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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #programme pour une gauche decomplexee tag

Le socialisme dans un seul pays

20 Mai 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Programme pour une gauche décomplexée

C'est un point que j'avais développé dans "Programme pour une gauche française décomplexée" juste après l'élection de Sarkozy : on ne peut pas se limiter à des combats partiels - contre l'impérialisme, pour l'émancipation des classes subalternes, pour l'écologie, pour l'égalité des sexes, pour la liberté sexuelle, pour le rationalisme. Il faut tenir tous ces combats ensemble dans une vision socialiste. Ne pas garder cette perspective globale est une première forme de capitulation, et de résignation devant la victoire de la marchandisation du monde.

Une autre forme de trahison serait de ne pas envisager la tactique pertinente pour conduire vers cet idéal. Mélenchon a fait beaucoup pour définir une tactique à lui : la création d'un front unissant des dissidents socialistes (sous l'étiquette PG), écologistes, trotskystes (Gauche unitaire), communistes (FASE), à l'appareil du Parti communiste. Il a avancé un imaginaire intéressant pendant la campagne présidentielle mêlant populisme chaviste, référence au jacobinisme, à Jaurès et à la Commune, et laïcisme (parfois un peu excessif mais bon). L'expérience a montré ses limites pour séduire les écologistes et la gauche du PS. Et elle est dans l'impasse à l'égard de l'Union européenne (le PG n'ose pas rompre avec l'euro, le PCF remplace sur ses cartes la faucille et le marteau par le sigle "Gauche européenne"). Or il est évident que, même si M. Hollande haussait le ton face à l'Allemagne comme le lui demande le Front de gauche, il n'obtiendrait aucune relance économique au niveau de l'Union, et il vaut mieux préparer les esprits à une nouvelle forme de "socialisme dans un seul pays" en attendant mieux : c'est à dire redonner à la France les moyens de son propre socialisme, en lui redonnant le goût de la valorisation de ses propres ressources et de la définition de son propre non-alignement diplomatique et militaire.

programme-pour-une-gauche-copie-1.jpgIl faut redire cela de temps à autre, et ne pas laisser croire qu'on perd de vue cette perspective, car le laisser entendre est un moyen d'empêcher sa réalisation, et de concourir soi-même à sa liquidation.

Détailler davantage la méthode au delà de ce point devient cependant très difficile. On voit bien que la mobilisation sociale est basse (voir la désaffection du 1er mai en France comme en Espagne), ce qui ne veut pas dire que rien ne peut être fait, mais que l'impulsion doit venir "du haut", de programmes élaborés par les représentants qui, seuls peuvent dynamiser leur base (et non l'inverse, en tout cas dans la séquence actuelle). Et même au niveau des représentants les forces à rassembler ne sont pas nombreuses. Le Front de gauche étant, à mes yeux, durablement dans l'impasse en raison de son absence complète de stratégie à l'égard de l'Union européenne, il est urgent de revitaliser et fédérer les forces qui, à gauche, peuvent servir cette vision du socialisme dans un seul pays en favorisant leur fédération : POI, PRCF, chevènementistes, MPEP. Si ce pôle trouvait une unité, il pourrait peut-être jouer un rôle de locomotive et attirer à lui à terme le PS et le Front de Gauche sur une ligne de renouveau.

Revue-Commune.jpgIl faut en revanche bannir les solutions "ni gauche ni droite", qui ont le don d'attirer à elles les militants qui ont une culture d'extrême-droite et qui font nécessairement perdre de vue la perspective et les valeurs du socialisme sur cette voie.

Il faut, au niveau de cette plateforme commune, penser un programme original qui concilie les avancées possibles du socialisme libertaire (plus attractif pour la jeunesse), sur le volet sociétal, écologique etc, y compris dans certaines de ses dimensions utopiques, avec certaines nécessités d'un socialisme plus "vertical" (dans le domaine militaire par exemple). Je vous renvoie à ce sujet à un article que j'ai publié dans la revue "Commune" de septembre 2008 "Le socialisme derechef et de plus fort".

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Mélenchon et le socialisme de guerre

27 Janvier 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Programme pour une gauche décomplexée

Je vois le blogueur communiste Descartes s'énerver contre Mélenchon, lui reprocher ses approximations (qui ne sont rien à côté de celles du reste de la classe politique !) sur des sujets très importants. Triste époque où les gens ne peuvent que ronchonner dans leur coin de blog et n'ont plus de structures politiques où s'exprimer.

 

Cela me donnerait presque envie d'actualiser mon "Programme pour une gauche française décomplexée" écrit il y a 5 ans.

 

melenchon.JPGOn voit bien que le score bas de Mélenchon dans les sondages, et de l'ensemble de la gauche de la gauche européenne même dans les pays en crise n'est pas seulement dû à l'hynose médiatique (quoique celle-ci y contribue). Il y a aussi une faiblesse conceptuelle et une mollesse de la volonté des appareils militants qui, sur le volet intellectuel, ne vont pas au bout de leurs idées, et, sur le versant de la volonté, se limitent à des postures sans chercher à s'unir par delà les capelles et à agir concrètement.

 

Il est faux de faire croire aux gens que la France pourrait mener une politique de relocalisation industrielle, de taxation des capitaux, de renationalisation sans sortir de l'Europe et d'autres organismes multinationaux comme le FMI, l'OMC, et l'OTAN. Et tout aussi faux de penser que cette sortie du système se ferait sans conflit avec les grandes puissances financières et militaires de ce monde.

 

On connaît les moyens dont celles-ci disposent pour étouffer les dissidences. Voyez comment elles étranglent la Hongrie en ce moment (le triste gouvernement réactionnaire et fascisant hongrois auquel l'oligarchie occidentale ne pardonne pas d'attaquer les banques). Boycott économique des produits français, diffamation de la France dans les médias, spéculation contre nos valeurs industrielles, tout y passerait.

 

Que deviendrait alors Mélenchon président de la République ? Un Léon Trotski ou un Salvador Allende.

 

J'ai entendu Mélenchon dire (dans son discours du trentième anniversaire du 10 mai 1981) qu'en 1982, quand la droite a saisi le Conseil constitutionnel de la question des nationalisations, son courant au sein du PS avait proposé de faire un appel au peuple contre la décision du Conseil des sages mais que Mitterrand ne les avait pas suivis. C'eût été une démarche audacieuse. Le peuple contre le droit. Mais n'est-ce pas là déjà une démarche de type révolutionnaire du style "bolivarien" ou "sandiniste" (avec les comités populaires qui menacent les juges) ? On connaît la suite de l'engrenage : la droite crie alors césarisme, diabolise le gouvernement qui se livre à ce genre de pratique, et les tensions montent dans le pays. Bien sûr Mitterrand n'était pas homme à assumer ce genre de chose, ni Blum en 1936, ni Mélenchon ou aucune figure de proue de la gauche de la gauche aujourd'hui. Les banquiers peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

 

Même la base de la gauche de la gauche ne veut pas de cela. Je lisais à travers un lien du blog de "Descartes" un papier d'un certain Diadore Chronos (qui avait commenté des billets du présent blog il y a quelques années) un article de mauvaise foi contre la Corée du Nord qui reproche au pays de consacrer un cinquième de ses ressources à l'armée. Qu'est-ce que cela signifie donc quand on sait que l'armée nord coréenne compte 1millions de soldats ?

lenine.jpg

1 million de soldats ça veut dire 5 ou 6 millions de gens (les soldats, leurs parents, leurs enfants), soit un quart de la population qui font partie du système militaire. Il est logique qu'un quart des ressources leurs soient attribués non ? L'armée nord coréenne n'est pas seulement une structure qui entretient quelques centaines de milliers de professionnels et investit son budget dans des armes sophistiquées et couteuses. Comme en Birmanie ou à Cuba l'armée est une partie de la société, voire sa plus grosse partie. C'est le choix politique qui a été fait pour assurer la survie du système face à l'extérieur et sa cohésion interne. Il est absurde de s'indigner qu'une bonne partie du budget de l'Etat lui revienne.

 

La bataille du socialisme pourrait être gagnée dans un premier temps par la France du fait de sa taille, de ses ressources, de son statut de puissance nucléaire : je veux dire qu'elle pourrait, au terme d'un bras de fer douloureux de quatre ou cinq ans incluant toutes formes de tentatives de déstabilisation, faire respecter aux pays étrangers et aux oligarchies financières sa volonté de collectiviser tout ou partie de l'appareil de production. Resterait ensuite à gagner la seconde phase : c'est-à-dire sauvegarder les droits formels (les droits de l'homme) en dépit de la logique de guerre civile qui aurait commencé à se développer dans la première manche (celle du bras de fer), et entretenir un esprit civique suffisant pour que la motivation au travail, le sens de l'innovation ainsi que l'esprit de solidarité réelle ne faiblissent pas (ce qui a fait défaut à tous les régimes socialistes du XXe siècle).

 

On sent bien que pour réussir ce pari, c'est une réforme des moeurs, et des mentalités à laquelle il faut parvenir, instaurer ce que j'ai parfois appelé un "nouveau stoïcisme" avec tout ce que ça impose de changement du rapport à autrui, à la consommation etc (voir Arnsperger). Voilà pourquoi je m'intéresse tant aux réformes morales comme le premier judaïsme, l'invention du christianisme, du bouddhisme,les débuts de l'Islam, le protestantisme etc. Ces réformes peuvent avancer à la faveur de grandes transformations politiques, mais elles doivent aussi se développer selon leur propre dynamique sans avoir besoin d'une impulsion "par en haut" pour en assurer la pérennité, car ce sont elles, in fine, qui peuvent sauver le "haut" (le politique) du naufrage.

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1 mn d'optimisme

28 Novembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Programme pour une gauche décomplexée

A l'heure où ce sot de Nicolas Sarkozy croit sauver la France en l'arrimant toujours plus au Titanic états-unien, où M. Fillon éructe à l'Assemblée nationale que notre pays doit se soustraire au danger du "populisme, du protectionnisme et de la xénophobie" (comme si ces trois mots allaient forcément ensemble), et où le système va tenter une fois de plus de sauver sa mise avec le deus ex machina Strauss-Kahn, permettez moi quand même une minute d'optimisme. Bien sûr M. Montebourg chez Ruquier ce soir ose à peine dire que son programme est protectionniste (il faut que Zemmour l'y pousse beaucoup), mais tout de même il finit par l'admettre. Bien sûr la roulette russe des spéculateurs va conduire nos Etats au surendettement : mais au moins elle va triompher de l'existence de cette aberration politique et économique qu'est la zone euro.

 

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Nous voyons peut-être le bout du tunnel de cette folie néolibérale lancée sur le cadavre de l'URSS qu'on appelle la mondialisation. Peut-être pour la première fois depuis 1994, les partisans du libre-échange et de la dérégulation tous azimuts n'ont plus de "plan B" pour échapper à l'effondrement de leur utopie, et parmi eux, les premiers dindons de la farce seront les européistes béats qui nous imposent leurs dogmes depuis 15 ans.

 

Bien sûr l'effondrement de ce système s'il se confirme n'impliquera pas par lui-même le renouveau des Etats-nations après 40 ans de lavage de cerveau anti-national. Il impliquera encore moins la possibilité de recréer un ordre mondial plus harmonieux et plus juste, et moins encore la possibilité de re-"gauchiser" nos sociétés bouffées par l'individualisme, le consumérisme, le n'importequoiisme intellectuel et la "soft-ideology" bobo. Tout cela ne pourra se construire qu'à très long terme, sur une génération. Mais au moins la destruction de structures comme l'OMC, le FMI et l'Union européenne redonnera un peu d'oxygène aux structures étatiques afin que le bulletin de vote retrouve un certain sens. Ce n'est pas rien. Pour la première fois depuis quinze ans nous pouvons nourrir cet espoir. Profitons en une minute.

 

ps ; une pensée pour Pierre Carles qui a eu quelques problèmes devant Le Dîner du Siècle mercredi.

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A propos des manifs (suite)

13 Octobre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Programme pour une gauche décomplexée

Un ami marxiste m'écrit : "Dans la situation actuelle, je ne vois que deux aboutissements à terme : l'effilochement ou la grève générale et totale, genre mai 1968, ...qui permettrait d'annuler aussi toutes les dettes (qui aujourd'hui vont paralyser le mouvement : les gens sont étranglés par les rembourements de crédits). Grève insurrectionnelle de fait donc, "illégale", pour défaire le droit bourgeois au moins à cette étape, sur la question des dettes. Exiger de renflouer les surendettés comme le gouvernement a renfloué les banques.
 
Je pense que le prochain cheval de bataille de la lutte de classes devrait être le combat contre le crédit, l'usure et le surendettement. D'abord sur le terrains des aides auprès des personnes concernées, concrètement, puis de leur mobilisation pour une annulation des dettes et une suppression des taux de crédit usuraires ...bref une lutte contre l'essence même du capitalisme .."

 

L'argument est intéressant. On peut admettre, même sans être marxiste (je ne le suis guère pour ma part), que la base matérielle joue un rôle très important dans les grèves, même si elle n'est pas l'unique facteur.

 

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Pour ma part, je maintiens comme je le disais hier qu'on est à un point intéressant de la dramaturgie de l'histoire du peuple français. C'est sans doute une des dernières fois (une des dernières avant un hypothétique grand effondrement financier, mais ça nul ne sait s'il arrivera) où les Français peuvent tenter d'agir sur leur destin collectif par une action de masse, avant de tomber complètement dans le désespoir capitaliste (les dettes, la marchandisation de tout, l'atomisation, le cynisme généralisé).

 

Je crois qu'ils en ont obscurément conscience. Cette mobilisation ils ne peuvent pas se permettre de se la faire voler. En même temps leurs "élites" (à gauche) sont incapables de donner une forme quelconque à leur combat (même pas l'option "chaviste" de Mélenchon, qui est pourtant la moins mauvaise à gauche).

 

Ca ne peut basculer dans l'insurrection (la grève générale) que si la violence s'installe : contre les manifestants, contre les policiers etc, et surtout si la violence d'Etat empêche les classes moyennes de se coaliser derrière Sarkozy contre les "radicaux". L'entrée en lice des jeunes peut être un facteur d'introduction de cette violence. A condition que ceux-ci soient motivés pour faire payer à Sarko, à travers la question des retraites, tous les mauvais coups qui leur ont été infligés depuis des années (autonomie des universités et autre "réformes" anti-jeunes). Mais la retraite, sujet très éloigné des préoccupations d'un jeune de 20 ans, n'est pas forcément le meilleur thème... Heureusement Ségolène, toujours plus atypique que les caciques du PS, sait les remobiliser (cf ci-dessous).

 

Donc pour ma part je pense que la balance penche plutôt du côté d'un pourrissement de la situation à la grecque (avec tous les effets de désagrégation du lien social à long terme que ça impliquera) plutôt que de "re-gauchisation" même timide de la société (sans même parler d'insurrection) telle qu'on l'avait connue à la fin des années 1990. Mais il ne faut jamais parier sur le négatif. Donc voyons ce qui va "s'inventer" dans les semaines qui viennent.

 

 

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Totalitarisme irénique

9 Septembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Programme pour une gauche décomplexée

engrenage.jpgSi vous vous voulez avoir une idée de l'enfer totalitaire souriant (version le Meilleur des mondes) qu'on vous prépare, lisez la contribution (sans doute involontaire) à sa construction que constitue l'article de Vijay Monany dans Le Monde du 8 septembre. Ca fait froid dans le dos.

 

(A part ça j'ai écouté M. Chevènement sur BFM Radio à propos des retraites - un propos aussi "centriste" que le PS... Autant dire que je ne voterai donc pas pour lui en 2012 s'ils se présente).

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