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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #billets divers de delorca tag

Pas très élégant

13 Mars 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Pas très élégants l'éditorial du Monde aujourd'hui, et les déclarations de l'Elysée, qui essaient une fois de plus de transformer les agresseurs en victimes dans cette affaire de Salon du livre parisien. Mais c'est une spécialité occidentale, on a entendu la même chose sur le Kosovo. C'est toujours le peuple dont on travestit l'histoire, qu'on encercle, qu'on assiège, sur lequel on pointe nos missiles, qui est accusé de nous menacer. Donc le refrain que l'on nous sert en ce moment c'est "les boycotteurs du salons du livre prennent la littérature en otage", "ils s'en prennent à des écrivains innocents". Pas très élégant, et pas très digne. Une façon pharisienne de se faire croire qu'on a les mains blanches, à bon compte. D'abord parce que les livres ne sont pas si innocents qu'on le croit. Ils sont sur le long terme plus efficaces que les armes. Ensuite parce qu'il faut être particulièrement borné pour ne pas voir ce qu'a de provoquant l'existence d'un "Pavillon d’honneur aux couleurs d’Israël " au milieu du Salon du livre, à l'heure où ce pays, qui s'est imposé sur le territoire d'un autre peuple, continue de menacer ses voisins et de mépriser le droit international. undefined

Il y a souvent des excès dans la dénonciation des crimes commis par Israël, mais cette fois l'excès est clairement du côté des autorités françaises organisatrices de cette manifestation littéraire. Hélas une fois de plus c'est un excès rempli de bonne conscience.  C'est le propre de nos soi-disant "élites".

Je note une contradiction dans l'argumentation du Monde (en plus de sa mauvaise foi) : "Quoi qu'il exprime du réel, le livre est d'abord l'expression d'une singularité individuelle." explique-t-il. Mais alors pourquoi célébrer collectivement, en tant qu'expression d'une entité collective - la culture israélienne - des auteurs dont on prétend qu'ils n'ont que des mérites individuels, en tant qu'individus ?

Et puis méditez cette phrase de l'éditorialiste (heureusement anonyme) : "Boycotter les livres, voire récuser une langue, a toujours été l'arme des dictatures". Et demandez-vous combien de fois Le Monde, et l'intelligentsia parisienne, dans leurs colonnes, ont boycotté des auteurs, des ouvrages, des éditeurs. Il y a vraiment de quoi rire jaune...

Pour ma part tout ce que je souhaite aux écrivains israéliens, c'est qu'ils parviennent un jour à déployer leur talent, dans la langue qu'ils veulent, dans un Etat qui ne soit plus dominé par une idéologie militariste et colonialiste. On a appris cette semaine qu'Israël voulait relancer la colonisation. Les bons esprits qui dirigent le journal Le Monde, et leurs lecteurs ont-ils réfléchi une seule seconde à la signification de cette annonce ?
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Temps pluvieux pour l'anti-impérialisme

11 Mars 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Pas beaucoup de bonnes nouvelles à se mettre sous la dent ces derniers temps.

Je participe toujours à diverses initiatives fédératives autour de l'idée de souveraineté des peuples face à l'impérialisme. Mais les fédérateurs n'ont pas bonne presse, par les temps qui courent. Chacun préfère se replier sur ses certitudes communautaristes .A  preuve ce jeune militant anti-impérialiste arabe, qui tient un site aux idées proches du mien, mais qui a refusé tout dialogue avec moi et avec le Dissident sur la question des Balkans, parce que les Serbes y auraient commis un "génocide". undefinedCe n'est pas la première fois que l'on se heurte à ce type de dogmatisme de la part  de gens issus de pays de culture musulmane, ainsi que je le raconte dans un livre à paraître.

Les conseillers de Bill Clinton qui dans les années 1990 ont soutenu les islamistes de Tchétchénie, de Bosnie et du Kosovo, à grand renfort de propagande dans ces trois guerres, ont réussi une belle opération : empêcher une alliance entre les peuples de culture chrétienne orthodoxe et ceux de culture musulmane. Il en résulte dans la vie de tous les jours que les gens qui ne sont ni orthodoxes ni musulmans comme moi et qui s 'efforcent simplement d'encourager les énergies à s'unir contre des logiques planétaires perverses n'arrivent absolument à rien (sauf à pondre de temps à autre des articles sans influence sur le cours effectif des choses). Les responsables du système politique mondial peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

Je l'avais dit aux lobbyistes serbes récemment : votre cause avancera le jour où dans vos manifs, non seulement il n'y aura plus qu'une minorité de drapeaux serbes, mais aussi quand vous aurez à vos côtés des Algériens, des Palestiniens, tous les non-alignés.

Autre mauvaise nouvelle pour l'anti-impérialisme en ce moment : ce salon du livre parisien consacré à Israël - une confiscation de la culture au service d'un projet idéologique qui maintient le Proche-Orient dans une triste situation depuis maintenant 60 ans... Quels éditeurs, quels auteurs se rendront à ce salon alors que les organisations pro-palestiniennes appellent au boycott ?

A part cela vous aurez noté que Chavez, Uribe et Correa se sont réconciliés. Ceux qui se sont empressés de hurler au projet de renversement de Chavez en sont pour leurs frais. Il y a toujours trop d'alarmisme autour de la question venezuelienne. Cela se retourne toujours contre ceux qui s'investissent corps et âme dans la défense de Caracas. Chavez, comme Uribe, sont des impulsifs. Il faut prendre en compte le côté imprévisible de ce genre de dirigeant et ne pas foncer tête baissée au premier froncement de sourcil. Si un jour le Venezuela est attaqué, je serai le premier à être solidaire contre l'agression. Mais il ne sert à rien de s'agiter à l'unisson de son bouillant président.

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Les blogs, les Russes, la paix

24 Février 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Trop de blogs tuent les blogs. Je vois surgir de toute part des blogs de géopolitique alternative comparables à celui de l'Atlas alternatif. Comme dans le domaine des petits journaux, chacun lance son projet sans s'enquérir de ce qui existe déjà, sans rechercher des convergences. Et tout cela s'atomise à n'en plus finir. Triste constat. Cela fait presque dix ans que cela dure. O l'heureux temps où des partis politiques forts, et des Etats solides donnaient forme aux énergies individuelles !

Mais ce n'est pas de cela que je voulais parler aujourd'hui. Je songeais à cette phrase d'un mien ami alors que nous discutions de la Palestine : "mieux vaut la paix que la justice et que la vérité". En effet, selon le principe de justice et de vérité tout Palestinien exproprié en 1947 devrait récupérer ses terres au coeur même d'Israël - ce qui signifie abolir l'Etat sioniste -, mais alors il y aurait un risque qu'aucun apaisement n'intervienne entre les Israëliens qui devraient rendre leurs terres et les Arabes. Donc oublions la vérité et la justice, disait-il, et préférons la paix : deux Etats séparés. Option d'Oslo à laquelle même Bush prétend croire.

Transposons ce principe à nos combats : nous nous battons pour la paix. C'est à dire non pas en faisant preuve d'un pacifisme béat qui rejette toute idée de guerre, mais en faisant la guerre aux structures qui provoquent les guerres : l'OTAN, et toutes les institutions occidentales ralliées à l'interventionnisme (ce que nous appelons les "structures impériales" ou "impérialistes").
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Ce combat justifie-t-il que l'on se dise à soi-même et que l'on dise aux autres toute la vérité ? C'est une question très compliquée, que j'aborde dans un livre qui sera bientôt publié. Pendant la crise des Balkans de 1999-2000 certains pensaient : "nous pouvons nous dire en petit comité ce que nous pensons de Milosevic, ne pas nous raconter d'histoires sur son compte, mais en public nous devrions éviter de trop le critiquer". Il faut dire que la presse occidentale à l'époque inventait les pires absurdités sur son compte, le dépeignant à tort comme un "dictateur", voire un "boucher des Balkans". Devait-on pour autant reproduire la distinction instaurée par les philosophes antiques entre enseignements ésotérique (pour les initiés) et exotérique (pour le plus grand nombre) ? - cf aussi la distinction chez Trotsky entre agitation et propagande.

D'aucuns reprenaient l'idée de Chomsky de 1975 selon laquelle critiquer le gouvernement vietnamien dans la grande presse américaine c'eut été du même goût qu'attaquer la Résistance française dans la presse national-socialiste.

Voire... Le dilemme était cornélien (comme tout dilemme chez les lettrés) parce que, à ce moment là (spécialement au printemps 2000) la répression à Belgrade devenait très dure.

Comme j'ai la chance de ne pas être un leader d'opinion, et puisque mon blog n'est lu que par 30 personnes, je puis éviter une certaine langue de bois, et miser sur l'intelligence des gens en estimant que je puis dire du mal de Milosevic ou aujourd'hui de Poutine sans pour autant souscrire aux sottises proférées par la presse occidentale sur leur compte et sans perdre de vue que l'ennemi principal, la source des problèmes (et de la guerre), ce sont les structures impériales occidentales, bien trop puissantes et trop aveugles (pas Milosevic, ni Poutine).

Pourquoi vous raconté-je cela ? Parce que je vois bien qu'en ce moment la question russe devient une question fondamentale pour l'Europe : que faut-il penser de la Russie, comment faut-il la voir ?

Cela devient notamment une question cruciale pour les Serbes, qui sont embarrassés aujourd'hui d'avoir été jetés dans les bras de Moscou. Je comprends leur gène. En 1998, le père (libéral, pro-occidental) d'un mien ami serbe à Belgrade fut évincé de son poste administratif à l'université par un professeur de russe proche du Parti radical. On voit bien à quoi ressemble le milieu pro-russe à Belgrade : un monde de vieux patriotes tournés vers le passé. Et l'on comprend que cela n'emballait pas certains jeunes serbes qui avaient plutôt envie d'écouter les chansons d'Amy Winehouse ou de voyager à Paris. Tout ce traditionnalisme slavisant était très pesant, notamment pour les jeunes femmes (car il est très patriarcal), et pour les minorités. Je comprends tout à fait que lorsque la TV russe hier se réjouit de l'assassinat du premier ministre pro-occidental Djindjic en 2003, beaucoup de Serbes, même patriotes (et il y en a pljus qu'on ne croit, même dans les rangs du parti de Djindjic) aient ressenti un malaise et voient poindre au dessus d'eux l'ombre d'une Russie despotique qui les menace.

Je les comprends, comme je comprends les Polonais : j'étais à Varsovie en juillet dernier. Aucun Polonais même parmi les plus lucides sur l'impérialisme occidental n'a envie de tomber sous la coupe de Poutine. "Déjà, me disait un politicien de gauche, je ne peux pas faire confiance à un pays qui consacre toutes ses ressources au luxe de sa capitale - à Moscou tout est beau et cher, c'est une vitrine, alors que le reste du pays est pauvre". Vladimir_Putin.jpg

Je suis très conscient de tout ce qui ne va pas dans ce système russe. La corruption, l'autorisme. Il y a peu je conversais avec une jeune femme russe qui est dans les affaires à Paris. Elle me parlait des entrepreneurs arrêtés arbitrairement, des gens enlevés sans raison par la police. "Je me sens plus en sécurité en France" disait-elle. Je cotoie aussi des marxistes français qui s'inquiètent des persécutions que le régime inflige à une certaine extrême gauche russe (même si par ailleurs beaucoup de gens sincèrement de gauche à Moscou soutiennent Poutine)

En même temps, comme beaucoup d'opposants au régime euro-états-unien, je ne peux pas ne pas être admiratif devant ce système poutinien, cette vaste entreprise de restauration nationale autour des ressources énergétiques (un appareil d'Etat largement adossé à Gazprom, et ce même si cela n'est pas pleinement recommandable du point de vue de l'intégrité financière). Tout cela est tellement plus noble que la déchéance eltsinienne, que la "grande braderie", la "grande prostitution" des années 1990. L'an dernier à Tiraspol je discutais avec une jeune Russe qui me disait "lors de la dernière allocution télévisée de Poutine, nous avions les larmes aux yeux et nous avons sorti notre meilleur champagne pour fêter ça". Comment ne pas voir que cet Etat russe fort est une bonne chose, pour le peuple russe (y compris les plus pauvres, moins soumis aux caprices des multinationales), et pour l'équilibre planétaire ? Comment ne pas voir que sans la force de l'Etat russe, Chavez au Venezuela serait fragilisé, les Balkans plus balkanisés, l'Europe encore plus américanisée ?

Voilà des choses qui doivent se dire et qui doivent se faire comprendre. Il n'y a pas de choix aisé en politique. Je ne suis pas très heureux de savoir que certains de mes amis belgradois devront subir à nouveau le poids de vieilles lunes sous l'influence des pro-russes, mais je suis satisfait que Poutine défende l'intérêt des minorités harcelées au Kosovo, et une vision du pluriethnicisme balkanique auquel les Occidentaux, avec leur folie pro-UCK, ont de fait renoncé. Et l'un ne va pas sans l'autre, cela il faut bien l'admettre.

A ce propos, j'indique à ceux que ça intéresse un débat sur le thème de l'élection présidentielle russe qui réunira demain à Paris M. Vladimir Tchourov, président de la Commission centrale électorale de la Fédération de Russie, M. Michel Lesage, professeur émérite à l'Université de Paris 1, M. Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre. Les références de ce débat sont indiquées sur le blog de ce dernier (http://www.chevenement.fr/). Je crois qu'il faut s'inscrire un petit peu avant par email.

Frédéric Delorca

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Balkans - On retient son souffle

23 Février 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Intéressant de lire B92 et Ria Novosti en ce moment. Un journal Koweitien accuse l'OTAN de répandre l' "épidémie séparatiste" à travers le monde. Un journaliste russe à la TV se félicite du fait que le premier ministre serbe Djindjic ait été liquidé en 2003 - du coup vague d'émoi chez les lecteurs de B92 http://www.b92.net/eng/news/society-article.php?yyyy=2008&mm=02&dd=23&nav_id=47912, et la question surgit : la Russie est-elle vraiment un bon allié ? Poutine a  menacé d'intervenir militairement si la KFOR outrepassait les résolutions de l'ONU au Kosovo (notamment après son action au service des poseurs de postes de douanes) et si l'UE reconnaissait unanimement le Kosovo.
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Côté occidental la bêtise reste de rigueur. A preuve cette déclaration de l'ex-député suédois Bo Inge Andersson (rapportée par un serbe, il faudra quand même vérifier http://www.b92.net/eng/news/your_comment.php?nav_id=47889) sur SVT (ma chaîne de TV publique): “by attacking the US embassy and other embassies, Serbia is declaring war.... even Hitler gave time for embassies to evacuate before he declared war” . Une de mes correspondantes se demande s'il faut y voir une réhabilitation plus ou moins consciente du nazisme...

En tout cas personne ne parle de la victime morte dans l'incendie de l'ambassade états-unienne, et pour cause : c'était un Serbe du Kosovo victime du nettoyage ethnique en 1999 - http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=02&dd=23&nav_id=47924. Si ç'avait été un citoyen américain, ça aurait fait le "une" de vos journaux préférés.

En Serbie le perdant est le président Tadic, réélu avec la promesse que les Serbes auraient et le Kosovo et l'entrée dans l'UE il a déserté piteusement les manifestations de cette semaine. L'opinion publique lui en veut. Si les élections législatives se tiennent bientôt son parti reculera sans doute.

Beaucoup de gens lorgnent vers la Republika Srpska de Bosnie : qu'attend-elle pour faire sécession ? Le proconsul de l'ONU s'est inquiété d'un vote du parlement pour l'autodétermination la nuit dernière - http://www.b92.net/eng/news/region-article.php?yyyy=2008&mm=02&dd=23&nav_id=47929.
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Un idéal bobo

23 Février 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

En regardant ce clip, on est frappé par la beauté des images, l'idéal de liberté qu'elles évoquent. Et, en même temps, on ne peut pas s'empêcher de songer que ce type qui skate et qui va rayer les portes du musée d'Orsay (de toute façon, il s'en fout, quelque immigré africain ira nettoyer ça pour lui, ou le contribuable - celui qui bosse sous un ciel gris, celui qui n'a pas de skate - paiera) fait partie des gens qui ont voté pour Sarkolène et qui veulent donner des leçons de démocratie - au besoin par la force - aux Soudanais, aux Irakiens, aux Cubains et aux Serbes. Ce skater n'est au fond qu'une des multiples images du consommateur idéal. L'homme qui consomme sa ville, le patrimoine architectural qu'elle recèle (et plus qu'un patrimoine - tous les sacrifices d'un pays, et toutes les gloires d'une cultures qui ont fait exister cette architecture), sa propre vie, la vie des gens autour de lui, réduits au rang de simple décor, son monde. Le consommateur criminel.

Au paradis du totalitarisme bobo, le meilleur côtoie toujours le pire.

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