Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #philosophie et philosophes tag

Ex nihilo

3 Septembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Je lis dans le journal aujourd'hui (Le Monde) :

 

galaxy-copie-1.jpg"L'astrophysicien britannique Stephen Hawking affirme que l'Univers n'a pas eu besoin de Dieu pour être créé. Dans son nouveau livre, The Grand Design, Stephen Hawking souligne qu'en comprenant une série complexe de théories physiques, la création de l'Univers s'expliquera. Des extraits de cet ouvrage, écrit avec le physicien américain Leonard Mlodinow, ont été publiés jeudi dans le Times.

 

"Il n'est pas nécessaire d'invoquer Dieu (...). L'Univers peut et s'est créé** lui-même à partir de rien, selon Stephen Hawking. La création spontanée est la raison pour laquelle il y a quelque chose plutôt que rien, la raison pour laquelle l'Univers existe et nous existons." "

 

** traduction maladroite de "can and has created"

Lire la suite

Roudinesco et Onfray

2 Septembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Il y a beaucoup de sujets en ce bas monde qui méritent plus d'attention que la polémique Roudinesco-Onfray. Par exemple la question : pourquoi les inondations au Pakistan intéressent-elles moins les médias et les foules alors que, de l'avis de l'ONU, elles sont plus désastreuse que le tremblement de terre d'Haïti qui a ému tant de personnes ?

 

autruche-copie-1.jpg

Je serai donc bref sur la polémique parisienne, en signalant seulement combien les querelles intellectuelles ont parfois du bon pour résumer les caractéristiques des gens. Bien sûr on est toujours, de part et d'autre, dans le registre de la caricature, mais la caricature dit aussi quelque chose de vrai sur la limite d'un raisonnement, d'une posture. Dans le dernier livre de Roudinesco contre Onfray il y a de très beaux paragraphes, un très beau portrait de la pensée de son adversaire. Preuve, comme disait Gide, qu'il faut faire raconter une histoire par un homme (ou une femme) en colère, ou encore, comme disait Nietzsche, que la colère est une source d'inspiration formidable. A-t-elle vraiment, par ailleurs, tenté de faire couler financièrement l'université populaire d'Onfray ? Ce ne serait pas très élégant, pas plus d'ailleurs que la réponse du philosophe à la psychanalyste dans Libé. C'est un problème assez constant en France depuis l'après-guerre : les gens ne savent pas garder une hauteur de vue.

 

N'étant ni pour la psychanalyse, ni pour la religion païenne que M. Onfray cherche à imposer, je ne me sens pas vraiment concerné par le fond des arguments qui sous-tendent cette polémique. En revanche je trouve qu'on a raison de reprocher à M. Onfray sa désinvolture méthodologique sur le volet de l'historiographie. On ne devrait jamais laisser un philosophe faire de l'histoire. Dans le livre de Roudinesco, la façon dont l'historien Guillaume Mazeau démonte les écrits d'Onfray sur Charlotte Corday m'a paru tout-à-fait exquise.

 

Lire la suite

Les Argonautes, Régis Debray, les incendies russes et Chrysippe

21 Août 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien, #Grundlegung zur Metaphysik, #Philosophie et philosophes

Actualisation 2019 : Texte écrit avant mes découvertes sur le monde invisible au contact des médiums, largement renié depuis que je sais quelles forces sont à l'oeuvre dans tout cela

Il y avait hier soir sur une chaîne de la TNT un navet, énième version de l'épopée des Argonautes, version 2000 ou 2001, mais qui avait le mérite de m'en rappeler une autre, plus ancienne, de 1980, qui celle-là m'avait fait rêver. Cela m'a fait penser au Médée de Pasolini évidemment, et à l'Abkhazie, ancienne Colchide où j'étais l'hiver dernier. Les variations sur un même thème ont toujours du bon. Qu'on nous resserve donc l'Iliade et l'Odyssée, et le cycle thébain, et la malédiction des Atrides. J'ai lu dans Carlo Ginzburg il y a peu qu'en Colchide, encore au IVème siècle avant Jésus-Christ, on faisait sêcher les cadavres des gens pendus aux arbres dans des peaux d'animaux et que ce fut sans doute la première vision que Jason eut de ce pays. Je pense que Pasolini l'ignorait quand il a mis en scène les sacrifices humains du royaume de Médée. La réalité dépasse toujours la fiction.

 

plato-copie-1.jpg

A midi la chaîne parlementaire diffusait ou rediffusait une interview de Régis Debay (que j'ai bien connu),  toujours égal à lui-même : mélancolique, désabusé, disant un peu tout et son contraire, amoureux des belles formules. Il m'a donné envie de lire Julien Gracq. J'ai acheté de lui La Forme d'une Cité cet après-midi. J'espère y retrouver le sens de l'inutilité littéraire, du luxe des mots qui ne sont plus qu'une musique.

 

Debray a eu une phrase juste dans son interview, sans doute une phrase extraite de son dernier livre : "De nos jours seule la nature fait événement". C'est très juste. Les feux de forêt en Russie, les inondations au Pakistan. Etrange fascination pour les cataclysme planétaires, envers de notre découragement devant l'humain. Pauvre humanité qui ne nous inspire plus que des petites compassions rose-bonbon comme dans "Belle toute nue" que je regardais cet après-midi pour tuer le temps.

 

Dans Ria Novosti, un certain M. Hugo Natowicz s'enflamme contre le traitement des incendies russes par la presse française. Je voudrais bien partager votre indignation, cher monsieur, mais à aucun moment votre article n'affronte la raison pour laquelle les médias français imputent à M. Poutine la responsabilité des dégâts : la loi de privatisation de la forêt russe en 2007. C'est le coeur du problème et vous n'en parlez pas. Voilà qui ôte tout crédit à votre texte. Pour le reste rassurez vous : en France aussi nous imputons aux politiques les causes des dégâts naturels provoqués par les incendies et les ras de marée. Il n'y a donc pas, me semble-t-il, d'antirussisme particulier dans cette affaire.

 

Au fait : Michel Onfray fait dans le BD maintenant. Une sur Nietzsche. Je vais l'acheter je crois. A mon avis il doit être un bon vulgarisateur dans l'espace des cadres et des bulles.

 

Un peu loin de la vulgarisation j'ai lu hier des analyses universitaires remarquables sur le commentaire que le deuxième chef de l'école stoïcienne d'Athènes Chrysippe (vers 210 av JC) faisait d'un tableau pornographique représentant Héra qui offrait une fellation à Zeus. Je vous fais grâce du détail de l'explication et des théories physiques sur la création du monde qui soustendent tout cela. Mais décidément les stoïciens me plaisent de plus en plus.

Lire la suite

odium humani generis

29 Juillet 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

penan.gifUn certain Caleb Irri écrit à propos des théories de la décroissance : "je ne peux me satisfaire d’une théorie qui frustre les désirs et les espoirs d’un monde meilleur, sans lesquels il est vain de vouloir perpétuer l’espèce humaine". L'article ne dit par ailleurs à peu près rien sauf "d'accord il ne faut pas trop exploiter la nature, mais on peut bien arriver à continuer à produire sans surexploiter, abolissons l'argent", et donc j'en déconseille la lecture, mais ce qui m'intéresse c'est la phrase que je viens de citer sur la perpétuation de l'espèce humaine. Voilà au moins un auteur qui dit tout haut ce que l'extrême gauche pense tout bas : l'humanité peut disparaître si elle n'a pas les moyens de réaliser ses utopies. Ca a un côté polpotiste, et cela porte surtout la marque d'un nihilisme profond, d'une haine de la vie, dont je n'avais jusque là jamais remarqué la violence - mais que Nietzsche, lui, avait identifiée dans les utopismes de son époque, quoique lui-même en ait parfois partagé certains traits. L'humanité ne mérite pas de vivre et de se reproduire s'il n'y a pas d'utopie dans son horizon ? Tiens donc ! Veut-on dire par là que l'animal humain est nécessairement inadapté au monde où il vit ? que son évolution darwinienne aurait échoué de sorte que l'humain ne peut plus vivre que dans l'attente angoissée de son propre dépassement ? Quand je vois mon fils grandir j'aurais plutôt le sentiment inverse. Il est extrêmement grave de proférer ce genre d'accusation. Veut-on dire que les trois quarts de l'humanité qui n'ont aucune utopie politique concrète et les neuf dixièmes (voire plus) des humains qui nous ont précédés sont des erreurs de la nature ? On accuse souvent les écologistes conservateurs de détester, au fond, l'humanité et de ne voir en elle qu'un parasite d'une Nature idéalisée. Mais on peut en dire autant des anti-écolos utopistes qui conditionnent leur sympathie pour l'humanité à son adhésion à leurs projets politiques fumeux. Il est au moins un domaine dans lequel l'humain excelle (et notamment ceux des humains qui prétendent expliquer aux autres ce qu'il faut croire et ce qu'il faut pensée) : c'est dans la haine globale de sa propre espèce...

 

 

Lire la suite

Philosophie existentielle

21 Juillet 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Si l'on se situe du point de vue de l'existence sensorielle brute, tout peut exister : Dieu, Satan, les anges, les dieux de tous les panthéons, les âmes errantes, les licornes, les êtres les plus improbables, idem le Paradis, l'Enfer, le Walhala, l'Atlantide etc.

 

Du point de vue de l'expérience rationnelle (de l'empirie corrigée par une réflexion cohérente), toutes ces croyances ne sont qu'illusion. La vie, est un phénomène chimique qui a pu apparaître ici (sur Terre) et en d'autres endroits de l'univers, qui est par essence limité dans ses possibilités (par les lois de la matière) et périssable dans le durée. La vie n'a pas de sens en dehors de son propre entretien et développement (via un usage raisonné du principe de plaisir) et sa reproduction. Chez l'humain la fonction symbolique (notamment le langage) concourt sur un mode spécifique au développement de la vie (avec des inconvénients eux aussi spécifiques).

 

Sur Terre, l'humain est hélas le seul animal qui, du fait de sa complexité, est susceptible de comprendre le mieux ses limites, et la relative absurdité d'une vie ainsi vouée au trépas (trépas individuel et disparition de l'espèce, voire de l'univers lui-même).

 monastere-copie-1.jpg

Il n'y a aucune probabilité pour qu'un être surnaturel de quelque sorte éprouve le moindre intérêt pour les animaux nés sur terre (y compris l'humain) ni pour aucun phénomène vivant.

 

Voilà où s'arrête ce qu'on peut dire d'un point de vue rationnel. Après cela, il existe des questions auxquelles notre raison, façonnée par l'interaction avec la nature dans l'évolution darwinienne, est incapable de répondre. Ces questions sont : qu'est-ce que le temps ? pourquoi le temps ? qu'est-ce que l'espace ? pourquoi l'espace ? Pourquoi la matière est-elle apparue ? qu'y avait-il autour du point du bigbang si tout l'espace-temps était au début concentré en un point ? qu'y avait-il avant l'apparition de ce point ? Pourquoi des lois régissent-elles la matière ? Existe-t-il d'autres types de matière constitutives d'autres mondes que nous ne pouvont percevoir ? Voire des mondes qui ne seraient pas matériels ?

 

Aucune de ces questions ne permet de déduire a priori des réponses spiritualistes. Toute réponse spiritualiste est a priori suspecte d'anthropocentrisme (car l'hypothèse de l'existence de phénomèes spirituels est typiquement une production de l'esprit humain par amalgame et confusion de perceptions et de questionnements, comme l'a bien montré Dawkins). Et l'examen de ces questions, aporétique par définition, ne peut fonder aucun espoir pour l'existence humaine, ni aucun sens éthique particulier (sauf peut-être celui de la modestie pour notre espèce). Ces questions sont assez gratuites et n'auront jamais de réponse intelligible par le cerveau humain.

Lire la suite
<< < 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 > >>