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Le blog de Frédéric Delorca

Sterben und Sterben

16 Décembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Une réaction à mon article sur la vie et la mort :

 

"J'ai lu ton texte il y a une semaine sans trouver le temps d'y répondre. Il m'a habitée cependant plusieurs jours car, comme je te l'ai déjà dit , je fais partie d'un groupe de travail sur l'accompagnement de fin de vie et j'accompagne un monsieur en fin de vie depuis un an...et oui! mourir ça peut prendre du temps...ce que tu m'as écrit m'a donc laissée pensive...


La mort n'a rien de silencieux. Du moins, si on se contente de la regarder en adoptant une posture de retrait...Que l'on soit "valide" ou handicapé mentalement, comme le sont les gens que j'accompagne, la mort réveille des angoisses. Quand vient le soir notamment. Il n'est pas rare, (en fait on le fait systématiquement) que l'on allume une veilleuse pour la nuit afin d'apaiser la personne.

Les angoisses peuvent amener la personne en fin de vie à gémir toute la journée...;si bien que cette musique lancinante berce et rythme tout le pavillon sans discontinuer...souffrance réelle? souffrance de l'âme? Il y a fort à parier que l'on se place sur les deux plans. Certes les morphiniques agissent aujourd'hui de manière efficace et l'on parvient à bien les doser. Idem pour les anxiolitiques qui permettent de calmer les fameuses angoisses...mais lorsque le corps est devenu décharné au point de ressembler aux fantômes sortant des camps de concentration à la fin de la guerre...on se dit que l'on est trahi par une part de soi...le corps n'est plus que peau reposant sur un squelette. Les escarres font leur apparition et la douleur vous ramène à la vie....mais quelle vie?

Je lisais hier un poème d'Emily Dickinson où elle disait qu'elle aimait le regard d'un mourant car il n'y a rien de plus vrai que ce regard...cette morbidité n'est pas à mon goût....trop "extrémiste" ...le regard d'un mourant est difficilement soutenable . Pour ma part, mon application à faire les soins d'urgence qui s'imposaent m'a permis de le soutenir, mais sans ce contexte, je ne sais pas si j'y serais parvenue...

Une personne qui meurt en s'étouffant ou en manquant d'air, ça n'a rien de silencieux... Une personne qui souffre...ça n'a rien de silencieux....

La seule 'belle mort" est celle qui vient te prendre dans ton sommeil?...et encore...est -on sûr qu'à l'instant fatidique la paisibilité demeure?...

Alors la mort est-elle silencieuse? Pas celle que j'ai pu accompagner...Pas celle de ceux que je vois errer dans les rues  (et crois moi, jeunes, vieux, ils sont de plus en plus en plus nombreux) Pas celle de ceux qui meurent de froid dans la rue car avant de s'eteindre, ils auront maintes hululé sous nos fenêtres ou insulter les passants...parce que vivre dehors ce n'est rien d'autre que vivre en surcis. C'est sans cesse se demander comment on va manger, où on va dormir, comment on va gagner 4 sous. C'est abandonner une part de sa dignité en faisant ses besoins entre deux voitures ou dans des buissons. C'est à devenir fou...beaucoup le sont d'ailleurs! Mais ne faut-il pas au moins cela pour pouvoir tenir?

Comme le dit un des médecins en soins palliatifs avec qui nous travaillons en collaboration: "mourir est une épreuve"...comme si la vie ne nous en avait pas offert d'autres avant....

Je te livre ma pensée un peu pêle-mêle...mais ce qu'il faut en retenir je crois, c'est que pour moi la mort n'est pas silencieuse si peu que l'on tend l'oreille..."

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Régionalismes, particularismes, "nos ancêtres les Gaulois"

14 Décembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Difficile de décrire ce qu'est une colonisation culturelle quand le peuple colonisé est bien nourri, n'a pas subi de vol de terres, bref, vit en apparence plutôt bien.Je pense à la colonisation de la France du Sud.

 

On vous dit "Tout cela n'existe pas. Ou alors tout le monde est acculturé : nos banlieues où personne ne se souvient de l'histoire des lieux sont acculturées, toute la France est acculturée par la culture Mac Do, le monde est acculturé etc".

 

Difficile d'expliquer qu'il y a un problème spécifique au Sud de la France.

 

Je l'ai déjà écrit sur ce blog : je vois dans ma région beaucoup (le Béarn) de signes du colonialisme culturel comme  l'enfermement des gens dans la culture du sport et de la bonne bouffe, la  conviction qu'ils ont tous que le savoir est illégitime, qu'ils sont hors de  l'histoire etc.

 

drapeau-b-arn.png

Ca se combine avec des phénomènes sociologiques - fuite des élites, désindustrialisation etc on ne se demande jamais pourquoi la France du Nord est si féconde en ce moment  (pas seulement ses immigrés, les normands, les franciliens de souche etc) et pas celle du sud - c'est à étudier (même si je suis loin de soutenir que dénatalité et crise de la culture vont nécessairement de pair, mais dans un pays où la protection sociale et le statut de la femme sont les mêmes du nord au sud on peut se poser des questions).

L'acculturation des banlieues est un peu différente de celle du sud. Dans le sud c'est la désertification, dans les banlieues ce sont les déplacements de population. L'acculturation par le capitalisme globalisé est une autre dimension qui se surajoute au reste.

 

L'acculturation des banlieues fait l'objet d'une attention politique et médiatique plus soutenue du fait qu'elle concerne une population jeune, active, et qu'elle touche en partie aux relations internationales.

 

Celle de banlieue et celle du sud ont en commun un rapport avec une spoliation historique.

 

Au fond de tout cela il y a un vide qui n'est pas seulement lié à l'affaiblissement de l'Etat central. C'est un vide lié à la colonisation, exactement comme celui que décrit Naipaul quand il parle des Indiens et des Noirs des Caraïbes. On a détruit les institutions de la France du Sud (pour ne prendre que cet exemple), pendant deux siècles, mais nous savons bien, nous sentons bien, que la culture française "universelle" qu'on a voulu imposer à la place venait recouvrir une destruction.

 

Bourdieu qui n'aimait pas les régionalismes a écrit quelque part qu'une culture française du sud s'est créée (au 19ème siècle) en lieu et place de la culture occitane détruite, et que cette culture, avec son accent spécifique, est tout autant méprisée par la France du Nord que l'était la culture occitane disons juste après l'annexion du Languedoc.

 

On peut reprocher à la culture dominante de ne toujours pas "réparer" l'injustice, en n'intégrant pas "sérieusement" à son point de vue l'histoire telle que la perçoit le sud de la France, et en se bornant à folkloriser sa culture.

 

A l'inverse, on peut reprocher aux régionalismes beaucoup d'erreurs : leur foi en l'Union européenne (qui en fait les instruments objectifs de l'impérialisme étatsuniens, heureusement certains groupes sont de plus en plus ouvertement anti-OTAN, et bientôt j'espère anti-europe comme Libertat), la construction d'artifices comme l'occitanisme, et, au sein de cette construction, la création de nouveaux mythes potentiellement ravageurs.

 

vrcg-copie-1.jpg

"Mes ancêtres n'étaient pas les Gaulois mais les Aquitains" me disait un ami béarnais il y a peu. Moi aussi je disais cela il y a dix ans, mais c'est là un nouveau mythe qu'il faut dénoncer. Car à y regarder d'un peu plus près l'affaire est plus complexe qu'il n'y paraît.

 

Le patriotisme français empreint de nationalisme universitaire nous a imposé des simplifications outrancières comme "nos ancêtres les gaulois". Les réponses apportées à cet excès sont tout aussi fausses.

Les régionalistes basques veulent imposer aux Gascons un "nos ancêtres les protobasques" (cf le Que-sais-je "les basques") sur la base d'une toponymie douteuse qui assimile au basque des noms qui peuvent être ibères

Les occitanistes gascons défendent un "nos ancêtres les aquitains" qui est tout aussi faux.

Oui, César a écrit qu'au delà de la Garonne il combattait les Aquitains et pas les Gaulois. Mais quand on sait ce qu'était la géographie en son temps (cf la carte romaine des Gaules reconstituée par Goudineau), ce témoignage n'a pas en soi une valeur probante (pas plus que sa décision de fixer au Rhin les limites de la Gaule)

Ce qui est sûr c'est qu'en effet l'Aquitaine était une terre plus "mêlée" de la future Gaule "celtique" (les romains diront aussi la gaule lyonnaise), ce qui peut justifier qu'on la distingue du reste de la Gaule - comme on distingue la
Galilée, autre terre de sangs mêlés (et à vrai dire, surtout de cultures mêlées), de la Judée.

De ce point de vue là l'Aquitaine était comme l'Espagne du Nord (la Cantabrie disaient les Romains), avec ses "celtibères" (encore une invention académique un peu arbitraire).

Mais n'oublions pas qu'il y avait beaucoup de Gaulois (mot latin), de Celtes (mot grec strictement synonyme) en Aquitaine ! Burdigala (Bordeaux) est une ville celte. Turba (Tarbes) est un mot celte (même si Iluro - Oloron - et Elimberrum - Auch - sont plus ibériques ou protobasques). Le principal peuple d'Aquitaine, les Tarbelles dont le grand oppidum était Dax (Aquae tarbellicae) mais qui couvrait aussi le nord du Béarn, était un peuple gaulois,
celte (comme étaient gaulois et celtes tout le nord de l'Italie, une partie des Balkans, et le centre de l'Anatolie...). Il y avait donc beaucoup de gaulois (de celte) dans l' "identité" aquitaine, même si ce n'est pas au sens "nationaliste français" du terme. Toutes ces questions demandent beaucoup de finesse et de prudence. Mais le manichéisme objectif de l'action politique et les (auto-)censures auxquelles condamnent les structures de domination dans la société ouvrent difficilement la voie aux nuances et à la complexité.

 

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NB : j'aborde un peu tout ça, sur le ton de la comédie, dans mon roman "La révolution des montagnes"

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L'Algérie et nous

14 Décembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Voici une vidéo comme il en circule quelques unes sur Internet. Je ne suis pas d'accord avec ce qui est dit sur la volonté de Charles X d'acheter son électorat (même si c'est vrai - c'est une thèse de Péan - ça me paraît anecdotique). Ce dont tout le monde devrait se souvenir, c'est que l'invasion de l'Algérie par la France (et ça Wikipédia l'explique très bien) est liée au fait que l'administrateur turc d'Alger fut le seul à reconnaître la République française en 1793, à lui fournir du blé et lui prêter de l'argent. Cette générosité fut à l'origine d'un litige entre Alger et la Restauration monarchique sur le remboursement de la dette (litige auquel est directement lié l'affaire de l'éventail). Ainsi Alger comme Saint Domingue ont payé lourdement sous Charles X leur enthousiasme pour la Révolution française.

 

Pour faire bonne mesure, après cette vidéo, je colle le témoignage de Mme K sur la guerre d'Algérie. Un de ces témoignages qu'il est difficile d'écrire, et pour lesquels il n'y a guère d'espace dans le monde actuel (alors que Mme Le Pen, elle, a tout l'espace qu'elle veut). Mme K n'a trouvé l'occasion de l'écrire que dans le cadre d'une de ces festivités théatrales cathartiques qu'on organise parfois en banlieue (mais qu'on organisera de moins en moins maintenant que l'Etat assèche les budgets des collectivités locales). Un témoignage qui doit nous faire respecter les couleurs du drapeau algérien, comme celles du drapeau de la Palestine et celui de la Révolution française. Des drapeaux qui ont flotté pour s'insurger contre le mépris et réparer des spoliations.

 



"Moi,
je me souviens :
-fusillade, morts, sang, cris….
- chars
- retenue à l’école….

Je me souviens :
- des pas des soldats, du chocolat donné par ces mêmes soldats
- ces soldats qui nous ordonnent de sortir de nos maisons,
- fusils et baïonnettes pointés en notre direction….

Je me souviens de la terreur qui se lit sur les visages de nos proches…
Je me souviens du pan de la robe de ma mère avec lequel je me cachais
Les pleurs de ma sœur..

Je me souviens de nos regards apeurés, innocents, ne sachant ce qui nous attend..
Je me souviens des bousculades, on nous rassemble, femmes, hommes, enfants , vieux, bébés sur un terrain vague près de l’hôpital de Nédroma, ma ville natale…
Il fait chaud, très chaud, les bébés pleurent, on a soif, on a faim, on est parqué en plein soleil pendant des heures et des heures…
Il y a un monde fou, on attend quoi ?? Un hélicoptère, le général de gaulle ??

Je me rappelle des coups de feu, une bombe….Les gens courent, se piétinent, pleurent crient…

Ma mère nous saisit par la main et nous crie, ne regardez pas, courrez, courrez….

La mère pleure, son père et son frère (âgé de 16 ans) sont en prison, le grand frère tué par les soldats français, la mort dans la famille se succède…. Un oncle, un cousin, un frère, un neveu…

Je me souviens des hommes voilés (haïk) comme des femmes qui venaient souvent à la maison, j’entends souvent « Moudjahidines » .

Je n’oublie pas la détresse, le désespoir , la tristesse et l’impuissance de ma mère devant l’arrestation de mon père qui s’était caché sur la terrasse et que les soldats l’ont fait sortir avec des coups de pied et baïonnette pointé sur le dos tout en lui disant, la main sur la tête et lui crie avance…. Avance…plus vite que ça…

Je me souviens jouer avec mes petites voisines: Rachida, Farida , à la poupée en chiffon que je fabriquais avec 2 bâtons de bambou , de la laine de couleur pour les cheveux et du coton pour le corps, habillée avec les chutes de tissus que ma mère jetait..

Je me souviens des billes que je lançais avec aisance et fierté avec les garçons : Fethi, Rahmi et Jamel,
Je me souviens de la corde à sauter, de la balle à lancer en chantant « à ma balle…..
Je me rappelle de la radio que mon père écoutait, l’oreille collée, le silence absolu….

Je me souviens de la venue de mon grand-mère, oncles et tantes fuyant le village, le deuil….
Je me rappelle de ma robe « vert, blanc, rouge » et pantalon, chemise et cravates de même couleur que ma mère confectionnaient en cachette, en silence….

Je me souviens du lance pierre que mon frère (allah y rahmou) utilisait pour casser les lampadaires de la rue Sidi Bouali où nous habitions..pour que les Moudjahidines puissent venir sans être vus…

Je n’oublie pas le jour où , enfin, j’ai vu ma mère rire, courir, pleurer avec les voisines Zakia, Ghoutia, Amaria, Leila, en brandissant les drapeaux en criant à tue tête « Tahia Houria, Tahia eldjazair, l’hymne national…, kassaman et les youyous…

Mon père est revenu mais pour longtemps, il est parti en France je n’ai rien compris…
Les grands parents pleurent, nous partons aussi….
Je me souviens des valises, couvertures entassées dans une petite voiture direction Oran, puis train.. Je me souviens du froid, de la neige… Paris..
Mon père est là….. Nous sommes heureux…

Nous sommes des enfants victimes d’une guerre, des enfants perdus, sans repaire , à la recherche d’une vérité cachée, à la recherche d’une identité .. Français- Algérien /Algérien-Français ?? Emigrés, clandestins et sans papiers….
Mme K"
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Actualités : l'extradition d'Aurore Martin, le mitterrandisme d'Henri Emmanuelli

11 Décembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Comme le blog d'Edgar "La lettre volée", et comme "rue89", je m'indigne de voir une citoyenne française extradée vers l'Espagne en vertu d'un mandat d'arrêt européen, et qui plus est elle serait jugée en Espagne pour son appartenance à un parti illégal outre-pyrénées mais légal en France sur la base d'un délit d'opinion. Il existe une frontière au niveau des Pyrénées. Certains croient oeuvrer à son dépassement en versant dans le n'importequoïsme européiste, et ce faisant ils rognent une fois de plus les libertés des citoyens.

 

La fédération du parti communiste des Pyrénées-Atlantiques tient une position assez juste dans son communiqué à ce sujet et rappelle que cette extradition est le fruit d'une modification de la constitution française en 2003 que le PCF a été le seul à combattre.

 

Puisque nous en sommes à parler du PCF et de la gauche, je dois dire que je suis fort sceptique en ce moment sur les chances politiques de la gauche de la gauche, et même de la gauche largo sensu, pour 2012.

 

A gauche de la gauche, il reste un problème structurel : un PCF qui compte beaucoup de militants, mais dont le nom fait fuir les électeurs. Du coup, à supposer même que la mode Mélenchon se perpétue dans les médias, les militants du PCF, eux, n'auront pas trop envie de coller des affiches pour un candidat du PG (parti auquel ils ont déjà offert de beaux postes d'élus locaux) et préfèreront imposer un Chassaigne ou un autre candidat de ce genre, qui fera 2 % des voix... La malédiction de 2007 toujours présente.

 

Au PS ça ne va guère mieux. Mélenchon explique dans son blog cette semaine que le PCF et le PG ont fait voter à l'assemblée nationale une proposition de loi contre le contrôle par la commission européenne des budgets nationaux. Votre pour ce projet : 23 députés - PCF + PG et.... Henri Emmanuelli au PS. Mélenchon dit qu'il sauve l'honneur. Emmanuelli, le béarnais Emmanuelli. Quand je l'écoute dans son université d'été sur son blog, je l'entends parler de "révolution citoyenne" comme Chavez, et nous expliquer que si tous les mécontents du PS venaient nourrir l'aile gauche de ce parti (qu'il est censé incarner) celui-ci redeviendrait jaurésien ! Cela sent l'ecroquerie mitterrandienne à plein nez. D'ailleur Emmanuelli a les tics de langage de Mitterrand son mentor, notamment sa façon de placer des "quoi" à la fin de ses phrases. Mauroy avait ça aussi. Typiquement socialiste, le "quoi" en fin de phrases sonne pour le "peuple de gauche" comme la voix de la trahison de 1983... J'en ai confirmation quand je regarde la vidéo ci dessous où Emmanuelli tacle Mélenchon en disant qu'il se plaignait moins quand il est sénateur socialiste (ce qui est faux, je me souviens des billets sur son blog du temps où il s'évertuait à demeurer dans ce parti) et reconnait que, bien qu'il soit en désaccord avec Strauss-Kahn, il doit bien malgré tout tenir compte du fait qu'ils sont dans le même parti ! O l'odieux réflexe de l'apparatchik ! Comptez sur lui ensuite pour résister au pouvoir de la finance internationale...

 

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Le Louvre

9 Décembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Actualisation 2019 : Texte écrit avant mes découvertes sur le monde invisible au contact des médiums, largement renié depuis que je sais quelles forces sont à l'oeuvre dans tout cela

Le croirez-vous ? Hier j'ai payé un billet d'entrée au Louvre uniquement pour aller photographier une statue de Chrysippe de Stoles pour la future couverture de mon livre - que j'espère bien faire paraître en 2011 !!! C'était mon petit luxe à moi, m'offrir le Louvre juste pour une photo (et n'avoir pas ensuite à m'interroger sur les droits d'auteur dans cette société bouffée par les querelles juridiques).

 

Je dois dire que j'ai été émerveillé par la nouvelle organisation du Louvre. Toute cette fluidité, plus aucune file d'attente nulle part, alors qu'il y a vingt ans on faisait la queue dans la cour d'honneur devant la pyramide sosu la pluie pendant des heures. Franchement certaines choses progressent en France et c'est heureux. Je suis moins enthousiaste en revanche pour les pubs sur le futur Louvre "délocalisé" dans le golfe arabopersique... La France se vend, se prostitue. M. Sarkozy "fier" d'avoir décroché de meilleurs contrats qu'Obama en Inde. Il n'y a plus que ça qui compte.

 

Ce musée est réellement magnifique. Mélenchon dit que la dette doit être rapportée au capital et que le capital de la France n'est pas évaluable : le Louvre n'a pas de valeur. Il n'a pas tort.

 

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"Le Louvre et ses pillages" ajouteraient les Italiens qui n'ont pas digéré que Paris garde la Joconde. C'est vrai que même les Antiquités romaines issues des collections italiennes sont impressionnantes. Mais tout n'y est pas que fruit du vol et des rapines. Les tableaux de David sont du pur génie national. Quelle valeur cela aura-t-il le jour où plus personne ne croira à la culture ? Voilà la question. Mais bon, puisque les écoles françaises sont mauvaises (selon un classement récent) on peut espérer que les Chinois prennent le relais dans la valorisation du passé, et qu'ils cultivent à leur tour le fétichisme de nos oeuvres d'art, tout comme ils se convertissent en ce moment à notre christianisme, et font ainsi monter la valeur du Crucifié à la bourse internationale des croyance, là où les Irakiens (par exemple) jouent cette valeur à la baisse en faisant fuir ses adeptes.

 

Je n'ai effectué aucun détour par les tableaux. Seul Chrysippe m'intéressait. Evidemment les gardiennes beaufette ignoraient où il se trouvait. J'ai quand même fini par le dénicher. Je l'ai mitraillé comme un paparazzi. Une statue du IIème siècle après Jésus Christ trouvée en Anatolie, copie d'un original athénien. J'aurais eu tort de me gêner. Chysippe, le grand Chrysippe, deuxième scolarque de la Stoa, qui le premier commenta un tableau pornographique qui mettait en scène la fellation qu'Héra offrit à Zeus (je crois vous en avoir déjà parlé dans ce blog), Chrysippe qui choqua son époque, comme doit choquer tout bon philosophe qui se respecte, mais que ses adversaires accusaient comme Alain Minc de plagiat (ou plus précisément de consacrer la moitié de son oeuvre à citer ce que disaient les autres).

 

Quel que fût mon intérêt pour cette sculpture, mes yeux n'ont malgré tout pu ignorer la statue de Germanicus, celle de Trajan, ni ce magnifique trio de Grâces, si délicat, que j'ai eu la tentation de photographier aussi (mais le passage incessant des touristes autour d'elles m'en a dissuadé). Les esthètes s'enivrent au Louvre à longueur de journée. Moi, trop de beauté me fatigue, et peut-être mes origines plébéiennes nourrissent-elles en moi une forme d'hostilité à l'égard de tous les musées. Je me suis donc enfui assez vite, après un rapide déjeûner au carré des restaurants qu'on trouve sous la pyramide. Il faut bien que le fait de vivre à Paris nous apporte quelques avantages.

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Le Royaume d'Espagne compte un Répubicain de plus, et le Béarn va bien

9 Décembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Hier matin, juste avant la tempête de neige parisienne, je suis allé chercher mon passeport espagnol. Me voilà titulaire de la double-nationalité. Un petit luxe que je me suis offert maintenant que c'est permis, par fidélité à l'égard du combat de mo grand-père paternel chassé d'Espagne par le fascisme.

 

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Une infidélité à la France ? Non point. J'aime sans doute plus ce pays que la plupart de nos ministres qui la vendent aux Etats-Unis en ce moment - voir la belle citation d'Asselineau "si vous ne voulez pas servir les intérêts de la France, vous servirez ceux des Etats-Unis". Mais je serai doublement patriote, jusqu'au jour où cela deviendra illogique et, alors, je ne défendrai plus que le pays dont je parle la langue depuis le berceau et qui m'a instruit : la France.

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Mais bon, il faut admettre que celle-ci me traite fort mal en ce moment. Hier sur Facebook un colombien était prêt à me livrer les clés d'un contrat pour la parution en espagnol de l'Atlas alternatif à Bogota. Le tout a été négocié en 10 mn chrono. Je peux faire la part de l'enthousiasme sans lendemain de cet échange, mais il est troublant de susciter tant d'intérêt à des milliers de kilomètres de distance quand, dans la ville où l'on habite, on n'a jamais reçu le moindre soutien : car enfin, quel journal en France, et même quel blog a parlé de l'Atlas alternatif à sa sortie ?

 

Mais revenons à l'Espagne, bien sûr j'ai des réticences face à un pays où les gardes civils forcent les controleurs aériens à reprendre leur travail sous la menace d'un pistolet et où les routes sont encore bordées des fosses communes des Républicains de 39. Mais le mouvement républicain y renaît de ses cendres sous l'imposture monachique vantée par les Etats-Unis (selon Wikileaks), et le village de mon père, coeur de la révolution anarchiste décrite dans Land and Freedom, et où les rues arborent les noms de Franco, de Primo de Rivera, de Mola, fait sa petite révolution tranquille sous l'impulsion d'un nouveau maire du Parti régionaliste d'Aragon (PAR).

 

1couv_montagnes-copie-1.jpgEt ma nationalité béarnaise me direz-vous ? Car je dois bien en parler, n'est-ce pas, à vous qui me renvoyez sans cesse à mon accent et à mon illégitimité méridionale... Ce petit Montenegro pyrénéen qui faillit plusieurs fois réunir sous son autorité toutes les grandes villes du coin de Bayonne à Perpignan, et peut-être même sur l'autre versant des montagnes, se porte bien. Mais sa langue se porte mal. Dimanche sur Radio Pais, j'endendais l'ex député socialiste Georges Labazée s'exprimer dans un béarnais très mêlé de gallicismes, j'étais un peu triste pour elle. Sur le fond je l'entendais dire que les Pyrénées Atlantiques basculeraient peut-être dans l'escarcelle du PS aux prochaines cantonales, une première historique quand on sait combien le Pays basque conservateur avait jusque là contribué à ancrer le département à vall-e-d-ossau.jpgdroite, même en 1981. Mais tout change, même la Bretagne et le Pays Basque, surtout depuis que le PS n'est plus à gauche.

 

L'élue pour laquelle je travaille en banlieue parisienne est basque. Elle m'avait dit en riant lors de notre première rencontre "Vous êtes béarnais, les Basques et les Béarnais ne peuvent pas s'entendre". Historiquement elle a raison. Mais dans le cas particulier elle a tort. Je l'apprécie beaucoup, et il n'y a eu aucune tension entre nous depuis un an. Je lui avais passé la Révolution des Montagnes, j'ignore si elle l'a lue. Elle qui était au Mouvement des citoyens naguère a adjoint son nom de jeune fille basque au nom français de son mari, et le drapeau de l'Euskadi pend au rétroviseur de sa voiture (quoique je connaisse plus de mots basques qu'elle, et pourtant j'en connais très peu). Un signe des temps je suppose.

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La nouvelle France plurielle, le jour où elle sortira de l'OTAN et de l'Union européenne, devra composer avec tout cela !!!

 

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Paris-Pau lundi dernier

8 Décembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

-2° à Paris, +18° à Pau

 

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