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Le blog de Frédéric Delorca

Marianne, l'UPR et la juste opposition

14 Juillet 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Comme c'est son rôle depuis plus de dix ans, Marianne après avoir démontré par A+B que le système ne vaut rient, vous démontre par C+D qu'on ne peut pas le changer. Voyez cet article. Comme ça, les gens de Marianne sont sûrs que leurs lecteurs frustrés continueront de les lire avec l'état d'esprit qui sied à ce magazine : celui du "consommateur de contestation" comme ils disent chez ACRIMED. Notez l'argument en fin d'article : on ne peut rien changer, la preuve, les Grecs qui ont "compris qu'il n'y a pas de réponse nationale à un problème mondial".

 

Le journaliste aurait pu ajouter : "A la différence des Vénézuéliens, des Boliviens, des Equatoriens et autres peuples du Sud qui sont encore assez cons pour miser sur des révolutions dans un seul pays". Tout le monde n'a pas la chance d'être grec.

 

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Enervé par Marianne, je fais un saut sur le site de l'Union populaire républicaine, où je trouve un excellent déboulonnage du mythe de Victor Hugo. Je note dans leur discours général une insistance sur le refus de l'extrémisme et sur le fait que l'extrémisme se trouve, au contraire, du côté du système actuel. Ils ont raison. Aujourd'hui les dissidents sont dans une position socratique. Les seules interrogations qu'ils lancent suffisent à révéler la folie du système social dans lequel ils évoluent (folie qui ne manque en général pas de se marquer par l'obstination des gouvernants à faire boire la ciguë à l'opposant qui a posé les bonnes questions). Plus l'interrogation va au fond des choses (plus elle est radicale, au sens où elle remonte jusqu'aux racines) et plus elle révèle l'hubris des gouvernants. C'est pourquoi d'ailleurs il est très important que les opposants au système eux-mêmes ne versent dans aucune hubris et demeurent sur la ligne de la rigueur et du bon sens.

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L'urgence, le simplisme, et les nuances

13 Juillet 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

J'avais dénoncé, dans 10 ans sur la plante résistante, l'étrange tournure d'esprit des pro-palestiniens qui, en 2002 - si je me souviens bien - demandaient aux gens de signer une pétition en faveur du député israéloarabe Azmi Bishara sans oser dire (comme si c'était honteux ?) que Bishara était jugé en Israël pour avoir fait l'apologie du Hezbollah.

 

Cet après-midi je retrouve le même simplisme (pour employer un mot indulgent) dans l'approche des faits sur Facebook à propos d'un autre appel à pétition. Une dame qui habite en Suisse écrit :

 

"Omar Barghouti étudiant palestinien va présenter une thèse sur l'illégitimité d'Israël. Une pétition est organisée pour exiger son renvoi de l'Université d'Israël.200.000 signataires sont nécessaires ils sont déjà 160.000...! Ce n'est pas une blague ! mais c'est la démocratie sioniste !"

 

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Ce qui m'intrigue dans cette affaire, c'est que 200 000 signatures suffisent à expulser un chercheur d'une université. D'où vient cette règle ? Je n'ai pas trouvé confirmation du seuil de 200 000 signatures sur le Net.

 

En outre, fidèle à une habitude que j'ai contractée pendant la guerre du Kosovo, j'ai comparé divers textes sur ce sujet, y compris ceux de médias sionistes. J'observe que la situation en réalité est un peu plus nuancée. En fait le président de l'université de Tel Aviv (où Barghouti est inscrit et non pas l'université "d'Israël" comme l'écrit la dame comme s'il n'y avait qu'une université dans ce pays) semble plutôt favorable à Barghouti et en juin le directoire de l'université cherchait à changer l'article de la "constitution" locale qui permettait effectivement d'expulser Barghouti sur la base d'une pétition.

 

Bien sûr cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas soutenir M. Barghouti. Mais le message initial, surtout les derniers mots "c'est la démocratie sioniste", était quand même un peu mensonger, car visiblement des éléments situés au plus haut de la "démocratie sioniste" de l'université de Tel Aviv sont favorables à M. Barghouti, et, s'il faut mettre en cause quelque chose ici, c'est moins le sionisme que la démocratie directe (pétitionnaire ou référendaire) dont on a connu aussi des ravages en Suisse, en Californie etc.

 

Dès que j'ai versé au débat les éléments précités, la dame m'a répondu : "Et alors ? la pétition est lancée et il y a plus de 160.000 qui ont signé ! il faut 200.000 et il sera expulsé !" Comme si au fond il n'y avait que ça qui comptait : répondre à une situation d'urgence.

 

J'ai toujours pensé qu'on pouvait agir efficacement sans pour autant devenir un abruti. Pendant la guerre du Kosovo, je n'ai cessé de synthétiser des infos que l'OTAN nous cachait, sans pour autant m'abstenir de réfléchir aux rapports ethniques dans les Balkans, au moyen de les améliorer, à la véritable histoire des Serbes et des Albanais au Kosovo etc. Il faut faire de même sur tous les conflits. Si l'on pense qu'un chercheur est victime de la bêtise de 200 000 nationalistes fanatiques qui veulent l'expulser, il faut agir pour lui, mais sans s'obliger à rajouter que c'est un complot de "la démocratie sioniste" contre ce bonhomme, ni qu'il n'existe plus aucune autonomie de pensée dans les universités israéliennes, parce que le détail des infos montre précisément le contraire. Dire que Bishara n'était jugé que parce qu'il avait dit que les pays arabes ne soutenaient pas assez la Palestine, ou laisser entendre que Barghouti est seul en Israël face à une pseudo "démocratie sioniste" incarnée dans son université, c'est toujours prendre les gens pour des idiots, en simplifiant à outrance les données du problèmes, et fabriquer facilement de la haine, là où il faudrait conserver davantage de sens de l'analyse. On a peur que l'analyse conduise au scepticisme, et ainsi ne soit pas adaptée à l'urgence de la situation, mais c'est, de ce fait, fabriquer des bombes à retardement. C'est fabriquer de la dissidence, mais de la dissidence idiote, qui n'aura au fond pas plus de subtilité que n'en avaient Lech Walesa en Pologne ou Gamsakhourdia en Géorgie face au régime auquel ils s'opposaient. Opposer de la bêtise à de la bêtise ne mène à rien.

 

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Objectivation des structures de domination, totalitarisme de la condition humaine

13 Juillet 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

Je lis ceci sur le blog "Vie de Meuf"

 

"Je passais mon permis pour la première fois, j'étais très stressée, comme l'immense majorité des candidats. Quand ça a été à moi, l'inspecteur a dit à mon moniteur, bien fort et devant moi, "de toute façon, les femmes, ça sait pas conduire". J'étais en colère, hors de moi. Je me suis plantée. Et j'ai eu droit au regard "Ben je vous l'avais bien dit"."

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Evidemment ça fait penser  à ce que disait Tonton Pierre (Bourdieu) : la domination s'objective dans des structures, que les dominés intègrent à leurs habitus, ce qui provoque des comportements qui finalement confortent les hiérarchies. Je pose que les femmes ne savent pas conduire, ce qui accroît la pression sur la femme, laquelle finit par mal conduire de ce fait et conforte le postulat de départ.

 

Autant que je me souvienne Tonton Pierre n'a jamais trouvé de solution à ça (je me souviens d'un de ses derniers cours au collège de France où il parlait d'une libération par le savoir à la manière stoïcienne : savoir qu'on est conditionné serait la principale liberté qui puisse être conquise), ce qui fait que beaucoup de gens de droite finisse par apprécier le boudieusisme (le disait une enseignante lyonnaise).

 

Sur mes terres de mission dans des zones défavorisées de banlieue, je découvre ces cercles diaboliques un peu partout, et un peu tout le temps. Plus les gens veulent montrer qu'ils ne sont pas aussi nuls que la doxa dominante le laisserait croise et plus ils se tirent des balles dans le pied (comme cette conductrice qui stresse le jour du permis), en choisissant les mauvaises voies pour prouver leur valeur.

 

Un universitaire bourdieusien n'y trouvera rien à redire puisque cela conforte ses hypothèses, et lui permet d'asseoir son autorité académique (à ses propres yeux à tout le moins). Mais quelqu'un qui voudrait agir politiquement pour l'avenir de son pays, au bout d'un moment tirera des conclusions. Il se demandera si cela vaut le coup de passer toute sa vie à vouloir provoquer du "socialisme par en bas", et s'il ne vaut pas mieux revenir au bon vieux principe platonicien de la coalition des philosophes-rois pour mener le troupeau politique (avec bien sûr des nuances de concertation, d'écoute et de maïeutique avec lesdites masses).

 

A part cela mes interrogations du jour : Pourquoi est-ce que Fidel Castro s'obstine à vouloir nous pronostiquer une guerre irano-états-unienne pour cet été ? Est-ce une lubie de vieux monsieur ou a-t-il un intérêt politique à jouer les Cassandre ? Car après tout, même s'il a raison, il pourrait le garder pour lui. Chacun sait que ses articles ne changeront rien, et ne feront pas descendre, à eux seuls, le peuple étatsunien devant les grilles de la Maison blanche. Et s'il a tort, on jugera plutôt déplacée sa prétention a lire dans le marc de café. En tout cas les idolâtro-gauchistes font circuler abondamment ses textes sur le Net. Toujours ce besoin insensé de se trouver des prophètes.

 

Autre question : Mao, pourquoi, comment ? Je lis un vieux bouquin, témoignage d'un journaliste français à Pékin dans les années 50. La période de la création des communes populaires, de la "folie de l'acier" etc. Etonnant comme un groupe d'aventuriers, à un moment donné, ont cru avoir les pleins pouvoirs sur des peuples, en Russie, en Chine. Avec l'assentiment desdits peuples qui, au passage, y trouvaient l'avantage d'un meilleur accès à l'éducation, à la médecine, dans un contexte de foi dans le Progrès dont le marxisme-léninisme n'était qu'un des noms possibles.

 

La notion de "totalitarisme" autour de cette frénésie du progrès qui laminait des millions de gens sur son passage ne me paraît pas pertinente. Les communistes ont raison d'objecter que l'ordre ancien que connaissait ces peuples, qui soumettait le paysan au bon vouloir de son seigneur, était tout aussi violent et sanguinaire, sinon plus, vu qu'il ne débouchait sur aucune perspective existentielle intéressante pour ledit paysan ni pour ses enfants.

 

Pour ma part, le totalitarisme, je le vois dans l'ensemble de la condition humaine : dans ce ressort foncièrement social qui travaille l'animalité humaine comme chez les fourmis. Vous vous souvenez de cette remarque de Patrick Pharo dans "Sociologie de la morale" qui disait que, quand je croise ma voisine dans l'escalier, je ne me dis pas que c'est une vieille primate aux poils blancs, mais que d'emblée je me dis "c'est Mme Dupont, je vais lui dire bonjour". Voilà : le totalitarisme humain est là-dedans : dans cette impossibilité où se trouve, sous peine de se nier lui-même, tout individu de voir en autrui un primate, et l'obligation qui lui incombe de se penser comme une personne saisie dans une série de liens et de rapports de jeu avec d'autres personnes. Toute cette comédie sociale de l'empathie, de la haine, du respect, du mépris, de la jalousie, de la générosité, de l'égoïsme, des coalitions, de l'approbation et du refus, des projets qu'on monte ensemble ou qu'on abandonne, tout ce jeu social auquel l'individu ne peut pas éviter de participer sous peine de devenir fou et de mourir. Voilà, me semble-t-il, ce qu'il y a d'irrémédiablement totalitaire dans notre condition, comme dans celle des abeilles ou des chympanzés (à ceci près que ces animaux, n'ont pas la possibilité d'avoir un regard théorique critique sur l'absurdité de leur sociabilité).

 

 

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Mélenchon et les Balkans

12 Juillet 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Mélenchon garde un oeil stratégique quand il parle des Balkans, cela mérite d'être soouligné et salué extrait de son blog :

 

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"Jeudi, arrivait en plénière un texte sur l’intégration du Kosovo à l’Union européenne. Argument avancé par la rapporteur, Madame Lunacek des Verts : on ne peut pas discriminer les kosovars alors qu’on négocie avec les autres pays des Balkans. Mais le problème est précisément que le Kosovo n’a pas été reconnu comme étant un Etat par 5 pays  membres de l’UE : l’Espagne, la Grèce, Chypre, la Slovaquie et la Roumanie ! Les Etats-Unis ont été le principal soutien et instigateur de l’indépendance du Kosovo. Il s’agissait de punir la Serbie et de récompenser les larbins au pouvoir en Albanie. Tout ce que le monde compte de zélés atlantistes s’est retrouvé pour reconnaitre cet état croupion. Parmi ces derniers,  le Président Sarkozy, qui a été parmi les premiers à reconnaître le Kosovo et  le FMI de Dominique Strauss Kahn qui a intégré le Kosovo en Mai 2009. Les Etats-Unis ont installé une de leurs plus grandes bases militaires au Kosovo en 1999. Il s’agit de camp Bondsteel, le « Guantanamo miniature » des Etats-Unis, maintes fois dénoncé pour actes de torture. C’est tout cela qui est en jeu avec l'intégration du Kosovo dans l'UE ! En particulier c'est donc admettre la présence sur le territoire européen d'une des plus grandes bases militaires des Etats-Unis dans le monde! Et pourquoi ces braves amis de la liberté sont-ils là ? Ils assurent la sécurité du projet de pipeline Trans-Balkans AMBO qui doit faire le lien avec les pipelines transportant le gaz et le pétrole de la Mer Noire et du Bassin de la Mer Caspienne. La Serbie, jugée trop proche de la Russie, pouvait mettre en danger la construction de ce pipe-line stratégique. Ce sont des entreprises comme Halliburton, grassement financées par les Etats-Unis, qui construisent ce pipe-line. Et voyez comme le hasard est finaud lui aussi : la base militaire de camp Bondsteel est située à deux pas des chantiers de construction. De tout cela personne ne parle. On entend juste les habituels couplets enchantés sur l’Europe qui protège et les peuples qui gémissent du désir de venir y jouir de ses bienfaits. Pas question pour moi d’accepter l’adhésion de ce qui demeure pour la majeure partie des pays du monde, dont rien de moins que la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil  et l’ONU elle-même, une province de Serbie. Ça n’a pas empêché 455 eurodéputés de se prononcer en faveur de ce rapport provocateur contre 155 et 28 abstentions. Les élus du MODEM, du PS et d’Europe Ecologie ont tous voté pour avec les autres atlantistes du parlement ! Irresponsable et affligeant !  "

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Les Pinçon et l'affaire Woerth-Bettencourt

11 Juillet 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Les Pinçon sont connus depuis longtemps dans le milieu des sociologues pour leurs études sur la grande bourgeoisie (les autres sociologues d'habitude, populistes et paternalistes, préfèrent étudier le petit peuple qu'ils dominent). Leur contribution au débat sur l'affaire Woerth-Bettencourt me paraît intéressante. On peut la lire ici.

 

Leur analyse de la solidarité de classe sonne juste. J'aime bien aussi leur remarque sur le style "janséniste" de Woerth. Cela m'aidera peut-être à comprendre l'histoire de ce courant idéologique au sein de l'aristocratie française qu'on a précisément nommé le jansénisme et dont la raison d'être à mes yeux reste largement mystérieuse. Peut-être le jansénisme fut-il à la noblesse française ce que le stoïcisme fut à l'aristocratie romaine. Mais pourquoi ces éthiques de la sobriété (apparente) s'imposent-elles seulement quand l'hégémonie de l'aristocratie est contestée (elle le fut beaucoup par la bourgeoisie sous Louis XIV et après) ?

 

strausskahn.jpgBon peut-on prévoir après Sarkozy l'arrivée au pouvoir d'un grand bourgeois janséniste ? ou d'un moyen bourgeois "décomplexé" ? d'une "gauche Marrakech bling-bling" ?

Pas très important, me direz-vous, vu que c'est l'Union européenne qui gouverne : elle vient de condamner le gouvernement à enterrer son plan de relance, et au 3 % de déficit public.... Roosevelt relève toi, ils sont devenus fous !

 

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