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Le blog de Frédéric Delorca

"Paris" de Depardon

17 Mars 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Quel merveilleux film, et quel dommage qu'il n'y ait même pas sur Internet une bande annonce ! De la philosophie en acte. De la philosophie du cinéma (un peu comme The Artist dans un sens), de la philosophie de l'image, philosophie de la quête, de la recherche du réel. Mi-documentaire mi-fiction. Magnifique. La gare Saint Lazare avant les travaux. Celle que je fréquentais si souvent l'année même où Depardon tourna, en 1996. J'avais trois ou quatre ans de plus que les filles que sa caméra arrêtait. Une autre époque. Des filles de banlieue, mais pas les mêmes qu'aujourd'hui. Moins de rimel sur les cils, des nanas qui emploient des mots qu'on n'utilise plus (comme le mot "débile"), aucune "black" aucune "beur" parmi ces filles interrogées (peut-être parce qu'elles étaient moins visibles, elles frôlaient plus les murs, un cinéaste n'était pas sensibilisé au devoir de diversité). Ca fait bizarre. C'est un autre Paris qu'aujourd'hui, une autre jeunesse. Une étudiante provinciale devenue comédienne après sa khâgne, une fille en AES qui a une présence digne d'une grande grande actrice, d'autres qui n'ont d'autre hâte que de fuir, une prolote qui raconte ses "prises de tête" avec sa belle famille. Belles images en noir et blanc. Sens de l'attente, du mystère, esthétisation du quotidien, du banal, d'un certain échec, du sublime dans la tension, dans l'impossibilité de voir, de dire, d'explorer. Ce film m'avait scotché en 1998. Me scotche toujours. Dommage qu'il ne soit même pas dans le coffret de rétrospective Depardon, alors que dans le bonus du DVD vendu séparément Depardon explique combien cette oeuvre a compté dans sa carrière. A la même époque je faisais un journal vidéo. Je n'ai jamais trouvé de professionnel pour le numériser. Je vais chercher encore. A la même époque Dominique Cabrera sortait son propre journal vidéo (après que j'aie commencé le mien, elle ne m'a donc pas influencé), et montrait le chevènementiste Didier Motchane dans son lit. Motchane qui vient d'appeler à voter Mélenchon, mais ça n'a rien à voir, juste une parenthèse.

 

Voici la critique des Inrockuptibles en 97 sur "Paris" de Depardon.


paris-depardon.jpgUn cinéaste cherche une femme dans la foule parisienne afin de faire un film. A partir de ce germe d'histoire, Raymond Depardon instaure une série de couples antagonistes qui racontent le désir, le passage du temps, des fragments de vie, le cinéma. A la fois documentaire, fiction, reportage sur un film en train de se chercher, Paris est une oeuvre superbe sur les lieux réels et les liens rêvés.

On peut faire du cinéma avec presque rien...", murmure, un peu hésitant, le personnage principal de Paris, le nouveau film de Raymond Depardon. L'aveu du dé-pouillement a la valeur ici d'un pari : Depardon va à l'essentiel, se dénudant jusqu'au "presque rien" d'une oeuvre a priori sans contenu. Tout est dans le "presque", bien sûr, puisque suffit ce tremblé du désir pour que naisse le continu des images, magnifiques. Car Paris est un très beau film sur le désir, le passage, le temps. Un film sur le cinéma, donc. Son "héros", photographe sans nom et double transparent de Depardon, veut réaliser un film dont il sait peu de choses, sinon qu'il se fera à partir d'une femme. Il ne l'a pas rencontrée, cette "personne" qu'il préférerait "pas trop disponible", pas encore comédienne, venue plutôt de la vraie vie.

La trouver, c'est pour lui trouver le sujet de son film : le portrait en mouvement d'une "fille simple", les gestes à incarner d'un être réel, qui travaillerait, ne tricherait pas. Il n'ira pas la chercher en Afrique, cette fois, mais sur les quais de la gare Saint-Lazare, aux heures de pointe, à la fin de l'hiver, quand la lumière hésite entre le noir et le blanc, le matin et le soir. Pour l'y aider, il engage une spécialiste du casting. Le film s'ouvre ainsi sur un étrange contrat, qui instaure un authentique suspens et suggère déjà, sans qu'aucun des deux ne se l'avoue jamais, la figure d'un couple. L'homme et la femme ont installé une caméra : et dans le cadre clos de l'image et de la gare entrent des corps, sortis par flots des trains de banlieue, improvisant la chorégraphie quotidienne d'une foule pressée, d'une ville au travail. L'homme guette les visages, attend le miracle d'une rencontre : "Il faut que ce soit une surprise", dit-il, même s'il ne croit pas au coup de foudre. Et tandis que la caméra cherche encore son sujet, le film a déjà commencé, comme si le cinéma était revenu à l'étonnement de ses origines, à la lumière du premier train entré en gare...

Paris raconte en effet, à partir du dispositif ainsi posé, la naissance des images. Le film ne déviera jamais de ce projet, s'y tiendra dans son entier. L'homme hésite, pourtant : "C'est difficile de passer à l'acte", d'arrêter quelqu'un, de passer du regard à la parole. La femme lui propose alors de rencontrer de jeunes comédiennes et le deuxième tiers du film sera fait de ces rencontres au café, de ces approches où l'on ne sait plus, dans le jeu de séduction réciproque, ce qui sépare la fiction de la réalité. Ces jeunes femmes parlent de leur vie, de leur mère, de leur passé. Jouent-elles ? Le cinéaste se méfie de leurs artifices, comme de son propre désir : il a peur de tricher, de manquer la "matière" de la réalité. Aussi revient-il aux passantes : cette fois, la spécialiste du casting les arrête, il les rencontre et leurs conversations se succèdent à l'écran comme autant d'instants, bouleversants, de vérité. Trouvera-t-il pourtant celle qu'il cherchait ? Il serait dommage de le dévoiler, même si l'on devine que le plus important est fait : le film est là, achevé, qui s'est construit à la recherche de lui-même, qui s'est tourné presque malgré lui, dans une quête devenue objet.

Est-ce alors un documentaire ? Un reportage à peine déguisé sur une oeuvre en train de se créer ? Pas tout à fait. Poussant le trouble plus loin encore que dans Empty quarter, par exemple, Depardon brouille les données de l'autobiographie pour faire naître une histoire. Toujours la même, bien sûr, qui met en scène un homme et une femme, la solitude et l'altérité. Paris est à ce titre un grand film double, qui multiplie sans cesse par deux le pari de son projet, et avance par couples antagonistes : lui et elle, le regard et la parole, l'individu et la ville, la fiction et la réalité, l'artifice des comédiennes et la vérité des femmes rencontrées... Sur un tel sujet, on pouvait craindre le cliché, le poncif romanesque, l'éternel topo romantique. La force du film est d'en tirer un dispositif absolument original, qui remonte le temps et joue sur la durée, instituant un système fascinant d'échos et de miroirs croisés. Au couple initial du cinéaste et de la directrice de casting répondent ainsi les rencontres avec les jeunes femmes, elles-mêmes dédoublées en deux séries successives : les comédiennes et les "personnes" anonymes.

Le décor ne change jamais : c'est celui des salles de cafés aux abords de la gare, des reflets de néons dans les vitres ou des bruits venus des quais. Et dans la réalité superbement rendue de ces lieux qui se répètent, c'est un peu la même parole qui est reprise, difficile, ponctuée par le "je ne sais pas" du cinéaste confronté à la différence des visages. Celui-ci cherche la femme, en rencontre plusieurs, mais ne sait pas leur parler. Son indécision est l'aveu de son aveuglement, de son désir qui ne réussit pas à s'incarner. Toutes parlent d'elles, de leur quotidien et de leur travail, qu'elles appartiennent à la fiction ou à la "vraie vie", ou qu'elles participent parfois des deux ­ ainsi Sylvie Peyre joue-t-elle à l'écran son rôle réel d'assistante de réalisation, comme autrefois Françoise Prenant, extraordinaire actrice et monteuse d'Une Femme en Afrique. Toutes le renvoient à la contradiction de sa solitude, qui l'enferme dans le rêve d'un film à faire ­ d'une histoire à vivre ­ sans qu'il réussisse à "passer à l'acte". De ce fait, le film peut s'apparenter lointainement au parcours d'une analyse, où tout est déjà là, dans l'attente seulement de se dire. Mais la parole est rétive et les seuls mots qui viennent font peur, parce que ce sont des mots d'amour, forcément : "Tu ne m'empêches pas", murmure l'homme, sans qu'on sache s'il s'agit seulement "de voir"... On devine en tout cas qu'il y a beaucoup de Depardon dans ce personnage s'interrogeant d'abord sur soi (Luc Delahaye, qui l'incarne très justement, est luimême photographe) et qui annonce dans le dernier plan qu'il va repartir, pour fuir peut-être, ou tenter ailleurs de se trouver, à la faveur d'un nouveau reportage...

Assez franchement autobiographique donc, Paris s'ouvre néanmoins aux autres : si la parole est difficile, le regard, lui, est braqué sur la grande ville, les gens qui la parcourent, les visages que l'on y croise. Depardon reprend ici le motif de la "passante", celle de Baudelaire relu par Walter Benjamin, celle aussi que rêvaient d'arrêter dans la foule André Breton et les surréalistes. Mais à la différence de ces derniers, le cinéaste de Faits divers ne cherche pas l'idéalisation : ce qu'il guette, chez les jeunes femmes rencontrées, c'est d'abord leur vérité, l'expression immédiate d'un quotidien qui se donne, très vite, dans le cours improvisé de la conversation. La beauté naît ici du réel le plus simple, dans l'aveu des douleurs voilées, les histoires d'adultère et d'amour, la fatigue du travail. Ouvrant ses micros aux bruits de la ville, le cinéaste écoute ces témoignages et doit pour les entendre regarder les visages de celles qui osent ainsi se livrer, étudiante ou vendeuse, simple amoureuse de la gare, toutes incroyablement spontanées.

Depardon sait saisir la beauté fragile d'une main, la suspension soudaine d'un sourire, la dureté d'un regard refusé. L'épure du dispositif atteint ici sa vérité : c'est la vie qui entre dans le cadre, volée autant qu'offerte, puisque le mouvement d'un visage dit autant que la parole donnée, puisque c'est l'oeil de la caméra qui reconstruit la vérité. Cette vérité dépasse l'enquête sociologique, car les jeunes femmes anonymes ne racontent pas autre chose, en définitive, que les comédiennes qui cherchaient à se faire embaucher pour le "film dans le film". Sur des modes divers, aux lisières de la fiction et de la réalité, chacune reprend en effet le motif du rapport à la ville, qu'elle soit "montée" de province pour s'installer dans l'un des arrondissements de la capitale ou qu'elle prenne quotidiennement le train de banlieue pour venir y travailler. La singularité de ces destinées, banales ou plus mystérieuses, trouve ainsi dans Paris un lieu de partage : actrices ou simples employées, les jeunes femmes sont comme des images en mouvement de la ville. La grâce du film, c'est d'avoir su les inventer autant que de les arrêter, pour les réunir en un regard qui ne les tienne pas prisonnières, mais s'ouvre à leurs gestes, à leur monde. Seraient-elles les captives de Paris, le désir du réalisateur suffirait à les en délivrer. Loin du désert, plus proche peut-être de son vide que jamais, Depardon s'affirme ainsi comme un grand cinéaste des lieux réels et des liens rêvés.

 

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Hypatie : l'incapacité de notre époque à penser l'ascétisme

17 Mars 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Antiquité - Auteurs et personnalités

Je vous avais promis un billet sur Synésios de Cyrène, disciple d'Hypatie d'Alexandrie. Mais n'en déplaise aux abrutis d'éditeurs qui refusent mes manuscrits, je consignerai ces considérations dans un livre plutôt que sur un blog.

 

En regardant à nouveau la bande annonce du film Agora et certains extraits (comme celui juste en dessous), je redécouvre un des aspects de ce qui ne va pas dans ce film : Hypatie enseigne dans une belle robe d'aristocrate... Or on ne sait pas grand chose sur elle mais ce qu'on sait avec certitude, c'est qu'elle portait le pallium des cyniques (un manteau qui préfigurait la bure monacale) quand elle enseignat. Peut-être ses élèves aussi. Qu'est ce que ça signifie ? Hypatie était néo-platonicienne, elle avait la chair et le luxe en horreur comme tous les philosophes de son temps. L'ascétisme était sa religion. Voilà qui l'eût rendue moins sympathique à nos spectateurs. La haine de la chair et des richesses est si peu commune de nos jours, et l'ouverture à l'altérité des autres époques (et à l'altérité tout court) si peu répandue !

 


 

 

De larges extraits du film existent aussi ici (en diverses langues)  et ici (en français).

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Que nul n'entre ici s'il n'est philosophe !

15 Mars 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

nietzsch2.jpgSavez-vous quel sera mon plus grand regret sur notre époque à part le fait que ni mes blogs ni mes livres n'aient eu de lecteurs ? Qu'on ait continué à laisser écrire des gens qui faisaient semblant d'être philosophes ou d'aimer la philosophie ! Je ne parle même pas de BHL du BHV, Onfray l'orfraie et autres publicistes qui s'autoproclament philosophes. Je pense à de bien plus obscurs dont celui dont je lis le dernier livre en ce moment et qui se pavane dans les cercles académiques en faisant "comme si" il avait compris quelque chose à la philosophie. Le type sur un sujet vaste et oiseux aligne une galerie de "prises de positions" de philosophes de Socrate à Heidegger sans même se demander si elles sont compatibles entre elles. On a l'impression qu'il les approuve toutes, sans trop savoir pourquoi. Surtout ne pas réfléchir. Son exercice d'érudition est grotesque. Il confond l'opposition heideggérienne être-étant avec l'en soi-pour soi sartrien. Vaine boursouflure. Quelle honte !

 

La philosophie, il faut l'apprendre très jeune, entre 17 et 23 ans : entrer à fond dans les livres, les polémiques, se passionner pour les questions posées, pour les combats menés (car ils se combattent tous entre eux), dans un bon cadre scolaire qui vous fasse comprendre ce qui va ensemble et ce qui est incompatible. Beaucoup d'exigences, comprendre à fond chaque concept. Lire les auteurs, pas les "digests". Ne rater aucun des 15 principaux, bien les hiérarchiser. Avoir beaucoup d'intuition. Indispensable. Ne jamais croire qu'on a tout compris, encore moins tout penWittgenstein.jpgsé.

 

Mes amis, vous avez tous le droit à 40 ou 50 ans de cracher sur les philosophes, mais faites le au nom des promesses non tenues, des amours déçues, de la trahison que vous a infligée la philosophie. Tournez-lui le dos avec la même conviction que vous avez adhéré à elle si vous le souhaitez. Mais ne laissez pas les imbéciles salir cette activité en en faisant un exercice mondain. Démasquez les, entartez les, qu'ils soient ostracisés ! Petits joueurs de la pensée hors de nos vi(ll)es pour reprendre le jeu de mot minable des jeunes gangsters. Spiel nicht mit der Anderes Tiefen !

 

 

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Qu'est-ce que le peuple en France aujourd'hui ?

14 Mars 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Je songeais au mail que j'ai recopié cet après-midi et me demandais ce qu'était le peuple en France aujourd'hui.

 

Pour toute la pensée politique moderne (post-Machiavel) à l'exception peut-être des libéraux, le peuple n'a jamais été une population indifférenciée. C'est une subjectivité politique qui se constitue au terme de procédures particulières : l'assemblée générale, la manifestation de rue, le vote pour des délégués dans l'isoloir, parfois la guerre (Valmy...)

 

Aujourd'hui le vote s'achète, et la pensée est fragmentée par les médias.

 

valmy_.jpgOù est le peuple, et où se constitue-t-il ? Quand le Front de gauche parle du peuple, évoque-t-il ces jeunes près à se vendre à n'importe qui pour des vacances au ski ? Non, il parle du peuple qui se construit dans ses meetings et ses manifestations.

 

Celui-ci a-t-il plus de légitimité à se considérer comme "le peuple" que les franges de population qui se rendent au meeting de M. Bayrou ou de Mme Le Pen ? Nous répondrions avec certitude que oui si nous pouvions affirmer que ces gens sont réellement porteurs d'une perspective historique pour le pays et ne sont pas qu'un simple club égoïste de défense des avantages acquis au milieu de la tempête comme les en accusent leurs adversaires, tandis que les autres membres des assemblées bayrouistes ou lepennistes ne sont que des citoyens aveuglés.

 

S'il est vrai - ce que je crois - que la "tempête" n'est que le résultat d'une dérégulation mondiale voulue par les oligarques et sur laquelle il faut revenir, et que la défense des droits acquis peut déboucher sur une réelle amélioration de la condition et de la conscience collectives pour peu qu'elle s'enrichisse d'un surplus à la fois de rationalité et d'imagination, la frange des électeurs du FdG, éventuellement élargie à l'aile gauche du PS et aux trotskistes, peut être reconnue comme le véritable peuple. Mais si elle est le peuple, puisqu'elle seule passe par un processus de "conscientisation" qui la rend porteuse d'une perspective historique que les autres n'ont pas, pourquoi s'embarrasse-t-elle d'une entrée dans les jeux médiatiques, et dans le respect des procédures électorales ? Pourquoi ne prend-elle pas directement le pouvoir ?

 

On retrouve ici la vieille interrogation qui traverse la gauche depuis deux siècles (et qui l'a notamment travaillée quand le suffrage universel a consolidé le pouvoir de Napoléon III). La réponse est assez simple aujourd'hui : parce qu'elle n'aurait pas les moyens de gagner une guerre civile avec l'autre partie de la population (majoritaire en nombre) en cas de prise du pouvoir par la force. Autrement dit, faute d'effectifs suffisants, la seule frange de la population qui pourrait prétendre être le peuple doit se résigner à ce qu'il n'y ait pas de peuple en France (pas de subjectivité politique capable de porter une perspective d'avenir) et à ne rester qu'un lobby de défense du service public et des droits sociaux, plus ou moins entendu par la bourgeoisie au pouvoir.

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Sur la dépolitisation des banlieues

14 Mars 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Un jeune cadre communiste d'une ville d'Ile de France m'écrit :

 

0013.jpg

"Hier soir, réunion de campagne où j'ai assisté (je dis "assisté" car je me suis senti plus spectateur qu'acteur ) à la confrontation des anciens et des modernes : le fait que le député sortant ait mis comme président de son comité de soutien dans notre ville un jeune issu de l'immigration a le mérite d'attirer les moins de trente ans mais pour le meilleur et pour le pire. Car ce sont exclusivement des jeunes des quartiers populaires d'origine immigrée qui ont une approche tout autre de la politique, où la fidélité et la reconnaissance envers une personne (et particulièrement pour service rendu) l'emporte sur la fidélité sur les principes et projets politiques. Et ces jeunes ont pour ambition de convaincre d'autres jeunes, issus des mêmes milieux, les plus loin de la politique, et qui, de leurs propres constats, seraient prêts à voter Le Pen si celle-ci leur garantissait un séjour au ski... Je pense que si nous avons parfois tendance à surpolitiser l'opinion, autant dire que là, c'est l'inverse... Bilal a bien résumé la chose en proclamant : "nous sommes des commerciaux". Autant dire que certains anciens ont été quelque peu désabusés par cette réunion..."

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