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Le blog de Frédéric Delorca

The Emperor's new clothes

24 Juillet 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Sur B 92 William Montgomery, ex ambassadeur, imagine déjà George W. Bush à la retraite dans quelques années expliquant aux médias ce qu'il aurait fallu faire pour gagner en Irak ("I am absolutely positive that five years from now, a retired President Bush will be giving interviews saying that if only we would have stayed the course, the situation in Iraq would have been much better"- http://www.b92.net/eng/insight/opinions.php?nav_id=42617). L'AFP ce soir met l'accent sur les bonnes performances d'Hillary Clinton dans la pré-campagne démocrate (cf une dépêche ce soir "Débat après débat, la sénatrice et ex-Première dame Hillary Clinton, met en évidence la solidité de sa candidature à l'investiture démocrate en 2008, une course de fond où elle continue de creuser l'écart").

Nous allons bientôt voir l'empereur dans ses nouveaux habits. Le retour de l'impérialisme subtil, souriant, à la Bill Clinton, celui des Etats-Unis des années 1990. Plus difficile à combattre dans un sens que le mysticisme borné et arrogant de l'administration Bush. Plus dangereux aussi, plus pernicieux. Il va falloir s'y préparer.

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PS : De ce point de vue là, je suis totalement en désaccord avec les propos du viel ex- sous-secrétaire au Trésor de Reagan Paul Craig Roberts qui circulent sur Internet (dixit Novosti http://fr.rian.ru/world/20070720/69339675.html) selon lesquels Bush pourrait proclamer l'état d'urgence pour attaquer l'Iran. A mon avis Bush peut attaquer l'Iran sans cela, en s'appuyant sur les medias et sur un consensus parti républicain/aile droite du parti démocrate (H. Clinton se rallierait sans problème à une telle attaque), sans prendre le risque de passer pour un dictateur (sauf évidemment cataclysme de dernière minute). Certes il est possible en effet que l'armée soit très lasse des conquêtes (ce pourquoi d'ailleurs l'Iran a été épargnée jusqu'ici) mais on ne voit pas bien pourquoi Bush tenterait un bras de fer avec elle. Je crois que l'époque actuelle est plus propice à la démocratie télégénique souriante qu'aux tentatives de putsch. C'est d'elle qu'il faut se méfier plus que des réflexes autoritaires de Bush. Et c'est peut-être sous le sourire d'Hillary Clinton que Washington bombardera Téhéran.

  

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L' "ambition" sarkozyste

24 Juillet 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

""Ambitieuse" pour la France, afin qu'elle soit "de retour" sur le terrain des droits de l'Homme, la secrétaire d'Etat Rama Yade souhaite "en finir" avec "l'arrogance française", en recensant toutes les condamnations du pays par la Cour européenne des droits de l'Homme." ainsi commence la dépêche AFP datée du Lundi 23 juillet, 22h48 sous le titre "Rama Yade souhaite "en finir" avec "l'arrogance française".

La définition sarkozyenne de l'ambition pour la France, c'est donc de faire passer le pays sous les fourches caudines d'une convention qui promeut une vision anglo-saxonne des droits de l'homme (et notamment une définition des droits des langues minoritaires très favorable aux communautarismes). Certes les droits des minorités sont importants, et la convention européenne des droits de l'homme, dont la cour européenne est la gardienne, malgré tous ses défauts (la référence aux droits à la vie familiale avec ses relents très chrétiens, très "Centre Européen de la Culture" de 1950 par exemple) n'est pas entièrement  à jeter à la poubelle, mais se fixer pour "ambition" une autoflagellation collective devant ce texte (ou devant George W. Bush comme le fit naguère M. Sarkozy) ce n'est pas faire preuve d'un grand amour de son pays...

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Récits de voyages

20 Juillet 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Encore deux comptes-rendus de lectures que je viens de publier sur Parutions.com : l'un porte sur un carnet de voyage de Malraux, l'autre sur un livre beaucoup plus d'actualité relatif à la Syrie et paru au Temps des Cerises : 

- http://parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=96&ida=8365 

http://parutions.com/index.php?pid=1&rid=6&srid=63&ida=8364 

Derniers CR de Parutions.com avant un mois.

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Gauches européennes

19 Juillet 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

J'ai profité du début de mes vacances pour continuer à décortiquer le dossier transdniestrien. J'ai épluché la constitution, toutes les biographies des députés, les articles du Tiraspol Times en ligne, glissé quelques correctifs dans les pages de Wikipedia souvent mensongères ou caricaturales sur le sujet. Le plus surprenant dans tout cela, c'est cette obstination de la classe politique pridnestrovienne, qui a toujours les faucilles et les marteaux dans ses emblèmes, à refuser le label communiste (avec deux PC dans l'opposition, nous n'avons hélas pas pu les rencontrer). Et ce parti "Renouveau" qui se dit de centre-droit, le mouvement de jeunes "Proriv", mi-Otpor/mi-anti-OTAN/russe, guévariste, finalement assez sympathique à travers ce que la presse locale en dit. Nous disséquons cela dans tous les sens avec mon camarade d'investigation Birino.

 

Hier je suis aussi sorti de ma bulle internautique pour rencontrer à Paris les responsables de la librairie Ishtar, Fouzia Lamrani et Mohamed Taleb. Ils organisaient dans l'après-midi une conférence Venezuela-monde arabe. Nous n'étions pas très nombreux, mais c'est habituel à Paris. En France, les gens ne s'intéressent pas assez à l'international. J'ai ensuite suivi Nathalie Levallois à l'ambassade du Venezuela où se tenait une petite réunion. Des gens du Cercle bolivarien de Paris s'y trouvaient. Tout cela permettait de prendre le pouls des forces militantes, de leur état d'esprit.

Si je rapproche cette sortie parisienne de ce que j'ai vu à Varsovie au début de ce mois où j'ai rencontré des membres de la Jeunesse socialiste (extrême-gauche), je tire de toutes ces rencontres l'impression d'une très grande diversité, et même le sentiment d'avoir affaire à un patchwork, avec des sensibilités et des centres d'intérêts très variés, des approches du monde actuel qui, si elles s'entendent pour dénoncer le néo-libéralisme ou l'impérialisme américain, sont loins de converger sur des objectifs concrets communs et, a fortiori, des modus operandi pour les atteindre.

 

La lecture de la presse me renforce dans cette idée. Mélenchon parle de créer die Linke en France avec le PCF, mais n'ose pas franchir le pas (ni le PCF non plus) - d'ailleurs aurait-il intérêt à le faire si Sarkozy continue à débaucher toute l'aile droite du PS ? -. Mais au même moment la "Linke" espagnole, Izquierda Unida (IU) qui, à sa grande époque, réunissait communistes, verts, et aile gauche des sociaux-démocrates, est en train de se déliter. Javier Parra, le patron de larepublica.es, dénonce dans un papier daté d'hier (http://www.larepublica.es/spip.php?article6205) la dérive "hors de la gauche" d'IU qu'il accuse de vouloir liquider le Parti communiste espagnol. L'Union est un combat. Un combat qui n'est pas toujours facile.

 

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Impressions sur la Transdniestrie/Pridnestrovie

8 Juillet 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Interviews-reportages vidéos réalisés par FD, #Transnistrie

Voici en quelques mots les impressions que je retire de la République moldave autoproclamée de Transdniestrie/Transnistrie/Pridnestrovie (République moldave de Pridnestrovie -  RMP) après un séjour du 2 au 6 juillet dans le cadre d’une mission d’observation, sous réserve d’enquêtes et d’analyses complémentaires.

1) Economie

La Transdniestrie (RMP) est un pays riche par rapport à ses voisins. Elle affiche un PNB par habitant de 1 000 dollars, soit la moitié de celui de la Moldavie, mais ce chiffre, dont la base de calcul reste obscure, ne reflète pas la réalité visible dans le mode de vie des gens, ni le potentiel remarquable de ce pays qui fut une des régions les plus industrielles de l’Union soviétique (métallurgie, textile, machines, agroalimentaire), bénéficiant d’une main d’œuvre de haut niveau qualifiée, et de terres agricoles très rentables. La RMP est fortement pénalisée par l’absence de reconnaissance internationale qui dissuade les investissements et pèse sur le commerce en raison des règles de double enregistrement des entreprises à Tiraspol et Chisinau qui entraînent des doubles taxations.  

Le pays a dû se lancer dans des privatisations, qui ont conduit à des pertes d’emplois. La RMP reconnaissait en 2004 un taux de chômage de 16 %. Les privatisations ont aussi entraîné l’émergence de l’oligopole Sheriff, holding qui contrôle la distribution d’essence, une partie des supermarchés, et une part croissante de l’industrie. Cet oligopole avoue fournir 15 % du budget de l’Etat sans qu’on puisse établir comment est calculé ce chiffre. Son influence sur les institutions est opaque. On sent chez les dirigeants une aspiration croissante à une reconnaissance occidentale qui permettrait de faire fructifier l’appareil productif.

Les terres agricoles n’ont pas été privatisées, restent propriété d'Etat et sont louées à bail pour 99 ans comme en Chine (y compris à des collectifs de travailleurs). Une partie des privatisations ont abouti à un contrôle des usines par les collectifs de travailleurs qui détiennent des part d’actions majoritaires.

2) Droits sociaux

De nombreux avantages sociaux de l’époque soviétique ont été conservés : éducation gratuite d’un bon niveau, santé gratuite au moins pour les soins minimaux, attribution des emplois, vacances en Crimée pour les enfants, diverses formes de soutien de la collectivité aux individus.  La constitution du pays met en valeur autant les droits individuels que les droits sociaux. Elle insiste sur l'éducation, la santé, la récompense du travail, le respect de l'environnement.
 
3) Démocratie

Le système politique reste marqué par une culture de consensus soviétique, qui explique en grande partie la reconduction régulière du président Smirnov à la tête de l’Etat (le leader de l'opposition parlementaire ne s'est pas présenté aux dernières élections présidentielles pour ne pas "fragiliser" l'Etat non reconnu). Les députés ne sont pas élus par tendances politiques, et les partis (10 au total, y compris un parti social-démocrate qui demande le rattachement à la Moldavie, mais beaucoup de ces partis sont liés à leur équivalent moscovite) ne constituent pas des ensembles cohérents et ne paraissent pas présenter de réels programmes, à part les deux partis communistes (opposition), qui n’ont pas de représentant au parlement (Soviet suprême) et qui défendent la renationalisation de l'économie. Néanmoins on relève des efforts importants pour faire prévaloir l’Etat de droit. Une cour constitutionnelle a été créée qui fait respecter la séparation des pouvoirs et des principes relativement libéraux (dans un cadre présidentiel inspiré du modèle russe). Un ombudsman prend en charge les litiges avec les administrations.  L'indépendance relative de la justice semble s'être vérifiée récemment avec l'échec de la belle-fille du président Smirnov à faire annuler par les juges l'élection de son rival dans la circonscription de Slobozya (sous réserve d'investigations complémentaires sur ce sujet).

Dans la rue les gens critiquent ouvertement le gouvernement et ne paraissent pas subir de répression dans l’expression de leurs opinions. Leurs positions sont assez apolitiques dans l’ensemble, notamment quant à l’avenir de l’entité transdniestrienne.

4) Relations interculturelles

Les autorités mettent beaucoup en avant la guerre de 1992, la supposée intolérance politique et linguistique du gouvernement de Chinisau, et leur propre attachement à une cohabitation harmonieuse entre les principales cultures moldave, ukrainienne et russe, et leur refus du communautarisme.

Si le trilinguisme se retrouve dans les inscriptions officielles, le moldave (dans sa version écrite en alphabet cyrillique) est peu présent en ville. Sociologiquement les Moldaves restent une population plus rurale et peut-être moins représentée dans les centres du pouvoir. Il s'emble qu'une sensibilité nationaliste moldave favorable au rattachement à la Moldavie, voire à la Grande Roumanie, susbisterait dans certains cercles intellectuels universitaires. A l’inverse des députés moldaves du Soviet Suprême soutiennent que les Moldaves de RMP, qui ont toujours écrit en alphabet cyrillique et ont toujours été tournés vers l’Ukraine et la Russie feraient l’objet de persécutions de la part des Moldaves de Chisinau, qui ont récupéré en 1989 l’alphabet latin introduit dans le Roumain du XIX ème siècle, traditionnellement liés à la Roumanie.

Des rumeurs non vérifiées existent sur des boycotts des élections dans les villages moldaves (ce que nient les autorités). En tout état de cause on ne perçoit pas de tensions intercommunautaires fortes. Les Russes et Ukrainiens, et même des Moldaves interrogés dans la rue sans présence des autorités affirment que les appartenances identitaires n’entrent pas en ligne de compte dans les rapports sociaux et disent ne pas avoir peur pour la conservation de leurs droits en cas de rattachement à la Moldavie. Certains vont d’ailleurs travailler ou étudier à Chisinau. Les diplômes prinestroviens sont reconnus en Russie et en Ukraine pour ceux qui veulent poursuivre leurs études. En Moldavie en revanche on les "confisquerait" pour remettre à leur place des diplômes moldaves, selon un de nos interlocuteurs (point à vérifier).

5) Relations internationales

La RMP est un petit pays de 550 000 habitants très provincial qui n’a qu’une vague idée de ce qu’est le monde au-delà de ses voisins immédiats. La Russie a les moyens de mettre fin à cette entité en cas d’accord entre Moscou et Chisinau. Depuis la « révolution orange », on a noté un raidissement de Kiev envers Tiraspol, entraînant en particulier l’obligation pour les marchandises pridniestroviennes de transiter d’abord vers l’Ouest, par la Moldavie, avant de pouvoir revenir à l’Est et entrer ou transiter par l’Ukraine, ce qui augmente les coûts d’acheminement. La mise en place d’une diplomatie de la RMP avec d’autres partenaires que les milieux russes, ou ex soviétiques (abkhazes, ossètes) qui lui restent fidèles, semble assez aléatoire. Toutes les rumeurs de liens entre la RMP et des puissances anti-américaines, proche-orientales par exemple, paraissent extrêmement saugrenues, tout comme les accusations de participation à des trafics illégaux, en particulier parce que les frontières de cette république enclavée sont totalement contrôlées par les douanes ukrainiennes ou moldaves. Cela étant, il est vrai que la Pridniestrovie n’a pas pu acheter ni dans l’UE ni dans la CEI, en raison de sa non-reconnaissance, les machines nécessaires au contrôle de ses frontières selon les normes de l’UE. Elle se les est finalement procurée en Afrique du sud. L’aéroport de Tiraspol  (un ancien aéroport militaire) reste fermé, car Chisinau continue de contrôler l’espace aérien de la République «autoproclamée ». La RMP n’a pas véritablement développé de vision globale des rapports internationaux, même s’il semble que le gouvernement de Tiraspol commence à prendre conscience de la nécessité de sortir du tête-à-tête diplomatique obligé avec les puissances de la CEI et l’UE accrochée à la « souveraineté moldave ».
 

       Frédéric Delorca

Cf : vidéos sur http://www.youtube.com/watch?v=_SNQSKfSyJ8 et http://www.youtube.com/watch?v=U9lA5yVn4oY.

Et article relatif à notre mission sur http://www.vspmr.org/News/?ID=1115

 

 

 

 

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