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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #souvenirs d'enfance et de jeunesse tag

Sciences Po

15 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

louis-philippe"Alors qu’une nouvelle page de l’histoire de Sciences Po doit s’ouvrir, nous demandons aux deux présidents, Jean-Claude Casanova et Michel Pébereau, de se retirer tous deux des conseils qu’ils dirigent, l’un depuis 6 ans, l’autre depuis 24 ans. Nous ne nous sentons pas engagés par les résultats du Conseil d’administration de la FNSP et du Conseil de direction de l’IEP de Paris des 29 et 30 octobre 2012 et nous réclamons l’organisation d’une nouvelle procédure de recrutement et d’élection." (extrait d'une pétition en ligne ici)

 

Les orléanistes tombent non à cause des énormités qu'ils profèrent avec suffisance ici ou là (sur les ondes radiophoniques par exemple) depuis des lustres, mais à cause de leur rôle à la tête d'une école de formation des "élites".

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Le bal des célibataires

28 Octobre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

On se souvient du livre de Bourdieu "Le bal des célibataires". Je connais pas mal de gens en Béarn, notamment dans ma famille, qui sont restés célibataires chez leurs parents toute leur vie. Telle aurait d'ailleurs été probablement ma condition si je n'avais eu l'idée folle de croire en la connaissance et d'aller tenter ma chance dans les grandes écoles à Paris.

 

Je me demande si les sociologues de l'université de Pau se sont penchés sur cette question récemment (je n'ai pas l'impression qu'ils fassent beaucoup connaître leurs travaux hors de leurs murs). Ce statut de "Tanguy" doit avoir une drôle d'influence sur la perception du monde et du temps. Une enfance indéfiniment prolongée dans des meubles et des décors qui vieillissent. Le refus d'aller affronter l'altérité, d'aller y prendre des responsabilités. C'est peut-être une glorieuse forme de résistance à la modernité, quoique les néo-libéraux s'en arracheraient les cheveux (arg ! quelle entrave à la mobilité du capital productif humain !).

 

Est-ce que la situation périphérique d'une région peut pousser tout le monde vers une attitude régressive, involutive (en Espagne on parle d' "involucionismo"). Les garçons incités à rester chez eux à ne rien faire, les filles de même, devenant de ce fait moins coquettes, moins séduisantes, moins intéressantes (une copine béarnaise me disait il y a trois ans "Oh là là j'étais à Paris pour un salon porte de Versailles. Comme les filles sont apprêtées ! Je comprends qu'elles trouvent que nous les Béarnaises nous sommes des paysannes !)."  Un cercle vertueux d'involucionismo se crée alors qui favorise le passéisme, la passivité et la sous-natalité. De quoi faire rêver les obsédés de l'empreinte carbonne non ?

 

En Espagne aussi les "Tangy" sont nombreux, qui ne veulent "ni travailler ni étudier". Le pays privé de son droit au crédit voit son chômage grimper à 25 % (près de 40 % en Andalousie). De quoi déchaîner de nouveau cercles "involucionistas" à n'en plus finir. L'involucionismo est l'avenir de l'Europe.

 

A propos de Bourdieu, Tobie Nathan s'énerve contre son livre ("les Héritiers") qui décrivait les acteurs de mai 68 comme des grands bourgeois, alors que lui venait de la cité de Gennevilliers (mais d'une famille qui n'était pas dépourvue de capital culturel, notons le). Se peut-il qu'il y ait eu un biais statistique qui ait fait manquer à Bourdieu les "rank and file" du mouvement étudiant  (car Nathan reconnaît qu'il faisait partie des sous-fifres) ? Ou bien son livre se désintéressait-il des seconds couteaux ? Il y a bien longtemps que je ne l'ai pas revu, donc je ne sais plus. Nathan est quand même très bon pour démystifier le milieu académique (à propos de Devereux notamment). Mais il faut reconnaître que psychologie est un terrain de bidonnage particulièrement fécond.

 

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Zaza à Platine 45

11 Octobre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Bon, si on regardait la TV de 1984 ensemble ? Moi j'adorais Frankie goes to Hollywood, Paul Young, enfin bref un peu tout ce qui passait dans ce truc là. Et I-sa-belle Ad-ja-ni (sauf sa chanson), of course !

 

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Anthropologie de nos séries d'enfance

31 Août 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

026- 1992 (29.8.92-24.11.92) 206J'aurais pu vous parler de bien des dessins animés et de bien des films de la fin des années 1980. J'en choisis un au hasard tout simplement parce que je le regardais cet après-midi.

 

Des tas de gens sont morts au cours du premier semestre 1980 : Jean-Paul Sartre, Roland Barthes, Alfred Hitchcock. Mais pour moi et mes petits camarades de classe qui avions neuf ans, le premier semestre 1980 est surtout marqué par la mort de Volcor et celle de Furia dans la série San Ku Kaï que diffusait Antenne 2.

 

Ils ont bien raison sur Wikipédia de dire que c'était une série à la gomme faite de bric et de broc : "La réalisation bénéficiait, manifestement, d'un petit budget : lunettes de ski et vêtements en filet, casques de mobylettes ; récupération de scènes d'un épisode à l'autre ; scènes d'action tournées dans la même carrière", écrivent-ils. Un plagiat de Star Wars avec des références à l'imaginaire japonais (les arts martiaux notamment). Rien de plus.

 

Oui, mais pour nous qui avions neuf ans, et pour qui ni Star wars, ni même le Japon n'existaenit vraiment, il s'agissait de tout autre chose. Un film initiatique qui nous sensibilisait aux valeurs héroïques, comme Goldorak, Albator, Capitaine Flam, que sais-je encore... Je m'étonne aujourd'hui de voir que ma génération qui a gobé tant d'histoires de super héros se soit montrée si peu héroïque, si peu digne au final, si lâche, si immature, dans ses choix collectifs. C'est un mystère.

 

Je me souviens très bien de cet épisode 26 où les numéros 2 et 3 de l'armée des "stressos" (quel nom débile quand on y songe) meurent. On s'était attachés à eux au fil des semaines. Furia me faisait carrément fantasmer. Ce côté femme combattante, comme les déesses guerrières d'antan, était tout à fait insolite pour nous. Et un tantinet sexy. Mais sa fin est minable. Normale en un sens puisqu'elle a toujours incarné la lâcheté et la perfidie. Wikipedia explique qu'elle était " assez douée dans l'art des retraites rapides et précipitées, fourbe et ambitieuse"... Pas terrible pour l'image de la femme - les femmes du camp "du bien" n'étaient pas mieux traitées, et, à tout prendre, celle du mal m'intéressait plus.

 

Je me souviens parfaitement bien de la mort de Volcor et même du commentaire que nous en fîmes dans la cour de récréation. Je ne sais plus qui le dit le premier, mais nous tombâmes tous d'accord pour exprimer notre admiration pour sa loyauté car il fut le seul à périr dans la bataille sans trahir ses supérieurs hiérarchiques. Un vrai soldat idéaliste en quelque sorte...

 

La série dut beaucoup à sa musique entraînante qui venait dynamiser les scènes de combat que nous attendions toujours avec impatience. C'était plein d'adrénaline.

 

Je ne sais pas si les petits garçons aujourd'hui peuvent encore communier au jour le jour dans l'évocation d'épisodes de téléfilms vus la veille comme nous le faisions. Je suppose qu'Internet et la TV à la carte interdisent cela désormais. Et nourrit-on leur testostérone aux films de combat comme le faisaient les japonais à l'époque (sous la critique générale des conservateurs et des associations de parents d'élèves il est vrai), dans un monde où, désormais la violence reste représentée (dans les jeux vidéos notamment) mais seulement pour les plus de dix ans ?

 

Je m'interroge...

 


 


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Troyes

16 Août 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Hier la télévision montrait la ville de Troyes dans le cadre d'une émission sur la comédienne compagne du maire de cette ville (l'ex ministre de MM. Chirac et Sarkozy que j'ai d'ailleurs rencontré quand il n'était que jeune député de Nogent-sur-Seine, nul besoin de nommer tous ces gens).
 
J'ai beaucoup aimé cet endroit où j'ai vécu pendant six mois en 1994. Il est dommage que ma condition d'apprenti fonctionnaire à l'époque m'ait souvent détourné de la vie "ordinaire" et des rêveries que je pouvais avoir dans cette ville.
 
Elle avait le calme de la Charente, mais un calme plus artificiel car toutes les grandes guerres s'étaient déroulées à ses portes, alors que la Charente, elle, s'est tenue à distance des conflits. C'était un calme voulu, celui qu'on impose à nos musées, et cette cité en forme de décor de film sur le Moyen-Age avait toutes les caractéristiques d'un conservatoire de choses très anciennes, c'est ce qui en faisait le charme.
 
Nous étions au coeur de la Champagne, en ce milieu des années 1990, et en même temps l'abondance des vieilles pierres faisait que nous n'étions nulle part et dans aucune époque. Le matin pour aller bosser je longeais la très vieille cathédrale, le rectorat, le quartier de l'annexe de l'université de Reims au bord de la Seine. Tout cela était divinement médiéval comme Tolède. Le soir je dînais le plus souvent seul dans l'Est de ce vieux centre qu'on nomme le bouchon de Champagne notamment au restaurant "Le Bouchon champenois", rue des Chats.
 
Le samedi 14 mai 1994 j'écrivais "Je manque de curiosité. Ma curiosité intellectuelle est clairement circonscrite. Elle tombe sur un nombre de sujets limité sur lesquels elle revient ensuite à la manière d'une compulsion de répétition. Placez moi devant une ville comme Troyes, mon attention se fixera sur telle bâtisse, telle ruelle. J'y penserai périodiquement sans pour autant chercher à en savoir plus sur ce bâtiment ou cette rue, et sans chercher à découvrir les autres quartiers. Voilà pourquoi je n'éprouve aucunement le besoin de voyager."
 
Et c'est vrai qu'à la différence des autres étudiants de grandes écoles que je connaissais, je ne cherchais pas du tout à acquérir une érudition sur les lieux que je fréquentais, ni à voir au delà de ce que mon regard croisait par hasard. Ainsi de Troyes je n'ai au fond pas su grand chose à part que ç'avait été la capitale des Foires de Champagne, le lieu de résidence d'un philosophe juif célèbre au XIe siècle, un certain Rachi je crois (j'ai visité la synagogue médiévale, on en  faisait beaucoup de cas à l'époque, en ce temps de célébration des "rencontres des cultures" et de la tolérance religieuse avec l'Islam et le judaïsme, comme on l'avait fait deux ans plus tôt à Séville), ainsi bien sûr que de Chrétien de Troyes : les sous-préfets du département et leurs collaborateurs m'avaient offert pour mon départ les oeuvres complètes de cet auteur à la Pléiade, en vieux français et français contemporain, qui m'ont beaucoup plu autour de mon vingt-quatrième anniversaire.
 
Je ne parlerai pas de mes histoires de coeur dans cette ville, ni des visites de mes proches qui séjournèrent dans le grand appartement de fonction dont je disposais ; encore moins, bien sûr de mon travail. De ce temps là je veux surtout me souvenir de l'écriture d'une nouvelle, "Ulysse chez Circé", que j'ai ensuite voulu transformer en roman (après avoir lu à la bibliothèque municipale un article dans la revue "Le Cheval de Troie" qui n'existe sans doute plus) dans lequel Enée retrouvait Ulysse en Italie, cela s'appelait Les Fondateurs. Je me souviens avoir acheté (le samedi 28 mai très précisément m'apprend mon Journal que je lis après coup) aux Passeurs de Textes, la meilleure librairie de Troyes, le début de l'Enéide pour bien m'imprégner de cette ambiance. J'étais fasciné par cette phrase dans laquelle je percevais toute l'ambition et la puissance de la langue latine : "Externi generi uenient qui sanguine nostrum nomen in astra ferant". Je la reproduis de mémoire, c'est une des rares citations non canoniques qui aient accroché mon esprit. Le roman était vaguement parodique, au second degré, un peu bizarre. J'y croyais beaucoup.
 
Je ne sais plus trop à quel éditeur j'ai dû l'envoyer. Il n'a jamais été publié. J'aimais l'idée qu'une ville médiévale m'inspirât un imaginaire antique - de la guerre de Troie aux flâneries de Troyes -, comme je me plaisais à mêler sur le lecteur de cassettes de mon appartement (un lecteur qui ne m'appartenait pas car tout était fourni par l'employeur) Alpha Blondy et Mike Oldfield à l'heure où la radio diffusait plutôt "The Power of Love" de Céline Dion. Je mêlais les époques. Il y avait cette année-là l'élection de Mandela à la présidence de l'Afrique du Sud, la guerre civile en Bosnie et ce même 14 mai je cherchais à adhérer à une association pour donner corps à mon engagement contre "les fascistes serbes". J'étais sur ce plan  là un jeune idiot idéaliste qu'on pouvait aisément berner.
 
A l'époque je lisais aussi Aphrodite de Pierre Louÿs, Lucrèce, Derrida, Onfray, Ricoeur, Sarah Kofman. J'aimais Troyes parce que les Parisiens et leurs médias ne parlaient jamais de cette ville si proche pourtant de chez eux (les Franciliens préfèrent la Normandie à la Champagne). J'aurais pu en faire ma ville d'adoption. Cela s'est peut-être joué à peu de choses. Il est étrange de se dire que les gens connus là-bas existent encore. Quand on n'est que de passage quelque part, on tend à associer le lieu à une époque. On pense que les gens rencontrés et l'endroit avec eux ont disparu avec les circonstances de la rencontre. Mais c'est faux. Ils ont eu leur devenir, bon ou mauvais. Troyes continue d'exister comme 36 000 autres communes en France. Simplement y retourner pour moi reviendrait juste à visiter un livre de souvenirs en trois dimensions, comme j'avais essayé de le faire vers 2006 ou 2007 en tournant cette vidéo (ci dessous). Donc c'est vrai que pour moi il ne peut pas y avoir "à nouveau" ou "encore" une ville de Troyes. C'est pour moi une ville aussi inexistante désormais que l'antique Cyrène ou que Ctéphison. C'est devenu un non-lieu...
     

 
 
 
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