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Le blog de Frédéric Delorca

Gaza : Une mise en perspective très partielle du conflit et son extension au Proche-Orient

19 Octobre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Proche-Orient, #Colonialisme-impérialisme, #Débats chez les "résistants"

Le Courrier des stratèges aujourd'hui se fend d'une petite analyse qui remet en perspective les liens entre le Hamas et Israël puis débouche sur interrogation à propos du rôle de la Turquie.

Je vais tout d'abord développer un peu le propos de l'interview qui nous est livrée, en tentant de la recouper avec des lectures que j'ai pu faire il y a quelques années sur le Proche-orient.

L'analyste (qui s'était fait connaître en démystifiant certains aspects du "9/11" au début des années 2000) rappelle certains points importants, peu présents dans les médias : que c'est une opération qui engage non seulement le Hamas mais aussi le Djihad islamique (sunnite et khomeyniste), le Front populaire de libération de la Palestine (marxiste) et le Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG), bref toute la résistance palestinienne à Gaza ; que le Hamas  a construit six camps d’entraînement à Gaza et y a réalisé des films promotionnels (c'est CNN qui l'a révélé) ; qu'il avait informé la Russie en mars du fait que sa patience était à bout ; que le ministre égyptien du renseignement a prévenu Netanyahou d'une opération en cours dès le 30 septembre (source Ynet), et la CIA a fait de même le 5 octobre ; que l'armée israélienne est restée inerte pendant 5 heures.

L'interviewé rappelle que Netanyahou vit dans l'imaginaire de son père Benzion Netanyahou et du maître à penser de celui-ci, l’Ukrainien Vladimir Jabotinsky, nationaliste juif de droite (autrefois d'ailleurs allié aux nationalistes ukrainiens) qui décrivait la Palestine géographique comme « Une terre sans Peuple, pour un Peuple sans terre ».

Il souligne aussi que le  néoconservateur qui a organisé un génocide au Guatemala avec l'aide du Likoud israélien en 1982 ("Abrams is a criminal with blood on his hands" lisait-on dans Haaretz du 27 avril 2015 sous la plume du rabbin Eric Yoffie) Elliot Abrams est le cerveau du durcissement actuel du régime israélien. 

Ce que ne dit pas l'interviewé (qui est franc-maçon), c'est que Vladimir Jabotinsky avant de sévir en Palestine fut l'éditeur de la revue Jeune Turcs (cf David Livingstone, Black Terror White soldiers, p. 241), qui était la revue de l'organisation homonyme fondée dans les années 1890 par un séfarade de Salonique et par un officier du B'nai B'rith italien franc-maçon à l'origine du renversement du sultanat (Jabotinky lui-même était lié à la franc-maçonnerie italienne et admirateur de Mazzini). Jabotinsky était d'idéologie frankiste, c'est-à-dire de ceux qui prônaient l'amoralité et l'irréligion pour accélérer la fin des temps.

Les Frères musulmans comme on l'a déjà dit est quant à elle une organisation ésotérique internationale (qui vénèrerait en secret la déesse mère et non Allah) liée depuis sa création en 1929 aux services secrets britanniques. Le Hamas en est la branche palestinienne.

Le Hamas a utilisé des armes en provenance des États-Unis, d’Union soviétique et de la Corée du Nord. L'Iran ne peut les avoir fournies car elle n'interfère pas dans la sphère d'influence des Frères musulmans sunnites. La Russie ne peut pas être responsable, étant déjà trop empêtrée en Ukraine. Peut-être la Turquie (puisqu'Erdogan a des rapports étroits avec les Frères musulmans) ?

Pour mémoire, en ce qui concerne l'histoire du Hamas, le diplomate Talcott Seelye (1922-2006) rappelle dans une interview à Robert Dreyfuss (Devil's Game p. 205) qu'en 1982 les Frères musulmans avaient pris possession de la ville d'Hama en Syrie en y liquidant tous les membres du parti Baas. Hafez-el-Assad répliqua en noyant l'insurrection dans le sang. Mais Israël continuait à soutenir les Frères musulmans contre la Syrie.

Le Hamas a été soutenu par les services secrets israéliens pour affaiblir le Fatah de Yasser Arafat (Victor Ostrovsky ancien du Mossad en a témoigné dans By way of deception en 1990, et Patrick Lang de Defence Intelligence Agency l'a confirmé à Dreyfuss p. 206). Dans le Corriere della Serra du 11 décembre 2001, Arafat avait déclaré : "le Hamas est une créature d'Israël qui, à l'époque du premier ministre Shamir, leur a donné de l'argent et plus de 700 institutions : des écoles, des universités, des mosquées". C'était aussi un moyen de rende impossibles les négociations avec l'OLP.

Puis Israël l’a combattu quand il s'est rallié à la première intifada de 1987 et a assassiné son leader religieux, le cheikh Ahmed Yassine en 2012 (qui pourtant avait été suspect d'intelligence avec le Mossad quand, arrêté en 1983 pour détention d'armes, il avait été mystérieusement libéré au bout d'un an malgré une condamnation à 13 ans fermes). Puis, à nouveau, Israël a utilisé le Hamas pour éliminer cette fois les dirigeants de la Résistance palestinienne marxiste. Ainsi, des combattants du Hamas encadrés par des agents du Mossad et des djihadistes d’Al-Qaeda ont attaqué le camp palestinien de Yarmouk au début de la guerre contre la Syrie en décembre 2012. L'attaque du Hamas contre Israël a permis à Netanyahou de créer l'unité nationale autour de lui.

Il pourrait donc y avoir, selon cette interview, une collusion Turquie-Hamas-Israël pour provoquer cette guerre.

On peut avoir quelques doutes sur la pertinence de ces conclusions compte tenu des liens de l'intéressé avec l'Iran. Une complicité au moins objective Netanyahou-Hamas est probable, mais pour le reste, les mécanismes politiques qui ont conduit à cette escalade restent en tout cas très opaques. Il faudrait par exemple réfléchir aux subventions versées par le Qatar (les frères musulmans) à Nétanyahou et bhl ( une révélation du média blast).

Pour le reste, tandis que la population de Gaza vit toujours l'enfer, les facteurs d'une extension du conflit perdurent. Jeudi 19 octobre, des drones et des missiles ont attaqué la base aérienne d'Ain al-Assad, dans la province d'Anbar, à l'ouest de l'Irak (où se multiplient les manifestations de solidarité avec la Palestine), rapporte Reuters. De nombreuses explosions ont été entendues à l'intérieur de la base. La veille un drone avait attaqué la base militaire des forces d'occupation d'al-Tanf, dans le sud-est de la Syrie, ainsi que le champ pétrolier d'Omar et le gazoduc reliant l'usine de gaz naturel de Koniko (du gaz que les USA volent à ce pays). Parallèlement un destroyer américain «opérant dans le nord de la mer Rouge» a abattu jeudi trois missiles sol-sol et plusieurs drones lancés par les rebelles Houthis au Yémen, et «se dirigeant potentiellement vers des cibles en Israël», annonçait le Pentagone.

Pendant ce temps l'écrivaine libanaise Dominique Eddé en appelle à E. Macron... aux abonnés absents...

Extrait de 1984 d'Orwell :

"La guerre n’est pas censée être gagnée ; elle est censée être permanente. Une société hiérarchique n’est possible que sur la base de la pauvreté et de l’ignorance. Par principe, l’effort de guerre est toujours planifié pour maintenir la société au bord de la famine."

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