Articles avec #abkhazie tag
Situation dans le Caucase
J'ai publié récemment une tribune sur Abkhazworld qui commence à être commentée dans la diaspora circassienne.
Au même moment, la reddition des milices d'auto-défense du Haut Karabakh rebat les cartes dans le Caucase. Maxime Chevtchenko, sur Pravda.ru, journaliste chef d'un Parti russe de a liberté et de la justice dont le sigle singe l'ex-PCUS, explique que la mainmise de l'Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh réduit l'Arménie de Nikol Pachinian, ralliée aux Occidentaux à la portion congrue et la prive désormais de tout poids sur la scène internationale, et notamment de toute faculté de diviser une coalition russo-irano-turque anti-américaine. Il en conclut que les membres de l'OTAN vont, du coup, désormais investir tous leurs efforts sur la Géorgie en y provoquant un coup d'Etat.
Le documentaire sur Békir Ashuba et la mobilisation contre la "loi des appartements"
/image%2F1562800%2F20230903%2Fob_e0a4c7_viola-kokoskir.png)
La publication des mémoires de Békir Ashuba en France au printemps dernier semble l'avoir inscrit dans une dynamique positive au pays de ses ancêtres. Un film documentaire va sortir en principe pour le 30 septembre prochain (trentième anniversaire de l'indépendance) en cinq épisodes dont chacun dure entre 30 et 45 mn, sous la direction de la réalisatrice Viola Kokoskir (à gauche), et de la scénariste Faina Matua, qui sont toutes les deux abkhazes.
Et cela tombe plutôt bien car le Parlement Abkhaze, présidé par un membre du clan Ashuba depuis 2022 (fils de l'ancien ministre de la culture de la république soviétique autonome abkhaze Nugzar Ashuba) qui autorise la vente à des étrangers de 30 000 appartements dans six régions du pays (ce qui, pour un pays de 250 000 où les Circassiens sont déjà minoritaires) a forcément de fortes implications (un ethnocide programmé pour ce pays). C'est le pendant des appels pressants de l'ex-président russe Medvedev à l'annexion du pays... Heureusement il y a une forte mobilisation dans la population et dans la diaspora (y compris chez les anciens combattants de la guerre de 1992-1993).
/image%2F1562800%2F20230906%2Fob_fce2b0_abkhaz.jpg)
J'ai trouvé sur le Net une pétition en turc et en russe dont voici la traduction à partir de cette seconde langue :
APPEL URGENT AUX DIRIGEANTS DE L'ABKHAZIE ; APPEL À L'ACTION POUR LES PATRIOTES !
Malheureusement, nous sommes obligés de faire appel à tous les Abkhazes et amis de l’Abkhazie en ces temps difficiles.Nous sommes obligés de nous exprimer, car de sinistres nuages d’incertitude s’amoncellent à nouveau sur l’ancienne terre abkhaze et sur sa population. Au fil des siècles, notre peuple a enduré des vagues d’invasions, d’expulsions et le déclin progressif de sa population sur son territoire natal. Et aujourd'hui, nos compatriotes d'Abkhazie sont confrontés à des difficultés pour rétablir leur position face aux nouvelles menaces des forces obscures cherchant à éteindre les espoirs de la Patrie et de sa diaspora. En réponse aux ténèbres imminentes et aux attaques contre notre patrimoine génétique et nos valeurs, nous appelons tous nos concitoyens et amis américains à : LEVEZ-VOUS, COMPATRIOTES !
Les Abkhazes, qui ont lutté pendant 150 ans contre la menace du déclin démographique et brisé le voile de l’oppression et de l’opposition lors du mouvement de libération nationale de 1992-1993, sont désormais confrontés à la menace de disparition de l’histoire en raison des ambitions de spéculateurs égoïstes. Nous rejetons sans équivoque cette terrible initiative et appelons une nouvelle fois : LEVEZ-VOUS, COMPATRIOTES !
Comme vous le savez, les dirigeants abkhazes tentent de faire adopter la « Loi sur les appartements », projetant d'ouvrir les « portes » du pays aux investisseurs en construisant trente mille nouvelles résidences dans six régions d'Abkhazie et en les vendant à des citoyens étrangers. Cette évolution des événements signifie l'afflux prochain de 150 000 étrangers dans le pays. Pour les Abkhazes, qui n’ont pas réussi à établir leur langue, leur culture et leur démographie, cette initiative est un suicide potentiel de la nation. En tant que représentants de la diaspora abkhaze et amis de l'Abkhazie, nous sommes profondément reconnaissants envers nos compatriotes vivant dans notre pays et sommes fermement convaincus du caractère inapproprié de toute ingérence dans leurs affaires intérieures, pour quelque raison que ce soit. Cependant, ce respect ne signifie pas que nous nous abstiendrons d’affronter ceux qui, pour leur propre gain, sont prêts à risquer notre avenir national en abandonnant la terre sur laquelle reposent nos ancêtres. Comme le stipule la Constitution de l’Abkhazie, nous sommes des citoyens inaliénables de ce pays. Conscients de cela, nous appelons tous nos compatriotes : agissons avant que notre pays ne soit plongé dans cette obscurité imminente ! Nous déclarons à haute voix : LEVEZ-VOUS, COMPATRIOTES !
Notre Patrie n'est pas la propriété personnelle des managers ! Par conséquent, ils ne peuvent même pas songer un seul instant à imposer un quelconque projet qui menace les droits souverains et l’appartenance de notre peuple à cette terre. Notre Patrie est l'héritage sacré de nos ancêtres, le berceau des générations futures. C’est avec un profond sentiment de responsabilité que nous agissons : Contre ceux qui font des lois dans l’intérêt de groupes malveillants, Contre ceux qui rejettent le principe de séparation des pouvoirs et portent atteinte à l'indépendance du Parlement, Contre ceux qui menacent le bien-être de la Patrie et la sécurité de la nation, LEVEZ-VOUS, COMPATRIOTES !
Initiative de la diaspora abkhaze
Cette évolution est à lire de près à l'heure où la Géorgie est en grande discussion avec la Chine pour construire un port en eau profonde à Anaklia. juste à la frontière de la Mengrélie abkhaze.
Recension du livre du combattant abkhaze Békir Ashuba
/image%2F1562800%2F20230830%2Fob_799ee0_monde-diplo.jpg)
A noter que Le Monde Diplomatique de septembre 2023 publie une recension du livre de Békir Ashuba que j'ai préfacé.
/image%2F1562800%2F20230830%2Fob_93ba39_recension-ashuba.png)
L'altérité abkhaze
Amusante cette scène d'un reportage d'Arte d'il y a trois mois où la guide touristique Zarina Vakhabova, 25 ans, qui fait visiter une datcha secrète de Staline en Abkhazie, montre les drapeaux des Etats, ou presqu'Etats qui ont reconnu son pays (min 7'30) : Russie, Ossétie du Sud, Venezuela, Nicaragua, Nauru, Vanuatu,Tuvalu, Syrie.
/image%2F1562800%2F20230511%2Fob_6ba67f_drapeaux-abk.png)
Pour le reste le reportage est mauvais. Il ânone l'idéologie dominante sur le thème "oh pôôôvre Abkhazie embarquée sous le parapluie russe du méchant Poutine qui fait cette guerre cruelle à l'Ukraine ! pôôôvre pays qui n'a pas son mot à dire !". Il aurait pu ajouter "pôôôvre pays qui supporte la vie des Russes en maillot de bain alors que le conseil municipal de Soukhoum veut les cantonner sur les plages".
Le journaliste n'envisage pas une seconde le problème existentiel qu'affronterait ce pays si la Géorgie (ce qui n'est heureusement pas à l'ordre du jour) basculait dans le camp occidental et ouvrait un front sud anti-russe en attaquant Soukhoumi comme cela avait été le cas en 2008 contre l'Ossétie avec le bouillant Saakachvili...
J'échangeais hier avec un correspondant qui a lu le livre de M. Ashuba, et s'est rendu en Abkhazie à deux reprises en 2016 et 2018. Il a visité les monastères abkhazes comme avant lui le photographe Guillaume Poli, et a connu une forte empathie avec les moines. Comme moi il est frappé par la présence de la mort dans ce pays, et les nombreuses spéculations ésotériques à son sujet : pays de Prométhée, de Médée, des Dioscures... Il rêve d'y retourner... Ce n'est pas vraiment mon cas, à vrai dire... l'altérite du monde caucasien n'est pas si facile à gérer ; je me satisfais mieux des charmes de l'Hexagone...
Ce matin je lisais une histoire d'un bateau turc d'esclaves africains à destination de la Crimée qui autour des années 1800 s'est échoué sur les côtes abkhazes où une garnison russe les a recueillis. Ces "afro-abkhazes" ont ensuite fait souche dans le pays. Et puis encore celle de cet interprète cubain qui s'est marié du côté de Gagra dans les années 2000 et s'y est enraciné... Qui dira après ça que l'Abkhazie est un pays replié sur lui-même ?
Abkhazie : Vandalisme contre un tilleul
/image%2F1562800%2F20230410%2Fob_26d25e_tilleul.jpg)
Grande émotion les 6-7 avril dernier en Abkhazie, car un tilleul vieux de deux siècles a été vandalisé par des inconnus le 5 au soir, dans la clairière de Lykhny (Lykhnashta) dans la province de Gudauta. Le président de la République Aslan Bzhaniya (Bjanya) le premier ministre Alexander Ankvab, l'archimandrite orthodoxe Dorotheos Dbar se sont déplacés pour condamner l'acte.
Ce tilleul est un des trois arbres sacrés de cette espèce sous lesquels dans cette zone se rendait la justice. C'est un lieu où divers actes de résistance ont été lancés dans l'histoire de l'Abkhazie - Abkhazworld les recense ici.
Sergey Bebiya, vice-président de l'Académie des sciences d'Abkhazie, a expliqué qu'un traitement spécifique a été apporté à l'arbre qui a subi une entaille à la tronçonneuse de 15 à 20 cm et que "il existe des chances que l'écorce de l'arbre prenne racine. Si cela se produit, il y a une chance de sauver l'arbre. Si cela n'aide pas, alors les chances de survie du tilleul sont très minces."
Au même moment en Géorgie, les Européistes multiplient les manifestations pour pousser le gouvernement de Tbilissi à prendre une position pro-OTAN (voire d'ouvrir un second front anti-russe) et libérer l'ex-client de George W. Bush Mikheil Saakachvili qui purge une peine de prison de six ans.
Mémoires d'un combattant abkhaze
/image%2F1562800%2F20230314%2Fob_61a9df_memoirres-ashuba.png)
/image%2F1562800%2F20230314%2Fob_9e62b0_bekir-ashuba.jpg)
Je vous conseille de lire cet ouvrage "Mémoires d'un combattant abkhaze" dont l'auteur, Bekir Ashuba, a bien voulu me demander d'écrire la préface. En voici la présentation en 4ème de couverture - le livre peut être commandé ici ou en librairie.
Le 14 août 1992 les forces armées du gouvernement géorgien envahissent la petite Abkhazie qui, restée fidèle à l’Union soviétique jusqu’à sa disparition, préférait désormais son indépendance à la tutelle de Tbilissi. Issus des communautés circassiennes en exil en Turquie, Bekir Ashuba, 23 ans, et ses amis du même âge décident alors de s’engager dans des milices de volontaires pour aller défendre la liberté du pays de leurs ancêtres. Les voilà désormais embarqués dans une aventure épique, où ils trouveront la joie de servir le pays de leurs ascendants déportés, l’ivresse de l’engagement fraternel, l’ardeur, la foi, et l’espérance, mais aussi, le deuil et, plus d’une fois, la déception.
L’auteur livre ici très en détail ses souvenirs de guerre sur les cimes du Caucase, sans fard ni fioritures. Il ouvre les portes des chambrées où les Turcs de gauche chantent « Bella Ciao », et les Tchétchènes s’adonnent à des transes soufies ; il raconte les longues marches à flanc de colline dans la nuit, les attentes angoissées dans les fermes abandonnées, les opérations armées fulgurantes, jusqu’au triomphe militaire final, après un pèlerinage mystérieux dans une vallée féerique. Tout dans ce récit est vrai, scrupuleusement consigné, et tout viendra surprendre le regard du lecteur occidental généralement peu informé de l’histoire de ce conflit qui pèse encore lourdement sur l’équilibre géopolitique de la Mer Noire.
Des Abkhazes de gauche en Turquie
/image%2F1562800%2F20221225%2Fob_c0d44f_istanbul.jpg)
Je vous ai parlé l'an dernier de l'avocat turc d'origine abkhaze A.B. et de sa contribution au livre 21e siècle des Circassiens : Identité, patrie et politique publié à Ankara sous la direction de Merih Cemal Taymaz et Sevda Alankuş.
Je suis souvent en contact avec son épouse qui m'avait fait l'amitié de traduire en turc pour le mensuel circassien Jineps d'Istanbul l'interview qu'avait faite de moi en 2012 Marina Iosifyan parue dans le principal journal abkhaze Chegemskaya Pravda, et que j'ai vue à plusieurs reprises à Bodroum et en France.
La famille d'A.B. qui est ancrée à gauche accumule les deuils en ce moment. En août dernier il avait perdu le mari d'une de ses trois soeurs (il a aussi cinq frères dont un décédé il y a trois ans, et un ainé médecin), Metin Çulhaoğlu, mort d'une crise cardiaque à 75 ans, qui était un théoricien important du Parti des travailleurs de Turquie (TIP), qui a deux députés à l'assemblée nationale turque en ce moment (une vidéo lui rend hommage ici). Le 8 décembre, il enterrait le mari d'une autre de ses soeurs, l'historien Mehmet Bozkurt, d'origine ossète, 67 ans, mort du Covid19 (bien qu'il ait eu 6 doses de vaccin, mais il souffrait d'insuffisance cardiaque). Celui-là était membre du Parti communiste de Turquie (TKP) un autre mouvement marxiste apparemment moins implanté électoralement que le TIP (et moins ouvert aux revendications nationales des kurdes que ce dernier parti), qui chantait déjà dans la chorale de ce parti à l'âge de 7 ans (le parti alors s'appelait SIP). Il y a eu une cérémonie à la mosquée et un enterrement civil, il y avait des athées et des croyants à cette cérémonie.
Un vrai sujet d'étude sociologique, je trouve...
Caucase : Pas de deuxième front en vue
/image%2F1562800%2F20220514%2Fob_24c92f_osset.png)
Les lignes bougent, et pas vraiment dans le bon sens à la frontière nord de la Russie la Suède et la Finlande demandent à rejoindre l'OTAN (Moscou va du coup couper ses livraisons d'électricité à Helsinki, mais Erdogan a le non goût, pour l'instant, de s'opposer à ces adhésions, ce qui va lui valoir beaucoup de pressions de ses alliés). Cependant sur le front du Caucase, le choses paraissent plus stables, bien que le nouveau président d'Ossétie du Sud, Alan Gagloiev, élu le weekend dernier, ait confirmé son intention qui était aussi celle de son prédécesseur d'organiser un référendum sur l'adhésion de son pays à la Russie (tout en signalant qu'il ne le fera qu'avec le feu vert de Vladimir Poutine).
/image%2F1562800%2F20220514%2Fob_bb3444_irakli.jpg)
On a déjà parlé ici des laboratoires militaires américains en Géorgie tandis que Moscou soumettait au Conseil de sécurité hier celle des laboratoires en Ukraine (la Chine a jugé inquiétantes les dernières preuves d'activité biologique publiées par la Russie). Depuis le début de la guerre d'Ukraine la Georgie a manifesté sa réticence à se joindre à la politique américaine de sanctions contre la Russie, ce qui lui a été amèrement reproché par le régime de Zelinsky. Tbilissi a demandé à rejoindre l'Union européenne mais pas l'OTAN, et seul le parti de l'ex-président Saakachvili, le Mouvement national uni (qui avait quand même vendu les infrastructures énergétiques géorgiennes à la Russie après la guerre de 2008), aujourd'hui dans l'opposition, demande d'ouvrir un "deuxième front" anti-russe en Géorgie en attaquant l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. Le politologue Ghia Abashidze accuse ce parti de faire le jeu de Moscou car cela perturberait la voie d'approvisionnement énergétique alternative de l'Ukraine par le Caucase. "Notre peuple a déjà combattu trois fois contre la Fédération de Russie, nous avons enduré des milliers de problèmes - nous garantissons à la population qu'il n'y aura pas de guerre dans le pays", a déclaré hier le Premier ministre géorgien, Irakli Gharibashvili .
D'un labo américain l'autre : le Lugar Center à Tbilissi
/image%2F1562800%2F20220312%2Fob_3c5a19_bilyana.png)
Il n'y a pas que les bio-laboratoires américains en Ukraine qui suscitent des polémiques. La journaliste bulgare Dilyana Gaytandzhieva évoque ici (13e minute) au micro de Dan Cohen un investissement de 161 millions de dollars à Tbilissi (Georgie), un laboratoire parmi d'autres que Washington a implantés dans 25 pays.
Sur son site elle nous en dit plus. Il s'agit du Lugar Center, à 17 km de la base aérienne militaire de Vaziani, où Dilyana Gaytandzhieva a enquêté en septembre 2018.
/image%2F1562800%2F20220312%2Fob_8a3f18_vaziani.png)
Le Lugar Center est devenu célèbre ces dernières années pour ses activités controversées , ses incidents de laboratoire et ses scandales entourant le programme contre l'hépatite C du géant américain du médicament Gilead (qui avait fait parler de lui pour son funeste Remdesivir au début de la crise du Covid) en Géorgie, qui a entraîné la mort d'au moins 248 patients . La cause du décès dans la majorité des cas a été répertoriée comme inconnue, selon des documents internes .
Le projet géorgien GG-21 a été financé par DTRA et mis en œuvre par des scientifiques militaires américains d'une unité spéciale de l'armée américaine portant le nom de code USAMRU-G qui opère au Lugar Center. Ils ont reçu l'immunité diplomatique en Géorgie pour rechercher des bactéries, des virus et des toxines sans être inquiétés. Cette unité est subordonnée au Walter Reed Army Institute of Research (WRAIR).
Des documents obtenus du registre des contrats fédéraux américains montrent que l'USAMRU-G étend ses activités à d'autres alliés américains dans la région et "établit des capacités expéditionnaires" en Géorgie, en Ukraine, en Bulgarie, en Roumanie, en Pologne, en Lettonie et dans tous les emplacements futurs. Le prochain projet USAMRU-G impliquant des tests biologiques sur des soldats doit démarrer en mars de cette année à l'hôpital militaire bulgare de Sofia.
Les activités du DTRA en Géorgie et en Ukraine relèvent de la protection d'accords bilatéraux spéciaux. Conformément à ces accords, la Géorgie et l'Ukraine s'abstiendront de toute responsabilité, n'engageront aucune poursuite judiciaire et indemniseront les États-Unis et leur personnel, les sous-traitants et le personnel des sous-traitants en cas de dommages matériels, de décès ou de blessures à toute personne en Géorgie et en Ukraine, résultant de d'activités dans le cadre du présent accord. Si des scientifiques parrainés par DTRA causent des décès ou des blessures à la population locale, ils ne peuvent pas être tenus responsables.
Dans une vidéo publiée par Al Mayadeen : des riverains comme Albert Nurbekyan et Eteri Gogitidze du village d'Aleweevka témoignent qu'il y a de la fumée rouge, noire, verte qui se dégage de ce centre pendant la nuit, avec une odeur chimique d'oeuf pourri. Deux travailleurs philippins sont morts par empoisonnement lors de la construction du centre. La rivière voisine a été aussi polluée. De quoi inquiéter l'Abkhazie voisine...
Un peu d'élégance caucasienne...
/image%2F1562800%2F20220227%2Fob_96942c_vins-abkhazes.jpg)
Non, toute la jeunesse du monde n'est pas perdue. Comme l'écrit un Japonais en commentaire de cette vidéo "Les gens qui s'investissent dans la culture traditionnelle profonde ont des allures nobles et belles. Les larmes coulaient littéralement de mes yeux"... Bon je vous concède que cela a peu à voir avec le paganisme rural traditionnel... Mais ce soir je ne vole pas spirituellement très haut... Et puis il y avait peut-être des danses comme celle-là aux noces de Cana aussi non ?
A propos de la culture circassienne et de l'Abkhazie
/image%2F1562800%2F20211211%2Fob_2c20bf_cerkes-kitabi-wep.jpg)
Vient de paraître en Turquie (en langue turque) : 21e siècle des Circassiens : Identité, patrie et politique (Çerkeslerin 21. Yüzyılı: Kimlik, Anayurt ve Siyase) sous la direction de Merih Cemal Taymaz et Sevda Alankuş, aux éditions Dipnot (Ankara).
Cet ouvrage collectif est consacré à la sociologie, à la culture et aux perspectives politiques du monde circassien actuel. Il examine notamment la vie politique circassienne depuis 1864, avec des éclairages particuliers sur le statut des femmes, sur la situation de la diaspora circassienne, et les attentes de sa jeunesse. Le lecteur y trouvera aussi une analyse comparative des politiques de la Turquie et de la Russie en Abkhazie et en Ossétie du Sud et du rôle de la diaspora dans l'adoption de ces politiques.
A noter notamment la contribution de l'avocat Anıt Baba : "Sur la base de l'exemple de l'Abkhazie : Réflexions sur la dimension juridique du retour au pays" (Abhazya Örneğinden Yola Çıkarak Vatana Dönüşün Hukuki Boyutu Üzerine Düşünceler).
/image%2F1562800%2F20211211%2Fob_2503c4_dunden.jpg)
Anıt Baba (Papba) est aussi l'auteur de Les droits de l'homme du passé au présent (Dünden Bugüne İnsan Hakları) paru en septembre dernier. Voyez son blog sur l'Abkhazie ici.
Le sang de Prométhée et la plante magique de Médée

Divertissons nous un peu des tristes nouvelles du moment. J'ai appris ceci en travaillant sur les mémoires d'un ancien combattant abkhaze pendant le confinement : non seulement le Caucase était connu pour être la patrie du titan Prométhée, mais il existe en Abkhazie une grotte de Prométhée dans laquelle se passent des phénomènes "spirituels" étranges. Or je regardais tantôt ce film de 1963 qui fit les délices de mes 11 ou de mes 12 ans, "Jason et les Argonautes" - film au demeurant très chrétien car, quoiqu'il mettre en scène très délicatement les jeux des Olympiens, il annonce aussi leur fin prochaine...
J'ai été étonné de voir que ce film à un certain moment évoque subtilement le lien de la Colchide (dont une partie est l'Abkhazie actuelle, ce dont, comme je l'avais évoqué dans mon livre il y a dix ans, même les observateurs russes présents avec moi il y a 10 ans avaient conscience) avec le Titan supplicié. C'est lorsque la sorcière-prêtresse Médée donne au héros Jason un baume magique issu du sang de Prométhée.
Quand on regarde d'où vient cette histoire de baume, on trouve Apollonios de Rhodes, le poète alexandrin exilé par Ptolémée II, qui, à 18 ans (encore un surdoué précoce, un peu comme Lucain sous Néron), composa les Argonautiques. Apollonios y décrit en détail ce remède et explique même comment la magicienne le recueillit "par ses enchantements" du suc d'une fleur née des gouttes du sang de Prométhée dans une coquille, "au bord de la Mer Caspienne". Il précise que pour ce faire elle s'est lavée sept fois dans des eaux "qui ne tarissent jamais" (comme l'âne d'Apulée s'immerge sept fois à la mode pythagoricienne dans la mer pour être sauvé par Isis) et a appelé sept fois sa nourrice d'enfance.
En 1961, Christian Lacombrade, helléniste de l'université de Toulouse, soulignait que toute cette affaire révélait "l'engouement du public (d'Apollonios de Rhodes) pour la magie", bien plus intense selon lui à l'époque hellénistique qu'à l'époque classique. Il remarquait aussi que, non seulement Apollonios s'inspirait, dans la description de la plante, de l'herbe magique que Circé donne à Ulysse dans l'Odyssée, mais aussi que le détail du rituel suivi par Médée pour la cueillir ressemble à ceux que Théophraste exposait à propos des fabricants de philtres, et que l'Alexandrin recopiait peut-être dans son poème un grimoire occultiste de son époque (voilà qui intéresserait sans doute les divers naturopathes et aromatothérapeutes qui se mobilisent contre le fascisme sanitaire en ce moment).
Dans ses "Coupeuses de racines" (ouvrage dont ne subsistent que quelques fragments) Sophocle décrivait Médée recueillant le suc des plantes (selon Macrobe). Apollonios a donc repris une longue tradition concernant la magicienne. Le tragédien rattachait-il déjà une plante de Médée au sang de Prométhée ? On ne le saura jamais avec certitude, mais dans une autre tragédie, "Les Colchidiennes", il mentionne Prométhée quand Médée conseille Jason devant une épreuve.
Moi qui vous ai souvent parlé des stoïciens avant ma conversion, y compris dans un billet d'août 2010, huit mois après mon voyage en Abkhazie, où j'abordais leur cas juste après celui des Argonautes (voir ici), je ne puis rester insensible au fait que le stoïcien Cléanthe (330-232 av JC) se serait lui aussi intéressé à la "plante prométhéenne" et aurait écrit selon un fragment analysé par l'exégèse allemande qu' "il pousse sur le Caucase, une plante que l'on appelle prométhéenne. Médée la recueillit et la réduisit en poudre pour s'en servir contre les antipathies de son père". Lacombrade imagine même la possibilité d'une rencontre entre l'athénien Cléanthe et Apollonios à Alexandrie. En tout cas les deux naviguaient dans le sens des théories des grandes correspondances cosmiques qui allaient exalter le néo-platonisme au IIIe siècle de notre ère et qui connaissent un très grand succès de nos jours.
Pourquoi Sophocle et Cléanthe s'intéressèrent-ils tant à Médée et aux Argonautes ? On l'ignore.
Quoi qu'il en soit, pour ma part, je suis moins surpris de retrouver la sorcellerie des plantes et des astres (Médée est aussi la prêtresse qui fait tomber la Lune du ciel) autour des montagnes abkhazes qui en sont saturées (même le récit de mon ancien combattant en parlait) que de dénicher dans un peplum des années 60 une si grande fidélité érudite à un poème alexandrin des années 270 av JC... En tout cas jetez y un coup d'oeil si vous aimez les mythes et les origines de notre culture. Je le poste en lien ci-dessous.
L'Abkhazie agace toujours les Russes

L'élection présidentielle en Abkhazie (que les Abkhazes appellent Apsny, le pays de l'âme), qui s'est tenue dimanche (après quand même une tentative de coup d'Etat en janvier), a été remportée par le chef de l'opposition Aslan Bzhaniya avec 56,5% des voix, face au vice-Premier ministre, ministre de l'économie d'Abkhazie, Adgur Ardzinba, 35,42%, et à l'ancien chef du ministère des Affaires intérieures de l'Abkhazie Leonid Dzapshba - 2,22%. Le taux de participation a dépassé les 71%. Pas d'effet "coronavirus" donc dans ce pays.
Le site russe Pravda.ru donne la parole au député à la Douma et spécialiste des Etats de l'ex-URSS (CEI) Constantin Zatouline, qui critique le fonctionnement clanique persistant du pays qui selon lui y encourage les logiques de vendetta et les lois du silence, et le fait que les Russes ne peuvent toujours pas y acheter des propriétés (la législation réserve le foncier aux locaux, et toutes les entreprises doivent être à 51 % abkhazes, donc pas de place pour les spéculateurs capitalistes venus de l'étranger !).
Sur les réseaux sociaux comme ici les Russes blâment la paresse des Abkhazes, le fait que tout ce qui a été fait dans ce pays est l'oeuvre des Géorgiens avant 1992. Apparemment les Russes apprécient l'air pur de la région, mais pas trop l'attitude des autochtones à leur égard.
Ca rejoint des propos que j'ai entendus sur place en 2009. Dans tous les commentaires les touristes russes disent que les Abkhazes sont paresseux et des voleurs, qu'ils n'ont rien reconstruit chez eux depuis la guerre, qu'ils ne nettoient même pas leurs maisons, qu'ils gaspillent l'argent que Moscou leur donne et ne font rien pour le tourisme. L'Abkhazie malgré sa très belle nature serait vouée à perdre ses visiteurs au profit de la Crimée, qui est aussi très belle et où les gens auraient un esprit plus positif...
Je crois que le jour où les Russes cesseront de voir l'Abkhazie à travers des jolies filles qui se filment en mode selfie sur les bords de la Mer Noire (et il y a des vidéos sur You Tube en tenue plus légère que celle ci-dessous), ils progresseront dans leur compréhension de l'essence de ce pays.
A comparer avec les déclarations du militant circassien de Kardino-Balkarie e( ex héros de la guerre patriotique abkhaze) İbrahim Yağan à la Voix de la Circassie en février 2012 : "Il existe de nombreux conflits, notamment entre clans, dans la société abkhaze. L'administration russe joue un rôle important dans ce dossier... Les activités des bureaucrates russes en Abkhazie sapent la structure étatique non seulement de l'Abkhazie, mais aussi de la Russie... Malgré le potentiel de l'Abkhazie, il n'est pas possible d'offrir aujourd'hui une vie meilleure que la vie dans les campagnes russes. Parce que ce serait un exemple indésirable pour les dirigeants russes."
Elections en Abkhazie

Le premier tour des élections présidentielles en Abkhazie s'est tenu le 25 août dernier. J'ai trouvé instructif de voir que parmi les observateurs, il y avait l'ambassadrice du Nicaragua à Moscou et Soukhoumi Alba Azucena Torres (une poétesse), un ancien premier ministre slovaque Jan Charnogursky, président dans son pays d'une association des Amis de la Crimée, un député du parti de droite de la droite allemande AfD Stefan Keuter (d'Essen), l'Autrichien Patrick Poppel de l'Institut Souvorov, et des représentants de la Biélorussie, de la Russie, de la Chine et du Venezuela. La vice-présidente du Venezuela Delcy Rodriguez avait reçu le président abkhaze en janvier dernier.
J'avais fait partie il y a dix ans d'une équipe d'observateurs des élections présidentielles dans ce pays, mais à l'époque il s'agissait de simples citoyens coachés par une association russe. De cette expérience était né mon livre sur l'Abkhazie publié aux éditions du Cygne..
Le faux-moine abkhaze du père Tikhon
Je lisais tantôt dans "Everyday Saints and Other Stories" du père Tikhon (Chevkounov) qu'on dit être le confesseur de Vladimir Poutine, l'histoire vraie d'un brigand qui s'est fait passer pour un orphelin dont la mère - une religieuse - avait été brûlée vive par des brigands en Abkhazie (voir ici). C'était en 1986, le jeune homme a usurpé une identité authentique après avoir volé des richesses dans un monastère à Omsk (en Sibérie), puis s'est réfugié au Monastère des grottes de Pskov (au Nord Ouest de la Russie). Chevkounov l'a démasqué grâce à une révélation divine qui l'a conduit à faire un tournage à Osmk (pour une vidéo qu'il souhaitait présenter en Géorgie) où les méfaits du faux moines lui ont été rapportés, ce qui lui a permis par recoupement de percer les mensonges de son protégé.

C'est une histoire édifiante sur le thème du risque permanent de retomber dans le péché, puisque, le faux moine s'étant finalement converti pour de bon, finit quand même ses jours assassiné par la mafia en 2001 pour avoir continué de traiter un peu trop avec elle... Un avertissement en ce qui concerne mes propres mauvais penchants.
Elle a attiré mon attention parce qu'elle révèle que, dans les années 1970-80, il était possible de se déplacer sans papiers particuliers en Abkhazie soviétique, ce qui était rare à l'époque, et qu'il existait une filière permettant à des moines orthodoxes de s'installer dans les montagnes à l'Est de Soukhoumi. L'orphelin Augustin dont le jeune brigand avait usurpé l'identité avait vu sa mère périr par le feu après avoir été couverte de kérosène par des chasseurs éméchés qu'elle avait accueillis dans une scène digne de Viridiana de Buñuel qui en dit long sur la dureté des moeurs caucasiennes.
J'avais croisé en 2013 un photographe, M. Poli, qui avait été impressionné par le monastère de Nouvel-Athos (Novi Athos). Pour ma part, lors de mon voyage dans ce pays en 2009, je n'avais hélas guère pu m'intéresser à cet aspect des choses.