Les individus...
Les hommes, les hasards de leur vie individuelle, l'impact sur le collectif. Chavez avec ses complications respiratoires, suite à une opération longue à Cuba, Chavez entre la vie et la mort. La révolution vénézuélienne peut-elle survivre à ça ?
Dans l'histoire de notre République, nos "grands hommes" vus par l'écrivain de droite que je lis en ce moment (un écrivain monarchiste, qui croit en son ieu en son roi), pour qui ceux-ci ne sont que de cyniques aventuriers : Gambetta (le "pirate"), Clemenceau (le "carabin provincial", "dandy nihiliste aux paumettes de Mongol") etc. Sous un certain angle la IIIe République etait un régime héroïque, seule république d'Europe, qui éduquait ses masses etc, sous un autre un ramassis de corrompus prêts à tous. Le sort de tout régime, de toute aventure humaine, individuelle ou collective. Sous un certain angle méritant, sous un autre fautif et dérisoire.
La vie privée des gens
Une fille m'écrit ceci :
"J'ai une vie très bizarre depuis deux ans. Après 17 ans de mariage j'ai un matin de juillet 2011 - mes filles étaient en vacances en bretagne - quitté le domicile conjugal, selon l'expression consacrée. Parce que ma vie marchait sur la tête... Je souffrais et mes filles souffraient et c'était la seule solution intelligente que je pouvais prendre. Je ne suis jamais revenue et ne le regrette pas. J'ai refait ma vie, mes filles sont heureuses et moi aussi. Mais... Hé oui, toujours un mais sinon la vie serait trop facile. Je vivrai jusqu'à la fin de mes jours avec la culpabilité d'avoir brisé un homme qui n'a toujours pas compris. Qui pleure encore chaque fois qu'il m'a au téléphone. Qui a réussi à faire de mon bonheur nouveau un chagrin continuel qu'il ne puisse exister sans faire le malheur d'un autre."
Le propos est banal. Des milliers de gens peuvent raconter ce genre de truc. En même temps, pas besoin d'être grand clerc pour se rendre compte que ces phrases sont parfaitement cinglées. "Je suis heureuse mais je ressens une culpabilité" : ah bon on peut être heureux dans la culpabilité ? Comment peut-on aligner "heureuse" "heureuses" sur trois lignes, et parler de "chagrin continuel" à la sixième ? Le mot bonheur sent la satisfaction animale dont on s'enivre pour ne surtout pas avoir à se poser de question (mais dans ce cas mieux vaudrait prohiber ce mot débile, qui est l'alcool idéologique de trois quarts de nos concitoyens).
Non décidément ces phrases ne tiennent pas debout. Cela sent la démence affective des paumés. Et pourtant cette fille est des plus "socialement" normales - une juriste d'entreprise, qui mène une bonne petite vie bourgeoise après avoir réussi ses études - et, je le répète, même ses phrases parfaitement incohérentes sont en soi, archi-banales et pourraient être signées par des millions de personnes dans le monde.
Et il y aurait sans doute autant à dire de la folie du bonhomme qui depuis deux ans accable son ex-compagne de sa dépression d'après-rupture. Tout cela sent à plein nez - chez elle comme chez lui - une dépendance immodérée à l'égard des affects les plus impulsifs et les plus contradictoires, sans guère aucun horizon intellectuel supérieur (une vision plus haute de soi-même et du monde, de soi-même dans le monde) capable de mieux structurer les choses. C'est du désordre à l'état pur.
Alors quoi, que faut-il penser de cette démence affective ? Seulement qu'elle est le lot des trois quarts de l'humanité. Oui, l'humanité est faite comme cela, d'une sorte de folie douce des pulsions, quelque chose qui ne tient absolument pas debout, par quelque côté qu'on le prenne, et sur la base de quoi malgré tout les gens fondent leur vie.
Les philosophes antiques, avec leur franc parler et leur art d'aller au but sans détour, en avaient pour la plupart conclu qu'il fallait tout simplement mépriser les sentiments humains, ou au mieux - dans le Banquet de Platon - utiliser leur pouvoir de fascination pour stimuler des fonctions plus nobles en nous comme la recherche du Beau, du Bon et du Vrai... Nos fausses pudeurs modernes nous empêchent de sauter à des conclusions aussi radicales, tout comme elles nous empêchent de considérer, ainsi que le remarquait jadis Nietzsche, l'ensemble de l'humanité comme des esclaves au sens premier du terme, ce qui était pourtant, là aussi, l'opinion la plus répandue chez les philosophes antiques. Pourtant il faut bien se rendre à cette évidence : oui, la plupart des gens dans leur façon de vivre leurs affects sont parfaitement cinglés, ils sont esclaves, enfants (là encore un terme qu'utilisaient les penseurs antiques à l'endroit de leurs contemporains), incohérents et égarés (et qui plus est capables de professer et proclamer cette folie comme si elle était parfaitement raisonnable). Comment peut-on après cela prendre qui que ce soit et quoi que ce soit au sérieux ?
Le pénultième jour
Ceux dont je parlais hier vont-ils tenir le choc de la célébrité si, comme c'est annoncé, TF1 leur consacre un reportage de 30 mn, ou finiront-ils mangés tout crus comme José Bové ? Difficile de marcher sur les fils de la renommée.
Les Femen ouvrent une succursale en Egypte (mais un islamiste, Mahmoud Abderrhamane, a demandé que leur tête de proue soit déchue de sa nationalité et soit interdite d'accès au territoire), les Indiens se passionnent pour un viol. Il semble que l'avenir du monde tienne de plus en plus à l'émotion que suscite la condition féminine. Les mornes fondés de pouvoir qui font office de chefs de l'Exécutif français, encaissent une rebuffade du Conseil constitutionnel sur la question fiscale et font toujours aussi peu rêvé le "peuple de gauche", qui l'oubliera en ce jetant sur les tables de réveillon demain (du moins ceux qui ont assez de pouvoir d'achat).
Pour ma part j'observe que beaucoup de lecteurs ces derniers temps me lisent de Sotchi, ville à laquelle sont rattachés les serveurs Intenet abkhazes. Le résultat sans doute de la publication de mon interview dans la Chegemskaya Pravda. Je regrette de ne pouvoir offrir grand chose à ces lecteurs zélés. Je ne peux donner aucune "visibilité", comme on le dit aujourd'hui, à leur riante contrée, étant esseulé à l'extrême dans la petite sphère "alternative".
Peut-être se passera-t-il quand même quelque chose en 2013. Pas seulement la publication de mon interview dans la revue Jineps. J'ai par exemple repéré une vilaine foire prévue dans quelques mois. Il faudrait faire quelque chose. On en reparlera peut-être.
Visite du village d'Emmaüs Pau-Lescar
J'étais hier de passage chez Emmaüs Pau-Lescar, des "compagnons" très engagés dans les luttes sociales qui refusent la "gestion de la pauvreté" et ont transformé, à l'occasion de leurs 30 ans d'existence, leur communauté en un village écologique et égalitaire. A l'entrée la fresque qui alignant Sankara, Che Guevara, Gandhi et Mandela sous le titre "Oser, risquer l'utopie avec et pour l'homme" - fresque autrefois dessinée sur le mur de la mairie de Billère en solidarité avec les sans-papier - en dit long sur l'ampleur du projet. Ici on se donne les armes pour construire une société alternative.
J'ai été accueilli par la chargée de communication Cécile Van Espen et par le directeur Germain Sarhy, 58 ans, qui se considère comme le "préfet" du village (lequel élit par ailleurs un maire et un "conseil municipal"), et nous avons déjeuné ensemble. Il m'a ainsi longuement expliqué le fonctionnement de sa communauté et les principes qui la régissent -formulés dans le journal local le 9 janvier 2012 : "Le compagnon qui vient dans la communauté est nourri, logé, blanchi et il participe à l'activité de la communauté qui est à la base la récupération, en fonction de ses capacités physiques et intellectuelles. Nous ne sommes pas dans une logique de production mais dans une politique participative.Ils perçoivent un "pécule" autour des 450 euros par mois d'argent de poche. Faites le calcul par rapport au smic. On cotise aussi à l'Urssaf et chaque compagnon a droit à la couverture sociale et à la retraite." Le statut est régi par la loi sur l'accueil en organismes communautaires et d'activités solidaires.
Germain Sarhy insiste sur le fait que sa structure ne perçoit aucune subvention et ne vit que des ressources de la récupération. Il se sent ainsi libre à l'égard des pouvoirs locaux dont nous parlons en détail (leur attitude en période électorale, en dehors des élections etc, Emmaüs).
A notre table un jeune Malien compagnon pour un temps de la communauté : l'occasion d'un échange intéressant avec un homme attaché à d'autres valeurs (l'islam, les hiérarchies aristocratiques du Mali) et qui au nom de ça à quelques problèmes avec certains aspects de la vie du village comme le calendrier de nus et le tutoiement immédiat de tous (mais néanmoins le cadre égalitaire et l'esprit d'accueil du lieu permet de gérer la différence de valeurs sans conflit).
Après le repas je visite avec Germain le village. Il me montre les constructions de pavillons pour les personnes présentes depuis deux mois qui pourront bientôt accueillir environ 80 personnes au total (ce qui fera environ 200 pensionnaires avec la partie réservée aux jeunes visiteurs) . Ces pavillons suivent les normes de l'habitat écologique (écohabitat), autosuffisants en énergie, d'une grande élégance esthétique (car Emmaüs est attaché à ce que la pauvreté n'empêche pas la qualité de vie, l'attachement au beau, alors que le village donne sur la chaîne de montagnes).
Emmaüs veut s'ouvrir sur l'extérieur avec une ferme qui met en valeur les espèces locales, l'épicerie qui devrait ouvrir au printemps. il veut aussi se doter d'une école sur le modèle du Colibri. On me montre aussi le champ de blé bio dont le village tire sa farine fabriquée dans un moulin basque de 1885.
La culture ici n'est pas considérée comme un luxe, et on l'a place au centre du devenir des compagnons. Déjà le site accueille en juillet le principal festival musical de la région (10 000 personnes chaque année). En marge du festival l'an dernier ils organisaient des conférences dans le cadre du forum mondial de la pauvreté, en partenariat avec Paul Ariès et le journal « Le Sarkophage ». Cette année ce sera sur le "buen vivir" (good living/bien vivre). Je parviens sans peine à convaincre Germain de lancer un salon du livre des éditeurs indépendants comme cela existe à Paris où il n'y aurait pas à engager des sommes pour louer les stands. Il envisage aussi la mise en place d'une librairie permanente.
Sensible à la solidarité internationale, Emmaüs Lescar est en contact avec la Bolivie, et le Burkina Faso (via l'association AIDIMIR) sur des projets de reboisement. De ce côté là aussi il y aurait des choses intéressantes à envisager.
Evidemment ce genre de visite vous redonne de confiance dans l'aventure humaine. A Emmaüs-Lescar vie au grand air, liberté anti-conformiste et sens de la solidarité et de la justice se conjuguent à un point d'harmonie qu'on n'aurait plus cru guère possible sous la dictature des banques, des multinationales, et de la bêtise lâche et égoïste de nos contemporains. Un autre quotidien est possible !
A la niche !
Ah mes chers lecteurs comme elle est douce et tendre cette fin de mois de décembre, vous ne trouvez pas ? Les plans de licenciements se multiplient, mais la France bourgeoise persiste dans son ronronnement paisible (une fausse paix, bien sûr hantée par mille culpabilités et mille découragements mais qu'importe). 640 euros le budget moyen des cadeaux de Noël, qui dit mieux ? Donc ne nous étonnons pas s'ils ne se passe rien, strictement rien. Les Indignés, les Anonymous, et autres jeunes exaltés fumeurs de teuch sont rentrés gentiment chez papa-maman. Les complotistes s'exaltent entre eux, au fond de leur chambre, contre les "sionistes", les "francs-maçons" etc pour surtout n'avoir pas à organiser des luttes sociales. Il n'y a pas d'action politique, nulle part. Et le gouvernement peut à loisir tancer le PCF pour une vidéo trop incive contre notre président adoré, avec des menaces à peines dissimulées pour les prochaines municipales. "A la niche le PC". A la niche les contestataires !
J'ai ri en lisant Le Monde cet après-midi, quand j'ai vu qu'un collectif de profs de Sciences Po (surtout des profs américains, dont l'ineffable Fukuyama, l'ex-prophète de la "fin de l'Histoire"), tancent la Cour des comptes, et lui reprochent de n'être point assez sensible au charme de la "fluidité" ! Ah, la fluidité de M. Descoings ! Laissez nous donc être fluides, et cessez d'embêter le très fluide M. Casanova. En 1981 on se demandait s'il fallait absorber Sciences Po dans l'université, aujourd'hui on soumet l'université à la loi des grandes entreprises, et l'on blâme l'Etat actionnaire de l'IEP d'oser reprocher à M. Descoings son salaire, encore bien inférieur à celui de directeurs de grandes écoles américaines (sic). L'Humanité rappelle aujourd'hui dans son édito que Mme Bettencourt est assise sur un capital égal au PNB de la Tanzanie ou de la Côte d'Ivoire. But who cares ? Who cares ?
"Nous nous battrons jusqu'à ce que plus aucun d'entre vous n'ait le sens de la dignité politique". Voilà la devise de notre grande presse et de nos responsables politiques. Et l'entreprise marche assez bien. Tout le monde s'accommode assez bien de l'abjection. Quand je dis "tout le monde", je dis aussi toute notre planète. La raison du plus fort et du plus riche n'y a jamais été aussi populaire.
Bali
Vijay Prashad le rappelle dans son livre "Les nations obscures" : 8 % de la population de Bali ont été tués au cours de la grande répression anti-communiste de 1964 (avec les armes et la bénédiction occidentales), tout autour des hôtels de luxe. Si j'étais un écrivain reconnu, payé pour voyager et armé de réseaux relationnels qui relaieraient ce que je fais, je prendrais un caméraman avec moi (puisque "la vidéosphère a remplacé la graphosphère"), et j'irais enquêter auprès de la population de Bali, pour en connaître tous les aspects et en éclairer les diverses strates. Je ferais parler les vieux à propos de la répression de 64, et les jeunes à propos de l'exploitation capitaliste actuelle (de l'islamisme aussi car l'île est une des rares d'Indonésie à ne pas être majoritairement musulmane, je crois, ce qui lui vaut quelques problèmes).
Elections régionales au Venezuela
Sur la situation au Venezuela, je vous recommande la lecture (en français) de ce petit billet, non pas tellement pour son thème principal (les scores du tout petit Parti communiste vénézuélien qui, en soi, n'ont guère d'importance) que pour ce qu'il révèle de la complexité de la situation de ce pays : on y apprend que certains gouverneurs pro-Chavez mènent des politiques anti-sociales et anti-communistes. Les choses ne sont décidément pas simples dans ce pays. A part ça intéressant aussi le score du PSUV.
Fourberies républicaines, terrorisme de droite, Torreton/Depardieu, libertarisme des Femen
Bon, je continue de visiter les règlements de compte de Bernanos avec la droite "bien-pensante" de 1870 à 1937 (car j'ai aussi acheté son "Les grands cimetières sous la lune"). Je laisse le côté de l'anti-sémitisme qui, un jour, méritera un commentaire spécifique. Ces livres soulèvent d'importante questions : qu'eût été le monde si une sorte d'ultra-monarchisme "intègre" dont rêvait Bernanos avait réussi sa restauration ? Je me suis posé des questions similaires dans l'autre sens en 2009 quand je me demandais ce qu'aurait donné une république communiste en France. Il faut toujours se demander ces choses-là, car ces questions vous guérissent de l'impression de "Weltgeschichte ist Weltgeright" qui s'impose à nous à travers les catégories scolaires. Quand Bernanos dit que la bourgeoisie à partir de la Révolution a privatisé les droits et socialisé les devoirs (en faisant peser sur l'Etat l'obligation d'éduquer le peuple par exemple), je trouve que c'est une parole forte, mais, en même temps, je ne vois pas bien comment le ultra, eux, avec leurs écoles catholiques, auraient réussi une aussi complète élévation de la paysannerie à la culture que ne le fit Jules ferry (et ce quoi que l'on pense de cette culture républicaine qui était loin d'être totalement honnête...)
Il y a toujours du bon à lire ses adversaires. J'apprécie de trouver sous la plume de Bernanos le portait d'un Jaurès en universitaire démagogue qui rallia la classe populaire au dreyfusisme (identifié par la droite à la trahison des clercs), comme j'aimais lire sous la plume de Romain Rolland une présentation d'un Jaurès faible, trop jovial, trop enclin au compromis. Il faut connaître toutes les facettes des icônes historiques, toutes les façons dont elles ont pu être considérées en leur temps, sans pour autant adhérer à aucun des points de vue. Et je vais même vous dire : alors que ma famille fut victime du franquisme espagnol (puisque mon grande père, qui fit partie des gardes civils républicains lui fit la guerre et s'exila, sans quoi je serais né aragonais), j'aime à lire ce jugement de Bernanos selon lequel les républicains ne sont pas fondés à se plaindre de ce que des généraux fêlons fussent instrumentalisés par la réaction, puisqu'eux-mêmes n'avaient pas hésité à utiliser la trahison d'autres généraux pour renverser la monarchie en 1931. Et j'aime d'autant mieux cela que le propos émane d'un écrivain ultra qui a le courage de dénoncer l'essence terroriste du franquisme (avec d'ailleurs des lignes lumineuses aussi sur le terrorisme catholique espagnol en Flandre au XVIe siècle) et le risque (avéré en 1940) que la droite française capitule complètement devant ce terrorisme-là. Oui, il faut entendre quand on nous dit certaines vérités désagréables sur les partis de gauche, républicains ou autres. La politique n'est jamais menée par des enfants de coeur, et la question est de savoir jusqu'où un intellectuel doit valider la Realpolitik, surtout celle de son camp. Bernanos a un argument fort : la peur ne peut pas légitimer une politique, et ce aussi bien lorsqu'elle est le moteur de compromis iniques que celui du terrorisme.
Ce voyage dans le passé bien sûr éclaire le temps présent : cette triste aventure de notre gouvernement Ayrault-Hollande, frêle esquif embarqué sur les eaux d'une société où l'égoïsme, la lâcheté conformisme, la bêtise en un mot (grand thème de Bernanos) gouverne aussi sûrement les coeurs que les grandes banques le porte-feuille. L'affaire Depardieu cristallise l'ultime volonté d'un peuple de croire qu'il pourrait vouloir être solidaire. L'ultime "volonté de volonté". L'appel de Torreton dans Libé et les morsures que lui infligent en retour les vedettes du show-biz (Lucchini, Gad Elmaleh, Deneuve) en disent aussi long sur la difficulté de dire encore quelque chose "de gauche" dans ce pays, que les grands moulinets dans le vide du camarade Montebourg.
Alors ont-ils raison de vouloir déplacer le combat sur le terrain "sociétal" nos camarades socialistes ? Oui et non. Cette dictature grossière des "théories du genre" qui veulent interdire aux petites filles de jouer à la poupée et aux petits garçons les jeux de guerre constitue, comme l'a noté à juste titre Pinker, une queue de comète du stalinisme dont on se serait bien passé... Queue de comète sur le mode de la répétition comique de tragédies anciennes, avec la nonne Clémentine Autain dans le rôle du nouveau Jdanov. Et cependant tout n'est pas à jeter dans cet effort pour réformer les moeurs. Prenez les Femen par exemple : en regardant la prose de ce mouvement, qui jusqu'ici se bornait à imposer la violence phallique de corps d'Amazones transformées (avec plus ou moins de succès) en Robocop, je vois émerger ça et là en leur sein (quoique souvent honteusement, et sans doute sous l'éteignoir des bonnes soeurs intégristes de leur club) d'intéressants appels à la liberté sexuelle, dont l'Egyptienne Alia Elmahdi, qui manifestait avec elles en Suède cette semaine, se fait l'avocate (maladroite certes, mais bon). On aurait tort de ne voir là que des manipulations de la Fondation Soros. Cette liberté là ne viendra peut-être pas complètement à bout du pouvoir des banques, mais elle en sera toujours un frein, car, même si Cohn-Bendit est trop sot pour le voir, elle reste incompatible avec le productivisme libéral. C'est pourquoi je reste proche à certains égards de la mouvance écologiste, plus que ne le furent les staliniens de la mouvance anti-impérialiste qui n'y voyaient que des alliés "verts de gris" de l'autoritarisme de l'OTAN. Le nouvel ordre écologique et le libertarisme sexuel restent des instruments très importants de la réforme sociale à venir.
L'intelligence comme "lethal mutation"
Un argument que j'ai entendu récemment dans une conférence de Chomsky, mais qu'il a emprunté aux biologistes, et que je trouve résumé ici : "If you take a look at biological success, which is essentially measured by how many of us are there, the organisms that do quite well are those that mutate very quickly, like bacteria, or those that are stuck in a fixed ecological niche, like beetles. They do fine. And they may survive the environmental crisis. But as you go up the scale of what we call intelligence, they are less and less successful. By the time you get to mammals, there are very few of them as compared with, say, insects. By the time you get to humans, the origin of humans may be 100,000 years ago, there is a very small group. We are kind of misled now because there are a lot of humans around, but that’s a matter of a few thousand years, which is meaningless from an evolutionary..."
De quoi il est déduite que l'intelligence est une "mutation mortelle" ("lethal mutation") à l'échelle du devenir des organismes vivants.
Lorsque Chomsky l'énonçait dans la conférence que j'écoutais, il disait qu'une prochaine guerre mondiale finirait sans doute par "réaligner" l'humanité sur cette norme biologique qui veut que plus on est une espèce intelligente plus on est voué à être en nombre restreint et à s'éteindre au moindre changement d'environnement. Sur le moment je n'ai pu m'empêcher de songer que c'était là typiquement la pensée d'un théoricien vieillissant qui trouve commodément dans la biologie une légitimation de son pessimisme personnel, et procède, ce faisant, à une extension abusive des conclusions de cette science (laquelle, pour l'heure, est plutôt vouée à voir dans l'intelligence humaine une exception au sort funeste réservé aux autres organismes élaborés). Mais il est clair que je n'évacuerai pas simplement cette intuition chomskyenne sur la base d'un diagnostic psychologique un peu léger, et que je vais sans doute dans les années à venir creuser cette idée, tenter d'en comprendre mieux les fondements, les implications, et la mettre à l'épreuve de diverses autres objections possibles dans des registres variés.
Effets des sanctions occidentales sur le peuple iranien
L'artiste Sanaz Sohrabi travaille sur un projet de performance pour dénoncer l'effet catastrophique des sanctions occidentales contre l'Iran sur le plen de l'accès aux médicaments et aux soins. Elle a demandé aux Iraniens de témoigner sur leur difficulté récente à se soigner, les témoignages vont être glissés dans des capsules et déposés demain devant le siège de l'ONU à New York.
La situation de l'Iran sur le plan pharmaceutique est devenue critique en ce qui concerne des maladies comme l'hémophilie (la vie de 10 000 personnes serait en jeu de ce seul fait), la leucémie, les problèmes cardiovasculaires.
Voyez ce témoignage en anglais de Muhammad Sahimi, en août dernier.
"Although Iran produces a large part of the medications and drugs that its population needs, based on the generic versions of brand-name pharmaceuticals, it is unable to produce the most advanced drugs that have come to the market over the past 10–15 years that deal with a variety of illnesses and medical problems, simply because their generic versions are not yet available. As a result, Iran must still import a significant amount of drugs every year to deal with illnesses such as leukemia and AIDS. But the sanctions that the United States and its allies have imposed on Iran’s banks and other financial institutions have made importing necessary drugs and medical instruments almost impossible. At the same time, as Iran’s oil exports continue to decrease because of the sanctions, the financial resources of the nation become increasingly strained, making it more difficult to pay for expensive drugs, even if a way can be found to import them. As a result, the shortage of drugs will soon become a catastrophe if not addressed. I have been able to personally verify the shortage, as two of my brothers-in-law are pharmacists and run large pharmacies in Iran. They have confirmed to me that the crisis is reaching dangerous levels.
The board of directors of the Iranian Hemophilia Society recently informed the World Federation of Hemophilia that the lives of tens of thousands of children are being endangered by the lack of proper drugs caused by international economic sanctions. According to the Society, while the export of drugs to Iran has not been banned, the sanctions imposed on the Central Bank of Iran and the country’s other financial institutions have severely disrupted the purchase and transfer of medical goods. Describing itself as a nonpolitical organization that has been active for 45 years, the Society condemned the “inhumane and immoral” U.S. and EU sanctions and appealed to international organizations for help.
Tens of thousands of Iranian boys and men have hemophilia and need certain drugs that must be imported. Many of them need surgery for a variety of reasons, but in the absence of proper drugs for their hemophilia, the surgeries cannot be performed. In fact, several reports from Iran indicate that all surgeries for all hemophiliac patients have been canceled.
But the problem is not restricted to hemophiliacs. Reports indicate that advanced drugs for a variety of cancers (particularly leukemia), heart diseases, lung problems, multiple sclerosis, and thalassemia cannot be imported, endangering the lives of tens of thousands of people. There are about 37,000 Iranians with multiple sclerosis, a debilitating disease that can be controlled only with advanced medications; without them, the patients will die. And given that, even under the best medical conditions, 40,000 Iranians lose their lives to cancer every year, and that it has been predicted by many experts that Iran will have a “cancer tsunami” by 2015, because every year 70,000–80,000 new cases of cancer are identified in Iran, the gravity of the situation becomes even more glaring. "
Et encore ce rapport qui mentionne la failite en chaîne des pharmacies en Iran :
"Rahbar Mozhdehi Azar, the Head of the Society for Pharmacists of Iran, in an interview with Mehr News, has stated that the “majority of pharmacies are up for sale” due to a four-fold increase in taxation on pharmacies and serious delays in insurance payments. As a result, around 100 pharmacies have been put up for sale in recent months."
Suite de la visite de l'histoire de France à travers les yeux de la droite
Est-il vrai que, comme le soutient Bernanos sur la base d'une interview de Werlé, maire de Ferrières, dans Le Figaro Bismarck n'aurait pris à la France que 5 km le long du Rhin et Strasbourg si celle-ci avait accepté l'armistice plus tôt en 1870 ? Bernanos a en tout cas des mots intéressants - un peu les mêmes que Flaubert - quand il décrit cette fièvre révolutionnaire républicaine un peu théâtrale qui s'empare du peuple français après la chute de Napoléon III. Les raisons de la chute de l'empereur d'ailleurs sont d'ailleurs évoquées en des termes convainquants par l'auteur : cette idée que l'il entretenait à la France le rapport d'un amant illégitime à une maîtresse qu'il couvre de cadeaux et demande régulièrement "m'aimes-tu ?" à travers ses plébiscites, en sachant qu'il ne pourra jamais l'épouser. Un pouvoir illégitime, mal assuré.
Tout de même cet imaginaire de la levée en masse, cette conviction quasi-religieuse qu'elle aboutira à un Valmy miraculeux, à l'image de cet ouvrier français qui se jette avec une baïonette sur les flancs d'une soldats prussien. Bernanos (qui esquisse aussi une comparaison intéressante avec la résistance espagnole des années 1810) décrit magistralement cette superstition comme Flaubert le fait de la Commune (d'ailleurs saluons l'honnêteté avec laquelle Bernanos dénonce, comme Flaubert, la bassesse de la répression versaillaise). L'Histoire se répète sur le mode de la comédie comme l'avait noté Marx (un peu comme, si l'on veut, le hollandisme aujourd'hui est une répétition comique du mitterrandisme de 81, nous y reviendrons un jour), et il n'y eut pas de second Valmy. La fièvre de 1870, nos professeurs nous apprirent à la considérer comme une résurgence "normale" de l'instinct républicain de notre peuple, pourtant le phénomène n'a rien de normal, et il n'y a rien de normal dans le fait de voir un Gambetta, un homme fraîchement naturalisé comme le note Bernanos, envoyer des tas de pauvres bougres au casse-pipe avec des "fusils à tabatière"...
Etrange que la mystique révolutionnaire ait si bien fonctionné en France en 1870, alors que les Républicains étaient si minoritaires dans le pays. Tout le monde y a vu l'effet d'un fond chimérique de l'esprit français, en retard à maints égards sur le "positivisme" prussien. La création de Sciences Po est née de là, à l'époque, la volonté de remédier à la bêtise d'un peuple à travers la regénérescence de ses élites.
Etrange a contrario que cette mystique-là n'ait pas du tout marché en 1940, pas même dans les rangs des marxistes, alors qu'il y eut un appel dans ce sens lancé par le communiste Charles Tillon à Bordeaux le 17 juin. On peut pousser plus loin encore l'étonnement philosophique : pourquoi n'y eut-il pas de sursaut révolutionnaire à Bagdad à la chute de Saddam (qui était le Napoléon III de son pays) en 2003, face à l'invasion US ? Question faussement naïve, bien sûr, qui nous aide juste à mesurer le fossé entre le monde actuel et celui de 1870.
Encore un pas sur le sentier de Bernanos
"L'activité bestiale dont l'Amérique nous fournit le modèle, et qui tend déjà si grossièrement à uniformiser les moeurs aura pour conséquence dernièr de tenir chaque génération en haleine au point de rendre impossible toute espèce de tradition. N'importe quel voyou, entre ses dynamos et ses piles, coiffé du casque écouteur, prétendra faussement être à lui-même son propre passé, et no arrière-petits-fils risquent d'y pedre jusqu'à leurs aïeux" (Bernanos, "La grande peur des bien-pensants", 1930 p. 50). C'est assez bien vu non ? Et ça ne vous rappelle rien ? Oui, le point de vue sur l'Amérique de ce vieux communiste d'Anatole France trois ans plus tôt que j'évoquais ici il y a 8 mois.
Je ne devrais pas lire les auteurs d'il y a cent ou deux cents ans. Mon pote le blogueur Edgar me l'a sorti déjà il y a un mois à propos du côté XIXe siècle de Mélenchon, qu'il ne fallait pas vivre dans le vocabulaire de ces époques lointaines parce que "c'était avant Auschwitz"... Il aurait d'autant plus raison que là, dans Bernanos, il y a de l'antisémitisme ouvert (même s'il s'est "racheté une conduite" avec la guerre d'Espagne). Sauf que je ne peux pas m'arrêter à ça, parce que de l'antisémitisme il y en a tellement dans la première moitié du XXe siècle. J'en trouve des traces même dans la correspondance de Clemenceau... Il faut bien lire Platon malgré sa haine de la démocratie, et Bernanos malgré son antisémitisme de jeunesse, on ne peut pas faire autrement. Même Elie Wiese le dit dans "Le Mal et l'Exil" alors...
En fait je ne sais pas trop pourquoi je lis Georges Bernanos ou George Sand (tiens deux Georges...), ni pourquoi je suis content de retrouver chez l'un et l'autre le même surnom donné à Napoléon III : Badinguet. Si je suis Edgar, puisque tout ça se passait avant Auschwitz, ou, du point de vue de quelqu'un de plus jeune encore, avant les ordinateurs, il n'y aurait rien à en tirer. Mais précisément : ils sont nos aïeux, et nous sommes leurs arrières-petits-enfants (arrière-arrière-arrière-arrière pour George Sand) dont Bernanos craignait que nous les oubliions... Je les écoute donc sans les juger, en admettant leur droit à l'erreur et au délire. Je les écoute pour comprendre, pour saisir de quel monde on vient, de quelle France, sans le regard biaisé et fade des historiens.
J'écoute souvent sans comprendre, et souvent aussi sans retenir. Du précédent livre de Bernanos "Les enfants humiiés" je n'ai rien retenu du tout, et j'ai trouvé, sur le même sujet, Ernst Jünger plus juste, allez savoir pourquoi. Je ne sais pas ce que je retiendrai de "La grande peur des bien-pensants". Peut-être rien non plus. Pourtant là tout de suite, je retiens des formules saisissantes. Parfois il y en a trop, beaucoup trop, on s'y perd, et cela perd toute saveur. Parfois on rencontre un mot juste, des détails inattendus qui s'entrechoquent. Parfois on se demande pourquoi on prend un livre plutôt qu'un autre. Pourquoi je préfère acheter un Bernanos que finir de lire les mémoires du Cardinal de Retz, qui traînent dans ma bibilothèque, et dont Bernanos cite le nom (mais me replonger dans le XVIIe siècle me demanderait beaucoup d'effort). Pourquoi Bernanos me donne envie de relire Péguy. Sans doute parce qu'il a une drôle de façon de parler de Victor Hugo, comme c'était aussi le cas de Péguy. Pourtant jusqu'ici à chaque fois que j'ai rôdé autour de Péguy, je n'en ai rien tiré de plus que de Bernanos. Juste le souvenir d'une langue bizarre, d'odeurs d'un pays disparu. C'est peut-être cette odeur que je recherche. Mais pourquoi ? Pour en faire quoi ?Moi qui suis un progressiste, grand défenseur de la liberté du reggaeton, des innovations technologiques et des pays émergents... Allez, je vous en dirai plus quand j'aurai avancé davantage sur le sentier de Bernanos.
De Mélenchon chez Assange à l'interdiction du reggaeton à Cuba
Vous le savez, ce blog est un blog qui à l'occasion, sans démagogie ni esprit de facilité, donne la parole aux sans-voix. Je dois donc signaler premièrement le papier intéressant de Jean-Luc Mélenchon sur Julian Assange (les derniers paragraphes cet article) riche en informations que vous ne trouverez pas ailleurs, et aussi la situation de la journaliste russo-ukrainienne Ankhar Kotchneva enlevée par les rebelles extrémistes syriens d'Homs que ceux-ci ont menacé d'exécuter cette semaine. Les récits d'exactions commises par l'opposition syrienne sont nombreux et particulièrement barbares (par exemple la vidéo d'un enfant du camp rebelle décapitant un officiel syrien). Il se passe des choses épouvantables dans cette guerre civile - on connaît les billets sur le net sur les employés de l'Etat, des facteurs par exemple, tués simplement parce qu'ils sont payés par l'Etat. On ignore si le camp gouvernemental est pire que l'opposition, et personnellement je ne prends nullement parti dans ce conflit intérieur, mais puisque les médias occidentaux minorent les crimes commis par les rebelles, il faut aussi en dire un mot, et pas seulement d'alleurs des crimes d'Al-Nosra à Alep (Al-Nosra justement inscrite par les Occidentaux sur la liste des organisations terroristes cette semaine).
J'ai lu cette semaine les considérations de M. Chevènement sur le monde arabe. Rien de très passionnant sauf cet appel in fine au partenariat stratégique avec le Maroc et l'Algérie (mais peut-on s'allier aux deux en même temps ?) contre le progrès de l'islamisme financé par les pétro-monarchies. Mais au fond qui peut se targuer d'avoir la moindre stratégie viable en direction du monde arabe aujourd'hui ? Même les Etats-Unis me paraissent surtout voués à l'improvisation dans leurs compromis difficiles avec les Frères musulmans. Avez-vous vu que Julien Dray milite ouvertement contre l'influence économique du Qatar en France ? Peut-être cette position lui fut-elle dictée par la visite des autorités qatariennes (mot consacré par le dictionnaire autrefois) à Gaza avant l'attaque israélienne. Elle est en tout cas utile à la République.
A part cela je suis étonné de voir l'ancien préfacier de l'Atlas alternatif accuser le think tank socialiste Terra Nova d'organiser une répression contre les antiimpérialistes de gauche. A mon avis un tel think tank n'a ni les moyens ni la volonté d'aller ennuyer quelques scribouillards marginaux. Ca ne tient tout simplement pas debout...
Mais revenons à un sujet plus important : Cuba veut interdire le Reggaeton... En 2007 le régime chaviste faisait de même au Venezuela, mais seulement dans l'Etat de Zulia, semble-t-il, et seulement dans les écoles. Mme Ligdy Arandia, chef de la division des établissements publics et privés du secteur cultirel avait expliqué à l'époque que les mouvements sexuels du reggaeton avait quelque chose à voir avec les grossesses prématurées, les abandons d'enfants, les ruptures familiale. Cette interdiction a aussi été appliquée dans les écoles au Nicaragua, en Espagne, au Honduras, au Salvador etc. La droite trouvait cela hypocrite à l'époque alors que des filles presque nues dansaient dans les "concentrations" chavistes. Les interdictions de certaines danses dans les écoles ont un sens. Au niveau d'une nation, et qui plus est d'une nation révolutionnaire, je ne le crois pas. "Alexandra Kollontaï relève toi, ils sont devenus fous"... comme aurait pu chanter l'autre...
Interview de Delorca dans le principal journal abkhaze
On trouvera ci-dessous une photo de la page du journal La Vérité de Chégem (Chegemskaya Pravda -"Чегемская правда") d'aujourd'hui dans lequel est publié l'interview de F. Delorca, auteur de "Abkhazie, à la découverte d'une 'République' de survivants" (eds du Cygne) par Marina Iosifyan. Comme la version initiale en français était plus longue, la voici in extenso.
--------------------
- En Russie et surtout en France j’ai assez souvent rencontré les gens qui ne connaissent pas l’Abkhazie. Quand vous-mème vous avez entendu quelque chose sur l’Abkhazie la première fois? Pourquoi ce pays vous avez intéressé ?
- J’ai dû en entendre parler en 1991-92 au moment des guerres du Caucase, puis dans certains travaux d’anthropologues (je suis docteur en sociologie)s, mais c’est vrai que c’est le genre de pays dont on ne retient pas forcément le nom. Ayant coordonné l’Atlas alternatif en 2005, je me suis intéressé de près aux relations internationales, aux sources de tensions autour de conflits gelés (j’étais en Transnistrie en 2007) et notamment à la guerre entre Russes et Géorgiens en 2008. Donc quand on m’a proposé de faire du contrôle électoral en Abkhazie je n’ai pas pu refuser.
- Comment évaluez vous la couverture de la situation en Abkhazie par les média en France et en général en Europe?
- L’Abkhazie est un pays qui compte peu du point de vue français. La France s’intéresse assez peu à l’espace postsoviétique surtout quand il n’a pas de frontières communes avec l’Union européenne. En outre on sait que le point de vue géorgien sur la question abkhaze est très bien relayé auprès de la classe politique américaine, et aussi auprès des milieux dirigeants européens et français (au Quai d’Orsay par exemple). Nos médias n’ont pas beaucoup de moyens pour enquêter sur place et n’ont pas d’intérêt économique particulier à se forger leur propre opinion sur l’Abkhazie. Donc ils ont repris largement à leur compte le point de vue géorgien. Je préfèrerais pour ma part qu’ils aient un point de vue plus impartial. Mais hélas c’est un problème qu’on trouve dans beaucoup de conflits
- Est-ce que votre image d’Abkhazie (que vous avez eu avant votre voyage) est changée pendant le temps que vous avez passé en connaissance avec elle ?
- Forcément l’image que j’avais était très sommaire, elle manquait de détails – par exemple j’ignorais tout du climat, de la personnalité des gens (et j’en ignore encore beaucoup). Sur le plan politique je crois que j’avais sousestimé la complexité des rapports des Abkhazes avec leurs voisins. Par exemple, je les croyais aussi pro-russe que les Ossètes du Sud, mais en fait j’ai appris que les choses étaient plus compliquées.
- Quand vous étes arrivé en Abkhazie, il me semble que vos représentations sur ce pays restaient comme une « feuille blanche ». Donc ce qui m’intéresse c'est comment les représentations sur l’Abkhazie se sont construites dans votre téte ? Comment vous avez réussi à construire l’avis non contradictoire sur ce pays ? Parce que dans votre livre il y a beaucoup d’avis contradictoires sur les mèmes aspects de la vie en Abkhazie. Par exemple, vos compagnons vous disent que les gens gardent chez eux les armes après la guerre est c’est un vrai problème. En mème temps dans l’un de vos interviews il y a une question : « Est-il vrai que les gens ont des armes chez eux ? » la réponse : « Non. Après la guerre il y avait beaucoup d’armes mais le gouvernement a régulé la situation »
- Etre une « feuille blanche » est une ascèse à laquelle tout journaliste et tout chercheur doivent s’astreindre. Il faut apprendre à ne faire totalement confiance à aucun point de vue, ni non plus les rejeter complètement. Il faut apprendre à hiérarchisée ce qui est important et ce qui ne l’est pas, laisser la porte ouverte aux aspects du réel qui nous échappent et qui peuvent encore nuancer le jugement, sans devenir complètement relativiste. J’ai appris à faire cela en 1999 quand j’ai dû me forger ma propre opinion sur la guerre du Kosovo à l’heure où des mensonges sur ce conflit étaient diffusés en boucle partout. Sur chacun des sujets que vous évoquez, j’ai voulu laisser les témoignages contradictoires tels que je les ai reçus pour montrer que c’est cela qu’on reçoit quand on enquête sur un pays. Mais on voit bien dans la façon dont je les présente que les témoignages sont plus complémentaires que contradictoires, simplement ils ne parlent pas de la même chose. Pour reprendre l’exemple des armes cela se voit bien. C’est un sujet difficile dans tous les pays même en France où il est très difficile de définir les armes létales et où on parle encore de caches d’armes dans les Pyrénées dont je suis originaire. Quand on demande s’il y a encore des armes, certains interlocuteurs pensent à des kalachnikovs, d’autres à des simples armes de chasse. Je n’ai pas les moyens d’aller faire une enquête poussée là-dessus, mais on peut penser que, quelle que soit la bonne volonté du gouvernement, beaucoup de gens gardent des armes pour leur autodéfense. C’est ce qui s’est passé aussi en France après 1945.
- Je voudrais préciser les autres points contradictoires pour savoir votre avis sur eux :
1. Les conditions des femmes : dans votre livre il y a les temoignages d’une femme abkhaze qui dit que les femmes en Abkhazie se sentent complétement égales avec les hommes. En mème temps vous avez les témoignages d’un citoyen de Danemark et une femme française qui disent que ce loin d’être la vérité.
- Sur la question de la liberté des femmes, c’est comme pour les armes tout dépend de quelle liberté on parle : celle qui est garantie par l’Etat d’avoir accès à l’éducation par exemple, ou celle plus privée comme celle de pouvoir imposer une volonté indépendante à ses frères ou à son mari. Au travers des divers témoignages on sent bien que l’héritage soviétique a aidé le développement d’une certaine émancipation, mais que dans le cadre familial les traditions perdurent. Et le poids de ces traditions en soi n’est pas forcément incompatible avec la liberté. Car il y a des femmes qui trouvent que le respect des traditions, l’estime que cela leur vaut auprès des autres femmes ou des hommes, est une source de liberté pour elles. C’est aussi une dimension que certaines féministes découvrent en France (notamment en dialogue avec des femmes musulmanes issues de l’immigration) : la manière de vivre sa féminité et sa liberté en tant que femme peut varier beaucoup d’une femme à l’autre.
2. Le système de la santé : l’avis de vos témoins dans le livre est aussi contradictoire : certains remarquent que le système de médecine est plus humain en Abkhazie que dans les autres pays, certains disent que ce système a des grands défauts.
- Je n’ai malheureusement pas pu visiter des dispensaires ou des hôpitaux. On sait que dans beaucoup de pays qui ont connu le communisme, il existe encore un système de santé gratuit ou bon marché mais de mauvaise qualité, et qu’il faut payer pour tous les suppléments, parfois même pour pouvoir avoir des médicaments efficaces. Ce surplus à payer peut être d’ailleurs déguisé sous forme de cadeau. Je comprends que des Abkhazes qui restent attachés à des valeurs de solidarité très répandues dans le Caucase aient envie de souligner que quand même ces valeurs existent encore dans leur système médical, même si on se doute que les difficultés économiques ont tendance à susciter l’apparition d’une médecine « à deux vitesses » pour les pauvres et pour les riches. Il est bien aussi qu’une Abkhaze arménienne qui connaît les Etats-Unis rappelle qu’en Occident le principe d’assistance aux malades pauvres est aussi bafoué, et peut-être parfois plus qu’en Abkhazie. Ce n’est pas le genre de sujet sur lequel on peut avoir un point de vue simpliste.
3. Les relations entre les peuples différents en Abkhazie : il y a les témoins qui disent que il n’y a jamais les problèmes avec la compréhension et restrictions de droits entre les abkhazes et les autres peuples en Abkhazie, certains font des allusions sur le manque de compréhension entre les peuples
- Les différences culturelles sont partout à la fois des sources d’enrichissement mutuel et de tension suivant les moments. On peut tout à fait comprendre que la composition multiculturelle de l’Abkhazie joue un rôle ambivalent de ce point de vue. Mais beaucoup de gens ne peuvent pas avoir une vue d’ensemble. C’est pourquoi les Abkhazes de l’ethnie abkhaze majoritaire ont tendance à considérer que la société est tolérante. C’est pourquoi il faut interviewer des minorités, et dans mon livre c’est une Arménienne qui remarque que parfois la culture arménienne suscite de la méfiance. Il est normal que les gens des minorités ressentent plus profondément les signes d’intolérance, et parfois même les exagèrent à partir d’une ou deux réflexions qu’ils ont entendues. On ne peut évidemment pas en tirer de conclusions trop rapides. Il est très probable que, si l’on faisait une étude plus approfondie, on se rendrait compte que la société abkhaze a des comportements à l’égard des minorités culturelles (je ne parle pas des minorités sexuelles c’est une autre question) plutôt proche de la moyenne des sociétés « ouvertes ». En tout cas il n’y a pas de discrimination dictée par les pouvoirs publics, ce qui est déjà très important. (En laissant de côté celui des Georgiens et des Mingréliens, qui est une question liée à la guerre).
4. Et bien sur la question sur l’histoire de conflit entre l'Abkhazie et Géorgie. Vous avez montré l’avis géorgien dans votre livre. Le lecteur abkhaze est assez bon informé sur cet avis, mais ce que m’intéresse c’est comment vous avez réagi à cet avis qui est complétement contradictoire avec l’avis d’autres témoignages dans votre livre.
- Sur l’avis des Géorgiens, je n’ai pas été très surpris car j’ai déjà vu dans les Balkans par exemple comment, dans un contexte de guerre, chacun des protagonistes est enclin à réécrire l’histoire dans le sens qui arrange ses intérêts politiques, aussi bien l’histoire récente que l’histoire ancienne. Personnellement je ne tranche pas entre les deux versions de l’histoire, je pense que ce n’est pas utile pour déterminer les droits des peuples à l’heure actuelle. Savoir si les Apchouas étaient présents à Soukhoum depuis le Moyen Age ou s’ils font partie d’une « invasion récente » en provenance du Caucase du Nord est un sujet sentimentalement important pour les Abkhazes ou pour les Géorgiens, mais il ne me semble pas déterminant pour savoir de quels droits les Abkhazes peuvent se prévaloir. Ce qui compte davantage, c’est de savoir si oui ou non ils ont constitué un véritable Etat depuis 20 ans, et si oui ou non ils s’identifient à la cause indépendantistes de leurs dirigeants (et là-dessus les élections de 2009 ont apporté une réponse). En ce qui me concerne je suis neutre sur la question de nécessité ou pas d'une indépendance de l'Abkhazie, mais je dis juste que les événements des 30 dernières années fournissent des critères de légitimité plus pertinents que ceux d'il y a trois siècles.
- Avec vos savoirs sur la vie en Abkhazie (le système politique, sociale, les relations internationales) comment estimez vous son avenir ? Surtout la reconaissance mondiale de l’indépendance de pays.
- C’est un avenir qui dépend beaucoup de rapports de force internationaux, rapports de forces économiques, mais aussi symboliques. Jusqu’où les pays émergents comme la Russie ou la Chine sont-ils en mesure de faire avancer une vision « non occidentale » de l’avenir du monde au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies. C’est une question très complexe qui ne dépend pas seulement des rapports économiques (même s’il est possible que les Etats-Unis et l’Union européenne usent du chantage économique sur cette question). On sait que des pays d’Amérique latine, ou d’ex URSS sont hésitants. Parce que le discours selon lequel seul l’Occident est légitime à définir l’exception à l’intangibilité des frontières reste largement accepté.
Cette question implique aussi les opinions publiques. Si j’étais à la place des autorités de la République autoproclamée d’Abkhazie, j’essaierais de faire du lobbying auprès des députés ou des maires issus de partis politiques qui nourrissent une vision des réalités internationales différente de celle que soutiennent les grands partis. Par exemple, en France, des mouvements comme le Front de gauche, Debout la République, ou encore les partis régionalistes, les Verts qui contrôlent des municipalités seraient sans doute intéressés à connaître la situation abkhaze et la faire connaître.
Mais évidemment en dehors de la question de la reconnaissance, on voit bien que ce qui compte aussi et surtout, c’est celle des relations avec la Géorgie. Peut-il y a avoir un rétablissement des relations économiques, une réconciliation entre les peuples, un retour des civils géorgiens expulsés ? On peut espérer que la récente défaite électorale de M. Saakachvili ouvre des perspectives sur ces dossiers.
- La réaction d’une de certains de vos interviewers n’avez pas vous étonné? J’ai remarqué la méfiance de certains à vous donner son accord pour l’interview. Pourquoi vos interviews ont décidé de prendre les pseudonymes ?
- Ils n’ont pas décidé. C’est moi qui le leur ai proposé, afin qu’ils puissent parler librement et en détail de leur vie (les détails sont souvent plus vrais que les généralités, surtout quand on choisit d’interroger des gens ordinaires). Il me semble assez normal que des gens qui vivent dans un pays en guerre larvée avec leur voisin, et qui savent que les médias occidentaux ne défendent pas leur point de vue se méfient.
- Les événements en Abkhazie sont éclairés sur un certain jour dans les médias européens et américains. Le citoyen d’Abkhazie a senti l’effet de la «guerre d'information ». Comment est-ce que le citoyen ordinaire qui n’a pas la possibilté de venir en Abkhazie pour voir la réalité avec ses propres yeux, peut-il éviter le destin d’une victime de la guerre d'information ?
- C’est très compliqué. Il y a dix ans, je vous aurais répondu qu’Internet peut devenir un moyen de mieux comprendre le monde indépendamment des grands canaux d’information. Mais ce n’est pas vrai. Même sur Internet la majorité des gens vont lire les sites des grands journaux, qui contiennent beaucoup de contrevérités, et les sites « alternatifs » racontent souvent un peu n’importe quoi aussi… Il est clair que les 60 millions de Français ou les 80 millions d’Allemands n’auront pas chacun un contact personnel avec les 200 000 Abkhazes pour se faire une opinion sur ce pays. Comme je le disais plus haut, il y a des moyens « locaux » de contrer la désinformation dominante, par exemple en établissant des coopératons au niveau des municipalités, des associations etc, mais il n’est pas sûr que cela pèse très lourd. Paradoxalement dans un monde surinformé, c’est toujours le mensonge qui a le plus de chances de prédominer quand il sert les intérêts des plus puissants.
- J’ai remarqué que dans les interviews donnés par les abkhazes dans votre livre la réalité de la vie en Abkhazie est un peu enjolivée. Comment vous pouvez l’expliquer ? Par le désir de montrer son propre pays d’un meilleur coté ? Si par exemple je ne savais rien de France et je voulu prendre l’ interview avec vous pour ce que vous me parler de la France, quelle image vous allez me donner ? Plutot réaliste ou plutot romantique ? Pourquoi ?
- Sans doute une réponse réaliste. Mais réaliste ne veut pas dire seulement négatif, il faut tenir compte des circonstances politiques. Il y a quinze ans, j’aurais parlé plutôt négativement de la France (et ça reste la tonalité dominante de nos médias) : parce que nous étions engagés dans l’approfondissement de l’Union européenne, parce que des travaux universitaires sortaient sur l’histoire de l’antisémitisme en France, sur les crimes du colonialisme etc. Aujourd’hui que la construction européenne a surtout aidé à l’application de politiques néolibérales et que l’ouverture internationale de la France rime surtout avec sa soumission à l’idéologie atlantiste, je suis plus enclin a valoriser ce que la France a de positif. Il est normal que les citoyens d’un pays en guerre, non reconnu, et isolé, ait tendance à embellir la réalité. L’observateur étranger doit à la fois respecter cela, et en même temps garder une dose de scepticisme à ce sujet.
- Et finalement, la question importante pour le lecteur abkhaze : Qu’est-ce que c’est , le patriotisme pour vous ?
- En français, en anglais, et dans beaucoup de langues européennes, le mot patriotisme garde la racine latine « pater ». C’est la fidélité à la terre des pères, à ce qu’ils y ont fait. C’est un sentiment qui existe depuis le Néolithique, bien avant que le mot n’existe. Et c’est une dimension importante de la vie, quelque chose qui peut lui donner un sens plus profond et lui servir de repère dans un monde où la technologie modifie très profondément les êtres humains et les rapports qu’ils nouent entre eux. Mais en même temps c’est quelque chose qui peut être compliqué à vivre. Par exemple quand on a une double origine comme moi (qui suis à la fois français et espagnol). Je crois qu’il est très important de la combiner avec la liberté. La liberté implique qu’on soit ouvert à l’avenir, et donc à tout ce que l’avenir peut nous offrir : le changement de pays, la rencontre d’autres cultures. L’attachement à la liberté est ce qui empêche le patriotisme de devenir un culte morbide du passé et des morts. Cela oblige le patriotisme à se réactualiser, à se redéfinir en permanence dans le dialogue avec les autres, et avec les circonstances nouvelles que nous donne le monde à chaque instant.
Pour la version russ cliquer ici
Chavez passe le flambeau, Robert Fisk et la Syrie, Israël et la Géorgie, la désindustrialisation
- Hugo Chavez, 58 ans, qui voit son cancer récidiver, appelle les Vénézuéliens à élire à sa succession le très peu charismatique Nicolas Maduro, si les médecins cubains ne parviennent pas à le guérir. Tragique destin des pères de révolutions. Comment désigner un père par procuration ? L'homme le plus proche de soi, le plus en accord avec ses idées, n'est pas nécessairement le plus charismatique.
- Robert Fisk (qui fait autorité en matière de journalisme) l'affirme : il était à Hama en 1982 et il n'y a pas eu de trace d'utisation d'armes chimiques par Hafez el Assad à l'époque. Cela n'implique rien pour le temps présent mais c'est toujours utile à savoir. Le 12 décembre 2013, Le Bundestag allemand se prononcera au sujet de la proposition du gouvernement allemand d’envoyer, sur demande de la Turquie des missiles Patriot. Une "Ligue des libres-penseurs allemands" fait signer une pétition. Au fait, croyez-vous quà Doha le ministre des affaires étrangères russe a menacé le Qatar de disparaître ?
- Le ministre des affaires étrangères israélien annule sa visite en Géorgie après qu'elle ait reconnu l'Etat palestinien. Je suis quand même surpris de constater le triomphalisme du Hamas à Gaza. Qu'ont-ils gagné au juste ? En tout cas M. Netanyahu reste le favori de l'opinion publique israélienne (plus de 80 % de l'opinion publique de ce pays pensent qu'il est le futur premier ministre)...
- Dans un département industriel de province hier je me renseignais sur la santé économique du pays. Des usines de 200-300 salariés ferment parce que les patrons exigent plus de 10 % de rentabilité. D'autres se vident par paquets de neuf salariés. Mais je ne crois pas que les gens reviendront sur le dogme du libre-échange. Ses partisans peuvent encore pour quelques décennies être canalisé vers des impasses comme le Front national et des impasses d'extrême gauche. L'idée du Front de gauche de faire du protectionnisme avec les normes sociales et écologiques est intéressante, mais je m'interroge sur les chances de Mélenchon de faire une majorité FdG/les verts/gauche du PS comme il prétend le faire. Il me semble que le système politique eut rester sclérosé sur un dialogue stérile UMP-PS avec 50 % d'abstentionnistes pour quelques lustres. Et je ne comprends pas bien le projet de nationalisation de l'acierie que défend la gauche de la gauche en ce moment. Y a-t-il une perspective pour un "acier écologique" en France ? Et comment ?
- Vous souvenez-vous que j'ai été contributeur du Cahier de L'Herne sur Noam Chomky ? Il faudra que je diffuse une ou deux vidéos récentes de ce linguiste sur ce blog à l'occasion, car il parle encore beaucoup !