Orania. J'avoue que son existence m'avait échappé, à ma grande honte car des médias, de gauche notamment comme L'Humanité, s'y sont intéressés. Participent à cette communauté pas mal de gens qui se sont sentis victimes de comportements de la majorité noire (le reportage parlait d'un type dont la femme et le fils ont été tués par des Noirs). On sait que les violences anti-Afrikaneer sont fréquentes dans ce pays - voir l'oeuvre de Coetzee à ce sujet. Les Afrikaneer ont gardé le pouvoir économique et paient ce privilège en subissant des violences.
Orania est intéressante, comme tous les mouvements de petits blancs (comme, aussi, les colonies sionistes en Cisjordanie) parce qu'à la fois elle s'oppose au mélange racial ("nous sommes tous blancs parce que tous les Afrikaneers sont blancs et que nous voulons rester entre Afrikaneers, il y a des tas de communautés noires similaires à Orania et personne n'y trouve à redire" disait un Blanc dans le reportage), et, en même temps, elle justifie sa légitimité par un refus de l'exploitation de l'homme par l'homme (on peut peut-être parler d'une refondation "socialiste" de l'identité afrikaneer) et un retour aux valeurs fondatrices des Boers : le travail de chacun, le dévouement à la collectivité. Le sionisme aussi fut un projet à la fois raciste et socialiste. Les Afrikaneer d'Orania affirment avec force que l'Apartheid fut une erreur parce qu'il exploitait sur un mode colonialiste les Noirs. Eux ne veulent plus tirer leur richesse que d'eux-mêmes. Ils ont une légitimité historique à tenir ce discours, car on ne peut oublier qu'ils sont la seule communauté blanche d'Afrique à pouvoir revendiquer une occupation des terres aussi ancienne que les Bantous, et à avoir souffert du colonialisme (anglais) autant que les Noirs.
Humainement on ne peut pas traiter par le mépris ou la haine le sort de ces petits-blancs, même si leur choix est évidemment contraire à l'idéal universaliste de bon entente interculturelle qu'il faut favoriser au niveau international. C'est comme au Kosovo, en Bosnie : quand les gens ne peuvent plus vivre ensemble, quand leurs souffrances sont grandes pour cela, on ne peut pas d'emblée les considérer avec des idées toutes faites.
Le choix des Afrikaneer d'Orania pose la question du sort de ce petit prolétariat de culture occidentale qui peut être aussi bien socialiste que d'extrême-droite, et dont le programme de choc des civilisations conçu par les élites peut facilement instrumentaliser le rôle. Que faire d'eux ? que leur dire ? Je discutais encore il y a peu avec une responsable arabe d'un mouvement d'immigrés qui me disait : "Nous devons aussi nous occuper du chauffeur d'autobus ou du contrôleur de train pris à partie par des Arabes ou des Noirs qui le traitent de raciste parce qu'il veut vérifier leur ticket, parce que celui-là personne ne l'aidera, et certainement pas les tenants du discours universaliste des beaux quartiers". Elle n'a pas dit "le petit-blanc qui conduit l'autobus", mais c'est bien ce que cela voulait dire. Qui cherche des réponses aux questions que pose sa situation ?
FD
PS : à part ça, puisque tout le monde s'excite autour de Clothilde Reiss comme naguère autour de Bête-en-cour, plutôt que pour faire libérer Salah Hamouri citoyen français prisonnier à Jérusalem, une petite chanson en souvenir des victimes de nos alliés.
Sexe et impérialisme : le cas moldave
"Il se peut que la chute du dernier régime communiste d'Europe en Moldavie soit le triomphe des urnes, mais il représente aussi un nouveau succès de la théorie des jolies filles dans les révolutions.
Cette théorie, que je tiens d'un ami arménien, affirme que les soulèvements populaires ont une chance de réussir si dans un pays les filles les plus jolies descendent dan la rue.
L'idée est que même les jeunes hommes les plus in

L'article insiste aussi sur le sex appeal de Tymoshenko dans la révolution orange ukrainienne et sur la beauté des jeunes femmes géorgiennes derrière Saakachvili.

Cette théorie du sex appeal des révolutions colorées peut s'insérer dans des remarques plus générales déjà faites selon laquelle ces phénomènes marketing sont composés comme pour les ventes de voitures ou de yaourts. Il s'agit de mettre les images de la jeunesse et du plaisir du côté de la contestation tandis que les images de la vieillesse et de la mort se projètent par effet de contraste sur les défenseurs des institutions. Le roman "La Révolution des Montagnes" parodie d'ailleurs ces effets d'image en politique.
Aux dernières élections du 29 juillet, le PC moldave a perdu la majorité absolue des sièges qu'il avait gagnée en avril. Mais en obtient quand même 48 sur 101, avec 44,69 % des voix. La "révolution twitter" comme les autres révolutions pro-occidentales a eu ses limites.
Facebook und Zeit
Sur le q numéro 8 de la g de C en A hier, m rév a s d'une n d s, je lus ceci sur mon téléphone portable dans mes mails reçus sur Facebook :
"Bonjour, Nous ne sous connaissons pas mais vous devez vous rappeller de ma grande soeur avec qui vous étiez en classe de terminale à Louis Barthou : Sophie R.
Lorsqu'elle m'a surprise un soir sur Facebook, elle m'a demandé de faire la recherche de 2 ou 3 noms. Vous étiez le premier et elle avait l'air tellement émue d'avoir quelques nouvelles que face à son refus de créer son profil pour vous contacter, j'ai décidé de faire le lien secrètement.
Certaine qu'elle ne m'en voudra pas, je viens ici vous communiquer son adresse e-mail perso : sophie-@-.fr
Voili voilou.
Bonnes retrouvailles !"
Etrange coïncidence. J'étais venu chercher en vain à C des voies de bifurcation dans mon exploration de l'avenir et me trouvais au petit matin rattrappé par un passé très lointain. Cette fille moi aussi j'avais recherché son nom une ou deux fois, ici ou là sur Internet. Comme elle j'avais cédé à la tentation du "retour vers le passé" que les nouveaux sites de rencontres offrent aux quadragénaires de notre génération. Nous avions été proches l'un de l'autre au lycée, sans pour autant "sortir ensemble", ce qui explique peut-être que je fusse démeuré haut placé dans son estime. J'avais, un jour, à son insu, placé dans un coffret un de ses longs cheveux blonds tombés subrepticements sur mon blouson. On a à dix-sept ans de ces délicatesses fétichistes que l'on perd par la suite.
Ce qui m'a surpris dans ce mail c'est le "tellement émue". Figure de style imposée comme le vocabulaire conventionnel de la République des Pyrénées quand elle rend compte d'une fête villageoise ("un feu d'artifice a clôturé comme il se doit les joyeuses agapes"), expression d'un fraîcheur affective gasconne dont nous avons perdu le goût au nord de la Loire ? Quelle est le statut de l'émotion provoquée par le surgissement du passé dans le présent, du mort dans le vif ? Il y a plus, pour nous, que ces retrouvailles d'anciens camarades de régiment sur le quai d'une gare qui étaient le lot occasionnel des générations antérieures. Facebook promet aujourd'hui à tout un chacun de "ne plus jamais quitter" les êtres qui ont croisé son horizon. Pour les jeunes générations, cela signifie que les ruptures n'auront lieu que pour autant qu'ils cliqueront sur "remove from friends", encore cette action n'est-elle jamais irréversible. Pour le reste pendant toute leur existence, où qu'ils soient, toutes leurs rencontres resteront dans leur horizon à portée de clic de souris comme dans un grand supermarché virtuel. Il n'y aura même plus l' "émotion" de cet effet "retrouvailles".
Pour nous demeure encore cette sensation étrange, étourdissante, qui, à la différence de la rencontre occasionnelle du camarade de régiment, se double d'un effet "on ne se quitte plus".
Sauf que la retrouvaille enjambe un vide de vingt années. Un vide durant lequel les visages se sont ridés, les accents ont changé, et des tas de choses se sont passées qui ne font qu'accuser un triste constat : le temps n'a épargné personne, et tout meurt inexorablement en nous et hors de nous, trop de choses déjà sont mortes. Quand la fille évoque dans son mail le "refus de créer son profil", elle désigne peut-être un saint effroi, confus, plus ou moins inconscient, devant le risque d'affronter la conscience de cette mort qu'implique toute retrouvaille, autant que l'effet "on ne se quitte plus dans le supermarché virtuel" que propose la technologie. Pauvre humanité. Et pauvre génération, la mienne, génération de transition qui cumule à la fois, à de nombreuses occasions, les dures prises de conscience des vingt ans de séparation avec les gens retrouvés sur Internet, et l'entrée dans une vie où le "on ne se quitte plus" qui sera la règle dorénavant. Les plus jeunes, eux, n'auront que le second effet. Leur conscience du temps qui passe s'en trouvera peut-être altérée. En même temps, on voit à quel prix sera pour eux le déni du temps qui passe : virtualisation de tous les rapports, conservation des traces des rencontres dans les fichiers comme si la vie n'était qu'une longue séquence d'archivage - nous sommes tous des stocks de données, et nous ne sommes que ça. Un déni du temps aux inconvénients aussi lourds que les liftings. Chassez le tragique, il revient au galop.
La question germanique
Je suis sensible à ce qui a fait la singularité française au Bas-Moyen-Age de se construire contre cette entité germanique aux contours mouvants. Mais quelle que soit mon admiration pour l'expérience française, je ne puis que blâmer notre tradition qui sans cesse minimise l'ampleur de l'apport germanique à la culture de notre continent (une tradition néfaste qui fit perdre à la France la bataille culturelle dès le 19 ème siècle face au romantisme rhénan).

La grandeur de la philosophie française des années 1960 à 1990 a été de s'obstiner à étudier sérieusement l'héritage culturel allemand au moment même où les Etats-Unis s'évertuaient à le dissoudre dans le Coca. Aujourd'hui la philosophie française est à l'heure anglo-saxonne, mise au pas en quelque sorte, et l'Allemagne n'est plus qu'un pays de grabataires. La question germanique en est-elle réglée pour autant ?
Qu'y a t il à sauver de l'Allemagne dans l'intérêt de l'Europe ? Question complexe, à supposer qu'elle soit légitime. Je sais infiniment gré aux Anglo-saxons pour le rationalisme pragmatique qu'ils apportèrent à notre temps. Mais cet apport a ses limites. L'héritage allemand n'est-il que divagations mystiques (dont le nazisme fut l'omega) ? Habermas n'a pas répondu à cette question. En faisant émerger une "autre Allemagne" que celle du romantisme obscurantiste, celle de Kant et de Goethe, c'est surtout la France et l'Angleterre qu'il mettait en valeur. Quelle est l' "autre Allemagne authentique" qui peut vraiment apporter quelque chose à l'Europe ? celle des squats anarchistes de Berlin ? Celle qui rêve encore de la République Démocratique Allemande (la majorité des habitants des Länder de l'Est selon un sondage récent) ?