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Interview de Denise Albert
Voici l'extrait d'une interview que j'ai réalisée avec deux camarades en Seine-Saint-Denis en décembre dernier de Denise Albert, ancienne résistante FTP. J'essaie de faire un petit bouquin à partir de cette interview.
Interview de Maria José Cantalejo Troya et Grégory Maitrier
Interview de Carlos Ouédrago
Comme je l'annonçais depuis quelque temps, j'ai pu, le 19 mai dernier (lundi), interviewer le conteur-comédien-metteur en scène burkinabé Carlos Ouédrago, qui donne en ce moment un spectacle remarquable intitulé "Thomas Sankara : La lutte en marche" (encore deux représentations au Théatre du Nord-Ouest à Paris : les 4 et 8 juin à 19 h, précipitez-vous pour y assister !).
Mon opinion sur certains thèmes évoqués par Carlos n'est pas tout à fait la même que la sienne (sur Cheikh Anta Diop par exemple), mais je n'ai pas voulu faire une interview contradictoire. Je voulais surtout mettre en valeur le travail et le point de vue de Carlos, qui se nourrit d'une réflexion politique puissante et d'une culture considérable, sur le passé de l'Afrique notamment. Carlos ressaisit l'héritage anti-impérialiste de Sankara dans une pensée indépendante, courageuse, et généreuse.
Chacun retirera ce qui lui plaira de cette interview. Ce que je retiens pour ma part, c'est l'intérêt pour chaque continent de penser une rupture avec le capitalisme importé d'Occident, et la nécessité que cette rupture démocratique, solidaire, soit conçue à partir d'une réappropriation culturelle et politique par chaque peuple de son identité et de son histoire, sans alignement sur des modèles pré-définis. Dans cette perspective, le travail de Carlos est très utile pour les Africains. Il l'est aussi pour les Européens et pour les peuples des autres continents dont la vision de l'Afrique est biaisée par l'idéologie dominante, et qui, par leur refus de savoir, se rendent complices de l'ère du mensonge et de l'aliénation qui fait de nous tous des consommateurs égoïstes et imbéciles.
Je dois préciser que si l'interview s'est terminée sur l'histoire, et sur le rôle de Christiane Taubira en France en ce qui concerne la mémoire de l'esclavage, j'ai demandé ensuite hors caméra si Taubira, qui est une "insider" du système impérialiste, était vraiment un modèle, ou s'il ne fallait pas se situer en dehors du système pour le combattre, Carlos a répondu qu'il fallait attaquer le système à la fois de l'intérieur et de l'extérieur. J'ai repris la caméra pour enregistrer cette mise au point, mais un problème technique m'a empêché de sauvegarder ce passage. En conclusion ultime, Carlos insistait sur le fait que, selon lui, le capitalisme, qui mène à la catastrophe, disparaîtra prochainement. Voici son interview.
A propos d'une danse ouzbèke
On sait par exemple combien il a conduit à mépriser certains arts. Que l'on songe par exemple à la hiérarchie des arts telle qu'elle figure dans L'Esthétique de Hegel et quel sort dérisoire elle réserve aux arts corporels.
Je vous livre ici des images prises à l'occasion de Navruz (le Nouvel An persan) et qui nous montre des danses ouzbèkes.
La vidéo n'est pas de bonne qualité, ses couleurs sont plus ternes que la réalité, et surtout, il est impossible de restituer les effets d'une danse sur un écran. Je la glisse cependant dans ce blog.
Un savoir académique empêche d'apprécier à sa juste valeur la danse que montre ses images, et par là même, je pense, la culture qui la porte : la culture ouzbèke. Car il se peut bien que la danse soit ce que la culture ouzbèke recèle en elle de meilleur (encore que je ne sousestime pas bien sûr toutes les productions littéraires qu'elle engendre par ailleurs). On sent à travers les gestes, les expressions qui ponctuent ces danses de Samarcande, non seulement les influences culturelles multiples de la Perse, de l'Inde, de la Chine, de la Russie, mais encore une perception de la vie, une manière de la mettre en scène, qui se nourrit de millénaires de cultures, une sensibilité travaillée par tant d'influences contradictoires, complémentaires, et qui font l'immense richesse de ce pays.
Voici donc ces quelques images, très en deçà hélas, comme toujours, de ce qui se donne dans l'instant du déploiement en trois dimensions.
Fête de l'Humanité 2007
Comme d'habitude beaucoup de pays étrangers étaient représéntés. Une constante cependant ces derniers temps : l'absence totale de la Russie et de l'Europe de l'Est. Le Venezuela était, comme il se doit, à l'honneur. Les débats sur le sujet manquent souvent un peu de rigueur mais on y apprend toujours une ou deux choses. On aurait aimé plus de discussions sur l'Irak, la Palestine, le Liban, l'Iran (Bricmont a sorti un article très alarmiste sur la question récemment, qui mérite d'être débattu... et critiqué).
Le soir j'ai discuté avec d'anciens collaborateurs de la revue Correspondance internationale qui tentait de maintenir un réseau internationaliste à l'heure où certains PC s'en éloignaient. Je ne sais pas si on peut faire converger leur travail avec celui d'autres cercles anti-impérialistes, non-communistes.
Je livre ci-joint une vidéo tournée sur place.
PS : les gens qui veulent découvrir le blog de l'Atlas alternatif doivent cliquer sur http://atlasalternatif.over-blog.com/
Impressions sur la Transdniestrie/Pridnestrovie
Voici en quelques mots les impressions que je retire de la République moldave autoproclamée de Transdniestrie/Transnistrie/Pridnestrovie (République moldave de Pridnestrovie - RMP) après un séjour du 2 au 6 juillet dans le cadre d’une mission d’observation, sous réserve d’enquêtes et d’analyses complémentaires.
1) Economie
La Transdniestrie (RMP) est un pays riche par rapport à ses voisins. Elle affiche un PNB par habitant de 1 000 dollars, soit la moitié de celui de la Moldavie, mais ce chiffre, dont la base de calcul reste obscure, ne reflète pas la réalité visible dans le mode de vie des gens, ni le potentiel remarquable de ce pays qui fut une des régions les plus industrielles de l’Union soviétique (métallurgie, textile, machines, agroalimentaire), bénéficiant d’une main d’œuvre de haut niveau qualifiée, et de terres agricoles très rentables. La RMP est fortement pénalisée par l’absence de reconnaissance internationale qui dissuade les investissements et pèse sur le commerce en raison des règles de double enregistrement des entreprises à Tiraspol et Chisinau qui entraînent des doubles taxations.
Le pays a dû se lancer dans des privatisations, qui ont conduit à des pertes d’emplois. La RMP reconnaissait en 2004 un taux de chômage de 16 %. Les privatisations ont aussi entraîné l’émergence de l’oligopole Sheriff, holding qui contrôle la distribution d’essence, une partie des supermarchés, et une part croissante de l’industrie. Cet oligopole avoue fournir 15 % du budget de l’Etat sans qu’on puisse établir comment est calculé ce chiffre. Son influence sur les institutions est opaque. On sent chez les dirigeants une aspiration croissante à une reconnaissance occidentale qui permettrait de faire fructifier l’appareil productif.
Les terres agricoles n’ont pas été privatisées, restent propriété d'Etat et sont louées à bail pour 99 ans comme en Chine (y compris à des collectifs de travailleurs). Une partie des privatisations ont abouti à un contrôle des usines par les collectifs de travailleurs qui détiennent des part d’actions majoritaires.
2) Droits sociaux
De nombreux avantages sociaux de l’époque soviétique ont été conservés : éducation gratuite d’un bon niveau, santé gratuite au moins pour les soins minimaux, attribution des emplois, vacances en Crimée pour les enfants, diverses formes de soutien de la collectivité aux individus. La constitution du pays met en valeur autant les droits individuels que les droits sociaux. Elle insiste sur l'éducation, la santé, la récompense du travail, le respect de l'environnement.
3) Démocratie
Le système politique reste marqué par une culture de consensus soviétique, qui explique en grande partie la reconduction régulière du président Smirnov à la tête de l’Etat (le leader de l'opposition parlementaire ne s'est pas présenté aux dernières élections présidentielles pour ne pas "fragiliser" l'Etat non reconnu). Les députés ne sont pas élus par tendances politiques, et les partis (10 au total, y compris un parti social-démocrate qui demande le rattachement à la Moldavie, mais beaucoup de ces partis sont liés à leur équivalent moscovite) ne constituent pas des ensembles cohérents et ne paraissent pas présenter de réels programmes, à part les deux partis communistes (opposition), qui n’ont pas de représentant au parlement (Soviet suprême) et qui défendent la renationalisation de l'économie. Néanmoins on relève des efforts importants pour faire prévaloir l’Etat de droit. Une cour constitutionnelle a été créée qui fait respecter la séparation des pouvoirs et des principes relativement libéraux (dans un cadre présidentiel inspiré du modèle russe). Un ombudsman prend en charge les litiges avec les administrations. L'indépendance relative de la justice semble s'être vérifiée récemment avec l'échec de la belle-fille du président Smirnov à faire annuler par les juges l'élection de son rival dans la circonscription de Slobozya (sous réserve d'investigations complémentaires sur ce sujet).
Dans la rue les gens critiquent ouvertement le gouvernement et ne paraissent pas subir de répression dans l’expression de leurs opinions. Leurs positions sont assez apolitiques dans l’ensemble, notamment quant à l’avenir de l’entité transdniestrienne.
4) Relations interculturelles
Les autorités mettent beaucoup en avant la guerre de 1992, la supposée intolérance politique et linguistique du gouvernement de Chinisau, et leur propre attachement à une cohabitation harmonieuse entre les principales cultures moldave, ukrainienne et russe, et leur refus du communautarisme.
Si le trilinguisme se retrouve dans les inscriptions officielles, le moldave (dans sa version écrite en alphabet cyrillique) est peu présent en ville. Sociologiquement les Moldaves restent une population plus rurale et peut-être moins représentée dans les centres du pouvoir. Il s'emble qu'une sensibilité nationaliste moldave favorable au rattachement à la Moldavie, voire à la Grande Roumanie, susbisterait dans certains cercles intellectuels universitaires. A l’inverse des députés moldaves du Soviet Suprême soutiennent que les Moldaves de RMP, qui ont toujours écrit en alphabet cyrillique et ont toujours été tournés vers l’Ukraine et la Russie feraient l’objet de persécutions de la part des Moldaves de Chisinau, qui ont récupéré en 1989 l’alphabet latin introduit dans le Roumain du XIX ème siècle, traditionnellement liés à la Roumanie.
Des rumeurs non vérifiées existent sur des boycotts des élections dans les villages moldaves (ce que nient les autorités). En tout état de cause on ne perçoit pas de tensions intercommunautaires fortes. Les Russes et Ukrainiens, et même des Moldaves interrogés dans la rue sans présence des autorités affirment que les appartenances identitaires n’entrent pas en ligne de compte dans les rapports sociaux et disent ne pas avoir peur pour la conservation de leurs droits en cas de rattachement à la Moldavie. Certains vont d’ailleurs travailler ou étudier à Chisinau. Les diplômes prinestroviens sont reconnus en Russie et en Ukraine pour ceux qui veulent poursuivre leurs études. En Moldavie en revanche on les "confisquerait" pour remettre à leur place des diplômes moldaves, selon un de nos interlocuteurs (point à vérifier).
5) Relations internationales
La RMP est un petit pays de 550 000 habitants très provincial qui n’a qu’une vague idée de ce qu’est le monde au-delà de ses voisins immédiats. La Russie a les moyens de mettre fin à cette entité en cas d’accord entre Moscou et Chisinau. Depuis la « révolution orange », on a noté un raidissement de Kiev envers Tiraspol, entraînant en particulier l’obligation pour les marchandises pridniestroviennes de transiter d’abord vers l’Ouest, par la Moldavie, avant de pouvoir revenir à l’Est et entrer ou transiter par l’Ukraine, ce qui augmente les coûts d’acheminement. La mise en place d’une diplomatie de la RMP avec d’autres partenaires que les milieux russes, ou ex soviétiques (abkhazes, ossètes) qui lui restent fidèles, semble assez aléatoire. Toutes les rumeurs de liens entre la RMP et des puissances anti-américaines, proche-orientales par exemple, paraissent extrêmement saugrenues, tout comme les accusations de participation à des trafics illégaux, en particulier parce que les frontières de cette république enclavée sont totalement contrôlées par les douanes ukrainiennes ou moldaves. Cela étant, il est vrai que la Pridniestrovie n’a pas pu acheter ni dans l’UE ni dans la CEI, en raison de sa non-reconnaissance, les machines nécessaires au contrôle de ses frontières selon les normes de l’UE. Elle se les est finalement procurée en Afrique du sud. L’aéroport de Tiraspol (un ancien aéroport militaire) reste fermé, car Chisinau continue de contrôler l’espace aérien de la République «autoproclamée ». La RMP n’a pas véritablement développé de vision globale des rapports internationaux, même s’il semble que le gouvernement de Tiraspol commence à prendre conscience de la nécessité de sortir du tête-à-tête diplomatique obligé avec les puissances de la CEI et l’UE accrochée à la « souveraineté moldave ».
Frédéric Delorca
Cf : vidéos sur http://www.youtube.com/watch?v=_SNQSKfSyJ8 et http://www.youtube.com/watch?v=U9lA5yVn4oY.
Et article relatif à notre mission sur http://www.vspmr.org/News/?ID=1115