Dans la presse de langue espagnole
Je lis Republica.es, mais ç'aurait pu être d'autres journaux de gauche. Le journal s'indigne à propos des mineurs tués en Afrique du Sud par la police des amis de Mandela, parle d'une évolution possible de l'ANC sur le modèle (ou l'anti-modèle) du PRI mexicain, met ses espoirs dans un certain Juius Malema, dissident, qui veut paralyser les mines. L'auteur de l'article balaie avec mépris les arguments du gouvernement sud-africain qui se vante d'avoir construit des milliers de logements. "Les chiffres sont faux et ce n'est rien à côté de la richesse des grandes compagnies" nous dit le site en substance. Ce que je trouve amusant c'est que le même site à la "une" met en avant le bilan d'Hugo Chavez à Caracas en soulignant qu'il aurait construit lui aussi des dizaines de milliers de logement. Republica.es n'oserait pas mettre en doute la véracité des chiffres de Chavez, ni non plus enquêter sur les profits des compagnies vénézuéliennes - j'avais lu quelque part que le secteur capitaliste s'est beaucoup développé sous Chavez, j'attends toujours un débat contradictoire, pluraliste, serein et factuel là dessus.
Un peu plus loin sur le même site, on apprend qu' en Espagne, des militants nationalistes basques ont été agressés par l'extrême-droite à l'université de Saragosse. La police reste passive. Entre cette histoire et la demande de référendum en Catalogne, il ne fait pas de doute que les nuages s'accumulent.
Il y avait une grève générale au Pays basque aujourd'hui, et un beau rassemblement pacifique contre l'austérité à Madrid. Mais cela devient si fréquent (voyez les Indignados l'an dernier) que cela fait presque penser à des promenades de santé (n'étaient les violences devant les Cortés la semaine dernière).
Il faut toujours regarder avec prudence la presse pro-Chavez. Aporrea.org explique aujourd'hui aux Vénézuéliens que le "dirigeant du parti socialiste français" Alexis Corbière a déclaré que les prochaines élections présidentielles dans ce pays (le 7 octobre) concernent la "gauche globale" (whatever that means). Manque de chance Corbière est juste un dirigeant du Parti de Gauche...
Soyons tout aussi sceptiques à la lecture du Monde. Voyez l'avant-dernier paragraphe du ( très mauvais) article de Benjamin Barthes sur la mort de l'homme qui avait arrêté Kadhafi l'an dernier (Le Monde du 27 septembre 2012) : "De ce groupe [qui captura Kadhafi] de thuwar (rebelles) chanceux, l'histoire a retenu qu'Omrane Shaaban est celui qui a désarmé Mouammar Kadhafi, lui confisquant son fameux pistolet en or. Le dictateur libyen décéda peu après, probablement sous les coups de combattants de Misrata, où son corps fut exposé pendant plusieurs jours". Comparez le maintenant avec ce titre d'une dépêche d'EFE publiée dans le quotidien conservateur madrilène ABC aujourd'hui :" Un agent français derrière la mort de Kadhafi - L'ex-premier ministre libyen Mahmoud Djibril déclare que l'auteur du coup de feu fut un agent extérieur aux milices". Vous voyez ce qui cloche dans la propagande du Monde ? Maintenant une question : pourquoi les meilleures infos sur les guerres de la grande presse européenne se trouvent-elles toujours dans les journaux de droite ?
Bien choisir l'argument
On ne peut pas se réjouir de ce qu'est devenu l'espace de la contestation en France, avec ses trois blocs : le Front de gauche, le Front national et, au milieu, cette mouvance hétéroclite gaullo-marxo-nationale qui signe des pétitions de bas étage sur la Syrie (mouvance qui n'existe guère dans le paysage électoral, mais qui s'agite beaucoup sur le Net).
Je ne me reconnais guère dans aucune de ces trois sphères (même si je garde une proximité culturelle avec le Front de gauche). Le Front national me heurte par sa xénophobie (non pas que je sois un xénophile naïf, mais la culture de l'excès qui sévit à l'extrême-droite n'est pas ma tasse de thé), le Front de gauche me dépait pour sa complaisance à l'égard de l'atlantisme et du fédéralisme européen, les gaullo-marxo à cause de leurs réflexes passéistes et leur manque d'imagination (par exemple quel projet sociétal cette mouvance nous propose-t-elle en termes de progrès culturels, progrès dans les relations humaine, conquête de libertés nouvelles ?).
Ces trois mouvances se contentent de peu, et sont loin, bien loin d'être à la hauteur des enjeux de notre époque.
Ou sont par exemple les réflexion nécessaires sur les nouvelles technologies ? Jean-Luc Mélenchon m'avait fait sourire pendant la campagne avec sa trouvaille "il faut conquérir le fond des océans". C'est quand même un peu court par rapport au flot d'innovation que chaque année charrie. Qui pense cela ? Qui réfléchit sur l'impact politique d'Internet sur les rapports entre les citoyens, avec les Etat etc ?
Bon, à part ça j'écoute en ce moment les partisans du Traité européen "TSCG". Leurs arguments "3 % de déficit structurel, c'est moins bête que les critères de Maastricht", "il y a des mécanismes de consultation des parlements plus intelligents qu'à l'époque de Maastricht". Et Henri Guaino (un homme respectable, qui m'intrigue toujours un peu depuis qu'il est devenu sarkozyste) qui sousentend que de toute façon ce traité ne sera pas appliqué.
Pour ma part je suis hostile à ce traité parce que je refuse le fédéralisme européen, voilà tout. Nos parlements sont les seuls qui puissent voter le budget des Etats au nom des peuples, un point c'est tout. Halte au règne du néo-libéralisme, de la finance, halte à la spéculation, à la fraude, à la marchandisation de tout.
Ensuite je n'entre pas dans les grands débats sur le fait de savoir si l'austérité nous renvoie au temps de Zola ou pas. Ca ne m'intéresse pas. Il y a beaucoup d'exagérations dans ces débats là. L'antieuropéiste Edgar aujourd'hui nous fait pleurer sur l'Espagne. Mais il y a une telle opacité dans la situation de peuples.
A l'échelle mondiale depuis 20 ans on nous dit que les inégalités dans le monde augmentent. C'est exact au sein de chaque pays. Mais l'on oublie de nous préciser, que l'analphabétisme a reculé partout, que l'espérance de vie a fait des bonds, que la famine ne touche plus guère que l'Afrique. On m'explique que la Grèce a connu une tragédie parce qu'on ne vaccine plus les enfants dans les écoles. Mais en quoi la suspension pendant trois ou cinq ans des vaccinations est-elle réellement tragique ? Bien sûr qu'il y a de vrais drames. Et bien sûr ces drames sont choquants au regard de richesses éhontées qu'une petite minorité accumule. Mais qui va vraiment bien, et qui va vraiment mal ? Les Grecs, comme les Espagnols, ont encore le matelas du bien-être des années 80. Beaucoup ont des résidences secondaires, des familles pour les aider. Je veux bien plaindre les Espagnols, mais savez vous combien de jeunes chez eux étaient des ninistas (qui en veulent "ni étudier ni travailler") comme on disait ? Je ne critique pas le fait de refuser de bosser. Je suis un grand défenseur du droit au néant, à la paresse, à la lenteur, que moi-même je m'impose comme un devoir quand je le peux. Mais quand une société compte de larges pans adeptes de cette phlosophie-là, je ne prends pas des accents à la Zola. Moi je ne sais pas ce qu'il se passe en Espagne. Mes cousins quand ils en reviennent me disent des trucs bien sûr, mais je ne prétends pas en savoir assez pour juger.
Par exemple, puisque nous parlons de technologies, savez vous qu'en Espagne comme en Italie les gens ont en moyenne plus d'un abonnement de téléphone portable par personne ? Je ne sais pas du tout si c'est en soi une richesse. Nous autres en France sommes les moins bien équipés d'Europe en la matière. Nous sommes moins bien lotis que les Serbes et les Albanais ! Je n'ai jamais eu le temps de faire une analyse sur l'impact du portable sur le bien-être (à nos chers partis contestataires de le faire ! ou aux universitaires, mais vu leur ineptie je sais que ces derniers s'en abstiendront). Je soupçonne juste que ça encourage une société de la parlotte, que cela suscite des sources de mal-être nouveau, et des tonnes de gaspillages (car on change son téléphone tous les trois ans). Accessoirement ça a financé une guerre horrible au Congo, je referme la parenthèse. Non, vraiment, je ne sais pas où l'ordre libéral apporte du mieux, apporte du pire. Il faut manifester dimanche contre cet ordre en tant qu'il prive les peuples de leur droit de décider, mais pas sur des spéculations oiseuses sur le bien-être matériel de chacun.
Pour finir sur les illusions de la représentation du monde que chacun se fait, je songe à cette conversation que j'ai eue cette semaine avec des fonctionnaires d'âges mur qui oeuvrent en Seine-Saint-Denis. Tous se complaisaient dans un discours apocalyptique "ici trois quarts des gens vivent de l'assistanat, c'est une pauvreté terrible" disaient-ils. J'ai corrigé : "Le taux de chômage est de seulement deux points supérieur à la moyenne nationale, et c'est un département qui crée énormément d'emploi. Les poches de pauvreté existent. Elles expliquent par exemple que la mortalité infantile dépasse la moyenne nationale. Je ne nierais pas le taux de chômage de certaines cités, l'immensité du problème du logement, la détérioration de nombreux services publics, mais je ne peux pas laisser dire que tout le monde y vit du RSA". On m'a écouté avec intérêt, le misérabilisme est tellement à la mode dans une certaine fonction publique d'Etat, qui du coup se sent dans le "93" dans la peau des administrateurs coloniaux d'autrefois (ce qui lui permet ensuite d'y dépoyer un paternalisme à deux balles, dans un jeu sado-masochiste des plus malsains). Je soupçonne beaucoup de gens d'avoir le même regard sur l'Europe du Sud, y compris et surtout parmi ceux qui critiquent l'européisme. Mes amis ne critiquez pas, avec des arguments incertains, notamment d'ordre économique. Défendez le principe du social empowerment, du progrès des consciences, et laissez de côté tout le reste.
Pas rentable
Certains sociologues (à quoi bon les citer ?) ont planché sur ce sujet si répandu chez nos congénères : le besoin de reconnaissance. J'aurais pu témoigner auprès dans leur enquête en tant qu'auteur qui n'en reçoit aucune.
Aujourd'hui (jour de mon anniversaire en plus), là où je bosse, le journal interne a fait circuler sur l'Intranet une pub pour une interview donnée dans un grand journal par un type qui a écrit sur l'ENA.... Ce type est un collègue. Fort jeune. Il se trouve que je travaille chez moi depuis hier, donc j'ignore si tout le monde s'est précipité sur son bureau pour aller lui serrer la paluche et le féliciter. Bien sûr le livre de ce type sera oublié par tout le monde dans 10 ans (mais après tout l'Atlas alternatif aussi sera vite oublié), toutefois le gars se sera senti soutenu par son milieu professionnel et aura un peu plus de plaisir cet hiver à se rendre au boulot que moi, qui n'ai jamais reçu, en 15 ans, l'ombre d'un soutien, non seulement des milieux professionnels où je sévissais, mais même d'aucune autre institution (n'étant publié que par des toutes petites structures qui ne pouvaient même pas faire de la com' efficace pour ce que je faisais).
Je ne trouve pas spécialement avantageux ce type de solitude qui finit par inspirer de l'amertume à l'égard de pas mal de milieux, alors qu'il vaudrait mieux cultiver à leur égard une indifférence neutre. Hier un pote que je n'avais pas recontacté depuis cinq ans me dit qu'il a "adoré" mon roman "la Révolution des Montagnes" (roman dont très peu de gens hélas auront une chance de connaître l'existence en France). Mes bouquins sont suivis par quelques proches ou ex-proches, à distance, qui, du coup, se dispensent de prendre de mes nouvelles, puisqu'ils en trouvent dans l'ouvrage qu'ils ont acheté à 15 euros. Et puis il y a des inconnus qui s'abonnent au blog on ne sait pas trop pourquoi. Mais cela reste infinitésimal. Une dame le 13 août, un garçon le 16 septembre. Pourquoi, on ne sait pas trop. Comme ceux qui tapent "delorca" sur Google de temps à autre.
Je me suis creusé la tête hier pour savoir à quel éditeur je pourrais envoyer mon dernier manuscrit sur mes dernières trois années passées dans une mairie "Front de Gauche" de la banlieue Nord de Paris, et je suis arrivé à la conclusion que je n'en voyais aucun. Idem pour mon petit recueil de considérations politiques décalées que j'ai écrit en janvier dernier. J'ai parlé à un petit éditeur. Tout de suite les questions fatidiques : "vous avez vendu combien d'ouvrages jusqu'ici ?", "combien d'exemplaires du nouveau livre seriez vous prêt à acheter avec vos propres deniers ?". La loi du marché. Et qu'on ne me réponde pas "publie tes bouquins en ligne". Ceux que j'ai postés sur Calameo ne sont lus par personne ! Et ils sont une floppée dans ma situation. Beaucoup aussi sont tellement écrasés par le fonctionnement absurde du système éditorial qu'ils n'arrivent même pas à prendre la plume pour écrire, malgré le besoins urgent qu'ils en ressentent (car l'écriture reste toujours une revanche, même chimérique, sur tout ce qui limite la "puissance" dans l'ordre du réel, comme dirait Spinoza).
Mais que faire ? Je ne vais quand même pas téléphoner à la directrice de cabinet de François Hollande, en lui disant : "Sylvie, vous vous souvenez ? Quand je bossais avec vous à l'ambassade de France à Madrid, vous m'aviez apporté des petits gateaux avenida de America !". Je n'ai gardé aucun contact avec elle depuis 18 ans. Je ne suis pas un homme de réseaux. Je le paye. De toute façon, sûr qu'elle ne me proposerait pas de plancher sur un projet de révolution à planifier sur les cinq années à venir. Donc je ne vais quand même pas adhérer à Terra Nova pour mendier un semblant de reconnaissance, pour ressentir un semblant d'utilité, alors qu'à 27 ans, malgré la plus grande souplesse de mon échine d'alors, je ne l'aurais certainement pas fait.
Mais je ne vais pas non plus (comme beaucoup de contestataires ridicules le font) me dire "allons allons, au moins je reste pur, je témoigne pour les générations à venir, je leur passerai le flambeau un jour, je suis la vieille taupe invisible" et autres balivernes. Ni non plus "sublimer" mon petit ressentiment, ou ma petite impuissance, en pondant un article définitif sur un conflit qui tue 6 millions de morts (le Congo) en me disant "bravo garçon, tu es le seul à le faire !". Certains blogueurs font ça. Six mois, un an. Puis quand ils voient qu'ils n'ont que trois lecteurs par jour ils arrêtent.
Une sociologue (nous commencions par les sociologues, finissons avec eux) m'a sollicité pour me poser des tas de questions sur Internet en ma qualité de blogueur (peut-être parce que mon blog est au dessus du rang 50 sur Overblog). Aucune des entrées de son questionnaire ne me paraissait pertinente. Ca me rappelle quand j'ai reçu le questionnaire de Bourdieu (à l'époque j'ignorais que c'était de lui) en 1988 après mon prix Concours général (il en a épluché les résultats dans Homo Academicus). Ces gens-là feraient mieux de se mettre à la broderie.
Chemins de traverse
Les Verts (EELV) redeviennent ce que José Bové avait voulu faire d'eux (avant de devenir vice-président de commission au Parlement européen) : un parti de contestation. Cela rend furieux les fanatiques de la religion européiste : leur fétiche favori est de nouveau menacé. Quoi qu'on en dise, l'histoire n'est pas écrite, et bien malin qui peut dire quels chemins de traverse elle prendra.
Jean-Christophe Victor, la Syrie, "L'Innocence des Musulmans", Patrick Timsit
Mes enfants aujourd'hui nous allons apprendre une nouvelle chanson. Regardez la vidéo ci-dessous "Moustique".
Et après avoir regardé Le Dessous des Cartes "Les implications de la crise en Syrie 2/2" diffusé hier sur Arte, chantez sur le même air que cette chanson : "Jean-Christophe Victor tu es un bandit", "Jean-Christophe Victor tu es un imposteur".
Pas très sophistiqué comme critique ? A la mesure de la lourdeur et de la bêtise de la propagande que nous subissons. On n'a pas envie d'être élégant quand on nous assomme avec tant de bêtise. Une émission qui choisit ses dates de la façon la plus arbitraire (par exemple sur la relation entre la Syrie et le Liban), qui simplifie à outrance dans un sens biaisé et qui se termine sur la conclusion ô combien impartiale selon laquelle si le Conseil de sécurité est paralysé on pourrait au moins traduire Bachar el-Assad devant la Cour pénale internationale.... Ri-di-cule.
Je demande solennellement à la chaîne Arte (et vous pouvez faire de même) qu'il soit précisé sous le nom "Jean-Christophe Victor" "ancien conseiller politique de l'OTAN". Quand un général me parle, je veux voir ses épaulettes. Il faut cesser de nous faire prendre pour des analyses neutres la propagande de bas étage. Messieurs nous ne sommes pas si idiots que nous en avons l'air.
En parlant de choses pas sophistiquées, j'ai regardé ce petit clip (car ce n'est même pas un vrai film" de 13 mn sur Internet, "L'innocence des Musulmans". Le travail est de si mauvaise facture qu'on ne peut croire à un "plan" de la CIA ou des milieux évangélistes. Voilà un pauvre idiot de copte égyptien qui a bricolé sa petite "oeuvre" dans son coin, inspirée par les souffrances sans doute réelles de sa communauté en Egypte (ou des inquiétudes légitimes qu'elle éprouve), et le voilà dépassé par les événements, obligé de se cacher après que sa diffusion ait déjà causé la mort dizaines de personnes dans le monde de fous où nous vivons. Possible que certains fanatiques salafistes aient trouvé dans ce court-métrage de bas étage matière à s'enflammer (ils ne l'eussent pas fait devant un film des Monthy Python qu'ils n'auraient pas compris) et à faire progresser leur cause pour l'anniversaire du 11 septembre. Puis c'est l'engrenage, les médias, chacun se sentant obligé d'y mettre son grain de sel, même Nasrallah au Liban (lui qui n'a rien à voir avec les salafistes). Voilà à peu près comment je vois les choses. Heureusement il n'y a pas de contagion en France, et réjouissons nous que M. Ramadan ait gardé une ligne modérée (plus modérée que Charlie Hebdo).
Ensuite, je suis bien d'accord : il faudra bien que les peuples musulmans acceptent un joue le droit à la caricature, mais commençons d'abord à retirer les troupes de l'OTAN des pays du Golfe, suspendre notre soutien à l'occupation des territoires palestinien et au blocus de Gaza, cesser de jouer les va-t-en guerre en Iran, en Afghanistan, et nous pourrons alors plus sereinement donner des leçons de liberté de la création cinématographique, et même de liberté des propagandistes. Au fait, j'ai entendu hier le comédien Patrick Timsit que l'extrême droite présente comme un "sioniste" parce qu'il défend le droit d'Israël à exister tenir des propos assez originaux et assez justes hier dans "Salut les terriens" sur cette histoire de caricatures de Charlie Hebdo. Bon on préfèrerait citer des propos de professeurs d'université que de comiques troupiers sur ce genre de problème. Mais puisque les professeurs n'interviennent plus guère dans le débat public depuis longtemps, on se rabat sur les propos de comptoir, lorsqu'au moins ils sont empreints d'un certain bon sens.
Jean d'Ormesson
Je n'ai jamais compris cet homme : son nom à particule, son goût pour les dîners mondains, pour les bons mots, pour les institutions, son anti-communisme, son poste au Figaro. Mais dans un monde où Cécile Duflot peut être ministre, toute valeur ancienne est bonne à redécouvrir. C'est d'ailleurs ce que doivent se dire certains médias qui l'invitent à tour de bras : notre société ne produira plus de Jean d'Ormesson.
Alors je lis son "Saveur du temps", que j'ai trouvé dans une bibliothèque par hasard. Je découvre un dandy jouisseur qui a bien des mérites : l'humour (l'autodérision même parfois), l'élégance, et surtout l'absence de haine (dans la vie culturelle actuelle, cela devient si rare). Je partage avec lui son intérêt pour Châteaubriand (chez lui cela confine même à la passion, semble-t-il), pour Jerphagnon, pour Plutarque, sa critique (pas trop appuyée, juste ce qu'il faut) du structuralisme et de tous les esprits de système, sa défense déterminée de la littérature (notamment de la littérature classique) contre tout ce qui veut l'anéantir (à commencer par le cinéma). Je m'amuse de ses souvenirs de causeries avec Proust et avec Mauriac, de sa fierté d'être descendant d'un opposant à Louis XIV.
Il ne faut jamais mépriser les prêtres du beau langage. Car cette religion-là était utile à nos cerveaux. Et nous savons bien ce que nous devenons tous depuis que nous l'avons perdue.
Un classement qui fera plaisir à mes éditeurs
Un classement qui fera plaisir à mes éditeurs car il fait de moi une victime reconnue du système médiatique (de nos jours il est toujours utile de porter une couronne d'épines sur la tête) : celui (que je découvre par hasard ce soir), qui me place en 10ème position du "Top 150" des intellectuels les moins invités à la télévision publique !
1. Jacques Abeille (1 ; 35 ; 35)
2. René Pommier (0 ; 23 ; 34,5)
3. Pierre Legendre (0 ; 21 ; 31,5)
4. Patrick Charaudeau (0 ; 20 ; 30)
5. Jean-François Mattéï (0 ; 19 ; 28,5)
6. Francis Jacques (0 ; 19 ; 28,5)
7. Matthieu Baumier (0 ; 19 ; 28,5)
8. Philippe Zarifian (0 ; 19 ; 28,5)
9. Pierre Lance (1 ; 23 ; 23)
10. Frédéric Delorca (0 ; 15 ; 22,5)
11. Daniel Béresniak (1 ; 22 ; 22)
12. Jean Salem (1 ; 21 ; 21)
13. Mehdi Belhadj Kacem (1 ; 21 ; 21)
14. Eric Werner (0 ; 14 ; 21)
15. Stéphane Ternoise (0 ; 14 ; 21)
etc.
Ces Français populaires à l'étranger...
Les Syriens depuis le 16 septembre connaissent tous Chantal Dupille et pensent que c'est un célèbre écrivain français. Voilà ce que j'apprends en regardant le journal (cf ci dessous, minute 2'47) de la télévision officielle syrienne (bon je sens qu'on va me traiter encore de facho parce que je regarde ce genre de truc "interdit" et "politiquement incorrect", mais regarder ne veut pas dire qu'on adhère, sauf pour les cinglés du maccarthysme). Ca me rappelle le temps où les Serbes connaissaient tous Patrick Besson parce que leur gouvernement (ou leur système éditorial) en vantait les écrits très souvent.
Dans le même ordre d'idées, les lecteurs de Ria Novosti en Russie pensent sans doute que l'UPR est un grand parti souverainiste.