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Le blog de Frédéric Delorca

Pasdaran

24 Juillet 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Mardi, France culture diffusait une émissions sur la guerre Iran-Irak, où on lisait des lettres de jeunes combattants au front, des missives enflammées, mystiques, qui parlaient beaucoup des astres, du soleil, de la lumière (peut-être une réminiscence du zoroastrisme ou de la religion d'Ahura-Mazda). Peut-être recopiaient-elles servilement des modèles culturels préétablis, mais sans doute pas toutes. Pour que, sans résistance, des milliers de jeunes fanatisés se jettent dans la fournaise de la guerre, il fallait bien que ce mysticisme du martyr fût sincère chez beaucoup d'entre eux. C'est d'ailleurs ce qui effraya tant l'Occident et l'URSS à cette époque là (du moins jusqu'à ce qu'ils fussent certains que le verrou "Saddam Hussein" ne sauterait pas, après quoi Washington put armer les deux camps jusqu'à épuisement complet des deux peuples).

Cette mobilisation des soldats iraniens restera comme une page importante de l'histoire des religions. Et il n'est pas étonnant qu'aujourd'hui les Pasdaran à la retraite soient le pilier du patriotisme iranien.

On peut se demander d'ailleurs si toute guerre n'est pas au fond une expérience sinon mystique (y compris éventuellement d'un mysticisme laïque) du moins existentielle, dans un sens très profond, parce que tous les paramètres vitaux sont remis en cause, et tout le raport à autrui bouleversé (à commencer par le "tu ne tueras point"). D'où le difficile retour à la vie civile après ça (voir le film "Le capitaine Conan" par exemple).  Le rôle des anciens combattants, sur cette base, devient ensuite, comme celui du clergé séculier, problématique, à la fois en dedans et en dehors, gardiens d'un souvenir dont les gens de "l'arrière" et encore plus les nouvelles générations n'ont pas eu l'expérience directe, et dont ils ne comprennent pas le sens. Sans qu'on sache vraiment qui, au fond, de l'ancien combattant ou du civil, détient la vérité sur le destin collectif de la société, qui est le mieux à même de dire quelque chose de pertinent sur son avenir. 

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