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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #colonialisme-imperialisme tag

Noam Chomsky Chez Taddéï (31 Mai 2010 Ce Soir Ou Jamais)

9 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Je viens de trouver sur Facebook l'émission de Chomsky chez Taddei. Je ne vais pas faire mon malin : je suis d'accord à 80-90 % avec ce que dit Chomsky, et sa démarche intellectuelle qui m'inspire depuis 12 ans. Mais je n'iconise personne. J'avais épinglé des désaccords avec Chomsky sur la Serbie, et sur la Palestine dans 10 ans sur la Planète résistante. Cette fois c'est son idée selon laquelle le 11 septembre, s'il avait été provoqué par le gouvernement étatsunien (théorie de l' "inside job"), aurait été imputé à Saddam Hussein. Mais bon, who cares... De même je note que Chomsky recommande de critiquer en priorité le gouvernement de son propre pays. Autrement dit Bricmont (son porte parole en Europe) devrait consacrer davantage d'énergie à critiquer la Belgique et moi la France que les Etats-Unis. Or à l'époque de Chirac, Bricmont voyait dans la France le dernier rempart contre les néocons étatsuniens. A prendre Chomsky à la lettre, Bricmont visait la mauvaise cible.

 

http://www.youtube.com/watch?v=8jiWU4uwZa0&NR=1

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Une opération militaire maritime réussie

2 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Le pays-tellement-exceptionnel-que-seuls-des-gens-profondément-abjects-peuvent-avoir-idée-de-le-dénigrer, s'étant livré à un acte de piraterie en haute mer, armes lourdes à l'appui, contre des bateaux civils venus aider d'autres civils que ce même pays assiégeait, de nombreuses manifestations ont été déclenchées à travers le monde.

 

Voilà qui rappelle les élans de solidarité qui inspirèrent beaucoup de gens, il y a quelques années, quand Yasser Arafat était encerclé dans la Muqata. Comme je l'ai souligné dans 10 ans sur la planète résistante, le mouvement de solidarité fonctionna une fois en 2002, mais ne fut pas renouvelé quelques mois plus tard alors que l'encerclement fut identique.

 

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Il n'y a pas de raison de penser que les gens feront preuve de plus de constance cette fois-ci. Et donc, de ce point de vue, les dirigeants du pays-tellement-exceptionnel-que-seuls-des-gens-profondément-abjects-peuvent-avoir-idée-de-le-dénigrer, qui s'en tirent juste avec une petite fâcherie avec la Turquie et une demande d'enquête de l'ONU (grâce à la protection du grand-frère-plus-grande-puissance-militaire-mondiale), ont fait le bon calcul. Il y a fort à parier que les "volontaires" pour amener des maisons préfabriquées au peuple assiégé ne seront pas foule la prochaine fois. De toute façon, à quoi bon amener des maisons puisqu'elle seront à nouveau bombardées l'hiver prochain ?

 

Saviez-vous qu'un de leurs bateaux portait le nom de Rachel Corrie, la militante pacifiste délibérément écrasée par un bulldozer du pays-tellement-exceptionnel-que-seuls-des-gens-profondément-abjects-peuvent-avoir-idée-de-le-dénigrer ?

 

Le prochain bateau, sous-marin, ou creuseur de tunnel que les pacifistes utiliseront, dans huit ou dix ans, pour venir en aide à une ville que le pays-tellement-exceptionnel-que-seuls-des-gens-profondément-abjects-peuvent-avoir-idée-de-le-dénigrer assiègera pourront lui donner le nom d'un des civils turcs tués dans l'opération de cette année. L'histoire est un éternel recommencement.

 

Au fait chers lecteurs je vous précise que le ministre des affaires étrangères britannique n'a pas dit que le pays-tellement-exceptionnel-que-seuls-des-gens-profondément-abjects-peuvent-avoir-idée-de-le-dénigrer manifestait "une insensibilité totale pour la vie humaine et un mépris flagrant des devoirs internationaux". Ca il l'a dit à propos de l'opération militaire nord-coréenne qui a consisté à torpiller une corvette militaire sudcoréenne qui s'approchait un peu trop dangereusement de sa frontière maritime. Toute personne qui s'aventurerait à comparer les déclarations de dirigeants occidentaux dans les deux affaires qui ont eu lieu à quelques jours de distance serait bien sûr prié d'avoir la décense de se taire. De toute façon, ce ne sont que quelques "pro-Palestiniens" mal rasés qui ont été victimes de la petite intervention en Méditerranée orientale. Ils n'avaient qu'à pas s'y rendre, et ils eussent été bien inspirés aussi de ne pas exhiber leurs canifs et leurs cailloux quand l'armée du pays-tellement-exceptionnel-que-seuls-des-gens-profondément-abjects-peuvent-avoir-idée-de-le-dénigrer a bondi sur le pont de leur navire .

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A propos de "Le boycott d'Israël est-il de gauche ?" d'Eric Marty

22 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Vous le savez, je m'abstiens d'attaquer trop souvent l'Etat d'Israël, parce que je ne trouve pas légitime la polarisation intellectuelle sur ce sujet (et même dans beaucoup de cas cette polarisation est malsaine). Il y a beaucoup d'autres problèmes en ce bas monde que ceux du Proche-Orient, et ceux qui se laissent obséder par ces derniers ne rendent pas service à l'intelligence.

 

En outre j'apprécie plus que tout les débats sereins sur les grands sujets de notre temps. Plus l'argument remplace l'invective plus nous pouvons avancer (même s'il est vrai que la brièveté des billets sur Internet ne rend pas toujours la chose possible).

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C'est pourquoi j'apprécie particulièrement l'article d'Eric Marty "Le boycott d'Israël est-il de gauche". On y trouve exposés en des termes pondérés et sereins (ce qui est loin d'être toujours le cas chez les partisans d'Israël) les raisons pour lesquelles selon l'auteur Israël ne doit pas être boycotté. J'invite donc les gens à lire cet article.

 

Evidemment je ne suis pas d'accord avec le point de vue qu'il expose. Par exemple quand il explique qu'il n'y a pas eu de viols systématiques de civils ni de meurtres de masse et "donc" pas de crimes de guerre à Gaza : cette vision trop restrictive des crimes de guerre n'est pas acceptable et n'a jamais correspondu à la définition classique du terme. Viser délibérément des usines, des centrales électriques, des bibliothèques, et même un zoo, c'est s'en prendre à des civils, donc c'est un crime de guerre tout aussi grave que de violer des femmes. De même je trouve très grave sur le principe d'écrire "jamais la Cisjordanie n'a connu une évolution politique et économique aussi prometteuse". L'auteur parle ici d'une région sous occupation militaire. Je ne vois pas quelle "évolution politique prometteuse" peut connaître une région qui ne dispose d'aucune souveraineté politique. Que peut-il y avoir de "prometteur" dans le fait que quelqu'un d'autre décide pour vous de votre avenir ? N'est-ce là pas légitimer la mise sous tutelle d'autrui, et son infantilisation ?

 

Bien sûr le passage le plus contestable est celui selon lequel "ce peuple et cet Etat ont su, par le passé, montrer, en restituant le Sinaï et Gaza, qu'aucun projet colonial ne pouvait leur être imputé comme fait de structure". Evidemment l'argument ne convainc pas. D'abord parce qu'il y a la Cisjordanie justement : avec sa toile d'araignée de colonies. Que pèse la restitution du Sinaï (ou même le démantèlement des colonies de Gaza) face à cette réalité ? Et si Israël n'a pas de projet colonial, alors pourquoi n'a-t-il pas saisi la chance des accords d'Oslo dans les années 1990 pour geler la colonisation cisjordanienne ? Et puis, plus profondément, il y a le principe même de la création d'un Etat juif en terre arabe, qui est le principe de la création d'Israël, qui est ici à interroger. N'est-il pas colonial dans son essence ? Bien sûr c'est l'argument constant de tous les colonialistes de dire "nous n'avons pris les terres de personne", "il n'y avait personne quand nous sommes arrivés", "les gens avaient quittés leurs fermes d'eux-mêmes et on s'est contentés de s'installer là". Mais ça ne tient jamais la route. J'attends toujours qu'on me démontre que les fondateurs d'Israël n'ont pris les terres de personne.

 

Je pense que le meilleur argument qui puisse aller dans le sens des sionistes est de dire qu'il ne sont pas "rendus compte" qu'ils colonisaient et qu'ils spoliaient en 1947. On sortait de ma guerre, des millions de gens étaient morts, dans la shoah, mais aussi dans les diverses opérations militaires. La vie et la propriété n'avaient plus guerre de prix. Des peuples entiers avaient été déplacés (par exemple par Staline). Et donc l'expropriation de quelques centaines de milliers d'Arabes du mandat britannique de Palestine n'étaient qu'une injustice parmi mille autres. C'est d'ailleurs pourquoi bien peu de gens la trouvèrent scandaleuse à l'époque.

 

La "malchance" de cette colonisation occidentale (car elle était essentiellement occidentale, puisque les Juifs venaient d'Europe et d'Amérique, et avec le soutien de l'Ouest, c'est qu'elle fut contracyclique : elle intervenait alors que partout ailleurs les autres colonisations occidentales allaient être battues en brèche. Ainsi, plus l'Occident reculait dans le Tiers-Monde, plus l'installation d'Israël choquait. La machance d'Herzl est que son projet fut trop tardif. Celui des nationalistes basques, ou corses le fut aussi au regard du grand éveil des nations de la première moitié du 19ème siècle mais les Basques et les Corses du 20ème siècle pouvaient au moins se prévaloir d'une rhétorique anticoloniale qui suivait l'air du temps. Le nationalisme sioniste a été trop tardif, et son colonialisme trop "voyant" et trop décalé par rapport au monde de Bandoung issu de la décolonisation.

 

Israël a sans doute fait beaucoup d'efforts pour rester démocratique et, sur divers points, ouvert. Mais il n'a pas su effacer le péché de colonialisme, qui est dans son essence, et qui reste aujourd'hui un ressort essentiel de son fonctionnement. Nous pourrions à la rigueur aujourd'hui qu'il ne s'agit que d'un reliquat colonial parmi d'autres comme le Sahara occidental, ou la Nouvelle Calédonie, ou Mayotte, et le traiter sur le même mode. Evidemment, comme l'écrit Vijay Prashad dans un texte récent, le problème va un peu au delà puisque maintenant nos élites mobilisent beaucoup d'argent et surtout beaucoup de censure intellectuelle pour sacraliser l'existence de ce colonialisme à contre-temps, et même en faire le fer de lance de la civilisation face au reste du Proche Orient qui serait voué à l'obscurantisme. D'une certaine façon c'est parce que notre société dépense tant d'énergie à justifier la colonisation en Palestine que nous devons en permanence rappeler que cette réalité-là (le colonialisme) ne peut plus être une valeur de l'Occident, et donc, en permanence, critiquer le discours dominant qui voudrait faire d'Israël l'avant-poste des valeurs occidentales au Proche-Orient.

 

 

 

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Le Front anti-impérialiste en question

17 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Je le confesse : je lis assez peu le site du Comité Valmy. Et c'est un tort. J'y trouve aujourd'hui une déclaration du Parti communiste brésilien (différent du Parti communiste du Brésil, avec lequel travaillent certains de mes petits camarades). Je lis ceci : "Pour le PC Brésilien, plutôt un Front Anti-Impérialiste Mondial et le renforcement de la coopération entre PC qu’une Vème Internationale". Le front anti-impérialiste... Une idée populaire dans le tiers-monde, et à droite de la droite en Europe.

 

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Ca marche dans certains pays en guerre (en Palestine par exemple entre le FPLP anti-impérialiste de gauche laïque et le Hamas fondamentaliste). Mais à l'échelle mondiale, je ne vois pas du tout comment on peut mettre dans le même front, tout ce qu'il y a d'anti-impérialiste : Chavez, les naxalistes indiens, le Parti communiste marxiste léniniste indien le Hezbollah, Al Qaida, le Parti radical de Serbie, la junte brimane, le gouvernement soudanais, les rebelles du delta du Niger, les Hutus du Forces Démocratiques de Libération du Rwanda, la Corée du Nord, le parti communiste de Russie, le Baas irakien et le Baas syrien, les gaulliste français, les nationalistes de gauche basques et corses, le NPA, les trostkystes, les anars, les chomskyens.

 

Beaucoup de ces mouvements sont en guerre les uns contre les autres. Des luttes à mort. Et puis qui est vraiment anti-impérialiste ? Des bons électeurs du parti socialiste français voire du Modem lisent l'Atlas alternatif et d'estiment anti-impérialistes sans cesser pour autant d'être des centristes.

 

Je veux bien qu'on doute de l'Internationale façon Chavez, mais le front anti-impérialiste est encore moins viable. L'anti-impérialisme n'est pas une valeur politiquement structurante. Ce n'est pas elle qui peut créer des clivages solides à partir desquels on peut fonder un programme d'action. C'est pourquoi il faut revenir au clivage gauche-droite. A la rigueur ce clivage peut être mis entre parenthèse pour une action comme la sortie de l'Union européenne ou de l'OTAN ainsi que le suggèrent certains gaullistes. Mais il reste structurant pour tout le reste de la vie politique, malgré la grande faiblesse idéologique de la gauche et sa très forte propension à trahir ses valeurs.

 

Ca ne signifie pas qu'il faille passer sous le tapis les guerres impériales ou l'ordre économique mondial quand on est un élu local qui doit voter un budget avec les socialistes, ou quand on est un simple électeur appelé à voter un second tour. Il faut au contraire harceler les partis sur ces questions et s'abstenir de voter quand ils ne les prennent pas en compte. Mais militer pour une grande union des forces antisystémiques au niveau mondial serait une grave erreur.

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Vêtements et catharsis

10 Mars 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

On m'a beaucoup parlé de vêtements dans ma banlieue ces derniers jours. Il y avait d'abord cette responsable d'association malienne qui me disait : "A l'émission de télévision que nous voulons tourner en banlieue pour la TV africaine il y aura un défilé de mode, en vêtements traditionnels africains. Ce seront des jeunes filles d'ici qui porteront des vêtements de là bas. C'est très important pour elles. Ne pas porter des jupes et des jeans mais des vêtements de là-bas". Un jeune militant de 30 ans a surenchéri : "Oui, nous sommes une jeune génération qui veut assumer la double culture comme une richesse. Moi je suis Noir ici, et là bas quand j'y vais on m'appelle le petit blanc.Quand j'étais petit on me disait 'si tu n'es pas sage on te renvoie en Afrique'. C'était la punition pour moi. Mais j'y ai découvert des richesses humaines magnifiques."

Cette fierté de la double appartenance, je l'ai constatée hier aussi en me rendant dans un consulat d'Algérie en banlieue avec une Française originaire de ce pays. Dès qu'elle a vu le panneau indicateur de direction "consulat d'Algérie", elle a tressailli de joie : "Vous allez me prendre pour une folle, m'a-t-elle dit, mais dès que je vois le mot Algérie sur un panneau, ou même quand je vois 'rue d'Alger', 'rue de Tlemcen' . Ca me fait quelque chose". Beau moyen de dépasser le problème de la "double absence" comme disait Abdelmalek Sayed.

L'investissement de la double appartenance dans le vêtement, dans l'enveloppe corporelle ne m'avait pas sauté aux yeux auparavant. "En plus elles vont se montrer comme ça pour les gens d'Afrique c'est très important" disait la dame malienne.

Puis Malika (dont je parle dans mon prochain livre sur l'Abkhazie) m'a aussi parlé de vêtements. Ceux du jour où elle est arrivée en France à l'hiver 62, à l'âge de 10 ans. Elle s'en souvient très bien. "Ma mère, qui était couturière, nous avait faits à moi et ma soeur deux petites robes, super légères. C'est tout ce que nous avions. Nous avons voyagé dans les cales d'un bateau jusqu'à Marseille. Ca a duré trois jours, un jour de plus que prévu parce que le bateau a heurté un récif". A notre arrivée à Paris, il faisait terriblement froid, on n'avait rien pour se couvrir. Mon père est venu nous accueillir avec les vieux blousons qu'il avait. On a passé tout l'hiver avec chacune notre petite robe. On vivait dans une espèce de maison en carton sans chauffage. On voyait le givre au plafond. C'était vraiment la misère".

Drame de la pauvreté dans un pays froid, toujours plus difficile à endurer qu'à La Havane, Soukhoumi ou Alger, ajouté au problème du déracinement, de l'inquiétude d'arriver chez les colonisateurs, chez ceux qui ont tué l'oncle, le cousin. L'image du père qui couvre ses deux filles avec un vieux blouson. On imagine ce que pour ces filles cela a dû signifier. Et que cet instant soit gravé à jamais dans leur mémoire. J'ai pensé à "La fille du Berger" de Laura Mouzaïa.

Malika peut en parler aujourd'hui, parce que, dit-elle : "L'an dernier j'ai participé à un atelier de théâtre interculturel. On m'a demandé d'écrire mon histoire. Et, je ne sais pas pourquoi, tout est arrivé d'un coup. J'ai tout écrit en deux jours et ils en ont fait une pièce. En l'écrivant j'ai pleuré, pleuré. Et ce qui a été très touchant, c'est que quand ils l'ont joué, tout le monde a aussi beaucoup pleuré pendant toute la pièce."

Ces manifestations culturelles sont des thérapies de groupe, ou des espaces de catharsis aurait dit Aristote. Beaucoup d'immigrés en sont demandeurs. Mais pour passer à ce stade, il faut avoir franchi beaucoup d'autocensures. Peut-être le fait que Malika soit une élue municipale depuis peu lui donne aussi le courage de s'inscrire dans ce genre de démarche.

A propos de "thérapies de groupe" autour de l'art, et dans un autre registres, on peut en voir une ici dans un spectacle où l'artiste ukrainienne Kseniya Simonova fait revivre et exorcise un souvenir terrible pour son pays : celui de la seconde guerre mondiale. Là aussi beaucoup de gens dans le public pleurent.
http://www.youtube.com/watch_popup?v=vOhf3OvRXKg

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