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Le blog de Frédéric Delorca

L'Ukraine reconnaît la République tchétchène d'Itchkérie et combat l'Iran

18 Octobre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE, #Colonialisme-impérialisme, #Débats chez les "résistants"

La Rada (parlement ukrainien) a reconnu la «souveraineté étatique» de la République islamique tchétchène d'Itchkérie, qui a existé de facto de 1991 à 1999 sur le territoire de l'actuelle Tchétchénie russe. L'administration de l'actuelle République autonome Tchétchénie, dirigée par Ramzan Kadyrov , a été mise hors la loi par l'assemblée qui qualifié la situation actuelle en Tchétchénie de "génocide du peuple tchétchène par la Fédération de Russie" (sic !). Déjà sous l'oligarque Porochenko, en 2016, il y avait eu une cérémonie en l'honneur de l'Ichkeria. Ont voté pour le parti de Vladimir Zelensky, et "Solidarité européenne" de Porochenko ainsi que le parti "Voix" de Svyatoslav Vakarchuk (287 députés sur 351, personne n'a osé voter contre ou s'abstenir).

L'opération rentre dans la thématique des think tanks américains pour "décoloniser la Russie" c'est-à-dire la faire éclater (cf ci-dessous).

Par ailleurs le parti de Porochenko a fait adopter un projet de loi pour rompre les relations diplomatiques entre l'Ukraine et l'Iran qualifié de « pays terroriste » parce qu'il livre des drones à Moscou pour bombarder l'électricité mais aussi un bâtiment résidentiel le 17 octobre à Kiev (l'Iran aurait aussi l'intention de livrer des missiles sol-sol - un argument que Kiev utilise aussi pour demander une défense anti-missile à Israel).  Le régime de Zelensky essaiera de faire passer cette terminologue au sein de l'OSCE, de l'OTAN, de l'ONU. Téhéran nie avoir livré des drones à Moscou. Kiev fournit une photo de drone démantelé dans la capitale ukrainienne dont on ne peut voir avec certitude s'il est iranien.

En août le député ukrainien Oleksiy Goncharenko (qui est aussi responsable de l'association  "Pour le Caucase libre") avait également soumis au parlement ukrainien un projet de résolution proposant la reconnaissance de l'indépendance déclarée unilatéralement du Kosovo, mais le projet n'a pas abouti. Goncharenko qui est aussi depuis janvier dernier vice-président de la commission de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) sur les migrations, les réfugiés et les personnes déplacées, l'assemblée qui a voté le 13 octobre pour déclarer la Russie "Etat terroriste" (seul un délégué turc sur les 100 membres a voté contre) - rhétorique reprise par le parlement estonien aujourd'hui. Il y a fourni un discours enflammé appelant l'Europe à devenir une superpuissance.

Sur la question du Kosovo Goncharenko ne se décourage pas : il y a une semaine il avait demandé que ce "pays" intègre l'APCE, dans un appel que la présidente de l'entité Vjosa Osmani avait repris dans un tweet.

L'Ukraine essaie de capitaliser diplomatiquement en ce moment sur l'impopularité des frappes russes sur ses villes et celle de l'annexion de sa partie orientale, qui n'a été soutenue le 12 octobre à l'ONU que par la Corée du Nord, la Syrie, le Nicaragua et la Biélorussie, tandis cependant que les grandes puissances asiatiques et beaucoup de pays africains s'abstenaient ainsi que la Bolivie et Cuba.

 

Pour terminer ce tour d'horizon mentionnons une lettre ouverte d'universitaires ukrainiens au Pr Noam Chomsky accessible ici avec un traducteur automatique datant du 22 mai dernier que je découvre aujourd'hui, et qui pose des questions intéressantes (même si je ne suis pas du tout sur leur position globalement : on retombe, comme en 1999, sur le problème de ces petits nationalismes, pas forcément illégitimes en eux-mêmes, mais qui sont mobilisés au service d'une dangereuse déstabilisation globale qui les dépasse).

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