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Le blog de Frédéric Delorca

Les "postures bourgeoises et atlantistes version guerre froide" de M. Hollande

13 Août 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La droite

p1000121.jpgC'est l'ancien Premier ministre M. Fillon qui le dit aujourd'hui dans  Le Parisien à propos de la politique de M. Hollande en Syrie :

 

"«Que notre président normal comprenne qu'il n'y a rien de normal dans le monde dont il est désormais l'un des principaux responsables. Qu'il prenne des risques, qu'il abandonne ses postures bourgeoises et atlantistes version guerre froide», insiste-t-il. Au passage, l'ancien Premier ministre se démarque de Nicolas Sarkozy, qui a récemment fait un rapprochement entre la situation en Syrie et celle en Libye avant la chute de Kadhafi, semblant privilégier une intervention étrangère. «J'ai toujours pensé qu'une telle intervention militaire serait une très grave erreur stratégique», écrit  François Fillon qui craint «un nouvel Irak»."

 

Fillon chasserait-il sur les terres de Villepin désormais ?

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Le réel de la fiction

12 Août 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La Révolution des Montagnes

Tous les gens qui conjecturent autour de la Syrie en ce moment et s'envoient à la tête sur Facebook des cadavres de femmes décapités par des bombes en se demandant si l'obus était gouvernemental ou islamiste m'emm** presque autant que les cyniques ou les lâches à la Hollande qui nourrissent la guerre civile avec une parfaite bonne conscience. Que tous ces gens poursuivent leurs ratiocinations brutales loin des écrans de mes ordinateurs.

 

Hé, en ce moment je me sens plutôt l'âme du romancier solitaire ; voyez ces lignes de Flaubert écrites à Louis Colet l'avant-veille de noël 1853 : "C'est une délicieuse chose que d'écrire ! que de ne plus être soi, mais de circuler dans toute la création dont on parle. Aujourd'hui par exemple, homme ou femme tout ensemble, amant et maîtresse à la fois, je me suis promené à cheval dans une forêt par un après-midi d'automne, sous  sous les feuilles jaunes, et j'étais les chevaux, les feuilles, le vent, les paroles qu'ils se disaient, et le soleil rouge" etc. Il venait d'écrire le récit d'une promenade à cheval de madame Bovary et de son amant.

 

Tout cela est très vrai. Je n'ai écrit qu'un roman dans ma vie, j'ai retenu le nom du personnage principal (parce que j'ai eu du mal à le trouver), et oublié, cinq ans après, celui de son héroïne, car je le voulais quelconque. Mais je me souviens de ces personnages comme s'ils avaient existé, et je me souviens des scènes que je leur ai fait vivre, spécialement des plus dures à écrires, de celles qui me touchaient le plus, de l'évolution complexe de leur relation, de leur quête. J'ai été en eux. En cela ils furent autre chose que mes enfants. J'ai été eux dans le sens que dit Flaubert, et bien sûr j'ai été les situations qu'ils vivaient. Tout cela m'a marqué autant voire plus que ce que j'ai vraiment vécu dans la vie "ordinaire". On ne devrait pas essayer d'oublier ce qu'on a écrit, ne serait-ce que parce que dans le morne vécu que nos sociétés ultranormées, ultraformatées nous réservent, seule notre création présente encore quelque chose de vraiment imprévisible et de vraiment humain.

 

Peut-être au 1er janvier enverrai-je mes voeux à mes personnages ? Il m'arrive d'avoir envie d'ajouter une suite à ce roman, juste pour éprouver la joie de retrouver les personnages qui le peuplaient. Mais cela sonnerait faux. Quel dommage que je n'aie pas la force d'inventer de nouveaux personnages, une nouvelle histoire ! Parce que je suis moins oppressé, moins "dans la seringue" (comme dit un mien ami) du non-sens que je ne l'étais en 2006-2007. Je ne sais. C'est toujours une chance que d'avoir encore devant soi un roman à écrire.

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"L'art pour l'art" de Flaubert

9 Août 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #XIXe siècle - Auteurs et personnalités

flaubert.jpgFlaubert en 1870, dans sa religion de l'art pour l'art (si hostile aux autre cultes : socialisme, catholicisme) angoissé à l'idée que le support de cette religion - la France, Paris - puisse être balayé par l'invasion prussienne (la hantise que la France devienne un pays bigot affaibli comme l'Espagne, ou "un pays plat et industriel comme la Belgique"). Cette crainte lui arrache même une petite sympathie nostalgique pour la République (dans une lettre Sand, notez qu'il dialogue mieux quand mêm avec la gauche - Sand - qu'avec la droite), quoiqu'il raille la mode du retour à 1792 dont il est témoin (comme de Gaulle dans ses mémoires raillera la "mode révolutionnaire" de 1945-46, une mode qui a bien failli s'emparer à nouveau des médias à un moment de la campagne de Mélenchon cette année).

 

Je me suis décidé à acheter sa correspondance que jusque là je m'étais contenté de parcourir dans les bibiothèques. En fait je cherchais les souvenirs de G. Sand qu'Amazon tarde à me livrer, mais ils sont introuvable dans la plus grande librairie d'une ville moyenne française.

 

Une pensée pour les tentatives d'utiisation de Flaubert par Sartre et Bourdieu, celle de Bourdieu notamment trop prise dans une grille de lecture assez "inutile et incertaine" comme aurait dit l'autre...

 

C'était quoi alors cet "art pour l'art" (auquel Nietzsche aussi adhéra à sa manière) ? Un sorte d'hypersensibilité à toutes les formes d'injustice (Flaubert a toujours le mot "Justice" à la bouche), de facilité, de lâcheté, un refus de la démagogie (notamment d'évolution du monde à l'"américaine", déjà il s'en préoccupait, peut-être sous l'influence de Tocqueville), le choix de Voltaire contre Rousseau, de l'élitisme, dans un esprit de complet désintéressement (Flaubert ne vivait pas de sa plume, et sa vision de l'art est incompatible avec l'utilisation cuistre et superficielle qu'en font les bourgeois. Le tout dans une recherche intransigeante d'une totale exactitude formelle.

 

Flaubert pensait que la victoire prussienne annonçait le triomphe du positivisme, et donc un déclin inévitable de la civilisation française (quelque part Flaubert qualifie sous Napoléon III la France de première nation du monde, ce à quoi sans doute beaucoup de Français souscrivaient à l'époque). A-t-il eu raison ? Les année 1860 furent-elles le sommet de ce sommet de ce que pouvait réaliser l'art littéraire français ?

 

Je n'ai sans doute pas la sensibiité assez affutée pour en juger. Un lecteur anonyme a bien voulu en passant par ce blog m'y traiter courageusement de "bourrin" et il y a sans doute du vrai là-dedans.

 

Dans un précédent billet j'ai dit que le positivisme n'avait été que le poil à gratter de la période suivante. Il n'a pas vaincu, tout comme les Prussiens n'ont pas fait de Paris un "nouveau Varsovie". Il y a encore eu le symbolisme, Mallarmé etc. Mais la mécanique de la modernité industrielle était là, avec son travail incessant,  sa manière bien particulière de rythmer le temps et d'asservir par ce biais les sensibilités, c'est indéniable.

 

Aujourd'hui il n'y a plus "d'art pour l'art" bien sûr. Il n'y a plus chez les critiques que la recherche des "motivations socio-psychologiques", la volonté de se rincer l'oeil ou de compatir dans une débauche de bons sentiments, la recherche de messages politiques, et chez les auteurs l'abdication de tout élitisme, la passivité devant la bêtise et l'injustice, la volonté de plaire à tout prix, de se faire un nom, de ne pas "investir pour rien" etc. Bref rien qui relève d'aucune justesse de regard ni de ton, encore moins de l'élégance stylistique.

 

En tout cas cet "art pour l'art" avait quelque chose d'éthiquement irréprochable (c'était d'ailleurs son ambition, presque platonicienne) et constitue toujours une sorte de point abstrait de référence pour accéder à une lucidité supérieure, une sorte de point d'Archimède sur lequel on gagne à asseoir son jugement. Par exemple si l'on veut se faire une opinion sur la Commune de Paris. Quand Flaubert y voit un grand retour au Moyen-Age (et dans la bouche d'un Spinoziste post-révolutionnaire comme lui, ce n'était pas un compliment), la remarque interpelle, et donne à réfléchir...

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Un mot de Flaubert

9 Août 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #XIXe siècle - Auteurs et personnalités

A propos des succès de Thiers :

 

"Les prostituées, comme la France, ont toujours un faible pour les vieux farceurs"

 

(Lettre à George Sand, 18 décembre 1867)

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Agapé

8 Août 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Ma correspondante turque qui planche sur Comte-Sponvile m'écrit ce soir que des traducteurs chinois lui écrivent parce qu'ils ne savent pas traduire chez ce philosophe le mot de "amour charité/agapé" !

 

Blaise_Pascal.jpg

Quel cauchemar ! quelle barbarie ! Tout le monde a l'air de se résigner "ben oui, mot trop chrétien, trop classique, intraduisible". En Turquie, en Chine, on capitule. Un mot métaphysique, ça n'a plus d'intérêt à notre époque. Je hurle, j'exhorte : allez voir dans vos langues comment furent traduits Pascal et Denis de Rougemont ! On ne peut pas laisser ce mot orphelin, on ne peut l'égorger au coin d'une rue ! non ! Le monde meurt s'il perd ce mot !

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