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Le blog de Frédéric Delorca

Lo que nunca ha tenido sentido, y nunca lo tendra

16 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Espagne

Il y avait ce soir sur Arte une soirée Pedro Almodovar. Je tourne toujours en rond quand je parle de l'Espagne sur ce blog. En fait c'est un sujet dont je ne veux pas parler, mais que je ne peux pas éviter. Un sujet dont je crois toujours pouvoir m'affranchir, mais qui me rattrappe toujours, souvent par l'intermédiaire de tiers.

 

Il m'est retombé dessus quand j'avais 20 ans, par le biais de mes petits camarades de Sciences Po hispanophiles. Aujourd'hui il me poursuit à travers mes cousins. Je crois toujours qu'il n'a plus rien à me donner, et je reçois de lui. C'est étrange. Je reçois mais je n'en fais rien. Du Béarn j'ai fait un roman, de l'Espagne rien. Mais c'est là.

 

Pays compliqué. Très hermétique à mes yeux. Un pays qui a fait peur, pendant des siècles à l'Europe. Car il était le fer de lance de son obscurantisme, de ses ténèbres. Et cependant c'est le pays du "mas vale honra sin barcos que barcos sin honra" face aux Etats-Unis. Ce pays qu'Orwell aimait tant qu'il était persuadé que, même sous une dictature, brune ou rouge, il garderait une décence, une retenue dans les persécutions, que l'URSS et l'Allemagne n'avaient plus (Orwell écrit cela dans l'Hommage à la Catalogne quand un sbire du gouvernement républicain après la liquidation des anarchistes vient fouiller sa chambre).

 

Souvenir de ces pilotes espagnols aux ordres de l'OTAN qui ont refusé de bombarder Belgrade en 1999 et l'ont fait savoir au monde entier. Que sont-ils devenus. L'époque où l'employé du consulat de Yougoslavie (RFY) à Paris tenait à me parler en castillan...

 

J'ai souvent pensé à Cioran qui plaçait un signe d'égalité entre Russie et Espagne du point de vue de leur fonction en Europe et de leur mysticisme. Le néo-conservateur Bernard Lewis trace la même égalité et l'explique à sa façon : deux pays soumis à une longue occupation musulmane, puis qui ont eu leur reconquista, et qui finalement ont colonisé d'autres musulmans. Je ne sais pas. Je connais moins la Russie que l'Espagne, et je connais au fond fort peu l'Espagne, malgré mes attaches familiales là-bas et les longs mois que j'y ai passé. Pour moi la Russie est un pays de fous. Et l'Espagne un point d'interrogation. Je ne sais pas. Je ne comprends pas.

 

Devrais-je faire quelque chose de ce pays ? Quoi ? Aller avec un cousin dans ce village sans habitant près de celui où est né mon père ? Y aller avec un photographe pour des prises de vue... un peu spéciales ? J'ai des idées oui. Des idées. Pas les mêmes qu'à 20 ans, pas avec la même fraîcheur d'esprit, cela va de soi. Mais quand même... Ils ont foutu des éoliennes sur les plateaux de Don Quichote mais ils n'ont pas complètement toutes les idées qui peuvent germer dessus.

 

Est-ce qu'il y a encore des fontaines le long de la Castellana ? J'ai vu que les Indignés ont été sévèrement réprimés il y a quelques jours à la Puerta del Sol. Espagne de l'austérité. Les gens se désapent en public pour protester. Hé quoi ? Peut-on dire que Merkel écrase en ce moment le dernier héritage de la Movida, comme elle s'oppose à ce qu'il reste de la résistance communiste grecque au nazisme ? (je pense à ce vieux, Manolis Glezos, qui a dérobé le drapeau à la Svastika sur l'Acropole, qui est une des figures de proue de Syriza).

 

Mais quoi, tant qu'il y aura Pénélope. Vous souvenez-vous de Sertorius ? "Rome n'est plus dans Rome". L'étrange général romain, un "populaire" anti-aristocrate, qui avait domestiqué une biche si j'en crois Plutarque. Touchante image. C'est en Espagne qu'il cherchait son "autre Rome" et l'eût peut-être construite si ce pauvre idiot de Pompée (ce pauvre pantin devrais-je dire) ne l'en avait délogé. Mais assez parlé ! Nous ne règlerons pas le compte de l'Espagne ce soir.

 

Ici, pour finir, deux films associés au temps où je bossais à l'ambassade de France à Madrid, calle Salustiano Olozaga. Ah, Madrid, ce mirage au milieu du désert, cette cité purement étatique, "villa y corte", pur produit des diktats des rois, avec ses grands avenues américaines, ses bars à sangria et à drogues en tout genre. La ville la moins authentique que je connaisse, et, pour cette raison, celle à l'égard de laquelle je tends à être le plus indulgent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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