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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #la gauche tag

Elections européennes

7 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Je m'étais promis de ne pas commenter le résultat des élections européennes, mais j'en dirai quand même un petit mot.

La leçon principale qu'on peut tirer de ce scrutin partout en Europe, à part le fort taux d'abstention qui manifeste le désintérêt (justifié) de l'électorat pour la construction européenne telle qu'elle existe aujourd'hui, c'est que, malgré la crise du capitalisme financier, les peuples d'Europe font confiance à la droite. Et ceux qui ne se rallient pas à la droite votent plutôt timidement pour les écologistes ("ma santé, mon petit environnement") dont on peut se demander s'ils ont quelque chose à voir avec la gauche. La fausse gauche (les sociaux-démocrates) est à juste titre sanctionnée, sans que la gauche de la gauche en profite réellement. Si le NPA n'avait pas fait cavalier seul (ce qui ne lui a rien rapporté) les anti libéraux en France auraient totalisé sans doute plus de 12 %, ce qui aurait marqué les esprits et distingué notre pays du reste de l'Europe, mais leur incapacité à s'unir à elle seule en dit long sur la faiblesse de cette gauche-là qui n'a au fond pas grand chose à envier à celle de la fausse gauche...

In fine ces élections montrent une fois de plus la fragilité structurelle (souvent évoquée sur ce blog) des idées de gauche en Europe (c'est encore en France qu'elles sont le moins anéanties), à la différence de ce que l'on peut constater ailleurs (en Amérique latine, ou dans le sous-continent indien). Il n'est pas impossible que quelques décennies à venir d'hypnose médiatique et de destruction de l'éducation nationale finissent par couler définitivement les idées progressistes sur notre continent.

Du coup, si l'on peut se réjouir de ce que la poussée des eurocritiques au Royaume-Uni et en Irlande menace directement la ratification du traité de Lisbonne, voire puisse à terme aboutir à un retrait de ces pays de l'UE, on peut se demander si un effondrement de l'UE n'aboutirait pas à une récupération encore plus forte des peuples qui la composent par des courants de droite, et donc à un dangereux retour des nationalismes xénophobes, à l'opposé de patriotisme universaliste (non ce n'était pas un oxymore) dont la gauche se réclamait au 19 ème siècle.
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Front de gauche

31 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

J'ai dit un peu de mal du Front de gauche il y a quelques semaines, il faut que j'en dise un peu de bien avant les élections. Disons pour faire court que cette coalition a des mérites et que, si je jugeais ces élections utiles, c'est sans doute pour ses listes que je voterais. Le Front de gauche est un effet une des rares tendances qui, à mes yeux, s'inscrivent dans la lignée d'une histoire politique cohérente (celle du PCF et de la gauche du PS) tout en manifestant une certaine souplesse idéologique (parfois un peu trop même, mais bon), ce qui l'ouvre à de nécessaires actualisations de l' "agenda politique" (pour employer une expression empruntée aux anglo-saxons).

Quand je vois une liste comme celle des Verts réunir les ouiouistes et les nonistes d'autrefois sans le moindre état d'âme apparent, ou un mouvement comme le Modem s'immerger dans un imaginaire de "révolution orange" purement médiatique en rupture complète avec la tradition démocrate-chrétienne (bourgeoise et atlantiste) dont il est issu (qui plus est au nom d'un européisme béat présenté comme "subversif" alors que c'est par lui que le néo-libéralisme nous est imposé depuis 1984), je ne comprends pas la motivation des électeurs "antisystème" à se précipiter vers ces listes. Et je suis las de toutes ces logiques "stratégiques", cyniques, de "vote utile, selon lesquelles il faut voter Bayrou pour faire barrage à Sarkozy (comme hier Ségolène pour faire barrage à Strauss-Kahn et au même Sakozy). Je ne comprends pas non plus l'intérêt de voter pour le NPA, parti presque aussi piégé par les logiques médiatiques que le Modem et les Verts, et qui, au nom des bénédictions reçues par TF1 et France 2 a cru, depuis déjà le temps de la LCR en 2003, pouvoir se murer dans la surenchère.

Sur le plan de la résistance à l'Occidentalocentrisme et aux ingérences néo-coloniales qui est un de mes chevaux de bataille privilégiés, je trouve certes à redire sur de nombreuses positions du Front de gauche, et sur les votes de ses élus au Parlement européen : le vote de M. Wurtz pour le financement du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, l'enthousiasme des élus PC pour des résolutions contre la Chine et le Myanmar, le "ninisme" du PC pendant la guerre d'Osétie du Sud, certaines déclarations malheureuses de M. Mélenchon sur l'Iran (liées à un laïcisme un peu trop intégriste, qui, dans le même mouvement fait l'apologie du film "La journée de la jupe"), tout cela ne me plait guère. Mais je n'oublie pas par ailleurs que les élus PCF ont voté contre l'indépendance du Kosovo au Parlement européen, que M. Mélenchon a eu des paroles fortes sur le Dalaï Lama, que le PC, malgré parfois une approche un peu larmoyante et paternaliste de la question, reste un parti pro-Palestinien, donc résistant à un rouleau compresseur médiatique sur le sujet, et par ailleurs solidaire des mouvements progressistes en Afrique et en Amérique latine (des positions que je rencontre d'ailleurs souvent sur un mode encore plus clair chez les militants de base du PC et du PG).

Donc, si j'avais jugé utile de voter cette fois (c'est-à-dire si j'avais pensé que l'Union européenne pouvait encore être "refondée" sans une sortie préalable de la France de ses institutions) voilà sans doute pour quelle liste j'aurais voté.
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L'individualisme et la gauche

20 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Les grands esprits se rencontrent. Aujourd'hui je repensais à cette discipline, cette soumission collective des ex-peuples soviétiques (Transnistriens en tête, les Russes de Russie font peut-être exception aujourd'hui, mais parce que notre arrogance les y a forcés), aux abonnés des briefings de l'ambassade d'Ouzbékistan qui reprochaient au Dissident internationaliste et au patron du Samizdat leur turbulence.

Et je trouve sur le blog La lettre volée sous la plume d'Edgar (mais quand Diable prendra-t-il un pseudo plus présentable pour signer des livres ?) une article qui pourfend la dérive bismarckienne de Pierre Rosanvallon (Edgar n'emploie pas ce terme, mais je le trouve assez adéquat pour résumer son propos) et appelle l'extrême-gauche (so to speak) à se faire le chantre de la démocratie formelle face à une droite et un centre-gauche qui la bafouent.

Apparemment cela n'a rien à voir, et pourtant je prétends que si. Dans les deux cas, c'est la question de l'individualisme qui se pose là. Mes petits camarades anciens de l'aile gauche du PC, tout défenseurs du "centralisme démocratique" qu'ils fussent autrefois, et chantres de la souveraineté des Etats-nations et de leurs structures verticales aujourd'hui, sont des rebelles avant tout, c'est-à-dire des gens qui font passer instinctivement l'individualité de leur esprit critique avant les convenances diplomatiques et les rapports d'autorité.

Et Edgar qui demande à l'extrême-gauche de se réconcilier avec la démocratie formelle rejoint l'héritage de la Révolution des Saints, de cette filiation entre individualisme puritain et démocratie anglosaxonne que Michael Waltzer a fort bien identifiée.

L'histoire de l'Occident est faite de cela, c'est une de ses singularités (qu'il partage peut-être avec d'autres cultures, mais sans doute pas si nombreuses). Il la faut assumer, elle fait sa richesse. C'est pourquoi dans un article de la revue Commune de septembre dernier, je m'étais fait l'avocat d'une conciliation intime entre socialismes "autoritaire" et "libertaire".

Toute la difficulté est que l'individualisme fasse de nous des Bertrand Russell et pas des Bernard Kouchner.
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Souvenir des années Mitterrand

9 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Le 1er mai dernier, une chaîne herzienne diffusait un documentaire sur le décès de Pierre Bérégovoy, il y a 16 ans. C'est amusant parce que ce décès n'a laissé pratiquement aucun souvenir dans les esprits, ni aucun regret. Les commentateurs avaient du mal à mettre sur le compte de "Béré" le moindre point positif qui pût "accrocher" l'affection populaire : c'était un ouvrier fier de fréquenter désormais les restaurants du 16 ème arrondissement, d'avoir libéralisé les marchés financiers et défendu le franc fort. La belle affaire ! quelle reconnaissance le "peuple de gauche" que soit disant il aimait peut lui accorder de ce fait ? Quel courage y avait-il dans son petit bonheur personnel à épouser les croyances des riches ? Tout était petit dans les souvenirs évoqués dans ce documentaire, jusqu'à même cette affaire de l'agenda disparu le jour de son suicide - une disparition qui accréditait la thèse de l'assassinat, oui mais voilà, on apprenait juste qu'un proche l'avait substitué pour que son épouse, qui croyait follement en leur amour, n'y décèle point l'adresse d'une embarrassante maîtresse...

Je songeais à cela en tombant sur cette nouvelle aujourd'hui "Tapie dit avoir des soutiens pour s'emparer du Club Med". Car Tapie témoignait, le 1er mai, à la suite du documentaire. Il disait, à propos des derniers jours de "Béré" : "Il n'allait pas bien, j'ai téléphoné à Kouchner pour lui en parler". Tapie, Kouchner, Béré. Cela me faisait vaguement penser au Clan des Siciliens. Et Mitterrand dans le rôle du parrain. Très triste époque que celle-là. Et l'on découvre maintenant que le pouvoir de nuisance de Tapie n'est pas encore tout à fait épuisé, loin s'en faut ! On repense à Mitterrand. Qu'il ait fait entrer tant de jeunes et vieux loups dans les bergeries de la République, tant d'aventuriers, de corsaires. N'y avait-il pas quelque fascination nihiliste dans son amour pour les carnassiers, lui le vieil homme rongé par le cancer ? Comment la France a-t-elle pu vivre dans ce climat malsain ? C'est triste à dire (car j'ai plus d'une fois voté socialiste au second tour, comme les gens de ma famille) mais Chirac représentait presque une bouffée d'air salubre au sortir du mitterrandisme... Il est dommage parfois que la gauche s'accroche au pouvoir. Mieux valent les feux de paille du Front populaire et du Chili d'Allende.

Une partie du mitterrandisme a fini au Front de gauche, une autre partie dans le ségolénisme et l'aubrysme, une autre dans le sarkozysme. Une postérité bigarrée.

En parlant de gauche qui s'accroche, Chavez, lui, tient toujours bon au Venezuela. Mais au moins son action au service des pauvres ne fait aucun doute. Avoir fait de son pays émergeant un pays "libre de toute forme d'analphabétisme" selon les critères de l'UNESCO, cela à soi seul suffit à justifier ses mandats. Mitterrand lui, au profit des plus défavorisés, ne pouvait afficher que des mesurettes - celles de 1981 (les 39 heures, la retraite à 60 ans), rien qui le distinguât sensiblement de ses pairs à la tête des autres pays d'Europe. "Il aura tout sacrifié à l'unification européenne" dit-on. Il y a sacrifié la gauche. Quel intérêt ?

La destruction de la gauche française par Mitterrand et son européolâtrie font qu'aujourd'hui je trouve plus de volonté de rupture avec le libéralisme chez des membres du Modem que chez des socialistes ! quel héritage !

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Le "Front de gauche" ne va pas bien

3 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

J'ai nourri quelque espoir, il y a quelques mois, lors de la formation du Front de gauche. J'appréciais notamment en son sein le MPEP qui osait poser la question incontournable de la sortie de l'UE.

Mais l'évolution de Mélenchon et du PC n'est pas des plus encourageantes en ce moment. Sur l'UE ils font mine de croire à "une autre Europe" alors qu'aucun indice ne plaide dans ce sens (ce genre d'incantation, qui ne se fonde sur aucune stratégie crédible devient à la longue irresponsable et malhonnête car elle détourne les gens de la construction d'un projet alternatif urgent - celui qui passe par la sortie de l'UE). Et Mélenchon qui avait été très bon sur le Tibet et le Kosovo, se répand en insultes contre Ahmadinejad (dont le discours de Genève était pourtant irréprochable), et adopte une position faible face à Israël (à l'heure où même le Département d'Etat américain s'inquiète du fait que le Quai d'Orsay est dominé par les néoconservateurs).


Dans ma région gasconne le PC abandonne les clés de la boutique à un spécialiste de la guerre civile espagnole qui n'a pourtant guère la cote dans l'opinion publique locale et suscite bien des controverses (comme me le disait le Scientifique belge, c'est au moment où le PC renonce le plus clairement à la révolution qu'il commémore la seule époque de son histoire où il était révolutionnaire : 1936 - encore son côté révolutionnaire pendant la guerre d'Espagne est il très contesté par les poumistes et les anars). En Seine-Saint-Denis il s'en remet à des figures montantes pour le moins contestables (mais on avait vu la même chose à Paris avec le phénomène Clémentine Autain). Sur le plan théorique triomphent en son sein des penseurs d'un communisme parfaitement abstrait (Spire, Badiou, Zizek).

On peine à trouver là les signes d'une stratégie lucide et courageuse.

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