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Le blog de Frédéric Delorca

Sex and Art, Dirty Diaries

5 Juillet 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Ayant écrit un roman dont l'héroïne est une star du X, je ne puis m'abstenir de m'intéresser aux évolutions de ce genre cinématographique. Je suis donc allé voir ce soir Dirty Diaries, projet collectif suédois dirigé par Mia Engberg (cf la bande annonce ci dessous).

 

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Je ne comprends pas du tout les critiques sur Internet qui trouvent ces courts-métrages "peu excitants". Faut-il que les gens peinent à aimer le sexe pour réagir de la sorte ! Comme le disent certains commentaires sur le Net, "Skin" est le plus surprenant et le plus excitant : c'est une façon magnifique de filmer le sexe. Mais la scène SM avec la policière et la délinquante n'est pas mal non plus dans le genre, le dessin animé aussi. Bref on est vraiment dans une série d'ambiances originales qui rendent bien hommage au corps.

 

Certains courts métrages dans la veine des performances artistiques contemporaines (à la manière de Masha Sha) laissent plus perplexe. Il y a une forme d'académisme dans la façon de référer la nudité aux plantes, aux fruits, à la nature que je réprouve.

 

Au fait, pour ceux qui vivent dans le Sud et souhaitent participer à une oeuvre esthétique, l'artiste Enna Chaton, que j'ai interviewée il y a peu, cherche à rencontrer les 14 et 15 juillet du côté du Cap d'Agde "des hommes et des femmes pour échanger des points de vues sur le corps, la nudité, la sexualité, leurs images et leurs pratiques aujourd'hui, au quotidien". "Nous souhaitons faire des prises de sons, et peut-être des images" dit-elle sur son blog.

 

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La pétrification des rôles

4 Juillet 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Marrant ce dernier commentaire d'actualité (http://www.dailymotion.com/video/xdnr50_alain-soral-actu-de-mai-2010-partie_news) où Soral inclut à deux reprises l'Iran et la Turquie parmi les pays arabes. Ca me rappelle ses imprécisions sur le cas Onfray. Bah, notre société est trop tolérante à l'égard du flou artistique.

 

A part ça une nouvelle : si vous voulez acheter des livres pas cher dans le quartier latin, allez chez Ishtar ils liquident tout jusqu'au 11 juillet - les pôôvres, ils n'avaient pas voulu parler de l'Atlas alternatif parce qu'il y avait dedans un article de Diana Johnstone sur la Serbie, ça ne leur a pas porté chance...

 

Au fait en parlant de Diana Johnstone, vous avez peut-être remarqué son récent exercice d'admiration de Noam Chomsky qui se termine en forme de clin d'oeil à Dominique de Villepin. Je crois savoir qu'elle s'est rapprochée récemment de la mouvance du parti de François Asselineau. Ce qui me frappe dans cette article, comme dans le livre de Pinto que je citais hier, c'est que rien ne me surprend en lui. Il se déroule comme un programme d'un logiciel informatique après quon ait cliqué deux fois sur "enter". C'est le problème de beaucoup de journalistes et d'essayistes : quand leurs idées sont fixées, ils peuvent pendant 10 ans répéter la même chose. Et c'est d'ailleurs souvent ce que leur public attend d'eux.

 

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Je pense que mes propos sur ce blog présentent le même défaut dans la mesure où ils répètent trop souvent les mêmes considérations, sur le bourdieusisme, le chomskysme etc. Mais cela tient aussi au ciblage initial du blog : il est conçu comme un prolongement des livres publiés, et donc il se trouve nécessairement enfermé dans leurs problématiques. Ce n'est que lorsqu'un nouveau livre sort que je puis normalement écrire quelque chose de vraiment nouveau dans son sillage. Sauf que le livre lui-même doit toujours être cohérent avec ce qui a précédé, donner l'impression de poursuivre une démarche. C'est là aussi un des pièges de la notion d' "oeuvre", qui fait qu'un Sartre a toujours fait du Sartre, un Finkielkraut a toujours fait du Finkielkraut. BHL n'écrira pas sur les films pornos ou sur la gastronomie sibérienne, Elisabeth Badinter ne s'intéressera jamais à la composition sociologique des légions romaines sous Trajan, Alain Badiou n'écrira pas une biographie de Kylie Minogue. Le piège de l'oeuvre, le piège du "rôle" social aussi, dans un sens. Plus on vieillit, plus cela se marque. Et c'est dommage, au fond. Cette incapacité à se renouveler qui finalement marque tout individu, mais plus encore l'intellectuel comme produit du marché littéraire, et fait qu'il devient aisément labellisable et caricaturable (quand il ne se caricature pas lui-même), quel piège effrayant. De sorte que les oeuvres, les articles et les blogs ne sont au fond que de mornes épitaphes tout juste bonnes à identifier nos futures tombes dans les cimetières.

 

Rimbaud avait résolu le problème par la fuite, en se faisant traficant d'armes. Mais la fuite aujourd'hui est identifiée à de la facilité. En plus il n'y a même plus d'ailleurs où fuir.

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Louis Pinto, Nathalie Heinich, DSK et "la gauche Marrakech"

3 Juillet 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Ne lisez pas le dernier livre de Louis Pinto, Le café du commerce des penseurs. Vous y trouveriez tout ce qu'il y a de pire dans le bourdieusisme des années 2010. Un livre dont dès les premières pages on sait quel sera le contenu, quelles seront ses cibles (les néo-libéraux, le centre-gauche, les postmodernes), un livre qui manque d'honnêteté intellectuelle en ce sens que, prétendant analyser la pensée d'aujourd'hui sous un angle critique, il omet bien sûr d'auto-analyser son propre courant (comme si celui-ci était au dessus du lot, au delà de toute critique possible - ça me rappelle le temps où mes profs de socio notaient que les déconstuctions de la sociologie contemporaine par les bourdieusiens omettaient leur propre autodéconstruction). Surtout ce n'est même pas un travail sociologique, en ce sens qu'on n'y retrouve même pas une tentative d'enquête, d'exploitation statistique du sujet, ce n'est plus qu'un essai parmi 10 000 autres. Je trouve qu'une bourdieusienne dissidente comme Nathalie Heinich rend aujourd'hui mieux compte dans ses travaux de ce qu'a été la grandeur du bourdieusisme, des outils innovants qu'elle a par exemple apportés à la sociologie de l'art (son domaine). Preuve qu'on n'est vraiment fidèle aux grands héritages intellectuels qu'en les trahissant un peu, c'est à dire en les évaluant dans toutes leur dimensions, sous un regard critique, pour en faire autre chose, plutôt qu'en érigeant en dogme les écrits du maûtre. En ce sens Mahomet est le meilleur disciple du Christ.

 

Un ami attire mon attention sur l'expression "la gauche Marrakech" inventée récemment par le choniqueur Guy Carlier (cf ci-dessous) à propos de Strauss-Kahn. Il note à juste titre que le terme peut aussi s'appliquer à Bertrand Delanoë, Bernard Henry-Lévy, tous ces grands amis du roi du Maroc, porteurs des mêmes imaginaires, porteurs de la même vision des relations internationales à l'ONU et interculturelles en France, tous sociaux-libéraux of course, blairistes.

 

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