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Le blog de Frédéric Delorca

Chavez à Paris

20 Novembre 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Chavez va-t-il pousser les Farc à réintégrer le système politique colombien ? C'est ce qu'il a laissé entendre hier soir à Paris (cf video), affirmant même qu'Uribe était son ami...

Il faut en tout cas saluer ici la très grande habileté de Chavez, qui débarque en France en libérateur potentiel d'Ingrid Betencourt, et vient ainsi couper l'herbe sous le pied des bobos delanoïstes et sarkozistes (et notamment de Reporter sans frontières) qui hurlent à la tyrannie vénézuélienne. Chavez libérateur d'otages en Colombie rencontre Sarkozy libérateur d'otages au Tchad, c'est en ces termes  que se pose la visite du président vénézuélien, qui ajoute l'image à l'image pour mieux aveugler nos médias (qui adorent ça), ce qui lui permettra ensuite de négocier tranquillement en coulisse les contrats de Total.

Chavez l'a dit : il veut vendre du pétrole à tout le monde - y compris à la France - mais pas aux Etats-Unis qui le gaspillent (dans l'interview ci dessous il les qualifie de "Dracula"). Peut-il contribuer à décrocher un peu Sarko de Bush, notamment sur le dossier iranien ? L'avenir le dira.
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Stockholm

15 Novembre 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Paul Veyne explique quelque part que le besoin de vénérer la famille impériale et la personne de l'Empereur, qui a émergé dans les provinces (plus qu'à Rome même) sous Auguste provient peut-être du syndrome de Stockholm qui pousse les otages à aimer le ravisseur : parce que ce processus psychologique aide à accepter les dominations les plus absurdes. grille.JPG

Faut-il voir du syndrome de Stockholm dans le vote massif des Français pour Sarkolène en mai dernier ? dans l'ardeur de la CGT à casser le mouvement de grève en ce moment ? dans le fait qu'en Espagne seul le député Francisco Garrido parmi les élus aux Cortes ose attaquer frontalement la petite phrase du Roi contre Chavez au dernier sommet ibéro-américain ? (cf http://www.elmundo.es/elmundo/2007/11/15/espana/1195097477.html?a=ec9044ef44bb19edf923daddc3d9108b&t=1195116376)
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Chavez et l'OPEP

14 Novembre 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Je n'approuve pas toutes les dimensions de l'aventure "bolivarienne", au Vénézuela ou ailleurs en Amérique latine. J'y décèle souvent des faiblesses : du désordre, de l'incantation verbeuse, des formes de culte de la personnalité déplorables, une façon aussi inquiétante de noyer les institutions sous le pouvoir des masses (c'est-à-dire des citoyens certes débarrassés de l'individualité bourgeoise, mais qui peuvent verser dans une irrationnalité collective dangereuse). Mais je me garde de faire la fine bouche : pour une fois que des peuples brisent le darwinisme social et renouent avec les idéaux  d'émancipation collective, il les faut soutenir. J'apprécie notamment chez Chavez son sens aigu de la géopolitique et des rapports Nord-Sud. Il racontait il y a peu qu'Aznar en 1999 lui avait proposé de rejoindre le "premier monde" auquel il pouvait se rallier avec son pétrole et de ne plus chercher à défendre les miséreux d'Haïti (http://www.cooperativa.cl/p4_noticias/antialone.html?page=http://www.cooperativa.cl/p4_noticias/site/artic/20071110/pags/20071110160054.html). Chavez a refusé. 

Chavez c'est le courage, physique, intellectuel, politique et c'est un Verbe qui se déverse généreusement sur son peuple (dans l'émission "Allo présidente" notamment). Il y a peu à l'ambassade du Vénézuela à Paris quelqu'un a demandé si la réforme constitutionnelle de décembre limiterait les pouvoirs du président, et le sociologue qui tenait une conférence là a répondu quelque chose comme "on ne peut pas arrêter le verbe de Chavez". Le glissement de la notion de "pouvoir" à celle de "verbe" était significatif. On a le sentiment d'un pays qui coule sous un flot de paroles, des paroles de vérité comme il n'en avait jamais reçu auparavant, c'est ce qui est touchant dans le Vénézuela chaviste (d'où d'ailleurs le côté absurde du "por qué no te callas" espagnol dont on parlait hier). Or quand ce verbe, parle des rapports Nord-Sud, il va tout de suite à l'essentiel. Je lisais ce soir un article sur Aporrea à propos des projets de Chavez autour de l'OPEP. S'il gagnait son pari, la face du monde en serait changée. chavez.jpg

Lisez plutôt :

"Le président Chavez a annoncé qu'il apportera plusieurs idées au sommet de l'OPEP, qui aura lieu les 17 et 18 novembre à Ryad, pour changer la méthode de mesure des prix du pétrole, bien qu'il n'ait pas donné de plus grands détails. Il a indiqué que la production de West Texas Intermediate (WTI), brut utilisée comme référence à la Bourse de New York, est très petite par rapport à la production mondiale de pétrole, "donc ce n'est pas l'indicateur le plus adéquat". Il a souligné l'importance d'accorder des prix préférentiels aux pays les plus pauvres : "Nous proposerons des mécanismes de protection pour que le prix à 100 dollars ne se transforme pas une bombe destructive pour les sociétés affaiblies du Tiers Monde". Il a publiquement
considéré que les prix doivent osciller entre 80 et 100 dollars le baril. "Je crois que nous devons retourner à l'OPEP originaire, avec une forte charge géopolitique. Nous travaillons sur quelques idées pour faire des sondages entre les chefs d'états de l'organisation. J'ai dit qu'il serait formidable de vendre le pétrole à 200 dollars et à cinq pour les pauvres, ce serait un mécanisme pour la croissance de l'économie. Si les prix arrivent à 100 dollars on pourrait destiner quelque 100 milliards de dollars pour combattre contre la misère en Afrique, les Etats-unis et tous les pays, à travers un fonds de développement social ", a continué le mandataire dans
son discours."
(http://www.aporrea.org/tiburon/n104676.html)

Au fait, je conseille aux gens qui s'intéressent à Chavez de jeter un oeil à cette vidéo :


 

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"Por qué no te callas ?"

13 Novembre 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Le "pourquoi tu ne te tais pas" du roi d'Espagne à l'intention du président Chavez a fait le tour du monde, et, semble-t-il, donne lieu à toutes sortes de créations musicales et/ou visuelles, pro-Chavez ou pro-Juan Carlos. Les montages anti-Chavez qu'on peut voir sur You Tube mêlent fantasme anti-communiste et racisme odieux (dans les évocations du "macaque" Chavez) - ce sont d'ailleurs souvent des productions de la grande bourgeoisie vénézuelienne ou des pays voisins.

La formule du roi d'Espagne n'était peut-être ni haineuse ni même méprisante. Il est connu que Juan Carlos tutoie facilement les gens. Son intervention ressemble à ces sorties de vieux patriarches agacés par l'indicipline des jeunes gens qui ne respectent pas la répartition protocolaire du temps de parole (beaucoup de vieux Espagnols qui ont grandi à l'époque franquiste restent à cheval sur les règles de politesse). Mais, dans le contexte, cette phrase est une faute politique. Tout d'abord parce qu'elle sort de la bouche d'un monarque dont la légitimité à faire taire un élu du peuple comme Chavez est douteuse. Qui plus est un monarque dont les pouvoirs sont moins bien délimités que ceux de la reine d'Angleterre (qui, elle, ne se rend pas dans les forums internationaux). De ce fait son "tais toi" est à double tranchant, et devient une arme contre sa propre légitimité de soi disant chef d'Etat (toute l'imposture du fascisme franquiste et la lâcheté de l'Occident à son égard ressurgissent au moment où ce roi fantoche met en demeure un président de ne plus parler du "fascisme" des complices des coups d'Etat...). C'est aussi, en second lieu, une faute politique, parce que ce mot, dans la bouche d'un blanc, qui porte l'héritage, comme l'a dit Chavez, des génocides commis par la monarchie espagnole, contre un indo-mulatre, Chavez, porte-parole des opprimés, devient obscène. Il se charge de toute l'asymétrie de ce monde, asymétrie dont ont brillamment témoigné les interventions d'Ortega et de Lage pour défendre Chavez - ces interventions, qui firent sortir le roi, sont des images encore plus fortes, je crois, que celle du "porqué no te callas" parce qu'elles signent la déroute du monarque, la fuite du Nord face au Sud.

J'ai bien aimé la réaction enthousiaste de Castro à cet échange (http://www.granma.cu/espanol/2007/noviembre/mar13/debate-de-la-cumbre.html). J'apprécie moins la hargne que l'on sent poindre contre le monarque espagnol dans une certaine presse chaviste (http://www.aporrea.org/tiburon/n104616.html) : lorsqu'on est dans son bon droit, il ne faut pas verser dans la complaisance haineuse. Et je suis triste pour les Espagnols, dont un très grand nombre osent se dire fiers du propos de leur roi, face au "communiste" "populiste" "fasciste" Chavez. Des décennies de franquisme, de socialdémocratie corrompue, et de règne de la civilisation des supermarchés ont manifestement décérébré ceux qui devant les caméras disent soutenir "sa Majesté". Ils ne voient plus les réalités de ce monde. Hommage en revanche doit être rendu à ceux qui, en Andalousie notamment, s'appliquent à faire renaître l'aspiration républicaine, qui était fondamentalement, dès les années 1930, une aspiration éthique, et dont l'Espagne d'aujourd'hui, gavée de subventions européennes, a le plus grand besoin pour retrouver une lucidité.

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Un truc amusant sur les Balkans

5 Novembre 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Un échange de raps entre Serbes et Albanais sur le Kosovo :


Un rap pro-Serbe (http://youtube.com/watch?v=wtmsNb685D0) :


Un rap-pro-Albanais en réponse (http://youtube.com/watch?v=T1TmBYnL65g)
  

La réplique serbe (http://youtube.com/watch?v=bTxSBWq1DUw) :

 
Les Albanais reviennent à la charge (http://youtube.com/watch?v=Lo7xulxp-qo)


Réponse serbe (http://youtube.com/watch?v=fcW4I2hcMDE)

 
Un Albanais à nouveau... (http://youtube.com/watch?v=7oHIAQ3H0pw) :

 

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