"Le confort intellectuel" de Marcel Aymé
On trouvera cela surprenant de la part d'un admirateur de George Sand comme moi (du moins de l'autobiographie de George Sand à défaut d'aimer ses romans), mais je n'ai pas peur de rechercher la vérité à travers lalecture d'auteurs opposés et incompatibles entre eux.
Je lis donc ce soir "Le confort intellectuel" de Marcel Aymé. Il y a une thèse très forte dans son ouvrage : le romantisme du XIXème siècle (jusque dans ses déclinaisons dans Baudelaire) et le culte de la poésie ont perverti la bourgeoisie au point non seulement de nourrir en elle une sympathie pour les idéologies qui veulent sa destruction comme le communisme, mais encore de lui faire perdre le sens du réel.
Vous savez que dans "Eloge de la liberté" je me confronte à la question du romantisme et de ses formes les plus populaires présentes dans la culture de masse des années 1980, sur le rôle qu'il a joué dans mon engagement en Yougoslavie.
Je ne suis pas du tout du genre à rechercher le statu quo, et j'ai souvent salué notamment ce que le romantisme révolutionnaire (mâtiné il est vrai de beaucoup de réalisme bureaucratique) a pu apporter à un petit pays comme Cuba en terme de dignité humaine et de progrès social.
Mais en bon chomskyen adepte du cartésianisme (et contributeur du Cahier de l'Herne sur Chomsky, je me dois de le rappeler ici pour que mes nouveaux lecteurs aient une vision un peu complète de mes travaux), je me défie aussi de toutes les facilités intellectuelles, et de tous les "fashionable nonsenses" qui font stagner l'humanité dans des rêveries stériles. Je ne sais pas trop si aujourd'hui le romantisme travaille encore notre monde, si, par exemple, on le trouve dans l'islamisme ou dans le chavisme (je suppose que oui). Mais nul n'ignore qu'il apporta à l'humanité du bien (la révolution de 1848), comme du mal (le nationalisme allemand).
Une des forces du livre de Marcel Aymé est de montrer le romantisme (et le goût de la poésie) à l'oeuvre dans l'évolution concrète d'une famille bourgeoise de province. Une autre est de rappeler que cette révolution littéraire aurait pu être tuée dans l'oeuf, comme celle des "Précieuses" et du "roman fleuve" au XVIIe siècle. Marcel Aymé ne fut pas le premier ni le dernier à instruire le procès de cette tendance de l'histoire occidentale. Il y apporte en tout cas une pièce très importante.
"Le Travail pornographique " de Mathieu Trachman
Pour info, Parutions.com vient de publier mon compte-rendu du livre du sociologue Mathieu Trachman "Le Travail pornographique - Enquête sur la production de fantasmes" ici.
"L'ordre et la morale" de Mathieu Kassovitz
Vu ce soir en DVD "L'ordre et la morale", un bon film, très prenant, très bien fait, auquel je reconnais notamment la vertu de rendre hommage aux hommes de terrains, à ceux qui font l'histoire au péril de leur vie, alors que les politiciens et les intellectuels se contentent de commenter, ou de récupérer les fruits de leur action (félicitons notamment Mathieu Kassovitz de ne pas sombrer dans un antimilitarisme sommaire, trop répandu à l'extrême gauche, et d'avoir su rendre hommages aux valeurs du soldat, même s'il est plus dur à l'égard de l'armée de terre que de la gendarmerie, l'effort de réalisme et de respect de la chose militaire tranche notamment avec la bouffonnerie d'un film comme "Indigènes" hélas bien mieux récompensé par la profession). Qui plus est ce film a eu le mérite de me rappeler le temps (dans les années 84-88, mais ce temps n'a jamais vraiment cessé) où je débordais de sympathie pour la cause kanake et suivais très assidument les "événements de Nouvelle-Calédonie", comme on disait alors.
Bien sûr comme beaucoup de contestataires (et vous savez que j'en ai connus quelques uns, et de très près) Kassovitz a le défaut de prendre un peu trop de libertés avec la complexité du réel, et de manipuler à son tour tout en prétendant dénoncer les manipulations des puissants, et ce souvent au mépris des faits authentiques. Sans doute idéalise-t-il un peu trop Legorjus (au point d'en travestir la personnalité), et les preneurs d'otage Kanak (au point de mentir d'ailleur sur des éléments humainement importants comme le mode d'exécution de quatre gendarmes tués). Mais ce sont là des licences artistiques qu'il faut accorder à un artiste passionné qui suit son chemin propre, et utilise l'histoire au service de ses interrogations personnelles. Mais il faut admettre une bonne fois pour toute que le cinéma en particulier, et l'audiovisuel en général, ne sont pas de bons vecteurs de vérité. La vérité ce sont toujours des dossiers, avec des pièces écrites à charge et à décharge (pour autant que le réel puisse trouver son chemin dans l'écriture), et des cerveaux qui tentent des synthèses plus ou moins justes. L'image véhicule un lyrisme qui lui est propre, elle a besoin de lyrisme. Il faut laisser les créateurs suivre une inspiration personnelle à travers le langage audiovisuel, aller voir leurs films (quel dommage que le public et les médias aient largement boycotté ce film) sans jamais confondre l'artiste avec l'historien, voilà tout.
Quant à Mathieu Kassovitz j'espère qu'il reprendra bientôt la voie de la fiction, qui, à mon sens, est la voie la plus noble pour faire entendre la vérité dans l'art.
Réforme cantonale : le redécoupage technocratico-féministe
Encore une mesure qui tourne délibérément le dos à deux siècles d'histoire de notre pays au nom d'une conjugaison d'impératifs technocratiques et de combat pour la révolution des rapports entre les "genres" : le nombre de cantons en France va être divisé par deux pour permettre la mise en place d'un scrutin binominal paritaire, c'est à dire l'élection systématique d'un homme et d'une femme comme "conseillers départementaux", nouveau nom des conseillers généraux. Un délire de plus qui va nécessiter des redécoupages aventureux d'entités territoriales qui existent depuis le consulat.
Evidemment un scrutin proportionnel départemental aurait mieux valu si l'on voulait valoriser les grandes villes et servir la cause de l'engagement politique des femmes (quitte ensuite à ce qu'on attribue dans chaque canton rural à un maire élu la fonction de conseiller consultatif : cela au moins eût maintenu une réalité physique aux entités cantonales sans coûter plus cher à la République). C'est au nom de l'attachement à la proportionnelleque le PC s'est abstenu au Sénat (les radicaux ne prenant pas part au vote), ce qui a fait échouer le vote en première lecture. Il a bien fait.
La base technocratique projet avait été posée par la droite, puis teintée de féminisme par la gauche à l'issue d'états généraux de la démocratie locale dont personne n'a entendu parler. Le projet est en débat cette semaine à l'assemblée nationale.
En pratique la création d'un binôme égalitaire de deux élus sur un même territoire laisse sceptique : qui gérera quels dossiers ? Et si les deux ne s'entendent plus ? Quelle légitimité si l'un est vice-président du Département et pas l'autre ?
Dans mon département c'est l'occasion de rallumer la guerre entre Basques et Béarnais. Le canton basque de Saint-Palais, à l'issue de la publication d'une simulation dans le journal La République des Pyrénées du 22 janvier dernier s'insurge à l'idée de pouvoir fusionner avec Iholdy (basque), mais aussi avec les cantons béarnais de Sauveterre-de-Béarn et Navarrenx. Mëme crainte de regroupement dans les deux cantons de Soule (Mauléon et Tardets).
Histoire locale, morale et politique, questions diverses
Quelques séries de questions que je me pose aujourd'hui et que je vous pose :
- Vous êtes vous demandé déjà qui vivait à l'endroit où vous habitez il y a cent ans, quel était le paysage dehors à ce moment-là ? ce qu'on y faisait ? Les fous se prennent plus souvent pour des réincarnations de Napoléon ou d'un pharaon, pas de l'arrière grand père d'un voisin. Est-ce qu'on se soucie de l'histoire d'un lieu auquel on est étranger ? Dès lors est-il utile qu'un journal municipal de banlieue parle chaque mois de l'histoire d'une ville dont la moitié de la population vivait ailleurs dix ans plus tôt ? est-il légitime et utile que l'Agence nationale de la rénovation urbaine ait une ligne de crédit pour l'histoire des HLM ? Les gens ont-ils besoin de ça ? L'histoire locale est-elle un moyen de donner des lettres de noblesse au vécu ordinaire des gens ou juste une façon de combler l'insuffisance du "grand récit national" (sa crise, en quelque sorte) et de tous les autres grands récits ?
- Questions autour de ce mot d'un ami tantôt : "je lis actuellement un ouvrage d'Henri Chambre (jésuite) sur le marxisme en Union soviétique (sa thèse principale : le poids majeur de la superstructure et de l'idéologie dans un système issu d'une "philosophie" mettant l'accent sur l'infrastructure économique). C intéressant de voir les répercussions de la transposition du marxisme dans une société donnée : disparition de la propriété privée au profit du concept de propriété individuelle, disparition de toute référence directe à la morale dans le code pénal : la responsabilité y étant exclusivement légale et sociale (où le juste et le bien cèdent le pas devant le socialement utile ou néfaste)..."
L'argument selon lequel le soviétisme a aboli le sens moral des russes et les a rendus utilitaristes est très répandu chez les anticommunistes, et j'y ai remarqué un fond de vérité quand je suis alléeen russie. Mais il est toujours dur de savoir si les causalités sont politiques ou anthropologiques. A propos de la Russie, on peut aussi soutenir qu'un pays de serfs jusqu'en 1880, qui a connu tant de guerres (avec le phénomène des veuves qui élèvent leurs enfants seules dans le dépit et la nécessité) ne peut pas se forger de grandes morales familiales bien ancrées et bien transmises. Il faudrait comparer cela avec Cuba par exemple. En tout cas évidemment je conçois qu'on se demande (sans jamais pouvoir trouver de réponse claire) quelle part un système politique peut jouer dans la disparition d'une morale, directement,ou indirectement par les guerres civiles qu'il provoque (je pense notamment à la Chine, où là aussi l'utilitarisme est roi, d'où la nécessité de retourner parfois à de vieilles morales confucéennes plus désintéressées). Le moralisme assumé du républicanisme français, lui, limite peut-être le risque de la dérive utilitaire, mais le moralisme produit aussi de l'anti-moralisme réactionnel, source d'anomie. Et puis les réacs façon Bernanos diraient que le moralisme républicain est un moralisme au rabais parce qu'il valorise les combines plus que l'héroïsme, à la différence de la sainte monarchie traditionnelle. Y a-t-il une morale politique qui puisse vraiment le sortir de l'utilitarisme sans l'asservir à du pharisianisme ?
Au fait en parlant des réacs vous avez vu comme on essaie de nous vendre en ce moment l'idée d'un retour de la monarchie en Libye ?Les années 60 dans le monde arabe avec leur élan socialiste sont vraiment mortes. Cela dit je veux bien croire que les monarchies sont plus inoffensives aujourd'hui qu'hier parce qu'elles ne sont plus solidaires des féodalités locales (encore que, en Libye, cela tende à revenir). Mais bon, une monarchie vaut mieux qu'une dictature clanique qui surfait sur l'héritage de la rhétorique socialiste pour imposer un règne du n'importe quoi (la libéralisation arbitraire de l'économie sans les garde-fous de l'Etat de droit).
- Gérard Filoche, de l'aile gauche du PS, pleure sur la mort annoncée de l'inspection du travail sous la forme d'une réforme vendue à Sapin par le haut fonctionnaire social libéral directeur du travail qui était déjà en poste sous Sarkozy. Comment diffuser cette idée ? Autre nouvelle : Julian Assange croit échapper à l'encerclement londonien en se faisant élire député en Australie. N'est-ce pas tout de même un peu naïf ? Mais il est vrai que ce garçon n'a pas 10 000 cartes à jouer... ni la protection active de Correa (brillamment réélu en Equateur) ni les frappes dans le dos amicales mais inutiles de Mélenchon ne peuvent le sortir de sa sourcière...
Bon allez assez de questions pour aujourd'hui. Je ferme la boutique jusqu'à demain.
"La Bataille d’Alep" de Pierre Piccinin da Prata
A propos de la guerre en Syrie, on peut lire sur Parutions.com mon compte-rendu du livre-témoignage de Pierre Piccinin da Prata, publié chez L'Harmattan, en ligne ICI.
Bras de fer : Afghanistan, Mali, Corée du Nord, Syrie
Pas terrible les infos de ce jours. Des reliquats des années 2000 qui tournent en bras de fer aux quatre coins du monde :
L'Agence russe d'exportation d'armements (Rosoboronexport) livre des systèmes de défense antiaérienne à la Syrie, apprend-on dans la presse russe aujourd'hui. Sans doute une conséquence du raid israélien.
La Corée du Nord effectue un essai nucléaire. Moscou, tout en condamnant, fait remarquer à juste titre qu'on n'en serait pas là si Washington n'avait cessé de menacer ce pays (et d'autres "Etats voyous").
Au Mali les islamistes se sont infiltrés à Gao en traversant le Niger à la faveur de l'obscurité, les insurgés ont combattu toute la journée de dimanche les troupes maliennes et françaises, preuve que le scénario que j'envisageais (un retrait de la France avant même la reconquête des montagnes du Nord-Est) n'est même plus envisageable puisque l'arrière de la ligne de front n'est pas sécurisé. Vraiment mauvaise pioche pour la France. Où en est le projet d'interposition des forces africaines ? Si j'étais M. Hollande je pense que j'investirais davantage sur le dialogue bilatéral avec les seuls pays à même de fournir des contingents pour sécuriser le Mali : les trois puissances militaires que sont le Nigéria, l'Afrique du Sud et l'Angola. Ou peut-être même, si nécessaire, avec la Russie, qui avait proposé ses avions de transports de troupes. Bon le revers de la médaille nous le connaissons : quand on partage le fardeau il faut aussi partager les ressources : et donc l'uranium du Niger, il faudrait aussi songer à le partager... Et les mouvements progressistes maliens, quelle stratégie alternative proposent-ils pour reconquérir leur souveraineté, aussi bien face aux islamistes, que face à la CEDEAO et à la France ?
Apparemment sécuriser une zone menacée par des islamistes n'est pas une tâche insurmontable. L'ennui est qu'on ne sait jamais ce qui se produira quand les occupants se seront retirés. L'Afghanistan est typique de cette problématique. En ce moment les Américains l'occupent avec 68 000 hommes, et jurent que les forces afghanes assurent 90 % des opérations militaires (on aimerait pouvoir en dire autant des forces maliennes). Obama promet d'en retirer 34 000 d'ici février 2014. Ce qui n'en laisserait que 34 000 pour contrôler le pays pendant l'élection présidentielle d'avril, puis quelques milliers en 2015, mais il semble que beaucoup de généraux ne croient pas que 34 000 hommes suffisent pour sauver le régime de Karzaï... Là comme ailleurs l'Occident cherche à sauver les meubles, à un coût qu'il peut de moins en moins payer. Et personne ne se prépare mentalement au grand rééquilibrage du partage des ressources auquel il faudra bien songer quand Paris, Londres, Washington devront partager avec Moscou, Pékin, Prétoria et Brasilia le coût de la répression des milices rebelles sur tous les continents...
Je voyais récemment une étude sur le gaz de schiste réalisée par un think tank américain qui concluait approximativement "grâce au gaz de schiste les USA alliés à l'Australie reprendront un jour le leadership mondial" (car ces deux pays seraient les plus gros détenteurs de réserve). On ne peut jamais exclure qu'une nouvelle donne au niveau des matières naturelles ou des technologies inverse soudainement les rapports de forces, mais pour l'heure on est encore loin du compte...
L'esthétique de la rupture responsable
Un type comme moi, vous ne le verrez pas à la TV, ni chez Taddeï ni ailleurs, parce que je ne cherche pas à écrire des livres de spécialiste qui éclairent un sujet à un moment donné. J'essaie de dessiner une trajectoire qui puisse faire sens sur 20 ou 30 ans comme illustration de ce que pourrait être une façon raisonnable de se tenir dans une époque comme la nôtre. Par conséquent tous les livres que j'ai écrits forment une seule et même oeuvre, où les parties se renvoient les unes aux autres. Je pense qu'on le voit bien dans le livre sur le stoïcisme où l'on passe pour ainsi dire de Belgrade à la Stoa sans transition. J'ai essayé de ne négliger aucun aspect important (les relations internationales, la technologie, les moeurs intimes etc). Et j'ai en permanence précisé ma position à l'égard des diverses modes - celles des dominants : de BHL à Caroine Fourest - celles des opposants - de Meyssan à Bouteldja - pour éviter aux lecteurs les contre-sens sans pour autant passer mon temps à me définir par rapport aux uns et aux autres.
J'ai défendu des options de rupture, mais toujours responsables, en tenant compte du réel, des faiblesses de la société humaine, de la nécessité de garder, au moins à titre provisoire - mais peut-être pour certaines à titre définitif - des institutions solides, des systèmes de défense etc (je pense par exemple que vous aurez trouvé dans ma prise de position sur le Mali par exemple un aspect de ce souci de responsabilité, parce qu'il faut toujours chercher à rester crédible, penser en l'air, au milieu de fantasmes personnels, ne mène à rien).
Pour des raisons structurelles (j'avais écrit "structurales", mais abandonnons le langage des années 60) liées à mon itinéraire et à ma personnalité (les deux s'influençant mutuellement), je ne pouvais pas gagner à ma vision des choses un public large. Et, parce que mon public était restreint, je suis demeuré dans une spirale descendante : une vie professionnelle extrêmement aliénante, des petits éditeurs confidentiels etc. Et cette conjoncture négative était entretenue par la structure terriblement moutonnière de nos sociétés qui condamnent tous les opposants à une marginalité stérile (si je prends le cas des "anti-impérialistes" par exemple, ce ne sont plus aujourd'hui que des individualités isolées et fragiles qui se font la guerre entre elles).
Aujourd'hui j'ai encore 3 ou 4 manuscrits à caser chez des éditeurs du type L'Harmattan. Il faudra peut-être quatre ou cinq ans avant que je parvienne à les publier chez cet éditeur ou chez un autre, et je sais que chacun aura au maximum trente lecteurs. Le temps où je plaçais un livre par an chez des éditeurs est révolu, et je ne fais d'une certaine façon que conclure cette phase-là en terminant par ces 3 ou 4 livres.
La nouvelle phase d'écriture qui s'ouvre à moi aujourd'hui est une phase plus complexe. Je vais tenter d'écrire une sorte de livre ultime que je rédigerai dans une indifférence totale à l'égard des perspectives de publication et du lectorat potentiel. Cette écriture devrait avoir pour finalité de préparer ma rupture personnelle définitive à l'égard de mon mode de vie et du milieu où j'évolue. Pourquoi le faire avec et par l'écriture ? Parce que l'écriture est une garantie d'universalité et de responsabilité. Quand j'écris pourquoi et comment je veux rompre, je m'assure la garantie que cette rupture reste en phase avec l'idée de l'humanité que je me fais, que je ne suis pas dans le caprice superficiel. Ce travail de rupture, je souhaite l'élaborer à travers une réflexion sur un philosophe antique, pas n'importe lequel (et cependant je suis prêt à parier qu'aucun d'entre vous n'a jamais entendu son nom car notre époque ne lui fait aucune publicité, pour des raisons que je serai amené à décrire sans doute). La philosophie ne sert à rien si elle ne débouche pas sur des actes, et, réciproquement, il faut croire qu'il n'y a pas d'acte véritable possible sans recherche philosophique. J'entends aujourd'hui entrelacer pensée et acte autour de la rédaction de ce livre tout au long des cinq ans qui viennent. Voilà comment je compte donc préparer mon entrée dans la vieillesse, dont j'espère qu'elle sera aussi une entrée dans la rupture finale.