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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #les rapports hommes-femmes tag

Ministère des rapports hommes-femmes

13 Avril 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

Pour faire suite aux questions d'Edgar, je dois préciser ma pensée esquissée dans le précédent article. Je pense en effet que toute la mythologie du "désir sauvage", peu susceptible de se plier à des règles, a effet de renforcer l'idéologie libérale (sur le lien capitalisme désir voir par exemple Bolstanski) en renvoyant ce domaine à la sphère privée, laissant chacun avec ses frustrations (voir Houellebecq sur toutes les impasses de ce sujet, et le telos nihiliste qu'il y a au bout de tout cela).

Bien sûr le désir ne peu pas être entièrement discipliné, et heureusement, mais il ne faut désespérer ni des institutions ni de la raison pour parvenir à une meilleure gestion de ses pulsions. 

A mon sens, il faut concervoir une politique globale du désir, à partir des axes suivants
- lutte contre le harcèlement sexuel, l'homophobie, et protection de l'enfance (ce qui est déjà à l'oeuvre en ce moment)
- soutien à la contraception et à l'avortement (soutien, mais pas nécessairement encouragement, en ce qui concerne l'avortement)
- redéfinition de la place accordée dans la société au désir, à sa représentation et à sa pratique

Je pense qu'un véritable secrétariat d'Etat au désir physique et aus rapports entre les genres devrait être constitué auprès du ministère des affaires sociales pour prendre en charge ces trois axes.

"Redéfinition de la place accordée dans la société au désir, à sa représentation et à sa pratique", qu'est-ce que cela peut vouloir dire ?

Il s'agit de diffuser un discours qui soit favorable au désir. Non pas, je le disais, un désir sauvage, "continent noir", mais un désir compatible avec la vie en société. La fuite des gens vers des formes très extrêmes de la pornographie par exemple, me semble dériver d'un doute profond sur la capacité à concilier désir et vie ensemble en société. Il faut inverser ce pessimisme de l'être ensemble en misant sur un désir "lumineux", apollinien si l'on veut, ouvert à l'entente avec autrui et à la réalisation d'un intérêt collectif.

Ce discours qui peut passer par l'école, par les médias publics et privés, par l'édition, par les travailleurs sociaux etc peut utiliser divers outils qui vont de la philosophie antique à la pornographie.

Au delà de ce discours, il y a toute une organisation à penser.

Aider les gens à s'affranchir de certaines contraintes de la procréation, en développant les crèches et l'aide à domicile (la France a beaucoup d'atouts sur ce volet spécifique). Mais aussi aider les gens à s'affranchir du productivisme névrosant.

Cela signifie impliquer aussi le monde de l'entreprise dans le projet d'optimisation des désirs.

On pourrait par exemple imposer aux chefs d'entreprises de plus de 50 salariés et responsables d'administrations de réserver une plage horaire de quatre à cinq heures hebdomadaires répartis selon les modalités les plus favorables à l'intérêt du service pour organiser du quick dating, avec ou sans séance de relaxation physique préalable, avec au besoin l'aide de coachs sous contrat (plusieurs solutions sont à penser sur ce volet).

Il faut penser une politique de déculpabilisation, notamment de déculpabilisation des femmes, en même temps qu'une politique de protection qui évite que les pulsions ainsi libérées ne basculent dans une loi de la jungle (jalousies, rancoeurs, vandetta) qui est la logique de la loi du désir lorsqu'elle est mal encadrée.

Nous sommes déjà en bonne voie. La France, affranchie de la tutelle ecclésiastique, a mis en oeuvre des réformes très utiles comme le PACS, l'entrée dans les moeurs d'une éducation des enfants par des parents uniques, ou dans des familles recomposées, ouvre la voie aussi à un assouplissement des logiques familiales pour permettre aux individus de se réapproprier leur destin affectif. Cette souplesse acquise doit être prise en charge par l'Etat pour qu'elle ne se traduise pas par un sentiment de solitude et d'anomie. Encore une politique qui ne peut être pensée qu'en dehors de l'Union européenne.
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Jean-Paul Benglia

10 Avril 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

Pourquoi ai-je consacré mon dernier compte-rendu dans Parutions.com au livre de Jean-Paul Benglia qui n'est qu'un petit manuel grand public pour aider les gens à dépasser leur timidité, plutôt qu'à des livres "sérieux"  comme "Pourquoi les chimpanzés ne parlent pas
et 30 autres questions sur le cerveau de l’homme" de Laurent Cohen qui vient de paraître chez Odile Jacob, ou "Comprendre le monde" d'Immanuel Wallerstein qui vient de paraître aux éditions La Découverte ?

Parce que le sujet me travaille depuis l'adolescence, parce qu'il tyrannise beaucoup de monde : la timidité, pourquoi les rapports entre les sexes (les "genres" comme disent certains sociologues auxquels je m'oppose) vont si peu de soi.

Evidemment je pense que Benglia, avec beaucoup de bonne volonté altruiste, et même la foi du charbonnier, prend le problème par le mauvais côté. Identifier la timidité comme une maladie qu'on va traiter avec des méthodes comportementalistes, du "coaching" et autour de laquelle on va créer une sorte de "communauté" à l'américaine qui va revendiquer des droits, tout cela me paraît tout-à-fait voué à l'échec.

Il est heureux bien sûr qu'après l'idéologie freudo-marxiste - et même souvent, au prix de gros contresens, freudo-nietzschéo-marxiste, je pense à ce film de Liliana Cavani qui faisait de Nietzsche le chantre de la révolution sexuelle -, on soit revenu à une forme de réalisme qui réintroduit la différence éthologique entre les sexes, et réfléchit à ses expressions concrètes (les énormes décalages de comportements entre hommes et femmes). Mais on évacue du coup trop souvent la dimension politique. On ne peut pas être entièrement constructiviste, et croire que l'idéologie d'une société détermine les rapports intersubjectifs sans que la nature profonde de chaque individu ne joue un rôle (la nature profonde à la fois individuelle et collective, commune à l'ensemble du sexe). Mais on ne peut pas réduire cela non plus au problème "thérapeutique" de chacun, comme si la culture dominante (toute la political correctness, toute la culpabilisation des individus, leur anonymisation, la création de barrières entre eux, la "respiritualisation" des institutions) ne jouait pas un rôle important.

Mais on a l'impression d'une quadrature du cercle qui n'a pas été résolue, comme le problème de la faim dans le monde, ou celui de l'épuisement des ressources énergétiques. Tout comme on n'ose pas poser au niveau mondial la question de la redistribution radicale des richesses entre le nord et le sud, ou celle de la décroissance organisée, de même on ne pose pas celle d'une recherche collective des voies et moyens d'une émancipation libidinale (sans que cela ne débouche sur de la violence libidinale). Privatiser le problème de la libido, comme on privatise celui des inégalités sociales, organiser le retrait du politique par rapport à cette question - meilleur moyen d'y faire triompher un mélange bancal d'aspiration progressiste et de conservatisme frileux - voilà le projet des pouvoirs moraux de notre époque (j'ai encore en tête ce dialogue avec cette responsable monténégrine "reichienne" d'une agence européeen, qui disait que seule devait relever des politiques publiques la contraception et la lutte contre l'homophobie). Et ce n'est pas la pauvre Michela Marzano qui aidera à lutter contre ça.

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Political correctness

27 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

Political correctness, esprit de censure, encore et toujours. La cible : le rappeur Oreslan et sa chanson "Sale p*". Sur les bancs de l'accusation, si je relève les noms de l'article de Libération repris par Yahoo : Valérie Létard, Christine Albanel, Marie-Georges Buffet (sans doute conseillée par Clémentine Autain).Sur le site de Libé concert d'indignations devant ce clip.

Que dire ? Musicalement c'est assez nul. Les paroles aussi. Faut-il pour autant le censurer. Comme je le dis toujours, dans ma veine chomskyenne, je ne censure que les appels au meurtre. En est-ce un ? Si je comprends bien cette chanson, elle est l'expression réaliste du désarroi d'un mâle que sa copine trompe. Le réalisme n'a pas bonne presse de nos jours, les hormones masculines encore moins. Il y a cent ans les mâles flinguaient leurs partenaires infidèles. Aujourd'hui beaucoup moins. Il chantent leur soif de vengeance sur des musiques lamentables. Les militantes de la cause féminine devraient se réjouir de ce progrès. Au lieu de cela elles veulent le silence radio. Cachez ce réel que je ne saurais voir, cachez les pulsions. Faisons croire aux mâles que nous sommes dans un monde de bisounours, de barbapapa, infantilisons-les comme le fait Sarah Palin. Et après, quand bien même on y parviendrait, empêchera-t-on certains jeunes gens d'épouver ce qu'Oreslan exprime dans sa chanson quand leur copine les quitte ?

On me dira qu'on reconnaît à chacun le droit d'éprouver ce qu'il veut pourvu qu'il ne passe pas à l'acte. Ce qu'on lui dénie c'est le droit à la représentation de ce ressenti dans l'espace musical, ou visuel. Eprouver sans représenter, éprouver dans les ténèbres. N'est-ce point la voie de la névrose et de la destruction ? Je suggère à Mme Autain et Mme Buffet de présenter à l'assemblée nationale une proposition de loi en vue d'obtenir l'éradication de la testostérone chez les hommes. Sans ce complément biologique indispensable, leur censure sur les mots et les musiques risque d'être bigrement contreproductive.

You Tube a eu une réaction saine : interdire le clip aux moins de 18 ans, et seulement à cela. Protéger les enfants, et les ados c'est légitime. Mais laissons aux adultes la liberté de symboliser comme ils le veulent leurs pulsions.
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Culture clash on the beach

27 Avril 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

La photo figure sur http://www.exile.ru/blog/detail.php?BLOG_ID=16585&AUTHOR_ID=

Le titre "Vacationing Russians Experience Culture Clash"
Le sous-titre "Hurgada culture clash: A Russian slut dry humps her drunk vacation-sponsor's tailbone (foreground), while in the background, a fully-burqa'd Egyptian woman drowns herself to avoid the shame of watching her daughter Go Russian."



Cela m'a fait penser à une fille serbe qui cherchait un "sponsor" sur le tournage du court-métrage de Vesna Bejic. Et aussi à l'article du journal Le Monde du 24 août 2008 qui disait ceci :

"Le Hamas instaure "décence" et "respectabilité" sur l'ancienne plage huppée de Gaza"

"De la vaste salle de réception qui marquait l'entrée de la plage huppée de Gaza, il ne reste qu'une charpente calcinée. L'endroit, surnommé "Chaléatte" ("chalets", en arabe) en référence aux bungalows alignés sur le sable, a fait les frais de la colère du Hamas. Parce les membres de la Force spéciale du Fatah, une escouade de miliciens à la brutalité notoire, l'avait transformé en caserne, ce complexe touristique a été détruit, le 14 juin, au moment où les ultimes policiers fidèles au président Mahmoud Abbas rendaient les armes.
 
Désormais réduit à sa belle plage de sable fin, "Chaléatte" a été rebaptisé "Istiraha Al-Aqsa" ("aire de repos Al-Aqsa") et a rouvert sous la houlette de la Jamaat Al-Salah, une association de charité liée au mouvement de la résistance islamique. A partir de 17 heures, quand la chaleur décline, des milliers de Palestiniens viennent y savourer le bon air du large. Tandis que les hommes et les adolescents jouent dans les vagues, les femmes, sagement voilées, veillent sur les plus petits. L'ex-fief de l'élite gazaouie est devenu une plage comme les autres, où le conservatisme naturel de la société palestinienne est désormais de rigueur. "L'ère du bikini est terminée", plastronne Abou Al-Abed, le chef de la sécurité.

L'endroit avait été créé au début du processus de paix par Souha Arafat, alors "première dame" de Palestine. Il attirait la nomenklatura du régime, nostalgique des plages de Tunis où elle avait vécu en exil auprès de Yasser Arafat. Le prix d'entrée, relativement sélectif - 20 shekels (3,5 euros) par personne - permettait à quelques rares audacieuses de se baigner en maillot, à l'écart des regards indiscrets. Le chanteur égyptien Mustafa Amar s'y était produit et la danseuse du ventre Fifi Abdou, reine des nuits cairotes, y était passée lors d'un séjour auprès de son mari palestinien.

De ce passé jugé "indécent", les nouveaux propriétaires ont fait table rase en abaissant le prix d'entrée à 10 shekels (1,7 euro) par famille. "Maintenant, ceux qui viennent ici sont des gens normaux, avec un comportement respectable", affirme Abou Al-Abed.

Kamal Hbeir, 58 ans, patron d'une petite entreprise de textile, est l'un d'eux. Assis sous un parasol, les pieds léchés par les vagues, il surveille sa petite fille qui barbote dans une bassine remplie d'eau. "Regardez son sourire, dit-il. Pour une bouchée de pain, toute la famille se paie une journée de détente formidable. Avant, ce lieu n'était pas honorable. Nous n'y allions jamais. Aujourd'hui, si des jeunes s'avisent de draguer une fille, la Force exécutive (la police du Hamas) arrive dans la minute." En retrait du rivage, un groupe de jeunes membres du Hamas achève une réunion. "Nous sommes venus faire une journée de formation et de détente ici, explique l'aîné, Mohamed Masri, 25 ans, employé du ministère de la santé. Depuis qu'Abbas et sa clique de débauchés sont partis à Ramallah, cette plage est ouverte à tout le monde. C'est un véritable progrès." Au programme de leur fin d'après-midi : baignade, partie de football et barbecue. Sans oublier la prière du coucher du soleil, célébrée, comme tous les jours, dans une tente dressée sur le sable. 
 

Benjamin Barthe"

D'un point de vue féministe, où est la véritable libération, la véritable dignité, de la femme ? dans l'invasion capitaliste qui a démultiplié la prostitution en Europe de l'Est, ou dans la censure morale des islamistes ? D'un point de vue de gauche où est le véritable progrès social : dans les plages seins-nus de la bourgeoisie de l'OLP, ou dans les plages populaires du Hamas où il faut garder le voile ? Réflexe naturel des intellectuels occidentaux sur ce sujet : "ni ni". Ni le foulard, ni la prostitution (cela vous rappelle un slogan n'est ce pas ?). Mais dans la vie réelle, au jour le jour, les peuples doivent choisir. La Troisième Voie idéale dont un maître de conf ou un journaliste bien nourris aiment à rêver dans un bureau n'a pas de moyens concrets de s'imposer dans les faits (ce serait justement au journaliste, au maître de conf, de travailler à sa voie de réalisation concrète s'il voulait y penser d'une manière responsable). Alors, où est le choix raisonnable ?

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