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Le blog de Frédéric Delorca

"Gueule d'Amour" de Jean Grémillon (1937)

1 Avril 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma

Il y a quelques jours, je vous conseillais de jeter un oeil à "Corps à coeur" de Paul Vecchiali. Vecchiali est un fan du cinéma français des années 30 qu'il trouve sousévalué par les cinéphiles contemporains. Dans sa préface aux écrits de Grémillon parus chez L'Harmattan en 2010, il met en valeur les petites scènes qui portent les films de ce cinéaste à des niveaux sublimes.Dans "Gueule d'amour" notamment (1937), il retient le grand moment : lorsque Lucien Bourrache pleure.

Il est vrai que "Gueule d'amour" ressemble par bien des aspects à "Corps à coeur" à 40 ans de distance. Serge Daney (dont je critiquais il y a peu l'approche de "Céline" de Brisseau) verrait tout de suite les rapports de classe dans l'histoire amoureuse (qui étaient moins présents dans Corps à coeur), laquelle a un petit côté "Le rouge et le noir" de l'époque du Front populaire (mutatis mutandis bien sûr)... Mais ce n'est vraiment pas là l'essentiel.

Gabin a un joli jeu naïf et modeste (féminisé aussi diront certains). L'actrice Mireille Balin est convaincante. Le rythme, la façon de filmer, surprennent, et sont très en avance sur leur époque. Ils annoncent par certains côtés la Nouvelle Vague. Par exemple les plans sur les visages à la minute 16'45 de la 4ème partie sont très forts, ou encore la façon de filmer les ombres des spahis dans la 5 ème partie (on est dans du cinéma très subjectif comme chez Vecchiali et Brisseau justement). Et les 5 dernières minutes sont très vraies et très belles, tout en restant très sobres. C'est encore une façon très juste d'aborder la question du masculin et du féminin, face à face, dos à dos. De l'amour, de ses simagrées (une comédie poutrant sincère et finalement tragique), de ses impasses. Tout se joue par delà bien et mal. Ni Lucien Bourrache ni Madeleine Courtois ne mentent. Aucun ne renie ni ses sentiments ni ce qu'il est. L'amitié virile qui au final vient essuyer le sang et les larmes comme le linge de Sainte Véronique ne résout finalement rien, et le train qui emporte dans sa fumée le souvenir de la passion et du crime n'est autre que le temps. Mais tout restera finalement indécidable et irrésolu.

 

Le critique américain Dave Kehr disait de "Gueule d'amour" :

"It's amazing that a film of this quality should be so completely unknown. [...] Gremillon seems the master of every style he attempts, but his genius lies in the smooth linking of those various styles; the film seems to evolve as it unfolds, changing its form in imperceptible stages."

 

Le film est ici en 6 parties :

 

 


GUEUDAMO1  

GUEUDAMO2  

GUEUDAMO3  

GUEUDAMO4  


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Sri Lanka : une résolution au goût d’intérêts géostratégiques

1 Avril 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

boatEn 2011, lorsque l'ambassadrice du Sri Lanka au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies avait mené une action efficace pour faire retirer le projet de résolution des Occidentaux contre son pays, son homologue américain lui avait lancé "la prochaine fois nous vous aurons".

Ca a été chose faite, après des mois de flottement de la diplomatie srilankaise, cette année : le 27 mars dernier, ce même conseil a adopté par 23 voix pour 12 contre et 12 abstentions une résolution demandant au Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme d'ouvrir une enquête complète sur les crimes présumés commis par les deux parties au Sri Lanka au cours des dernières années de la guerre contre les séparatistes tamouls

 

La suite sur le site Esprit cors@ire ici.

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