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Le blog de Frédéric Delorca

Ennui sous la pluie

8 Septembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

J'ouvre dans ma bibliothèque quelques livres au hasard, Genet, Gary, Péguy, Deleuze, Zizek, Rancière, je lis quelques lignes, je referme. Le volume de tout ce qui fut écrit et bien écrit donne un peu le tournis. Et cependant quelque chose suggère que ce n'est plus d'actualité, que ce n'est plus ce dont notre époque a besoin. Flâner en lisant les grands auteurs passait pourtant pour la forme suprême du raffinement, le but le plus élevé de l'existence, il y a quelques décennies.

 mon-bureau.jpg

Aujourd'hui les gens tuent l'ennui différemment, semble-t-il. J'en vois beaucoup venir quatre fois, dix fois par jour sur Facebook, pêcher une vidéo, un bon mot, rechercher désespérément quelqu'un auprès de qui exister, un peu comme ces gens dans le métro qui ont le nez rivé sur l'écran de leur téléphone portable. Ce tourbillon du vide fait peur.

 

J'aimerais aujourd'hui consacrer plus de temps à la construction d'un mouvement politique qui relie les gens pratiquement (et pas par écran interposé) et qui les structure, qui les éduque. Cela se fera peut-être progressivement. Déjà je travaille à fédérer des initiatives politiques de ci de là. Je n'en parle pas ici, mais cela avance un petit peu quand même. J'ai dit déjà dans 10 ans sur la planète résistante combien il est dur et pourtant intéressant de rapprocher des gens qui négligent leurs convergences potentielles et dont cependant l'alliance peut changer le cours de l'Histoire.

 

P1010723.jpgNe me cherchez pas à la Fête de l'Humanité cette année, je n'y serai pas. L'année prochaine peut-être. La revue que j'appelle Le mensuel de gauche continue de me boycotter après avoir laissé entendre à mon éditeur qu'il dirait un mot sur mon livre Abkhazie. Voilà qui n'a pas grande importance : du temps où ils faisaient des recensions de mes livres - à vrai dire c'est arrivé une fois, en 2004 - cela ne m'a rapporté aucun lecteur. Prochainement je vous raconterai quel est le minable petit bureaucrate du journaliste qui, dans cette revue, me calomnie régulièrement et bloque les recensions sur mes livres. Un type pas glorieux du tout. Il faudra quand même que j'en parle un peu, c'est utile à la compréhension du fonctionnement de l'intelligentsia parisienne.

 

Bon allez, assez de bavardages pour le moment. Ce soir, je reprends un train pour la région parisienne.

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Le divorce belge

8 Septembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Quelques mots que je viens d'entendre sur la mort annoncée de la sympathique Belgique :

 

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Mobilisations syndicales, perspectives électorales et fait divers

8 Septembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Bonne mobilisation des salariés pour les retraites hier, il faut s'en réjouir. Les syndicats parviendront-ils à transformer l'essai ?

 jeu_dames.jpg

Il faut le souhaiter car c'est encore dans la rue que le peuple peut le mieux se faire entendre. Aux prochaines élections présidentielles en revanche, toutes choses égales par ailleurs, s'il n' y a pas de grand changement d'ici là, le système euratlantiste néo-libéral sera bien verrouillé Ses adversaires (en incluant ceux qui se feraont passer pour es adversaires ou ses réformateurs) se présenteront sous le signe de la division et de la disper sion : une extrême gauche à 3 ou 4 candidats (POI, LCR, Front de gauche + un ou eux autres) marginalisée par les Verts, le mouvement gaulliste divisé entre Villepin, Dupont Aignan, peut-être Asselineau s'il gagne ses 500 signatures, et peut-être une candidature Chevènement.

 

Chacun aura entre 0 et 4 %, pas de quoi enthousiasmer les militants.

 

A propos d'élections, les européistes ont échoué à faire passer leur réforme constitutionnelle en Moldavie. Décidément les marches de l'Empire sont difficiles à stabiliser.

 

A part ça, les hasards de la navigation sur Internet me font tomber sur le dossier d'une dame du Bourget, instigatrice d'un très condamnable "apéro" à la Goutte d'or, et dont la situation personnelle est en train de devenir un cheval de bataille d'une partie de la droite dure (son dossier est sur son blog, notamment des vidéos). Le maire "Nouveau centre" de cette petite ville apporte une réponse qui paraît assez raisonnable. Difficile de faire le tri du vrai du faux dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres. Je pense quand même que cette affaire pose la question de l'affichage de revues X dans les devantures de points de presse, car celui-ci (sur lequel les propriétaires des boutiques n'ont pas de pouvoir) semble avoir contribué beaucoup, au tout début de l'affaire, aux tensions qui opposent cette libraire aux gens de son quartier.

 

La droite impérialiste est toujours friande de ce genre de fait divers pour agiter le fantasme de l' "islamisation" de la France. Tout cela est vraiment triste, et appelle une réaction civique de chacun pour inciter nos compatriotes de culture musulmane à prendre place dans le débat public, à créer des associations, des partis politiques, qui leur permettront d'imposer à ces identatiratistes frileux l'image d'une République qui intègre en son sein la composante venue du Sud, une République qui cesse de se penser implicitement comme blanche et judéo-chrétienne.

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Julien Gracq

6 Septembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #1950-75 : Auteurs et personnalités

juillet-2006-099.jpgIl y a quelque chose de très dur, et même de vertigineux, à lire Julien Gracq aujourd'hui, c'est à dire à lire quelqu'un qui maîtrise son art, et qui est tout entier à son art, qui a inventé son langage et qui, de ce fait, s'offre le luxe d'un dialogue ininterrompu avec les plus grands, sur le mode du tutoiement. Au début il ennuie. A la longue il captive, qu'il parle des ouvrières au carnaval de Nantes ou de la mytomanie de Malraux. Voilà un homme qui n'a pas besoin d'aller faire le clown devant les caméras pour exister, ni de céder quoi que ce soit à son époque. Je note qu'il identifie un âge du tiers-monde dans la littérature, comme Stove remarquait un "âge du jazz" dans la philosophie. Il y a matière à tant de réfléxion autour de tout cela.

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L'Union européenne et les retraites

5 Septembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Une fois n'est pas coutume, je reprend in extenso la prose de M. Mélenchon qui, sur son blog, dit ce qu'il faut dire ur le sujet (sans toutefois, encore une fois, oser prôner la sortie de l'Union européenne qui est pourtant la seule solution au problème) :

 europe.png

"Il va être question de retraite et tout est déjà dit entre nous sur le sujet. J’y ajoute  cependant un mot pour vous donner des nouvelles de cette « Europe qui protège » et se soucie donc de vos retraites comme la vraie providence qu’elle est.  Son intérêt prend la forme d’un Livre vert paru au début de l’été, le 7 juillet, à l’initiative de la Commission européenne : Vers des systèmes de retraite adéquats, viables et sûrs en Europe. Vert, le livre ?  On va voir si c’est la bonne couleur.  Mais sur ce thème, qu’est-ce qui peut  bien  motiver notre chère protectrice ? De nobles passions comme toujours. Son intérêt amandin pour la vie des gens ?  Jugez plutôt l’objectif :  « la levée des obstacles qui entravent l’achèvement du marché unique, ce qui peut se faire par exemple en rendant le marché intérieur des produits financiers plus sûrs et mieux intégré et en facilitant la mobilité de tous les travailleurs ». Doux et délicat. Sans oublier le parler faux-cul si typique de la maison: « L’objectif (…) en matière de taux d’emploi (75 %) nécessite d’atteindre des taux d’emploi nettement plus élevés qu’actuellement dans la population âgée de 55 à 65 ans. »  Traduction : tout le monde doit travailler au moins jusqu’à soixante-cinq ans.  C’est écrit mais ce n’est pas dit. Telle est la novlangue des eurocrates.

 

Il existe une synthèse écrite de ces deux aspects fondamentalement bienveillants que sont l’achèvement du marché unique pour les produits financiers et l’allongement de la durée du travail jusqu'à 65 ans. Elle est même brillamment associée à l’art de se moquer du monde en prétendant que c’est pour leur bien si cette politique inhumaine est promue. Elle  se trouve dans le texte de ce bon monsieur Barroso, ci-devant monte-charge de l’Europe libérale, dans la présentation de ses  « orientations politiques » le 3 septembre 2009. Lisons ce beau morceau : « Des millions d’Européens n’ont pas d’autre revenu que leur pension de retraite. La crise a montré l’importance de l’approche européenne en matière de régimes de retraites. Elle a démontré l’interdépendance des différents piliers des régimes de retraite au sein de chaque Etat membre et l’importance d’approches communes au niveau de l’UE en matière de solvabilité et d’adéquation sociale. Elle a mis en évidence que les fonds de pension étaient un élément important du système financier ». Et voilà le travail ! Un ami à qui je parlais de tout cela pour solliciter de lui une expertise approfondie de ce « livre vert » a commencé par me dire « ça n’ira pas bien loin car les retraites ne sont pas de la compétence européenne ». C’est un naïf, et je le lui ai dit. Tout peu devenir de compétence européenne dès lors qu’il y a un peu d’argent à prendre. Ici, la prose de Barroso illustre la méthode. Puisque les fonds de pensions existent et qu’ils impliquent les retraites et que les retraites doivent pouvoir bénéficier de la concurrence libre et non faussée, abracadabra, le sujet est de compétence européenne. Lisez : « Au niveau de l’UE, les systèmes nationaux de retraite sont soutenus par un cadre d’action allant de la coordination politique à la réglementation. Certains thèmes communs doivent être en effet traités de manière coordonnée ; c’est le cas, par exemple, du fonctionnement du marché intérieur, des exigences résultant du Pacte de stabilité et de croissance, ainsi que des réformes des retraites, qui doivent être cohérentes avec la stratégie «Europe 2020». Vu ? C’est ça l’Europe libérale.  Il ne peut venir que du mal de cette Europe, tenez-vous le pour dit.

 

Bon maintenant vous brûlez de connaitre les trouvailles européennes en matière de prescriptions sur les retraites. J’avoue que j’ai été bluffé ! C’est tellement neuf ! Tellement imaginatif ! On voit que quand le monde change les modernes savent se renouveler pendant que les archaïques ne font que répéter les formules du passé qui ne marchent pas.  Faisons donc un résumé de ces propositions. D’abord « l’allongement de l’âge effectif de départ à la retraite » ! Waouh ! Ensuite « la réduction des dépenses publiques » ; enfin du neuf.  Et aussi, je n’en crois pas mes yeux, « le développement et renforcement des capacités des régimes par capitalisation ». Enfin, le développement des régimes complémentaires et d’une offre assurantielle individuelle pour les travailleurs. Emotion. Instauration d’un régime de retraite privé à l’échelle des Vingt-sept  coexistant avec les systèmes nationaux sous la rubrique « consolidation du marché des retraites ». N’oublions pas la pieuse référence au renforcement de l’efficacité de la réglementation des marchés financiers mais seulement «compte tenu du rôle croissant des fonds de pension». Et pour le cas où il y aurait doute sur la volonté de se mêler de ce qui ne le regarde pas, le « livre vert » prône une « amélioration de la gouvernance des retraites » à l’échelle de l’Union Européenne. Qu’est ce à dire ?   D’abord une riche trouvaille : l’établissement d’une comparabilité des statistiques, notamment sur les fonds de pension. Flanqué d’une inquiétante mise en place : celle d’une plateforme commune de suivi des politiques de retraites. Où vont-is chercher tout ça? Je suis sur que le FMI est d’accord."

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L'oubli des singularités

4 Septembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Toute la philosophie existentialiste jusqu'à Heidegger et au delà le dit et le répète : les sciences (y compris sur le mode pseudo-scientifique des sciences humaines) scindent (étymologie commune avec sciences selon Benveniste) le réel et en retranche le sujet lui-même isolé dans une abstraction. Une tournure d'esprit qui a envahi la politique, et par contagion le regard de tout un chacun sur autrui. On raisonne in abstracto, on se situe par rapport à ce que l'on croit être des moyennes statistiques, des règles, des histoires sur la longue durée. Tenez même la TV apprend aux dames qui se croient trop rondes à relativiser leur détresse en se replaçant dans des échelles de comparaison statistiques. Tous ces découpages pour resituer les réalités "par en haut", du point de vue du "on", comme disait justement Heidegger, nous fait perdre de vue la singularité de l'ici et maintenant, du fait qu'il y existe une multitude d'agencements qui ne se renouvellent jamais.

 

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Plus les gens apprennent à traiter abstraitement et scientifiquement ou pseudo-scientifiquement leur vie, plus l'on ne peut retrouver d'ancrage dans la singularité que de façon très ponctuelle, voire de plus en plus rarement, sous peine d'être en décalage complet par rapport à son époque.

 

On comprend bien quelle nécessité presque épique soustend cette scientifisation du regard et ce sacrifice massif des individualités. On voit bien que dans une société où l'on gagne des mois d'espérance de vie grâce à la science chaque année, et fait progresser la technologie à grand pas, un consensus s'établisse sur l'idée que le sacrifice des singularités en vaut bien la chandelle (comme en d'autre temps les progrès objectifs qu'apportait le communisme en Russie et en Chine en poussait plus d'un à sacrifier le singulier pour continuer de faire avancer la machine). Et l'on sait ce qu'il y aurait de puéril à passer toute sa vie dans la contemplation des instants ou des individus "singuliers" et de leur irrémédiable anéantissement.

 

Certains comme Arnsperger ne seraient pas loin de penser que la causalité est même inverse : ce n'est pas le progrès des techno-sciences dans un contexte d'accumulation capitaliste qui nous fait sacrifier les singularités, mais le besoin de sacrifier une singularité trop angoissante (celle du devenir et de la mort) qui nous fait fuir dans la "scientifisation" de nos vies et de nos rapports à autrui.

 

Hier en lisant dans Wikipedia la biographie d'un de mes camarades de grandes écoles, j'ai découvert qu'il était veuf. J'avais perdu son contact pendant des années, et pourtant j'avais assisté à son mariage et connaissais un peu sa femme. Il est étrange d'apprendre par Wikipedia le décès d'une personne qu'on a connu. Surtout quand on n'a "que" 40 ans. J'ai réalisé que dans l'horizon des gens que j'ai connus et qui avaient à peu près mon âge il y a en a deux (y compris l'épouse de ce camarade) et deux seulement qui sont à l'état de cadavre alors que moi je vis encore. Deux qui ne se sont pas vu accorder la "chance" de vivre la fin de années 2000, de poursuivre leur route. Ca fait partie des configurations singulières, étranges, des sources de stupeur de l'existence. Ca ne se laisse saisir par aucune statistique. Aucune "neutralisation" scientifique ou pseudo-scientifique, aucune généralisation ne peut venir à bout de cette singularité, pas plus que de la singularité de l'instant que je passais ce matin à regarder passer des trains avec mon petit garçon de deux ans. Seule l'émotion peut être en phase avec ces singularités-là. Et cependant on pressent bien qu'il y a par ailleurs une aventure humaine plus générale dont le mouvement nous arrache à tout cela, pour nous porter au delà.

 

L'équilibre n'est pas facile entre les singularités et ce mouvement humain général qui avance sur la vague scientifique ou crypto-scientifique.

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Ex nihilo

3 Septembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Je lis dans le journal aujourd'hui (Le Monde) :

 

galaxy-copie-1.jpg"L'astrophysicien britannique Stephen Hawking affirme que l'Univers n'a pas eu besoin de Dieu pour être créé. Dans son nouveau livre, The Grand Design, Stephen Hawking souligne qu'en comprenant une série complexe de théories physiques, la création de l'Univers s'expliquera. Des extraits de cet ouvrage, écrit avec le physicien américain Leonard Mlodinow, ont été publiés jeudi dans le Times.

 

"Il n'est pas nécessaire d'invoquer Dieu (...). L'Univers peut et s'est créé** lui-même à partir de rien, selon Stephen Hawking. La création spontanée est la raison pour laquelle il y a quelque chose plutôt que rien, la raison pour laquelle l'Univers existe et nous existons." "

 

** traduction maladroite de "can and has created"

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L'Empire n'a pas de scrupules

3 Septembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les Stazinis

Je suis toujours frappé par l'absence complète de scrupule des stratèges occidentaux lorsqu'il s'agit d'aller provoquer des guerres.

 

Un exemple : aujourd'hui je lis sur Internet que les Etats-Unis cherchent à établir une alliance stratégique avec le Vietnam dans leur stratégie d'encerclement de la Chine... Oubliés les 2 millions de morts des années 60, l'Oncle Sam revient à Saïgon (Ho Chi Minh Ville) !

 

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Dans la même veine, un chercheur américain lié à la CIA, Paul Goble, conseille aux USA et à la Géorgie de reconnaître l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud pour déstabiliser le Nord du Caucase !

 

Vraiment tous les coups sont permis. Au même moment on apprend, évidemment, que nos vedettes médiatiques ne valent rien : que Sarah Palin ne sait pas que Margaret Thatcher a existé (ou ne le savait pas jusqu'à très récemment), et que M. Tony Blair, qui n'a pas un mot de regret pour les centaines de milliers d'Irakiens mort du fait de sa décision de faire la guerre en 2003 souhaite que les Occidentaux attaquent l'Iran. Qui dira après cela que nous sommes gouvernés par des gens raisonnables ?

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