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Le blog de Frédéric Delorca

Le Diplomate et l'Intrus

30 Avril 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Lectures

Je signale à ceux que ça intéresse la publication ce matin sur Parutions.com de mon compte-rendu sur le dernier livre de Bertrand Badie - de la sociologie made in Sciences Po appliquée aux relations internationales.

Le CR est sur http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=97&ida=9321
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Pétition de principe

30 Avril 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Conclusion de l'édito du Monde aujourd'hui : "l'islamisme se nourrit de la suppression de toute opposition, de toute vie démocratique ; il fleurit sur le terreau de l'autocratie, quand la mosquée devient le seul espace de contestation. A Tunis ou ailleurs". Le genre de déclaration qu'on lit cent fois dans les journaux.

D'abord il y faut une preuve : que dire de l' "islamisme" chiite (Hezbollah) au Liban où le pluri-partisme politique existe ? Quid du Maroc et de la Jordanie où plusieurs partis se présentent aux élections, quoique d'une manière encadrée (mais n'y a t il pas aussi un fort encadrement de la "démocratie" en France), sans que cela empêche la présence de partis islamistes forts ?

Le point de vue dominant se nourrit de ces pétitions de principe : la "démocratie " (sous-entendu : le système politique occidental) prémunit de l'islamisme, de l'intégrisme, la "démocratie" (occidentale) permet une meilleure redistribution des richesses dans les pays concernés. Au nom de ce genre de pétition de principe on provoque des guerres, on met des peuples sous embargo, on sabote la Charte des Nations-Unies. Que l'on nous donne des preuves, pays par pays.
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Culture clash on the beach

27 Avril 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

La photo figure sur http://www.exile.ru/blog/detail.php?BLOG_ID=16585&AUTHOR_ID=

Le titre "Vacationing Russians Experience Culture Clash"
Le sous-titre "Hurgada culture clash: A Russian slut dry humps her drunk vacation-sponsor's tailbone (foreground), while in the background, a fully-burqa'd Egyptian woman drowns herself to avoid the shame of watching her daughter Go Russian."



Cela m'a fait penser à une fille serbe qui cherchait un "sponsor" sur le tournage du court-métrage de Vesna Bejic. Et aussi à l'article du journal Le Monde du 24 août 2008 qui disait ceci :

"Le Hamas instaure "décence" et "respectabilité" sur l'ancienne plage huppée de Gaza"

"De la vaste salle de réception qui marquait l'entrée de la plage huppée de Gaza, il ne reste qu'une charpente calcinée. L'endroit, surnommé "Chaléatte" ("chalets", en arabe) en référence aux bungalows alignés sur le sable, a fait les frais de la colère du Hamas. Parce les membres de la Force spéciale du Fatah, une escouade de miliciens à la brutalité notoire, l'avait transformé en caserne, ce complexe touristique a été détruit, le 14 juin, au moment où les ultimes policiers fidèles au président Mahmoud Abbas rendaient les armes.
 
Désormais réduit à sa belle plage de sable fin, "Chaléatte" a été rebaptisé "Istiraha Al-Aqsa" ("aire de repos Al-Aqsa") et a rouvert sous la houlette de la Jamaat Al-Salah, une association de charité liée au mouvement de la résistance islamique. A partir de 17 heures, quand la chaleur décline, des milliers de Palestiniens viennent y savourer le bon air du large. Tandis que les hommes et les adolescents jouent dans les vagues, les femmes, sagement voilées, veillent sur les plus petits. L'ex-fief de l'élite gazaouie est devenu une plage comme les autres, où le conservatisme naturel de la société palestinienne est désormais de rigueur. "L'ère du bikini est terminée", plastronne Abou Al-Abed, le chef de la sécurité.

L'endroit avait été créé au début du processus de paix par Souha Arafat, alors "première dame" de Palestine. Il attirait la nomenklatura du régime, nostalgique des plages de Tunis où elle avait vécu en exil auprès de Yasser Arafat. Le prix d'entrée, relativement sélectif - 20 shekels (3,5 euros) par personne - permettait à quelques rares audacieuses de se baigner en maillot, à l'écart des regards indiscrets. Le chanteur égyptien Mustafa Amar s'y était produit et la danseuse du ventre Fifi Abdou, reine des nuits cairotes, y était passée lors d'un séjour auprès de son mari palestinien.

De ce passé jugé "indécent", les nouveaux propriétaires ont fait table rase en abaissant le prix d'entrée à 10 shekels (1,7 euro) par famille. "Maintenant, ceux qui viennent ici sont des gens normaux, avec un comportement respectable", affirme Abou Al-Abed.

Kamal Hbeir, 58 ans, patron d'une petite entreprise de textile, est l'un d'eux. Assis sous un parasol, les pieds léchés par les vagues, il surveille sa petite fille qui barbote dans une bassine remplie d'eau. "Regardez son sourire, dit-il. Pour une bouchée de pain, toute la famille se paie une journée de détente formidable. Avant, ce lieu n'était pas honorable. Nous n'y allions jamais. Aujourd'hui, si des jeunes s'avisent de draguer une fille, la Force exécutive (la police du Hamas) arrive dans la minute." En retrait du rivage, un groupe de jeunes membres du Hamas achève une réunion. "Nous sommes venus faire une journée de formation et de détente ici, explique l'aîné, Mohamed Masri, 25 ans, employé du ministère de la santé. Depuis qu'Abbas et sa clique de débauchés sont partis à Ramallah, cette plage est ouverte à tout le monde. C'est un véritable progrès." Au programme de leur fin d'après-midi : baignade, partie de football et barbecue. Sans oublier la prière du coucher du soleil, célébrée, comme tous les jours, dans une tente dressée sur le sable. 
 

Benjamin Barthe"

D'un point de vue féministe, où est la véritable libération, la véritable dignité, de la femme ? dans l'invasion capitaliste qui a démultiplié la prostitution en Europe de l'Est, ou dans la censure morale des islamistes ? D'un point de vue de gauche où est le véritable progrès social : dans les plages seins-nus de la bourgeoisie de l'OLP, ou dans les plages populaires du Hamas où il faut garder le voile ? Réflexe naturel des intellectuels occidentaux sur ce sujet : "ni ni". Ni le foulard, ni la prostitution (cela vous rappelle un slogan n'est ce pas ?). Mais dans la vie réelle, au jour le jour, les peuples doivent choisir. La Troisième Voie idéale dont un maître de conf ou un journaliste bien nourris aiment à rêver dans un bureau n'a pas de moyens concrets de s'imposer dans les faits (ce serait justement au journaliste, au maître de conf, de travailler à sa voie de réalisation concrète s'il voulait y penser d'une manière responsable). Alors, où est le choix raisonnable ?

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Encore un mot sur le Tibet (et sur le Zimbabwe)

24 Avril 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Un militant communiste m'a reproché de vouloir me tenir "au dessus de la mêlée" sur l'affaire tibétaine. Tel n'est évidemment pas le cas, bien au contraire. Je défends l'intégrité territoriale de la Chine, comme je défendais il y a dix ans celle de la République fédérale de Yougoslavie. C'est le B-A-BA de la résistance anti-impérialiste face aux ingérences néo-coloniales.

Je veux juste, au très modeste niveau qui est le mien, et sans aucune arrogance, dans l'espace démocratique qui est Internet, essayer de construire cette position de la façon la plus honnête possible, en intégrant toutes les dimensions du problème - et si cela ennuie mes lecteurs, rien ne les oblige à lire ce blog qui n'est qu'un parmi des millions sur le Net.

Donc dans l'affaire tibétaine, tout en tenant une ligne ferme, je veux intégrer les nuances nécessaires, reconnaître lorsque je me suis trompé (ou lorsqu'on a essayé de NOUS tromper collectivement). Cela fait partie du rôle de tout citoyen de bâtir son opinion de la sorte.

Cette démarche m'oblige notamment aujourd'hui à la lecture du nouvel argumentaire du Sénateur Mélenchon (http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=589), de reconnaître que je me suis peut-être trompé lorsque j'ai dit qu'il allait un peu vite en besogne en dénonçant le projet théocratique du Dalaï-Lama. Il semble bien en effet que cette Charte des tibétains en exil, que le sénateur exhume sur son blog aujourd'hui, soit un projet constitutionnel purement théocratique. Peut-être que les partisans de l'ingérence démontreront que ce texte n'est pas représentatif de l'ensemble des tendances qui soutiennent le dalaï-lama, je n'en sais rien. En tout cas cela reste à discuter.

La complexité de ce genre de question conforte le point de vue de Bricmont dans son bouquin sur l'ingérence humanitaire selon lequel, dès lors qu'il est difficile d'identifier le projet politique des divers protagonistes de conflits où l'Occident s'ingère, le devoir du citoyen critique est de s'opposer à l'ingérence, sans trop s'avancer dans l'analyse des positions de chacune des parties. Ici il y a une ingérence grossière des interventionnistes au soutien des sécessionnistes tibétains, il faut combattre cette ingérence, quel que soit le programme politique desdits sécessionistes.

J'aurais aimé dire aussi un mot sur cette affaire du bateau chinois rempli d'armes qui n'a pu aboutir à son client zimbabwéen. Là encore on se trouve en présence d'un conflit complexe entre un régime zimbabwéen dont certains résistants (comme Chavez) disent du bien, et d'autres (y compris chez les progressistes comme le Parti communiste sud-africain) beaucoup de mal. Il n'est sans doute pas nécessaire d'avoir une opinion définitive sur le gouvernement de Harare, pour condamner sans ambiguïtés l'action des Etats-Unis qui ont fait pressions sur le Mozambique, l'Afrique du Sud, la Namibie et l'Angola pour empêcher le bateau de décharger sa cargaison. Cette action a été menée alors même qu'aucun embargo international sur les livraisons d'armes ne pèse sur le Zimbabwe. Il s'agit donc d'une violation grossière des règles du commerce international, et d'une action qui menace la paix dans le monde : imaginez une seconde qu'un autre pays s'offre le même luxe d'arrogance : qu'un jour la Russie, la Chine ou l'Inde menacent tel ou tel pays (y compris la France) qui souhaiterait faire débarquer une cargaison quelconque (d'armes ou d'autre chose) à destination d'un pays qu'ils n'aiment pas. Entrer dans ce genre de logique, c'est vouloir la loi de la jungle et la guerre de tous contre tous.

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Le débat sur le Tibet et les JO

21 Avril 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Je continue de lire, quoique parfois en diagonale vu le nombre de textes parus sur la question, le débat sur la campagne de boycott des jeux olympiques chinois.



J'ai beaucoup d'estime pour l'action courageuse de Mélenchon qui, instruit par son expérience vénézuélienne, a eu la force de s'opposer à Reporter Sans Frontières, et aux robots du système médiatique français façon Jean-Pierre Elkabach.

Il y a beaucoup de points que je partage dans ce qu'il dit aujourd'hui du combat qu'il a pu mener depuis dix jours à ce sujet : voyez http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=588#more-588.

Evidemment il ne faut pas tomber dans la caricature. Beaucoup de gens à l'extrême-gauche veulent nous faire croire que le régime que le Dalaï-Lama veut imposer au Tibet est une sorte de théocratie médiévale. Voilà qui est évidemment faux.  Un certain Jean-Paul Ribes a rappelé que le Dalaï-Lama se définissait dans le Nouvel Obs 17 janvier 2008 comme “un marxiste en robe bouddhiste”. Qu'un homme se dise marxiste et aille mendier l'aide de George W.Bush, tout comme en 1999 l'UCK albanaise pouvait se dire héritière du communisme d'Enver Hodja tout en réclamant celle de Madeleine Albright est le signe pour le moins d'une grande confusion politique, à maints égards semblable à celle d'un Sarkozy invoquant les mânes de Jaurès. Mais cette confusion n'est pas nécessairement malhonnête, et il suffit de lire les biographies du Dalaï Lama pour reconnaître qu'il était depuis sa tendre enfance ouvert à une certaine modernité, au point d'ailleurs qu'il a partiellement collaboré avec le régime communiste chinois jadis, et pourrait bien le faire, selon moi, à l'avenir, tout comme Rugova en 1999 rencontrant Milosevic sous les bombes. N'ajoutons pas à la malhonnêteté des partisans de la déstabilisation de la Chine, la malhonnêteté de certains de ses opposants. De même n'entrons pas trop dans ces débats compliqués remplis d'anachronismes sur la question de savoir si le Tibet était ou non souverain au 16 ème siècle ou en 1910, débats qui n'ont guère de sens dès lors que la souveraineté n'avait pas en ce temps là la signification universelle qu'elle peut revêtir aujourd'hui.

Allons seulement à l'essentiel : le principe de non ingérence, de respect des histoires de chacun. Oui, la Chine évolue, la ramener à Mao est absurde. Et oui, les Occidentaux sont mal placés pour donner des leçons de droits de l'homme ou de quoi que ce soit d'autre. Les pays ont besoin de stabilité, l'ordre international a besoin de stabilité, pas d'aventurisme à la Bush-Kouchner. La paix, la stabilité des relations internationales est une priorité. Le droit à l'autodétermination de tel ou tel peuple peut se négocier dans ce cadre de stabilité et de confiance mutuelle que les grandes puissances ont le devoir d'instaurer, pas dans le "chaos créateur" que les extrémistes bienpensants stupides de Paris, de Londres, de Washington se plaisent à provoquer partout.
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