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Bernanos à propos du XXIe siècle
"Evidemment, les traités n'ayant plus aucune valeur, il deviendra difficile de couper une tartine de pain à ses gosses sans se demander anxieusement si les services de préparation à la guerre bactériologique n'y ont pas semé les bacilles de la paralysie infantile". (Les grands cimetières sous la lune p. 279).
Heisenberg et le Logos
Comme le bon film de Nolan Oppenheimer est encore sur les écrans, j'en profite pour rappeler que E. Michael Jones avait écrit en 2015 sous le titre "Beyond the Bomb" un texte intéressant sur Heisenberg, le spécialiste de la physique quantique qui, lui, était resté dans l'Allemagne nazie quand beaucoup de ses pairs l'avaient quittée.
Je ne suis pas toujours d'accord avec ce qu'écrit cet auteur mais disons qu'il a le mérite de poser en des termes tranchés (parfois comparables à ceux de Nietzsche, quoiqu'en moins provocateurs), les termes du débat religieux et culturel, sans trop s'encombrer des tabous de notre époque qui empêchent de penser. Le point intéressant de E. Michael Jones tient à ceci que d'après lui Heisenberg, encouragé en cela par l'harmonie entre nature et culture du paysage bavarois où il séjournait (il a reconnu sa dette intellectuelle à l'égard du paysage dans ses écrits), harmonie due, selon E. Michael Jones, à la culture catholique de ce pays, a d'une certaine façon réhabilité sans trop en être toujours conscient l'idéalisme allemand du début du XIXe siècle en soutenant, dans ses théories quantiques, une participation du sujet dans la réalité même observée, ce qu'on pourrait rattacher, selon E. Michael Jones à l'idéalisme platonicien.
Cette conquête d'Heisenberg, selon l'auteur, serait due au fait qu'il voulait garder une vue d'ensemble du savoir et gardait une approche confiante de celui-ci là où Einstein en tenant à une vision dogmatiquement réaliste (anti-idéaliste) du monde, s'enfermait dans des contradictions entre deux théories de la relativité dont une admettait l'existence de l'éther, et pas l'autre.
E. Michael Jones montre comment, alors que les penseurs juifs avaient été chassés d'une Allemagne nazie qui ne voulait pas entendre de la physique quantique identifiée à une "science juive", Heisenberg lui-même avait été attaqué par des savants proches de la SS (Lenard et Stark) qui l'accusaient d'être une "juif blanc" et de ne pas comprendre la grandeur d'une "science germanique" ou "science nordique" qui revendiquait la volonté comme fondement épistémique (renvoyant ainsi bizarrement Heisenberg du côté du réalisme sans rien comprendre à ses désaccords avec Einstein) - il était aussi reproché d'ailleurs à Heisenberg d'avoir pris des assistants juifs. Cela aurait pu coûter la vie à celui-ci sans les accointances de sa mère avec celle d'Himmler.
Au passage on apprend aussi dans ce livre comment Heisenberg contribua à dissuader des nazis de fabriquer la bombe atomique, et comment ses efforts parallèles pour obtenir le même renoncement de la part des Américains échouèrent du fait d'un malentendu entre lui et le physicien danois Niels Bohr.
Selon E. Michael Jones, après le remplacement du plan Morgenthau (pour affamer l'Allemagne) par le plan Marshall pour faire face à l'URSS, la guerre contre la culture allemande devint plus "mentale" en passant par la psychanalyse et l'Ecole de Francfort.
Heusenberg qui créa en mars 1949 un conseil scientifique de 24 membres ne prit pas position dans le combat contre ces sciences humaines anarchisantes. Il était trop préoccupé (comme Oppenheimer) par les effets de l'invention de la bombe sur le nouveau monde (ce qui n'empêcha d'ailleurs pas le chancelier Adenauer d'installer des missiles nucléaires en Allemagne).
Selon E. Michael Jones (p. 74), le zoologue Alfred C. Kinsey (l'auteur du célèbre et très délétère rapport sur la sexualité), qui débarqua en Allemagne en 1955 auréolé de prestige, et qui allait poursuivre la guerre psychologique contre les institutions sociales issues du christianisme, n'avait retenu de la démarche scientifique que la nécessité d'aligner la morale sur la vérité, là où Heisenberg s'était réfugié dans une "sorte d'averroïsme" avec deux vérités distinctes : la vérité scientifique d'un côté (ésotérique et réservée aux "happy few"), la vérité morale de l'autre comme gardienne de l'ordre social. Dans Der Teil und das Ganze (1971), en anglais Physics and Beyond, en français La Partie et le Tout, il soutint qu'il n'y avait pas de conciliation possible entre les eux ordres de vérité. Il eut le tort de ne pas attaquer les théories de Kinsey, dernière vague de la science juive, et avait la légitimité pour le faire puisqu'il avait été persécuté par les nazis pour avoir défendu justement cette science.
Heisenberg en 1958 attaquait la recherche de la particule ultime qui animait la recherche scientifique depuis les années 1830 et rappelait sur un fondement platonicien que la base de la science est dans les lois mathématiques.
Cependant, estime E. Michael Jones, sa compréhension n'allait pas au delà des pré-socratiques à défaut d'une foi au Dieu incarné. D'où, ensuite, les égarements de ses successeurs sur le monde créé à partir de rien. A cause de ses insuffisances il a fait rentrer le monde dans le Kali Yuga et laissé l'Allemagne tomber définitivement sous les psy ops de la CIA.
Pour terminer cette présentation je soulignerai simplement que E. Michael Jones n’est pas un philosophe, mais, comme Finkielkraut ou Onfray, une sorte de « journaliste philosophique » comme auraient dit dans les années 1990 les collaborateurs des Actes de la recherche en sciences sociales. Lui-même quelque part aime à se définir comme un journaliste. A ce titre son intérêt n’est pas de fournir des analyses crédibles mais simplement des grands récits stimulants, un peu comme en produisaient les grands auteurs du XIXe siècle. Jones en a produits sur des tas de sujets, par exemple sur le chiisme iranien, et toujours d’un point de vue catholique militant. Même si je suis loin, comme je l’ai souvent dit, de tout approuver dans ses théories (même sur le sujet sur lequel je suis le plus proche de lui qui est celui de Medjugorje, j’ai quelques réserves sur ce qu’il avance), mais je lui suis reconnaissant de construire ce genre de récit, même lorsqu'il force le trait, parce qu'il force à remettre en cause des routines de pensée que favorise le martelage de l'idéologie mainstream.
Heisenberg n'était probablement pas le héros potentiel de l'Allemagne face aux sciences humaines qui voulaient détruire son pays mais penser l'émasculation de ce grand pas européen dans les années 1950 à 2000 à travers ce prisme est intéressant. De même, à un niveau plus philosophique, il n'est probablement pas vrai que ce physicien très versé dans la lecture des Grecs anciens ait de quelque manière que ce soit réhabilité l'idéalisme allemand, et, au delà, l'idéalisme chrétien en tenant tête au "réalisme" d'Einstein. Pour creuser ce point, je vous renvoie à l'article du physicien Jean Bricmont dans le livre "Philosophie de la Mécanique quantique", qui rappelle que l'Ecole de Copenhague était surtout marquée par le scepticisme, et qui examine de près la question de savoir si la physique quantique est idéaliste ou réaliste. D'une façon convaincante il montre notamment que le physicien doit au moins postuler l'existence de ses instruments de mesure, et donc l'idéalisme en physique impliquerait la négation même de la science. Bien que j'ai eue des rapports personnels difficiles avec cet auteur qui avait préfacé l'Atlas alternatif sans écrire plus d'une phrase sur son contenu (un tour de force pour un préfacier !) mais qui a tout de même bien voulu accueillir un de mes articles dans un livre collectif sur Chomsky, je crois que son ouvrage, assez ardu pour un non-scientifique, pose des questions beaucoup pus pertinentes que Jones autour de la philosophie quantique.
Cependant encore une fois, ces quelques objections ne me paraissaient pas de nature à m'abstenir de vous proposer, chers lecteurs, ces quelques lignes sur Heisenberg, qui permettent d'aller un peu plus loin que l'avalanche de poncifs à laquelle a donné lieu la sortie du film sur Oppenheimer.
Péguy de Romain Rolland
Du temps où j’œuvrais à Brosseville, une époque où je faisais tout de travers, je m'intéressais à Romain Rolland, mais au Romain Rolland jeune, panthéiste et hindouïsant de la première moitié de sa vie. Et un certain Plagne, ami du Dissident internationaliste, avait essayé de m'initier à Péguy. Mais c'était le mauvais intermédiaire, je n'avais pas accroché. Introduit différemment, il y a trois mois, par le journal de Claudel, à Péguy via un Romain Rolland au seuil de la mort, je perçois les choses différemment et saisis tout sous un angle nouveau. La gauche socialiste française de 1900 était-elle le vrai visage du christianisme, et donc la fille de Clovis plus que la Réaction catholique ? Peut-être... Leroux en 1845 l'eut sans doute par avance certifié, lui qui voyait le vrai visage religieux de la France dans les soldats de l'an I. Souvenez-vous de Lanzmann disant (à la conférence « Après l’émotion la réflexion politique », Fondation Marc Bloch, 29 mai 1999) que l'injustice faite aux Serbes était une nouvelle affaire Dreyfus. Parfois un combat pour la justice exorcise plus de démons dans une nation qu'une défense pharisienne du dogme.
Romain Rolland me fait voir le visage condamnable de Jaurès à travers son influence sur le ministère Combes en 1904 et l'interdiction des congrégations. Là-dessus Péguy avait raison. Fut-il aussi perspicace dans son emportement contre l'Allemagne à partir de la crise de Tanger de 1905 (un emportement que bien sûr Jaurès ne partageait pas) ? Rolland est circonspect, lui qui avec son Jean-Christophe fut toujours le pont avec l'Outre-Rhin. Il rappelle ce point : Péguy défendait qu'il y avait quatre grandes civilisations au service de l'humanité - celle des Juifs, celle des Grecs, la civilisation chrétienne et la civilisation française. Et pour lui les trois dernières étaient maintenant les trois dernières étaient menacées par l'Allemagne. Rolland souligne qu'au moins le diagnostic sur la menace sur la civilisation est avéré depuis la guerre russo-japonaise de 1904 en laquelle il voit la première guerre d'extermination.
Alors que nous nous affrontons sévèrement cet hiver avec l'Allemagne sur la question de l'énergie - verbalement du moins sur les plateaux médiatiques, mais pas assez par le canal diplomatique car Macron n'ose pas parler - il est bon de réfléchir aux erreurs de Péguy sur le sujet. A-t-il exagéré la barbarie germanique ? Sans doute. Cela dit que la France fût une nouvelle Grèce, Nietzsche lui-même l'admettait sur le plan culturel (à défaut d'en soutenir la République, et le philosémitisme, comme Péguy le faisait). Et si Péguy a sans doute tort de construire excessivement son patriotisme contre l'Allemagne (qui, cependant, était en effet menaçante après 1905, Rolland le reconnaît), ce travail de réflexion sur la civilisation française lui permettait de réfléchir sans cesse au génie français - une réflexion aujourd'hui interdite par le wokisme, et dévoyée par l'extrême droite. Je suis très frappé de voir que Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc il est prêt à fonder, par la voix de Jeanne, contre le pape, une Eglise nouvelle sur la base des seules vertus des saints français et du peuple du bassin parisien, en proclamant que eux, à la différence de St Pierre, n'auraient jamais abandonné Jésus après son arrestation. Rolland affirme que Péguy eût fondé cette Eglise s'il n'était mort en 1914.
Simple divagation de normalien ? Voire... Rolland rappelle qu'une femme de ménage d'une prof de lettres appréciait plus Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc que sa patronne, qu'il y avait une affinité particulière entre le style de Péguy et le petit peuple dont il était issu, donc peut-être au niveau de la pensée aussi...
Le rapport de Péguy à la terre de l'Orléanais et de Chartres nous interroge. Car il n'en fait pas un simple musée à la gloire de la royauté destituée des Bourbons déchus. Avec excès parfois (car il avait hélas un tempérament trop sanguin comme le mien) mais avant tout avec une inspiration visiblement transcendante (qui l'enflammait pendant des jours), cet auteur avait le mérite de sortir de ce terreau là d'autres vertus, une autre France, une France ensemble chrétienne et socialiste et toute entière tournée vers la Justice et la Vérité. Il y a là un défi intellectuel, spirituel et affectif autrement plus intéressant que la bien-pensance identitaire bourgeoise à laquelle s'est toujours résumé (et se résume encore) le catholicisme de droite auquel Péguy, révolutionnaire, ne s'est jamais rallié.
La vie parlementaire selon Barthou
Tout système politique engendre des comportements, des façons d'être au quotidien, des réalités anthropologiques nouvelles.
A l'heure où un mien collègue s'essaie au rôle de député sur les bancs de la NUPES à l'Assemblée nationale française, je découvrais hier un livre de mon compatriote béarnais (à qui mon école primaire et mon lycée durent leur nom) cet ouvrage inattendu paru en 1923 "Le Politique", qui est une sorte de crypto-anthropologie (car c'est typiquement littéraire, mais tout de même Barthou s'est lancé dans son écriture après une introduction sur l'éthologie animale, donc l'inspiration scientifique n'est pas absente) de cette réalité étrange créée par la République dans notre pays : le parlementarisme.
On y apprend (p. 81) que "je demande à ce que", y est employé depuis belle lurette, et aussi (p. 111 et suiv) deux ou trois choses sur les épouses des hommes politiques. Mais je suppose que Barthou a écrit des choses plus importantes dans sa vie.
Est/Ouest (Emmanuel Berl)
"La dépréciation scandaleuse de Byzance (dans l'historiographie) est sans doute pour quelque chose, et même pour beaucoup, dans les difficultés de l'Europe occidentale à comprendre la Russie et à se faire comprendre d'elle. Ce défaut défaut de communication, les Russes l'imputent au capitalisme, les Occidentaux au léninisme. Mais il existait avant que la Russie devienne bolchévique et Dostoïevski n'est pas moins dur - et injuste - envers le 'bourgeois de Paris' que n'est, aujourd'hui, la Pravda"
Emmanuel Berl, Les Impostures de l'Histoire, 1959 (réédition Grasset 2014, p. 32).
L'alchimiste Pierre Dujols
Dans mon dernier billet sur Gen Paul et Montmartre, je renvoyais à un article de l'écrivain alchimiste Richard Khaitzine. Dans cet article, il est question de Pierre Dujols (1862-1926), présenté comme le "dernier descendant des Valois" et un ami de l'alchimiste Fulcanelli.
Khaitzine ajoute en note de bas de page : "Les historiens n'ont pas relevé que le Duc d'Anjou, quatrième fils de Catherine de Médicis, se maria et qu'il eut un descendant mâle, lequel ne put faire valoir ses droits au trône. L'épouse du Duc était née Medina Coeli. Cette famille espagnole était de la lignée des Infants de la Cerda, les descendants d'Alphonse X de Castille, dit Le Sage, auteur des tables alphonsines et d'un traité d'hermétisme. Cette branche fut spoliée du trône d'Espagne par la branche collatérale. Au XVIIe siècle, l'Amirante de Castille, Henriquez Cabrera, issu de la branche spoliatrice, épousa successivement deux demoiselles nées Medina Coeli. De l'une de ces unions naquit... le comte de Saint-Germain, ainsi que l'atteste son blason, une fois lu selon les règles de l'héraldique. Comprend- on mieux pourquoi Pierre Dujols s'intéressa de très près à l'alchimie ?"
On trouvera ici un récapitulatif de l'engagement de Dujols dans l'hermétisme. Il y est précisé que "parmi les connaissances de Pierre Dujols (après son installation à Paris) se trouvent la cantatrice Emma Calvé, amie de Natalie Clifford Barney, l'Amazone du Paris lesbien, l'abbé Mugnier, artisan de la conversion de Joris-Karl Huysmans. Pierre Dujols reçoit à sa table l'alchimiste L. Faugeron. Viennent également au domicile parisien Julien Champagne et René Guénon."
Le blog "Toysondor.blog" précise, dans le même sens que Khaitzine, qu'Antoine Dujols (le frère aîné de Pierre) "présentait des preuves visant à établir que le dernier des Valois, le quatrième fils de Catherine de Médicis et de Henri II, contrairement à ce qu’indiquent les historiens, ne mourut pas sans héritier. François de Valois, Duc d’Anjou et d’Alençon, épousa le 12 avril 1575, Jeanne Adélaide, Duchesse de Médina Coeli. De ce mariage fut issue une lignée d’enfants mâles qui aboutit à Antoine Dujols, facteur de profession. Sous le règne de Louis XV, la descendance du mariage de François de Valois se manifesta en France en la personne de Charles-Louis de Valois. Ce dernier fut emprisonné à la Bastille et sa femme devint folle. Leur fils(*) fut alors adopté par un ouvrier nommé Guillaume Dujols. Et Eric Muraise dans son livre Du Roy perdu à Louis XVII psychanalyse historique d’un mythe national (Julliard, 1967), citant l’opuscule de Antoine Dujols, ajoutait : « En 1885, on voit alors un Dujol adresser au tribunal d’Aurillac une demande de rectification d’état civil, aux fins d’être reconnu pour Henri-Charles-Louis d’Usson, d’Auvergne, d’Alençon, prince de Valois. Il ne semble pas que le tribunal ait fait droit à cette requête insolite, mais il existe toujours des Dujols. On trouvait encore, avant la dernière guerre, dans le Lyonnais et l’Auvergne, une ligue royale dévouée à la cause de Mgr Henri de Valois, laquelle se confondait avec celle d’un Henri Dujol. "
Il ajoute qu'Antoine Dujols, mort à 46 ans était magnétiseur et guérisseur, selon le journal l'Avant garde de Provence de juillet 1892. Concernant Pierre Dujols, alchimiste opératif et éditeur, un de ses textes est en ligne ici.
Vous savez que ce blog n'est pas complètement indifférent aux questions dynastiques, dès lors qu'elles peuvent engager le statut métaphysique de la France si l'on en croit tout un courant prophétique dans la lignée de l'apparition de La Salette : voyez notre billet sur la probable opération maçonnique du "roi des Gilets jaunes"...
Cette histoire de descendance masculine cachée de Charles-Louis de Valois apparaît très douteuse : les documents du XIXe siècle facilement accessible ne parlent que d'une fille.
J'ai jeté un oeil sur le chapitre "Les Valois et les Bourbons" dans ses "Nobles Ecrits" récemment réédités par le Mercure Dauphinois, chapitre qui fut déjà vertement critiqué dans le journal "La Légitimité" du 21 juin 1885, sous la signature d'Albert Faure. Je reviendrai ultérieurement sur ce livre.
On trouve probablement un écho de la rivalité Valois-Bourbon dans le roman Jérôme Manierski, L'héritage des rois, , paru en 2017, qui met en scène un "ordre du cordon noir" maçonnique fondé par les Bourbon, chargé d'entraver les recherches du héros autour de Chambord et de Feigneux.
La lignée de Dujols n'est pas éteinte. Mais elle passe par ses deux filles (il n'y a pas eu d'héritier mâle) dont une épousa l'éditeur des Belles Lettres, dont les ouvrages sont consacrés à la Grèce antique.
Gen Paul, Montmartre et Marguerite
Puisque beaucoup d'abonnés de ce blog annulent leur inscription ces derniers temps (sans que je sois en mesure deviner pourquoi), je puis, en un sens, maintenant, me sentir plus libre d'y écrire un peu ce qui me passe par la tête sans me demander ce qu'on attend de moi. C'est un peu d'ailleurs ce que j'y faisais il y a dix ou quinze ans, à une époque où je n'avais pas moins de lecteurs - même si c'étaient des lecteurs au profil sans doute différent.
Tenez, savez-vous qu'en ce mois de mai, un de mes billets les plus lus est celui que je consacrai à la tombe de Marguerite d'Angoulême en 2012 (en un temps où j'utilisais un langage dans lequel je ne me reconnais plus) ? Je suppose que c'est là le fruit des hasards des référencements sur Google et des recherches des collégiens pour quelque rédaction que leur commande un prof de français. Mine de rien la Marguerite des Marguerites aura rapporté plus de lecteurs à ce blog que tout mon militantisme dans les milieux anti-guerre, car elle m'a aussi fait écrire sur le quintinisme, au moment où j'étais sur la pente escarpée de l'athéisme, et comme j'étais un des rares internautes français à écrire sur Quintin, divers esprits curieux de la Renaissance sont venus à mon blog par ce biais, y compris d'ailleurs un historien distingué. Je ne regrette pas tous ces charmants billets, dont un m'avais aussi conduit vers les oeuvres de Brantôme... L'univers de la Renaissance est étrange et pose diverses questions sur les avantages ou les dangers de l'ésotérisme chrétien. C'est un sujet des plus complexes. La dette que l'on doit avoir ou pas à l'égard du néo-platonisme et de ses vapeurs souvent malsaines (je ne sais pas pourquoi mais cela me renvoie à E Michael Jones, le seul auteur à ma connaissance qui pointe ce qui cloche le plus dans le règne de Julien l'Apostat : ses liens avec l'occultisme, qu'il relie à bon droit avec la problématique du néo-platonisme en général).
Mais laissons là la Renaissance. Hier je me penchais plutôt sur Montmartre et sur le peintre Gen Paul. Là encore l'occultisme n'est pas loin. Pensez au cabaret le Chat Noir qui en était le siège, à l'inventeur Charles Cros. Gen Paul faisait sans doute partie de ces âmes perdues. Son interview chez Chancel l'année de ma naissance, respire l'impasse existentielle de tous ces créateurs sans dieu qui se consolent dans un amour illusoire de la nature. Mais, que voulez-vous, j'ai toujours une grande tendresse pour la mémoire du Paris populaire. Vous savez que j'ai aidé une vieille dame parisienne à publier ses souvenirs quelques années avant son trépas (une école fut inaugurée à son nom il y a 7 ans, dans la ville où je l'avais interviewée, Sevran, je n'en ai même pas été informé - les gens ne sont vraiment pas corrects). Elle n'avait pas vraiment des origines populaires, mais elle avait la gouaille et l'argot de ce milieu-là. Son militantisme communiste en banlieue (alors qu'elle était parisienne), l'avait conduite à cultiver cela.
Tout béarnais que je suis, j'ai été très entouré par l'argot parisien dans mon enfance. Je ne sais pas trop par quels canaux cela passait : peut-être par les chansons à la radio (la "TSF"), le cinéma, ou peut-être par l'influence très indirecte d'oncles engagés dans l'armée. Qui sait ? Je ne vais pas tenter de remonter le fil sociologique de ce genre de transmission de cultures très localisées à des centaines de kilomètres de leur "terroir" (ou de leur macadam...).
On sait les lettres de noblesse académique que Céline donna à cette langue, et quelles lettres d'abjection il donna à l'anarchisme qu'elle véhiculait. Gen Paul était de cet anarchisme-là. D'ailleurs il aurait déclaré que ces Céline qui lui a appris l'argot (voir ici)... Bizarre... Ce n'était donc pas naturel sur la butte ?
En parcourant quelques textes sur Internet pour boucler cette petite promenade vispérale à travers le Montmartre d'il y a cent ans (rien à voir avec l'artefact actuel pour touristes piégés par Amélie Poulain), je tombe sur cet article de Richard Khaitzine intitulé "Les Mystères de Montmartre" du numéro de la revue "Le Vieux Montmartre" du 1er janvier 2002 (il y a 20 ans).
L'auteur y écrit ceci (p. 32) à propos du roman "Le Roi Mystère" de Gaston Leroux (habitué du Chat Noir, son arrière petite-fille tient encore un bistrot à son nom à Montmartre) : "Le Roi Mystère recèle d'autres énigmes qui, toutes, confirment nos hypothèses de travail. Ainsi, que penser de ces concierges de Montmartre veillant sur la sécurité du Roi Mystère et de ses amis ? Que penser, en particulier, de cette concierge qui possède un perroquet souffrant d'une curieuse monomanie lui faisant débiter toujours la même phrase : " Tu es la Marguerite des marguerites, la perle des Valois... ". Si Gaston Leroux semble avoir voulu évoquer l'érudite sœur de François 1er, pour des raisons qu'il serait trop long d'exposer ici, nous pouvons être certains qu'il souhaitait aussi orienter son lecteur en direction de Maxime Lisbonne. Cet ancien Communard, déporté au bagne de Toulon, lors de son retour, fonda différents établissements qui, tous, eurent le même insuccès : La Taverne du Bagne (Gaston Leroux, dans les Aventures de Chéri-Bibi, ex-bagnard poursuivi par la Fatalité, évoqua fréquemment les cabarets montmartrois)".
Je puis jurer que lorsque j'ai commencé à écrire ce billet en parlant de Marguerite de Valois, j'étais à des lieues de penser que je retomberais sur elle à propos de Montmartre ! De même que je ne pouvais supposer il y a 15 jours en jetant un oeil rapide sur un extrait de "Chéri-Bibi" sur une vidéo de YouTube que je citerais le nom de cette série de mon enfance dans ce blog aujourd'hui... Décidément la façon dont les choses se recoupent devient des plus troublantes. Si seulement ce Richard Khaitzine, écrivain alchimiste, avait bien voulu nous dire justement pourquoi Leroux citait Marguerite à propos de Montmartre plutôt que d'estimer que ce serait "trop long à exposer"... Et je ne puis le lui demander par mail : il est décédé le 9 décembre 2013...
La luciférase dans le patch quantique de Bill Gates
On a parlé le mois dernier, du nouvel implant invisible appelé « tatouage à points quantiques» (un patch de micro-aiguilles) conçu par Microsoft pour suivre qui sera vacciné contre le coronavirus et qui ne le sera pas, sous le numéro du brevet WO/2020/060606.
Quand on commence à lire des informations à ce sujet on se croirait en plein "fake", en pleine contrefaçon complotiste, et pourtant qui peut invalider celle-ci ? Ce dispositif breveté qui se présente comme un "passeport immunitaire" (immunity passport) repose sur l'introduction sous votre peau d'une enzyme, la luciférase, qui est nécessaire pour qu'une machine puisse lire l'information inscrite dans votre tatouage. C'est une enzyme dont la bioluminescence est proche de l'infrarouge.
Le nom, qui renvoie à Lucifer, intrigue. Même le plus naïf, le plus anti-chrétien, le plus de mauvaise foi des lecteurs peut se demander "pourquoi avoir appelé une enzyme ainsi" ? Une question que Wikipedia en version française ne se pose évidemment pas. La première réponse qui vient à l'esprit, pour cette structure dont le génome a été décodé en 1987, c'est que Lucifer en latin, veut dire "porteur de lumière", comme l'entreprise allemande qui a équipé l'observatoire astronomique du Vatican aux Etats-Unis.
Ce peut être une façon de se rassurer si l'on décide par ailleurs d'oublier qu'on a affaire là à des gens qui pratiquent l'occultisme dont ils affichent délibérément les signes (l'oeil d'Horus par exemple, ou pensez à Apple dont le logo évoque le jardin d'Eden vendant son premier ordinateur en 1976 à 666,66 dollars), et si l'on oublie que Lucifer est le dieu de la franc-maçonnerie si influente dans le milieu médical comme au sein de la Silicon Valley.
En réalité, si l'on se penche sur l'inventeur des mots "luciférine" et "luciférase", on découvre qu'il s'agit d'un certain Dr Raphaël Dubois. Dubois, professeur de physiologie générale et comparée à l'Université de Lyon, spécialiste des photobactéries, était au début du XXe siècle un anarchiste de salon, et un collaborateur de la revue "La Vie universelle, bulletin de l'Association internationale biocosmique" selon Vittorio Frigerio "Nouvelles anarchistes : La création littéraire dans la presse militante" p. 261. On peut trouver sur Internet une conférence de ce Dubois sur la paix en Europe, qui fait l'éloge de Pythagore - ce qui sent la référence maçonnique - (p. 4), et théorise sur les champs magnétiques terrestres y compris leur influence sur les épidémies (p. 7-8)... non non ne pensez pas à la 5G...
Voilà qui probablement exonère Bill Gates de l'accusation simpliste selon laquelle il aurait au sein d'une société secrète planifié d'introduire une enzyme au nom satanique dans son patch quantique, mais qui, en revanche, rattache clairement son entreprise à une tradition très marquée sur le plan de l'antichristianisme et des recherches occultes. De quoi encore renforcer la méfiance.
Au fait : a-t-on la moindre idée des effets secondaires de la présence de cette enzyme dans un organisme humain ? (tout comme d'ailleurs de ceux des effets de ce vaccin mal testé, préparé à la hâte, que les médias nous conditionnent chaque jour à désirer de toutes nos forces ?)
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