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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #colonialisme-imperialisme tag

Les ennemis du réel

3 Mars 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Je suis très frappé par le fossé qui sépare les habitants des puissances impérialistes des pays « proies » de l’impérialisme.


En Occident vous avez des filles qui écrivent des bouquins dans lesquels elles font l’éloge des grands progrès personnels qu’elles ont accomplis pour arriver à baiser à tout va (bon après quand on discute avec elles, on découvre qu’un an après la publication du livre, elles ont changé leur fusil d’épaule, et sont devenues les amantes fidèles d’un seul homme, ce qui transparaissait déjà dans leur bouquin, sous l’affichage de fantasmes éthérés). Ce genre d’ouvrage n’a aucune consistance, pas même avec la vie personnelle de celui qui l’écrit (qui généralement n’a jamais rien de profond de toute façon), mais se vend à des milliers d’exemplaires pour entretenir les Occidentaux dans leurs petits rêves consuméristes. Et puis, à côté de ça, vous avez les gens qui vivent dans des pays victimes du néocolonialisme ou de l’impérialisme, ou qui sont issus de « diasporas » de ces pays là.
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Ces gens là traînent des histoires invraisemblables dans leur vie, des trucs qu’ils ne peuvent raconter qu’à leur famille, et que plus souvent encore ils ne verbalisent même pas parce qu’ils savent que personne n’en voudra, personne n’en fera rien.


Pour mon livre sur l’Abkhazie, je me confronte à des souvenirs de guerre dont personne ne veut entendre parler ici. Il n’y a pas que cela. Je parlais hier avec une fonctionnaire kabyle de la ville où je bosse. Je lui ai dit un mot du projet de loi qui, en Algérie, proposait de juger les crimes du colonialisme français et de ses auteurs. Elle m’a confié ceci : « On ne peut juger personne tant qu’ils sont vivants. Mon père était un moudjahidine mais illettré. Ma soeur a enregistré son témoignage et il lui a laissé des documents qui incriminent des gens connus en France pour des cas de torture. Quand on a apporté ça au consulat d’Algérie, ils ont déchiré les documents en disant : ‘on ne veut pas avoir de problèmes avec la France’ ». J'ai été touché qu'elle me dise ça. Je sais que c'est le genre d'aveu que, dans sa situation, on n'adresse pas au premier venu . Cette femme garde sa mémoire familiale secrète, elle ne peut en parler qu’à ses 12 frères et sœurs. Je lui ai dit de se battre pour que cette mémoire accède à l’histoire officielle pour aussi dérangeante qu’elle soit, comme je l’ai fait pour les mémoires de mon grand-père garde-civil espagnol. Au fond je ne sais pas du tout si ce que ce père a tenté de transmettre à ses enfants de son combat dans les rangs du FLN et des atrocités commises par les Français était entièrement juste ou seulement en partie. Je sais seulement que cela doit être entendu pour être ensuite débattu. Cela a droit de cité chez nous, dans notre mémoire à tous, comme a droit de cité toute la culture de cette fonctionnaire, que ses employeurs obligent à servir de l’alcool à table alors que cela va à l’encontre de ses convictions, et qui n’ose pas dire autour d’elle qu’elle est une musulmane pratiquante.


C’est une réflexion que je m’étais déjà faite pendant la guerre du Kosovo : ceux qui font l’éloge des fantasmes et du cul, manifesteraient la même profondeur que les utopistes d’autrefois si, par ailleurs, ils étaient capables de lever le petit doigt une seule fois dans leur vie pour des causes dérangeantes, faire connaître des drames politiques et humains dont personne ne veut entendre parler (et il y en a beaucoup). A défaut, en refusant de connaître et faire connaître l’envers du monde dans lequel il vivent, alors que leur position éditoriale les met en situation de le faire, ils ne font que révéler leur totale inconsistance, et leur statut dans notre monde : celui de l’amuseur public, du producteur d’opium. Ils sont ceux qui arrachent la partie la plus aisée de l’humanité à son socle d’universalité, et la font basculer dans l’imposture, la mauvaise foi, le viol permanent des consciences de ceux qu’ils privent du droit de parler. Ils ne le font pas à dessein, seulement un peu par lâcheté et beaucoup par naïveté et par perte de sens, tout simplement, du devoir : l’esprit de consommation transforme les écrivains, comme leur lecteurs, en consommateurs de jouissance.

Les structures du capitalisme les ont rendus ainsi. Tout mon effort actuel pour retrouver les racines du stoïcisme vise à leur opposer une conception nouvelle du devoir.

 

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Marx et l'Islam

18 Février 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Un ami a attiré mon attention sur cette lettre écrite par Marx en anglais,à propos de son séjour à Alger le 13 avril 1882 :

 "...Well, before entering the Jardin d'Essai' we took coffee, of course in the free air, a Mauresque 'café'. The Maure prepared it excellently, we were on a bank. On a rough table, in inclined positions, their legs crossed, half a dozen Maure visitors were delighted in their small 'cafetières',' (everyone gets one of his own) and together playing at cards (a conquest this on them of civilisation). Most striking this spectacle: Some these Maures were dressed pretentiously, even richly, others in, for once I dare call it blouses, sometime of white woollen appearance, now in rags and tatters-but in the eyes of a true Musulman such accidents, good or bad luck, do not distinguish Mahomet's children. Absolute equality in their social intercourse, not affected; on the contrary, only when demoralized, they become aware of it; as to the hatred against Christians and the hope of an ultimate victory over these infidels, their politicians justly consider this same feeling and practice of absolute equality (not of wealth or position but of personality) a guarantee of keeping up the one, of not giving up the latter.* (Nevertheless, they will go to rack and ruin without a revolutionary movement.)..."
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Un peu de télévision

10 Février 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Même si le sous-titrage est déplorable.

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Ethnies/lutte des classes

6 Février 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Je disais cet après midi à un ami communiste : "Une responsable d'association issue de l'immigration postcoloniale l'an dernier elle m'a dit "la question de la race sera le clivage déterminant de la politique française dans les années à venir et ce civage traverse tous les partis". Mais je ne suis pas sûr que cette prophétie soit avérée. Beaucoup de partis sont traversés par des tas de clivages, sur des tas de questions, qui ne les font pas pour autant exploser. C'est nous qui intellectuellement pouvons contruire ou pas le clivage autour des différences culturelles comme structurant du rapport au monde, mais tout le monde ne le vit pas comme ça. J'ai même tendance à dire que la question de la race n'est pas forcément structurante chez les victimes du racisme elles mêmes, beaucoup d'Arabes par exemple s'interdisant de penser à des thèmes qui les coupent de la pensée dominante française comme la Palestine ou même à leur "identité".  Faut-il souhaiter que la question de la "race" devienne plus centrale, et plus "clivante" dans la vie politique française ? ne serait-ce que pour que les victimes du racisme se sentent libérées du déni de leur identité ? A réfléchir..." wall-copie-1.jpg

J'ai bien aimé sa réponse : "Il y a un exemple encore très clair. Celui de l'Afrique du sud. Là-bas, sous l'apartheid, le clivage de race était un fait objectif.  Pourtant le parti noir "racialiste" Congrès pan-africain (pro-chinois par ailleurs) a fait de la surenchère avec le slogan "one white, one bullet" tandis que l'ANC, malgré la situation objective a toujours considéré que c'était le clivage de classe qui était fondamental, même si des ouvriers blancs ne suivaient pas la lutte de classe mais qu'on décelait l'émergence d'une bourgeoisie noire clientélisée.  Et c'est finalement ce parti (avec le PC intégré dedans) qui a obtenu l'appui réel des masses. Et en France, nous ne sommes tout de même pas sous un régime d'apartheid.  L'idée raciale est une idée de petit-bourgeois qui veulent "monter", ce ne peut pas être une idée de masse. La race, comme la question du sexe, des générations, des régions, des religions, etc, doit être pris en compte, mais la base matérielle reste le socle sur lesquelles toutes ces contradictions se développent. C'est à la gauche blanche de parler plus de race et à la gauche bigarrée de parler plus de classe. Pour créer un climat de confiance."

Personnellement, vous le savez, je ne suis pas matérialiste à la manière dont le sont les marxistes, et donc je ne pense pas que la "base matérielle" soit un socle si fondamental, même si elle pèse très lourd dans la balance (parce qu'en fait je ne suis pas pour l'argument du "en dernière analyse" ). Mais je crois tout de même que dans l'action politique il faut d'une manière ou d'une autre que la question des classes sociales ne soit pas éclipsée par celle des identités culturelles. J'ai bien aimé la conclusion de mon ami : "C'est à la gauche blanche de parler plus de race et à la gauche bigarrée de parler plus de classe. Pour créer un climat de confiance."

Personnellement je ne lui donnerais pas le même sens (implicite) que lui peut lui attribuer, à savoir créer un climat de confiance "pour la lutte des classes" car je refuse le finalisme. Je pense qu'il faut effectivement que nous autres petits bourgeois blancs intégrions davantage la problématique du racisme (de l'intolérance culturelle, du néo-colonialisme etc) simplement par devoir moral, parce que c'est la seule façon d'être juste à l'égard de notre époque et d'y tenir une présence digne de ce nom.
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Une soirée-débat en banlieue

6 Février 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Voici une note d'ambiance que je reçois d'un ami universitaire avec lequel je souhaite créer une association d'éducation populaire en banlieue, à propos d'un débat auquel il a assisté hier en Seine-Saint-Denis :

"Frédéric, Tu as dû voir ce débat stupide entre le NPA et le PG à propos de la candidate voilée des listes du NPA. Il en dit long sur l'état "régressif" de la gauche de la gauche française qui se voit dicter ses thèmes par Sarko and co.
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J'étais hier à XX mais Y a eu un problème familial et n'a pu venir. Beaucoup de jeunes (le groupe Frantz Fanon), des militants PCF et PG "issus de l'immigration"... Je ne sais pas comment ils se retrouvent dans ce contexte au PG. ...Et surtout pour combien de temps ?J'ai entendu aussi en attendant les conversations de militants PCF et PG et je vois bien que dans chaque section du PCF, la situation est totalement différente... Et Alima Boumedienne a de la tribune laissé entendre qu'il en allait de même pour son parti, les verts et qu'il fallait devoir regarder qui a pris quelle position sur Gaza et le hamas pour savoir pour qui voter...

Le MIR/PIR distribuait des tracts à l'entrée. le CBSP lié à l'UOIF avait un stand et son représentant, un Palestinien, est intervenu de la salle (eux sont divisés entre une direction qui ne veut faire que de l'humanitaire apolitique et une base qui veut faire de la solidarité avec les Palestiniens !). les militants PG et PCF n'avaient comme attitude que d'aborder leurs voisins, pour essayer de faire passer leurs messages, sans intervention publique ou distribution de tract. On sentait comme un clivage entre eux et les organisateurs des trois assoc dont Frantz Fanon qui avaient fait venir Nadine Rousso, Alima Boumedienne (sénatrice du parti Vert), le réalisateur du film Gazastrophe, le représentant de la commission des droits de l'homme auprès de l'ONU. Leurs interventions étaient assez radicales.

Le cercle Frantz Fanon a réussi à trouver un conseiller municipal qui va faire voter sur la résistance palestinienne et la suppression du Hamas de la liste des organisations terroristes et appelé à venir assister en masse au conseil municipal et noter qui vote en faveur et qui vote contre cette résolution pour ensuite aux régionales et plus tard à appeler au boycott de ceux qui auront voté contre la résolution. 

Bref, une nouvelle fracture semble apparaitre... à gauche. Triste... 

Donc partout on nage dans le flou et les intercourants d'un parti à l'autre. Et la question "raciale" traverse chaque parti. Ce qui rend l'américanisation de la société française de plus en plus plausible. La faute à qui ?Aucun parti n'a plus de cohérence. Combien de temps de telle machines peuvent elles survivre ? "

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NB : lexique pour comprendre ce texte

NPA = Nouveau parti anti-capitaliste
PG = Parti de gauche
PCF = Parti communsite français
Groupe/cercle Frantz Fanon = une association locale inspirée par le penseur anticolonialiste Frantz Fanon
MIR/PIR = Mouvement/parti des Indigènes de la République
UOIF = Union des organisations islamiques de France
CBSP = Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens
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