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Le blog de Frédéric Delorca

Qui empêchera le déploiement de drones tueurs autonomes ?

26 Novembre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous, #Débats chez les "résistants"

A l'ONU certains pays comme l’Autriche (son négociateur Alexander Kmentt l'a rappelé il y a 5 jours dans le New York Times) essaient d'imposer des règles juridiquement contraignantes à l'utilisation de ce que les militaires appellent des armes autonomes létales (les drones tueurs notamment).

Les États-Unis, la Russie, l'Australie, Israël et d'autres estiment qu'aucune nouvelle loi internationale n'est nécessaire pour le moment, alors que la Chine veut définir une limite juridique si étroitement qu'elle n'aurait que peu d'effet pratique,

Le concept d’ armes autonomes n’est pas nouveau. Les États-Unis ont commencé à développer ce concept à la fin des années 1970 avec une arme connue sous le nom de mine anti-sous-marine Captor, qui pouvait être larguée depuis un avion ou un navire et s'installer au fond de l'océan, en attendant qu'une cible ennemie se déclenche. ses capteurs et exploser.

Dans les années 1980, la marine américaine a commencé à s'appuyer sur le système d'armes AEGIS, qui utilise un système radar de grande puissance pour rechercher et suivre tout missile ennemi entrant. Il peut être réglé en mode automatique pour tirer des missiles défensifs avant l’intervention humaine.

Une autre étape dans la progression vers des armes autonomes plus sophistiquées est venue sous la forme de munitions à tête chercheuse, telles que le missile air-air avancé à moyenne portée AIM-120, doté d'un chercheur radar qui affine la trajectoire d'un missile tiré lorsqu'il est tiré. tente de détruire les avions ennemis.

Les munitions à tête chercheuse ne peuvent généralement pas être rappelées.Une forme plus récente d’armement automatisé est la munition errante, qui peut rester en l’air pendant une longue période, recherchant un type de cible spécifique puis l’attaquant.

Ces appareils ont été introduits par un entrepreneur militaire israélien en 1989 sous le nom de Harpy. Ce drone peut rechercher sur des centaines de kilomètres les systèmes radar ennemis, puis les attaquer. L'approbation humaine est toujours requise avant que l'arme n'atteigne la cible, mais retirer l'humain de la boucle serait relativement simple, ce qui rendrait l'appareil entièrement autonome.Le Pentagone est en train de développer un réseau de centaines, voire de milliers de drones autonomes améliorés par l’IA, qui pourraient être rapidement déployés près de la Chine en cas de conflit. Ces drones transporteraient du matériel de surveillance ou des armes et seraient utilisés pour détruire ou affaiblir le vaste réseau chinois de systèmes de missiles anti-navires et anti-aériens le long de ses côtes et des îles artificielles de la mer de Chine méridionale. Cette évolution pourrait  constituer un changement majeur dans la stratégie militaire.

L'an dernier, l'armée de l'air américaine a demandé au Congrès plus de 100 millions de dollars de financement supplémentaire en R&D pour les drones autonomes et les systèmes d’armes en réseau, incluant des avions sans équipages.

Il n'échappe pourtant à personne que ce genre de d'armes pourrait aussi être utilisé par des bandes criminelles. "Ce n'est pas l'intrigue d'un roman dystopique, mais une réalité imminente", a déclaré Gaston Browne, le Premier ministre travailliste d'Antigua-et-Barbuda le 22 septembre dernier devant l'AG de l'ONU. Browne qui s'était confronté à Trump sur la question du blanchiment de monnaie dans les casinos des Caraïbes en 2018, et à Biden en 2022 sur celle de l'exclusion de Cuba et du Nicaragua du 9e sommet des Amériques, s'oppose une fois de plus aux intérêts de Washington en encourageant la communauté internationale à interdire ces armes avant 2026.

Quand on voit comment les armes de Libye ont circulé au Sahel, et celles d'Ukraine jusqu'en Palestine, les pires craintes sont en effet justifiées à ce propos.

La France de son côté s'est engagée à ne pas développer de systèmes d’armes létaux autonomes (SALA). "D’un point de vue éthique, il n’est pas acceptable que la décision de vie ou de mort puisse être intégralement confiée à des machines échappant à toute forme de supervision humaine. D’un point de vue juridique, pour que le droit international humanitaire (DIH), qui régit les conflits armés, puisse s’appliquer, il faut que l’usage d’une arme puisse être rattaché à une responsabilité humaine, peut on lire sur le site du Quai d'Orsay."

Notre pays, sur ce dossier là, est donc du "bon côté de la barrière"... Mais on voit mal qui empêchera les complexes militaro-industriels américain, russe et chinois de poursuivre leurs programmes de recherche sur ce sujet qui, à terme, conduira à donner le pouvoir de vie et de mort sur l'humanité à des machines...

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