Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Frédéric Delorca

Juillet 2011

19 Juillet 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

 



 

Lire la suite

Etrange Russie

18 Juillet 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Aujourd'hui même, alors que les aléas des commentaires de ce blog me conduisent à repenser au Caucase, je tombe sur cette nouvelle d'une campagne lancée pour pousser les jeunes femmes russes à se dénuder afin d'obtenir l'élection de M. Poutine aux prochaines présidentielles. Cela m'a rappelé ces images que j'évoque dans mon livre sur l'Abkhazie de jeunes femmes aux dos dénudées à l'hôtel Kosmos la nuit avant que nous nous envolions pour Sotchi en décembre 2009... Etrange pays soudain devenu hédoniste et consumériste où l'on ne fait plus d'enfants. Comme s'il s'était trop vite converti aux moeurs occidentales. Etrange façon d'y faire de la politique. Qu'est-ce qui se joue dans ce pays bizarre ? Moi qui ai salué le rôle de la Russie quand elle livrait des infos alternatives sur l'Irak (en 2003) et des armes au Hezbollah en pleine guerre du Liban (il y a cinq ans), je la vois maintenant étrangler la Biélorussie, et lâcher la Libye. La faute à Medvedev ? Peut-être. Mais on ne peut pas être enthousiaste pour ce pays rempli d'opportunisme et de postmodernité. Ni enthousiasme ni répulsion. C'est tout simplement un pays illisible, incompréhensible...

 

 

Lire la suite

Des groupes bien hermétiques

15 Juillet 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

grille.JPGPourquoi les résistances ne se cimentent pas, ne se fédèrent pas ? J'ai souvent critiqué l'esprit de chapelle dans mes bouquins. Or celui-ci s'illustre chaque jour.

 

Prenez le M'PEP, qui pourtant avait fait une pub pour mon "Programme pour une gauche décomplexée" sur son site. Il y a quelques jours leur patron sort une excellent interview dans Libé. J'écris au webmaster de leur site - qui sait qu'un de mes livres est en pub dans leur bibliographie, car nous avons eu un échange là dessus au début de l'année, et mon mail reprend le précédent échange -,. Je lui expose mon admiration pour la cohérence enfin acquise dans la doctrine de M. Nikonoff sur l'Europe. Point de réponse. J'écris alors (le 13 juillet) au webmaster du profil Facebook du MPEP, en ajoutant le blog de l'Atlas alternatif à ma signature (histoire qu'il voie que j'écris des trucs utiles) : "Félicitations pour la dernière interview de M. Nikonoff dans Libé. Je suis à 100 % d'accord. Cordialement". Le 15 juillet la réponse vient, on ne peut plus sobre : "Merci.Vous trouverez d'autres textes au sujet de l'euro sur le site du M'PEP.Bien cordialement."

 

Ces gens ont les moyens de voir que j'écris des bouquins qui vont dans leur sens, et il leur suffit de regarder les présentations que font de moi lesdits bouquins, mon blog ou les sites de mes éditeurs pour qu'ils s'informent sur mon parcours universitaires et se disent "ce type pourrait nous être utile". Mais ils ne semblent pas raisonner de la sorte.

 

Quand on lit les mémoires d'André Gide ou de Romain Rolland on constate combien à l'époque à la suite d'un envoi de lettre les gens nouaient facilement des correspondances fructeuses, s'invitaient à dîner, engageaient des démarches de coopération courtoise en s'écoutant mutuellement.

 

Aujourd'hui nos contemporains ne savent que se mettre en scène, et répondre à ceux qui leur écrivent "allez voir mon site" ou "envoyez moi un chèque". Autrui ne les intéresse que comme lecteur potentiel, donnateur potentiel, personne qui leur permettra de faire du chiffre, une variable quantitative, pas un partenaire d'échange.

 

J'avais décrit ce phénomène dans 10 ans sur la planète, à propos des cercles pro-palestiniens de 2002. Ca n'a guère évolué depuis lors. Encore ai-je la chance de recevoir des réponses. Minimales, mais des réponses. Je suppose que le citoyen lamda qui cherche à rejoindre un mouvement minoritaire en reçoit encore moins. On doit juste lui envoyer un formulaire lui demandant son relevé d'identité bancaire.

Lire la suite

Mauvais système, ou effets négatifs d'un progrès légitime ?

15 Juillet 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

La grande difficulté dans l'engagement politique de notre époque (comme depuis 200 ans pour faire vite), c'est de parvenir à faire la part entre les inconvénients inhérents au processus de modernisation et de rationalisation de la vie humaine, et des erreurs grossières de nos politiques. Il est évident qu'aller prêter main forte aux Etats-Unis en Afghanistan, ou tenter un"regime change" en Libye au nom d'une nouvelle alliance politique franco-britannique relève de la pure folie géopolitique, à l'égard de laquelle heureusement d'autres pays se montrent plus réservés que le nôtre. Et même sur le plan domestique il y a mille mesures aberrantes, justifiées par les arguments les plus loufoques dont il est aisé de démonter la stupidité : par exemple la suppression de la médecine du travail, ou la chasse aux pauvres initiée par la "Droite Populaire" quand on apprend que Total ne paie même pas l'impôt sur les sociétés.

 

D'autres éléments, de plus vaste ampleur, sont plus difficiles à analyser. Par exemple tous les processus de fichage et d'espionnage dont on fait l'objet sur Internet (les réseaux sociaux en particulier) sont  le fruit presque inévitable de l'intrusion de l'informatique dans nos vies, et du besoin qu'ont les gens de s'épancher sur des écrans. On peut se demander avec Asnperger s'il ne faut pas éduquer l'humanité à une forme particulière de sagesse dans son rapport à la technologie (et plus largement à la consommation), mais force est de constater que cette sagesse sera toujours le lot d'une minorité). La tendance majoritaire sera toujours celle qu'on constate aujourd'hui, et la tendance des masses affecte toujours les élites.

 

Tout le processus de haine de l'Etat, haine de la gauche et du militantisme, et la globalisation à tout crin, le culte des flux, et des réseaux, la fascination du zapping, et leur matérialisation dans le programme libéral de "globalisation" sont largement le fruit de la symbiose entre l'individu-consommateur et les nouvelles technologies, dans un rapport d'expansion infinie de la "raison instrumentale" comme disait l'Ecole de Francfort.

 

"Comment peut-on "sauver le processus" dans ce qu'il implique d'augmentation des informations disponibles pour le cerveau humain, et des moyens d'actions sur l'existence (autrement dit de la liberté) en en limitant les effets dévastateurs ?" voilà peut-être la seule question qu'il faudrait se poser. Cette question n'est pas en soi une capitulation. C'est une question audacieuse, mais dont il s'agit de mesurer correctement l'ampleur.

 

Nous avons connu récemment (à l'échelle de l'humanité) une période où la progression des moyens technologiques et de la rationalité des comportements entrait en symbiose sur un mode particulièrement néfaste avec les aspirations des masses : ce fut le fascisme. Ceux qui le combattirent, qu'il fussent libéraux ou marxistes croyaient peut-être vouloir une rupture avec ce système là, mais tous au fond communiaient à la même confiance dans la rationalité et la technologie.

 

Aujourd'hui le système recèle un potentiel de fascisme tout à fait réel, qui s'actualise déjà dans des micro-réalités envahissantes. Je songe par exemple à la tendance actuelle qui plaide pour la suppression des poulaillers même à la campagne, une tendance qui se vérifie dans des condamnations spectaculaires en justice, même si nous n'en sommes pas encore au point que décrit la vidéo ci dessous.

 

 

 

Une liberté fondamentale pourtant qui met en jeu le rapport de l'humain à la nature, et la survie des classes populaires à l'abri des lois du marché. Le poulailler est devenu aujourd'hui une des rares exceptions à la marchandisation du monde, et une exception que les néo-libéraux ont intérêt à supprimer. La difficulté si l'on veut prendre fait et cause contre cette disparition programmée du poulailler, c'est que le développement du débat libéral - encore un effet collatéral de l'augmentation des informations disponibles via la scolarisation de masse, et de la rationalisation de la vie collective - a multiplié les points de vue possibles sur le sujet au point qu'il n'y a plus de socle commun d'analyse possible.

 

Indépendamment même de la volonté libérale de soumettre le monde au bon vouloir des multinationale jusque dans les modes alimentaires, la disparition des poulaillers peut être sincèrement et honnêtement défendue par les défenseurs des droits individuels qui peuvent se prévaloir du degré de tolérance de plus en plus faible des individus à l'égard des pollutions sonores et olfactives causées par autrui (intolérance elle aussi liée à la rationalisation et à la faculté pour tout un chacun de transformer un inconfort en une plainte judiciaire).

 

De même les défenseurs des droits des animaux peuvent prouver, je suppose, que l'exploitation des poules est une faute morale (leur surexploitation par les multinationales l'est encore plus, mais les défenseurs des bêtes peuvent espérer, je suppose, une reconversion des fabriques de tartes aux poulets façon Chicken Run en fabrique de graines de soja).

 

La limitation des effets néfastes du système devient ici des plus problématiques, parce qu'on ne sait même plus, dans le débat, quel fondement adopter, ni trier le bon grain et l'ivraie. On ne sait plus quelle opinion repose sur une défense saine du besoin de rationalité et de progrès, et laquelle est typiquement le résultat indésirable des effets du système. Droits contre droits, vision du monde contre vision du monde, une véritable aporie intellectuelle se dessine, d'où naît un grand découragement collectif, et une méfiance croissante à l'égard de la chose publique, des enjeux collectifs (voire un basculement dans l'irrationnel complet). Le résultat prévisible est une anomie dont les plus forts tireront partie, c'est à dire que les multinationale obtiendront effectivement, dans en Occident du moins, la disparition des poulaillers, sans que l'on n'ait jamais pu établir avec clarté qui, des défenseurs des droits individuels, des défenseurs de la libérté des poules, des avocats du droit à aimer son animal domestique (fût-il gallinacé) et à se nourrir par soi-même, avait intellectuellement raison. Et ainsi pour tant d'autres grands sujets de notre temps...

 

 

Lire la suite

Les vertus de l'oubli

14 Juillet 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

defile14juillet.jpgQu'est ce qui est le plus à vomir aujourd'hui ? Un défilé militaire du 14 juillet aux armes souillées par le sang des enfants d'Afghanistan et de Libye (avec il est vrai la bénédiction des votes conjoints de l'UMP et du PS) ? Ou les déclarations de l'écologiste Eva Joly qui demande la suppression du défilé du 14 juillet ?

 

D'un côté comme de l'autre la lâcheté. A ma droite la lâcheté des pilotes qui balancent leurs bombes, sans risquer leurs vies mais en mettant en jeu celle des civils dans des guerres néocoloniales où nous n'avons pas notre place. A ma gauche la lâcheté des éternels rêveurs, éternels donneurs de leçons, de ceux qui n'ont jamais rien compris à la France, ni à l'écho que trouve le défilé sur le versant glorieux de l'histoire nationale. Il y a un passage de la Promesse de l'aube où Gary se réjouit de ce que les gens de son temps (en 1960) ont complètement oublié ce qu'était la Croix de la Libération (plus haute distinction accordé à aux combattants de la France libre). Voici ses mots exacts (p. 379) : "Je m'aperçois souvent, sans surprise, aux questions que l'on me pose, combien rares sont ceux qui savent ce qu'est la Croix de la Libération et ce que ce ruban signifie. Il est très bon qu'il en soit ainsi. Alors que tout, à peu près, a été oublié ou galvaudé, il est bon que l'ignorance préserve et mette à l'abri le souvenir, la fidélité et l'amitié".

 

Que Mme Joly oublie l'armée française à laquelle elle ne comprend rien. Que l'armée française oublie la Libye et l'Afghanistan où elle n'aurait jamais dû s'engager.

 

finky-bhl-copie-2.jpg

Lâcher ce qu'on ne comprend pas, c'est la plus grande sagesse. Lâcher plutôt que d'insulter par son ignorance crasse. Beaucoup de mes lecteurs ont compris cela, qui ne visitent plus ce blog ou se gardent d'y verser leurs commentaires. Leur indifférence taciturne me convient à merveille. L'indifférence et l'oubli préservent. Combien d'historiens indélicats, de commentateurs immodestes diffament des êtres, des époques, violent les sépultures, malmènent les cadavres, sans même en avoir conscience, au nom du devoir d'avoir un avis sur tout. Un jour nous sauront gré à ceux qui n'auront pas opiné, ceux qui auront su se taire, passer leur chemin sans rien dire, tant ceux qui auront ouvert le bec, les maniaques de la parlotte, nous auront conduits au bord de l'abîme.

Lire la suite
<< < 1 2 3 4 5 > >>