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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #1910 a 1935 - auteurs et personnalites tag

Bernanos à propos du XXIe siècle

16 Février 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités, #Lectures, #coronavirus-vaccination-big pharma, #Le monde autour de nous, #Philosophie et philosophes

"Evidemment, les traités n'ayant plus aucune valeur, il deviendra difficile de couper une tartine de pain à ses gosses sans se demander anxieusement si les services de préparation à la guerre bactériologique n'y ont pas semé les bacilles de la paralysie infantile". (Les grands cimetières sous la lune p. 279).

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Heisenberg et le Logos

17 Août 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes, #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités, #Peuples d'Europe et UE, #Christianisme, #La droite, #Lectures

Comme le bon film de Nolan Oppenheimer est encore sur les écrans, j'en profite pour rappeler que E. Michael Jones avait écrit en 2015 sous le titre "Beyond the Bomb" un texte intéressant sur Heisenberg, le spécialiste de la physique quantique qui, lui, était resté dans l'Allemagne nazie quand beaucoup de ses pairs l'avaient quittée.

Je ne suis pas toujours d'accord avec ce qu'écrit cet auteur mais disons qu'il a le mérite de poser en des termes tranchés (parfois comparables à ceux de Nietzsche, quoiqu'en moins provocateurs), les termes du débat religieux et culturel, sans trop s'encombrer des tabous de notre époque qui empêchent de penser.  Le point intéressant de E. Michael Jones tient à ceci que d'après lui Heisenberg, encouragé en cela par l'harmonie entre nature et culture du paysage bavarois où il séjournait (il a reconnu sa dette intellectuelle à l'égard du paysage dans ses écrits), harmonie due, selon E. Michael Jones, à la culture catholique de ce pays, a d'une certaine façon réhabilité sans trop en être toujours conscient l'idéalisme allemand du début du XIXe siècle en soutenant, dans ses théories quantiques, une participation du sujet dans la réalité même observée, ce qu'on pourrait rattacher, selon E. Michael Jones à l'idéalisme platonicien.

Cette conquête d'Heisenberg, selon l'auteur, serait due au fait qu'il voulait garder une vue d'ensemble du savoir et gardait une approche confiante de celui-ci là où Einstein en tenant à une vision dogmatiquement réaliste (anti-idéaliste) du monde, s'enfermait dans des contradictions entre deux théories de la relativité dont une admettait l'existence de l'éther, et pas l'autre.

E. Michael Jones montre comment, alors que les penseurs juifs avaient été chassés d'une Allemagne nazie qui ne voulait pas entendre de la physique quantique identifiée à une "science juive", Heisenberg lui-même avait été attaqué par des savants proches de la SS (Lenard et Stark) qui l'accusaient d'être une "juif blanc" et de ne pas comprendre la grandeur d'une "science germanique" ou "science nordique" qui revendiquait la volonté comme fondement épistémique (renvoyant ainsi bizarrement Heisenberg du côté du réalisme sans rien comprendre à ses désaccords avec Einstein) - il était aussi reproché d'ailleurs à Heisenberg d'avoir pris des assistants juifs. Cela aurait pu coûter la vie à celui-ci sans les accointances de sa mère avec celle d'Himmler.

Au passage on apprend aussi dans ce livre comment Heisenberg contribua à dissuader des nazis de fabriquer la bombe atomique, et comment ses efforts parallèles pour obtenir le même renoncement de la part des Américains échouèrent du fait d'un malentendu entre lui et le physicien danois Niels Bohr.

Selon E. Michael Jones, après le remplacement du plan Morgenthau (pour affamer l'Allemagne) par le plan Marshall pour faire face à l'URSS, la guerre contre la culture allemande devint plus "mentale" en passant par la psychanalyse et l'Ecole de Francfort.

Heusenberg qui créa en mars 1949 un conseil scientifique de 24 membres ne prit pas position dans le combat contre ces sciences humaines anarchisantes. Il était trop préoccupé (comme Oppenheimer) par les effets de l'invention de la bombe sur le nouveau monde (ce qui n'empêcha d'ailleurs pas le chancelier Adenauer d'installer des missiles nucléaires en Allemagne).

Selon E. Michael Jones (p. 74), le zoologue Alfred C. Kinsey (l'auteur du célèbre et très délétère rapport sur la sexualité), qui débarqua en Allemagne en 1955 auréolé de prestige, et qui allait poursuivre la guerre psychologique contre les institutions sociales issues du christianisme, n'avait retenu de la démarche scientifique que la nécessité d'aligner la morale sur la vérité, là où Heisenberg s'était réfugié dans une "sorte d'averroïsme" avec deux vérités distinctes : la vérité scientifique d'un côté (ésotérique et réservée aux "happy few"), la vérité morale de l'autre comme gardienne de l'ordre social. Dans Der Teil und das Ganze (1971), en anglais Physics and Beyond, en français La Partie et le Tout, il soutint qu'il n'y avait pas de conciliation possible entre les eux ordres de vérité. Il eut le tort de ne pas attaquer les théories de Kinsey, dernière vague de la science juive, et avait la légitimité pour le faire puisqu'il avait été persécuté par les nazis pour avoir défendu justement cette science.

Heisenberg en 1958 attaquait la recherche de la particule ultime qui animait la recherche scientifique depuis les années 1830 et rappelait sur un fondement platonicien que la base de la science est dans les lois mathématiques.

Cependant, estime E. Michael Jones, sa compréhension n'allait pas au delà des pré-socratiques à défaut d'une foi au Dieu incarné. D'où, ensuite, les égarements de ses successeurs sur le monde créé à partir de rien. A cause de ses insuffisances il a fait rentrer le monde dans le Kali Yuga et laissé l'Allemagne tomber définitivement sous les psy ops de la CIA.

Pour terminer cette présentation je soulignerai simplement que E. Michael Jones n’est pas un philosophe, mais, comme Finkielkraut ou Onfray, une sorte de « journaliste philosophique » comme auraient dit dans les années 1990 les collaborateurs des Actes de la recherche en sciences sociales. Lui-même quelque part aime à se définir comme un journaliste. A ce titre son intérêt n’est pas de fournir des analyses crédibles mais simplement des grands récits stimulants, un peu comme en produisaient les grands auteurs du XIXe siècle. Jones en a produits sur des tas de sujets, par exemple sur le chiisme iranien, et toujours d’un point de vue catholique militant. Même si je suis loin, comme je l’ai souvent dit, de tout approuver dans ses théories (même sur le sujet sur lequel je suis le plus proche de lui qui est celui de Medjugorje, j’ai quelques réserves sur ce qu’il avance), mais je lui suis reconnaissant de construire ce genre de récit, même lorsqu'il force le trait, parce qu'il force à remettre en cause des routines de pensée que favorise le martelage de l'idéologie mainstream.

Heisenberg n'était probablement pas le héros potentiel de l'Allemagne face aux sciences humaines qui voulaient détruire son pays mais penser l'émasculation de ce grand pas européen dans les années 1950 à 2000 à travers ce prisme est intéressant. De même, à un niveau plus philosophique, il n'est probablement pas vrai que ce physicien très versé dans la lecture des Grecs anciens ait de quelque manière que ce soit réhabilité l'idéalisme allemand, et, au delà, l'idéalisme chrétien en tenant tête au "réalisme" d'Einstein. Pour creuser ce point, je vous renvoie à l'article du physicien Jean Bricmont dans le livre "Philosophie de la Mécanique quantique", qui rappelle que l'Ecole de Copenhague était surtout marquée par le scepticisme, et qui examine de près la question de savoir si la physique quantique est idéaliste ou réaliste. D'une façon convaincante il montre notamment que le physicien doit au moins postuler l'existence de ses instruments de mesure, et donc l'idéalisme en physique impliquerait la négation même de la science. Bien que j'ai eue des rapports personnels difficiles avec cet auteur qui avait préfacé l'Atlas alternatif sans écrire plus d'une phrase sur son contenu (un tour de force pour un préfacier !) mais qui a tout de même bien voulu accueillir un de mes articles dans un livre collectif sur Chomsky, je crois que son ouvrage, assez ardu pour un non-scientifique, pose des questions beaucoup pus pertinentes que Jones autour de la philosophie quantique.

Cependant encore une fois, ces quelques objections ne me paraissaient pas de nature à m'abstenir de vous proposer, chers lecteurs, ces quelques lignes sur Heisenberg, qui permettent d'aller un peu plus loin que l'avalanche de poncifs à laquelle a donné lieu la sortie du film sur Oppenheimer.

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Péguy de Romain Rolland

6 Janvier 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Lectures, #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités, #La gauche, #La droite, #Christianisme, #Peuples d'Europe et UE, #Divers histoire

Du temps où j’œuvrais à Brosseville, une époque où je faisais tout de travers, je m'intéressais à Romain Rolland, mais au Romain Rolland jeune, panthéiste et hindouïsant de la première moitié de sa vie. Et un certain Plagne, ami du Dissident internationaliste, avait essayé de m'initier à Péguy. Mais c'était le mauvais intermédiaire, je n'avais pas accroché. Introduit différemment, il y a trois mois, par le journal de Claudel, à Péguy via un Romain Rolland au seuil de la mort, je perçois les choses différemment et saisis tout sous un angle nouveau. La gauche socialiste française de 1900 était-elle le vrai visage du christianisme, et donc la fille de Clovis plus que la Réaction catholique ? Peut-être... Leroux en 1845 l'eut sans doute par avance certifié, lui qui voyait le vrai visage religieux de la France dans les soldats de l'an I. Souvenez-vous de Lanzmann disant (à la conférence « Après l’émotion la réflexion politique », Fondation Marc Bloch, 29 mai 1999) que l'injustice faite aux Serbes était une nouvelle affaire Dreyfus. Parfois un combat pour la justice exorcise plus de démons dans une nation qu'une défense pharisienne du dogme.

Romain Rolland me fait voir le visage condamnable de Jaurès à travers son influence sur le ministère Combes en 1904 et l'interdiction des congrégations. Là-dessus Péguy avait raison.  Fut-il aussi perspicace dans son emportement contre l'Allemagne à partir de la crise de Tanger de 1905 (un emportement que bien sûr Jaurès ne partageait pas) ? Rolland est circonspect, lui qui avec son Jean-Christophe fut toujours le pont avec l'Outre-Rhin. Il rappelle ce point : Péguy défendait qu'il y avait quatre grandes civilisations au service de l'humanité - celle des Juifs, celle des Grecs, la civilisation chrétienne et la civilisation française. Et pour lui les trois dernières étaient maintenant les trois dernières étaient menacées par l'Allemagne. Rolland souligne qu'au moins le diagnostic sur la menace sur la civilisation est avéré depuis la guerre russo-japonaise de 1904 en laquelle il voit la première guerre d'extermination.

Alors que nous nous affrontons sévèrement cet hiver avec l'Allemagne sur la question de l'énergie - verbalement du moins sur les plateaux médiatiques, mais pas assez par le canal diplomatique car Macron n'ose pas parler - il est bon de réfléchir aux erreurs de Péguy sur le sujet. A-t-il exagéré la barbarie germanique ? Sans doute. Cela dit que la France fût une nouvelle Grèce, Nietzsche lui-même l'admettait sur le plan culturel (à défaut d'en soutenir la République, et le philosémitisme, comme Péguy le faisait). Et si Péguy a sans doute tort de construire excessivement son patriotisme contre l'Allemagne (qui, cependant, était en effet menaçante après 1905, Rolland le reconnaît), ce travail de réflexion sur la civilisation française lui permettait de réfléchir sans cesse au génie français - une réflexion aujourd'hui interdite par le wokisme, et dévoyée par l'extrême droite. Je suis très frappé de voir que Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc il est prêt à fonder, par la voix de Jeanne, contre le pape, une Eglise nouvelle sur la base des seules vertus des saints français et du peuple du bassin parisien, en proclamant que eux, à la différence de St Pierre, n'auraient jamais abandonné Jésus après son arrestation. Rolland affirme que Péguy eût fondé cette Eglise s'il n'était mort en 1914.

Simple divagation de normalien ? Voire... Rolland rappelle qu'une femme de ménage d'une prof de lettres appréciait plus Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc que sa patronne, qu'il y avait une affinité particulière entre le style de Péguy et le petit peuple dont il était issu, donc peut-être au niveau de la pensée aussi...

Le rapport de Péguy à la terre de l'Orléanais et de Chartres nous interroge. Car il n'en fait pas un simple musée à la gloire de la royauté destituée des Bourbons déchus. Avec excès parfois (car il avait hélas un tempérament trop sanguin comme le mien) mais avant tout avec une inspiration visiblement transcendante (qui l'enflammait pendant des jours), cet auteur avait le mérite de sortir de ce terreau là d'autres vertus, une autre France, une France ensemble chrétienne et socialiste et toute entière tournée vers la Justice et la Vérité. Il y a là un défi intellectuel, spirituel et affectif autrement plus intéressant que la bien-pensance identitaire bourgeoise à laquelle s'est toujours résumé (et se résume encore) le catholicisme de droite auquel Péguy, révolutionnaire, ne s'est jamais rallié.

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La vie parlementaire selon Barthou

1 Janvier 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités, #Divers histoire, #Béarn

Tout système politique engendre des comportements, des façons d'être au quotidien, des réalités anthropologiques nouvelles.

A l'heure où un mien collègue s'essaie au rôle de député sur les bancs de la NUPES à l'Assemblée nationale française, je découvrais hier un livre de mon compatriote béarnais (à qui mon école primaire et mon lycée durent leur nom) cet ouvrage inattendu paru en 1923 "Le Politique", qui est une sorte de crypto-anthropologie (car c'est typiquement littéraire, mais tout de même Barthou s'est lancé dans son écriture après une introduction sur l'éthologie animale, donc l'inspiration scientifique n'est pas absente) de cette réalité étrange créée par la République dans notre pays : le parlementarisme.

On y apprend (p. 81) que "je demande à ce que", y est employé depuis belle lurette, et aussi (p. 111 et suiv) deux ou trois choses sur les épouses des hommes politiques. Mais je suppose que Barthou a écrit des choses plus importantes dans sa vie.

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Est/Ouest (Emmanuel Berl)

13 Octobre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE, #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités, #Divers histoire

"La dépréciation scandaleuse de Byzance (dans l'historiographie) est sans doute pour quelque chose, et même pour beaucoup, dans les difficultés de l'Europe occidentale à comprendre la Russie et à se faire comprendre d'elle. Ce défaut défaut de communication, les Russes l'imputent au capitalisme, les Occidentaux au léninisme. Mais il existait avant que la Russie devienne bolchévique et Dostoïevski n'est pas moins dur - et injuste - envers le 'bourgeois de Paris' que n'est, aujourd'hui, la Pravda"

Emmanuel Berl, Les Impostures de l'Histoire, 1959 (réédition Grasset 2014, p. 32).

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