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Le blog de Frédéric Delorca

Le temps qui passe, Tesson, Cristina Fernandez

20 Janvier 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

La voisine de mes parents est morte hier. Un avertissement pour mes parents. Ils ont pratiquement le même âge qu'elle. Années comptées pour eux, pour moi. Fin d'une époque. Fin de la jeunesse. S'installer dans un monde où plus de la moitié de la population est plus jeune que moi et ne connaît donc pas les époques que j'ai vécues. Un monde où je ne suis plus un jeune premier. Où on ne me fait plus crédit de ça. Ai-je vraiment envie de vivre dans ce monde-là ? Dans cette "seconde moitié de ma vie" ?

 

Un symptôme : je me raccroche aux gens de mon âge, à ceux qui sont confrontés à la même lourdeur du passé que moi. La photographe italienne Morgane. Je lui ai écrit  en espagnol "Nada pasa, todo queda" ("Rien ne se passe ou passe, tout reste"). Elle a répondu "todo queda es mi utopia". Normal pour une photographe. Nous sommes des gens ridés aux utopies indigestes, et nous allons bientôt construire une esthétique de rescapés sur ce radeau de la Méduse. Voilà pourquoi les vieux restent entre eux.

 

Les jeunes m'emmerdent avec leurs ambitions naïves (celles que j'avais il y a 15 ans). Un photographe de moins de trente ans avec lequel je bosse par exemple. Pourquoi vouloir exister dans un monde qui ne mérite rien ? Même plus envie de faire de la philosophie.

 

resto-pak.jpgJ'ai dîné seul dans un resto indien après avoir vu une expo assez insipide sur Gaston Phébus au musée de Cluny. Le plaisir du Lassi à la mangue. Un plaisir au dessus du néant. Un plaisir qui ne mène à rien dans un monde sans valeur.

 

Je peste contre Tesson et son voyage en Sibérie. Tout y est si surfait. Les gens n'ont pas les couilles d'avoir de véritables pensée, de celles qui vous arrachent le coeur. C'est le règne du petit bricolage, de la petite élégance. En d'autres termes de la médiocrité.

 

Elle est mignonne Cristina (Fernandez) quand elle crache sur la médiocrité des Anglais qui ont osé prétendre mettre un "point final" au conflit des Malouines. Dans sa bouche médiocrité et arrogance sont synonymes. Pourtant elle sait que pendant longtemps encore l'Europe continuera à subventionner les Malouines, à y pomper du pétrole, et à balayer les récriminations argentines en disant "ces latinos nous font chier". Le combat contre l'arrogance est interminable; Mais Cristina ne perd pas pied. "Nos enfants, nos petits enfants et leurs enfants le reclameront encore", a-t-elle dit. Elle voit loin. Les dominés dont persévérants. Elle a trouvé une clé pour rallier le "Sud"  (dire "sour" en roulant le "r" final) : dire que son combat n'est pas celui de la fierté patriotique, mais celui de la justice contre la loi du plus fort. Le Mercosur a suivi. L'Atlas alternatif pour rendre la cause sexy auprès des écolo en rajoute une louche sur les pingouins morts de faim à cause des pêches anglaises. Dans le monde d'aujourd'hui ça touche plus que la justice sociale.

 

Quand Cristina fut élue, nos médias la comparèrent à Hillary (Clinton, l'hystéro guerrière) - dans leur bouche ça se voulait flatteur. Aujourd'hui ils font une moue de dégoût quand ils entendent son nom et évitent de parler d'elle. Ce n'est plus qu'une petite latino gaucho qui les emmerde. Ils s'étaient comportés pareil avec Morales. Le "première président indien", gentil petit indien sympa, jusqu'à ce qu'il aille serrer la cueillère à Castro et à Chavez. "Castro et Chavez, ces odieux totalitaires" comme dirait l'immonde Cohn-Bendit...

 

L'Atlas alternatif, lui, continuera inlassablement à tisser la légende de Cristina, comme celle du gouvernement érythréen, et des paysans maoïstes népalais. Non je rigole. Ce blog ne tisse la légende de personne. Il se contente de dénoncer les ingérences. Mais quand même faire entendre de temps en temps le nom de ces gens que nos médias vomissent, cela sert le Bien avec un grand "B"... la Dykè...

 

Allez pour le plaisir, encore la voix de Cristina, quelques minutes... Regardez comme la présidente du Brésil Dilma Rousseff approuve de tout son visage quand Cristina dit que les puissants iront chercher les ressources minières et pétrolières à n'importe quel prix chez ceux qui les ont.

 

 

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