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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #souvenirs d'enfance et de jeunesse tag

The life of Brian

20 Mars 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Il y a un gars sur un site malgache qui me qualifie de "gauchiste limite anar". Je ne sais pas trop comment il faut le prendre. L'étiquette me surprend un peu. Je suis cependant assez incapable de dire en quoi elle est juste ou fausse. C'est un peu comme si quelqu'un avait écrit "Frédéric Delorca disciple de Zarathoustra". Mon premier mouvement aurait été de dire "je ne me sens pas vraiment concerné par la réforme zoroastrienne" (comme je peux dire là que je ne me sens concerné ni par l'anarchie ni par la révolution), puis j'aurais songé : "c'est vrai que j'ai peut-être quelque acquointance avec le Zaratoustra de Nietzsche en tant que force d'acceptation du Fatum, à défaut d'en avoir avec le Zoroastre de la Perse antique" (tout comme là je songe que j'ai eu quelques potes anars et que sans doute je préfère passer pour un anarchiste que pour un admirateur d'Hervé Morin). Mais quand même mon lien avec le gauchisme est aussi ténu qu'avec le zoroastrisme, et je suis malgré tout plus proche des intellectuels pondérés du Comité Valmy que des rêveurs de Tarnac. Mais bon, j'accepte toutes les étiquettes. Comme disait l'autre "tout m'est un".

 

A propos de révolutionnaires en chambre, le film La Vie de Brian en parle beaucoup et très bien. Je le regardais encore ce soir en DVD (pour ne pas voir la France bombarder la Libye, cette honte profonde pour notre peuple). Ce petit chef d'oeuvre me fit tant rire à 20 ans.

 

Je ne détaillerai pas ici (vu l'heure tardive) tout ce qui fait la grandeur de ce film. Je vous renvoie aux vidéos sur You Tube dont je vous livre ci-dessous juste le premier des onze extraits qu'on peut trouver sur le Net.

 

Je crois surtout que sa force tient au jeu qu'il fait naître entre l'idéal et le trivial. C'est du cinéma fait par des garnements qui sont passés par Cambridge. Qui donc sont passés par cette éducation pétrie de spiritualité, d'idéalisme sentimental, de recherche de l'élévation morale qui caractérisait l'Europe catho élitiste d'avant les années 60. Ils jouent du contraste qui existe entre la légende dorée du "sauveur du monde" né dans une étable de Bethléem, et la société ordinaire dont "Brian", né le même jour que le "sauveur" dans une maison voisine, n'est qu'une figure parmi d'autres. Cette société dérisoire, tricheuse, crédule, dépourvue de toute grandeur d'âme, au sein de laquelle Brian est encore le plus honnête. Les chrétiens de l'époque y ont vu une attaque indirecte contre leur foi, mais le propos du film était autre : en laissant la foi de côté (à juste titre les auteurs du film s'en désintéressaient complètement), il s'agissait juste de rire de l'humanité telle qu'elle fonctionne chaque jour, telle que nous devons la subir, avec toute sa bêtise, toutes ses petites facilités, toute son absurdité profonde.

 

Peut-être les gens nés sous Sarkozy, qui n'ont rien connu du monde d'avant ne comprendront-ils jamais l'intérêt de ce film, parce qu'il ne concevront même pas l'idéal spirituel auquel les Monthy Python juxtaposaient le rire de la trivialité. Pour la même raison d'ailleurs ils ne comprendront plus jamais Nietzsche. Ils ignoreront tout de la possibilité d'une grandeur intellectuelle ou affective (notre monde semblant en avoir fait son deuil à jamais), ils n'auront connu que la trivialité et ne verront même pas l'intérêt que l'on peut trouver d'en rire. Ils placeront leur rire ailleurs. Sur un mode probablement moins sophitiqué. Faut-il le regretter ? A l'échelle de la société je ne sais pas. A mon échelle personnelle je trouve que je n'ai pas suffisamment fait fructifier ces valeurs idéalistes dont j'avais hérité par le christianisme, par l'école publique républicaine, et par quelques autres sources, ni non plus le jeu avec la trivialité dont j'aurais pu m'offrir le luxe. Je me suis, comme un peu tout le monde, laissé gagner trop facilement par la trivialité brute de mon époque, envelopper par elle au point de ne plus pouvoir en jouer du tout. J'ai mené les combats avec les mauvais outils, les mauvais mots, le mauvais partenaires, j'ai sacrifié ma singularité. Ce qui était à dire ne l'a pas été au bon endroit ni avec les bons mots. J'ai accepté les trois quarts des choses qu'à vingt ans je me croyais prêt à refuser. Mais je crois que beaucoup de gens, y compris ceux qui sont bien plus doués que moi, ont aussi cédé à ces facilités. La force totalitaire de notre époque les y a contraints. Nous avons définitivement basculé dans le monde de Brian sans plus aucun rapport avec celui du Christ. Encore pouvons-nous nous réjouir de savoir encore suffisamment de quoi ce dernier pouvait être fait pour pouvoir rire de La vie de Brian.

 

Qu'on me comprenne bien, le "monde du Christ" n'est pas une expression religieuse dans mon vocabulaire et je ne veux absolument pas restaurer la religion. Ce dont cette expression est, dans ce billet, l'allégorie, c'est le goût de l'excellence, de l'élégance du style, de la présence complète à ses sentiments, du refus de la compromission. Autant de valeurs définitivement dépassées, dont La vie de Brian porte déjà le deuil, et dont notre époque n'envisage même plus qu'elles aient pu un jour exister.

 

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L'arrière-plan mitterrandien

19 Février 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Les années 1990 furent catastrophiques pour le monde parce qu'elles marquèrent l'apogée de l'arrogance occidentale et le début d'une foi stupide dans toute sorte de leurres comme ce que nous appelions, par exemple "les autoroutes de l'information", mais elles n'étaient pas encore catastrophiques pour la France.

 

Nous avions encore Mitterrand, nous l'avons eu jusqu'en 1995. Soyons clairs : je suis radicalement hostile au mitterrandisme comme pratique politique, comme art de la trahison, à l'égard duquel des gens comme Mélenchon sont très loin d'avoirs pris la distance nécessaire. Mais je défends le mitterrandisme comme style, comme langamitterrand.jpgge, comme comportement.

 

On ne sait jamais jusqu'à quel point un chef d'Etat surdétermine le mode de vie et les perspectives d'avenir des ses concitoyens. Aurions-nous eu le Grand siècle français sans Louis XIV ? Jusqu'où le chef d'Etat qui est le fruit d'une époque n'est-il pas aussi son père à maints égards ? De Gaulle n'a t il pas réellement retardé le déclin français ? Dans un pays aussi étatisé que la France on peut raisonnablement le penser.

 

De même je pense que Mitterrand par son style a en quelque manière retardé la faillite générale de nos élites dont Sarkozy est aujourd'hui le nom. Il n'était pas particulièrement courageux (sauf contre sa maladie), pas particulièrement clairvoyant, pas particulièrement grand écrivain non plus, n'en déplaise à ses courtisans. Mais il avait pour lui simplement le fait de venir d'un autre monde, cette vieille bourgeoisie française un peu facho sur les bords qui avait au moins pour elle de chérir les belles lettres et de rejeter certaines facilités. Son appartenance à ce monde-là qui était déjà extrêmement daté dans les années 1980-1990 conférait à Mitterrand une grande capacité de résistance aux modes de son temps, et notamment à la dictature des médias, de sorte qu'il avait su les réduire à sa merci et non l'inverse.

 

Et son décalage à l'égard du nouveau monde qui allait naître - celui des année 2000 - d'une certaine façon "tirait encore" tout le monde vers le haut, au point d'ailleurs qu'ensuite son adversaire et successeur Chirac allait vainement tenter de le singer.

 

Avec le recul, je ne crois pas plaquer sur cette époque là une nostalgie erronée. Oui, j'étais alors élève de l'Ecole nationale d'administration, en plein milieu des années 1990, sur une pente personnelle beaucoup plus ascendante que celle d'aujourd'hui, mais ce n'est pas pour cela que je magnifie ces années. En ce temps là j'étais déjà critique du mitterrandisme, conscience de servir une République minée par des affaires troubles. Mais encore une fois, il y avait ce style du chef de l'Etat , qui par lui-même laissait entendre que l'Etat existait, "en soi et pour soi" comme eût dit Hegel, sans avoir besoin des caméras, ou de la bénédiction de Wall Street. C'est pour cela que même un asocial rêveur comme moi pouvait encore, en ce temps-là, trouver la force de faire le planton devant une caserne, ou prononcer des discours à la place d'un préfet dans des comices agricoles : parce que l'Etat n'était pas ridicule, l'Etat gardait sa propre assise.

 

Pour aussi excécrable que fussent le Prince et son cercle d'admirateur. Je pourrais épiloguer longtemps. Vous parler des ambassadeurs que j'ai connus en ce temps là, deux qui avaient été chefs du protocole de l'Elysée, je pourrais vous dire en quoi le style mitterrandien avait déteint sur eux dans les bons côtés et les plus négatifs. Mais je garde ces témoignages pour mes vieux jours, quand tout le monde sera mort et qu'ainsi je serai délivré de l'obligation de réserve.

 

Mais je crois vraiment que cet arrière plan mitterrandien donna un sens à mes vingt ans, à mes études à Sciences Po, à ma vision de l'avenir, même quand je m'y opposais, même quand je le dénigrais. Il en donnait à l'ensemble de la structure sociale dans laquelle je baignais. Et ce n'est sans doute pas un hasard si je suis allé écrire un mot, moi aussi, comme tant d'autres, sur le registre mortuaire du vieux président, au lendemain de sa mort.

 

En fait je ne suis pas loin de penser que nous qui avons eu 20 ans à Paris en 1990 sommes tous, peu ou prou, comme ce type dont on m'a parlé qui avait fait de longues études à Berlin Est pour devenir diplomate, et a décroché son premier poste de diplomate Est-allemand trois mois avant la disparition de la RDA pour finir au chômage. Seuls des gens particulièrement madrés, comme les ministres du gouvernement actuel, ceux qui dès le départ étaient nés pour dépasser l'Etat, peuvent échapper à ce sentiment.

 

Je crois que c'est une erreur que de chercher à compenser le sentiment du déclin de l'Etat français en bricolant sur Internet comme je le fais depuis douze ans maintenant. Internet ne fera pas revivre ce qui est mort dans l'aventure que l'Etat français nous offrait au début des années 1990 ni ne proposera aucune aventure de substitution. Les années de plomb sont loin d'être terminées.

 

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"Faut pas dormir"

3 Février 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Quand j'avais 10 ans, en 1980, sur TF1, il y avait un générique de feuilleton qui disait "Faut pas dormir quand on a la vie devant soi". Je ne sais pas pourquoi dans ma mémoire c'était la chanson d'une pub, comme Eram "est-ce une fille ou un garçon". Je découvre ce soir que c'était un générique. Mais peu importe. Cela faisait partie des messages que la TV adressait à la jeunesse, et à l'égard desquels l'enfant de 10 ans que j'étais jouissait d'une souveraine liberté. Je n'étais pas dans la tranche d'âge du public que visait ce générique, et pourtant oui, j'avais la vie devant moi. Je pouvais tout me permettre, retenir les mots de ce générique, les ignorer, les confondre avec une pub.

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Aujourd'hui que j'ai 40 ans, que je n'ai plus la vie devant moi mais juste une misérable moitié de vie (au mieux), que je suis à deux doigts d'entrer dans le royaume des grisonnants qui me semblaient si éloignés de moi à 10 ans, je pourrais dormir, m'enfoncer dans un très profond sommeil, comme "L'homme qui dort" de Pérec.

 

C'est étonnant mais je n'ai aucune envie de prendre ma place dans le monde d'aujourd'hui. Tout ce que je fais, j'ai l'impression de condescendre à le faire, presque à mon corps défendant. A 10 ans j'avais hâte de prendre ma place dans le monde, j'aurais même aimé, je crois, diriger le monde de la génération de mes parents. J'avais soif de tout apprendre sur son compte. Au fond de ma cour de récré je me récitais la liste des protagonistes de la guerre du Liban et de leurs jeux d'alliance. Aujourd'hui, tout me pèse. Quand je donne une interview comme je l'ai fait à l'ICD, j'ai l'impression de rédiger un testament. Le monde d'aujourd'hui ne m'intéresse plus, voilà la vérité.

 

Quand je prends des nouvelles du monde, je me rends compte que ceux qui le font tourner sont des gens de mon âge, ou alors des gens qui ont au plus quinze ou vingt ans de plus que moi. J'ai l'impression que ce dont je suis censé m'occuper, ce monde dans lequel je suis censé prendre ma place, n'a plus du tout les dimensions que je prêtais à celui de mes parents à 10 ans. En fait il est un peu comme ma cour de récréation d'école primaire, multipliée par quelques dizaines de millions d'habitants, mais au fond très semblable à elle. Et donc j'ai aussi peu envie d'y jouer aux billes que j'en avais dans la vraie cour de récré de mes 10 ans. Sauf peut-être pour tuer le temps, juste pour ça.

 

Or nous sommes sans doute dans un monde beaucoup plus totalitaire qu'en 1980 au sens où c'est un monde qui nous interdit de l'ignorer ou de le refuser. En 1980, dans mon village à Jurançon il y avait encore des tas de gens qui n'avaient pas la TV et peut-être même pas l'eau courante, je ne sais pas. Des gens qui en tout cas ne savaient pas grand chose, des vieux notamment, et personne n'allait leur reprocher leur ignorance. Aujourd'hui, le savoir n'est pas récompensé mais l'ignorance est châtiée : tout le monde doit avoir le savoir moyen de tout le monde, et tout le monde doit être à l'écoute de ce monde, ou du moins de ce que les médias nous présentent comme essentiel sur lui (savoir qui sont les Black Eyed Peas, ce que sont un i-pod et un sex-toy, ce que veut dire "scroller"). On a le droit d'être en colère contre notre monde, d'être dégoûté (c'est même ce qu'il y a de plus chic : de ne plus croire en l'avenir de notre espèce), mais pas de l'ignorer, de ne rien en savoir, comme ce mathématicien russe qui s'était enfermé chez sa mère et ne voulait pas entendre parler des gens qui lui donnaient le prix Nobel. Cette interdiction d'ignorer le monde est peut-être ce qui nourrit en moi l'envie de m'en désintéresser complètement. Par réflexe anti-totalitaire. Je voudrais m'inventer un  rythme à moi. Marcher dix fois moins vite que tous les autres sur les quais des trains et des métros, être dans un décalage rythmique complet. C'est peut-être là la clé d'une vraie dissidence. Un physicien sur France Culture ce soir affirmait sans rire qu'à l'autre bout de l'univers il y avait peut-être des gens qui vivaient un temps inversé par rapport au nôtre, un temps qui file vers le passé. Il n'a pas pu expliciter cette hypothèse.

 

A défaut d'un temps inversé, un mouvement presque suspendu, même artificiellement, me conviendrait très bien.

 

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1986, de l'Italie à la Suède

28 Décembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Vous souvenez-vous quand Deleuze disait que le philosophe ou l'écrivain buvaient parce que la vie est en excès pour eux et qu'ils ont besoin de boire pour supporter ce qu'ils en perçoivent ? Je trouve que c'est particulièrement vrai pendant l'adolescence. Tout ce que l'on reçoit du monde, et notamment ce que l'on reçoit à travers les femmes, est immense, écrasant. Une jeune femme russe, une jeune américaine, une italienne, une suédoise portent en elles tout un univers démesuré, toute une culture. Avec l'âge on apprend à relativiser ce sentiment, on se dit qu'une Bulgare ou une Turque qui vous fait payer une pension alimentaire est une emmerdeuse avant d'être un morceau sublime de l'empire byzantin ou ottoman. Mais ce n'est pas ainsi qu'on raisonne à 16 ans.

 

Quand j'écoutais cette chanson italienne, "Ti sento" de Matia Bazar (cf ci dessous), pendant l'été 1986 (je l'ai découverte avec un an de retard), je la trouvais presque trop lyrique pour moi. Un mélange de passion et de sophistication trop intense pour que je puisse la prendre trop au premier degré.

 

Aujourd'hui en l'entendant je suis surtout sensible à la beauté de cette langue : l'italien, qui va si bien avec la voix de la chanteuse. Une langue que je comprends très mal. Je lis les paroles qui disent ceci :

 

"La parola non ha ne' sapore ne' idea
ma due occhi invadenti petali d'orchidea
se non ha anima .... anima


Ti sento, la musica si muove appena
è un fuoco che mi scoppia dentro,
ti sento, un brivido lungo la schiena
un colpo che fa pieno centro!

Mi ami o no ... mi ami o no .... mi ami?


Che mi resta di te, della mia poesia
mentre l'ombra del sogno lenta scivola via
se non ha anima ... anima

Ti sento, bellissima statua sommersa
seduti, sdraiati, pacciati!
Ti sento atlantide isola persa,
amanti soltanto accennati !
mi ami o no ... mi ami o no .... mi ami ?
Ti sento, deserto lontano miraggio
la sabbia che vuole accecarmi
ti sento, nell'aria un amore selvaggio,
vorrei incontrarti ....."

 

Rien que le vers "Ti sento, bellissima statua sommersa" est une trouvaille extraordinaire.

Passé à la moulinette du traducteur automatique, ça donne ça.

 

"Le mot n'a pas ni saveur ni idée
mais deux yeux envahissant des pétales d'orchidée
si ça n'a pas âme…. d'âme...
Je te sens, la musique bouge à peine
il est un feu qui éclate en moi,
je te sens, un brivido long le dos
un coup qui fait mouche !

Tu m'aimes ou… tu ne m'aimes pas ou non…. m'aimes-tu ?


Qu'il me reste de toi, de ma poésie
pendant que l'ombre du rêve lentement glisse au loin
si ça n'a pas d'âme… d'âme

Je te sens, tres belle statue submergée
assis, sdraiati, à plat ventre !
Je te sens île de l' Atlantide perdue,
amants qui se sont seulement faits signe !
tu m'aimes ou… tu ne m'aimes pas ou non…. m'aimes-tu ?
Je te sens, désert mirage lointain
le sable qui veut m'aveugler
je te sens, dans l'air un amour sauvage,
je voudrais te rencontrer ....."

 

 

L'Italie de notre époque n'a donné à la France que des sous-produits (Carla Bruni, Monica Bellucci) de ce que la précédente génération avait engendré (Sophia Loren, Gina Lolo Brigida). Et je n'ai jamais rencontré dans notre génération de femme italienne qui soit à la hauteur de la beauté de sa langue, cette langue étrange, ce dérivé si musical du latin, si léger, si inventif par rapport au sobre espagnol de mon père et au lourd gascon de ma mère. Même pas parmi les napolitaines que j'ai croisées en Campanie ou les Florentines en Toscane. Aucune sauf peut-être la photographe milanaise Morgana Marchesoni (mon Dieu quel nom envoûtant - et elle le savait la bougresse) avec qui j'ai seulement dialogué sur Facebook quelques semaines durant sans jamais la rencontrer.

 

Comparez cette chanson avec cette autre de la même époque, du groupe Secret service, suédoise jusque dans la danse un peu maladroite des figurants du clip, et qui cependant, à 16 ans, me paraissait si soignée que je la croyais anglaise. Point d'effusion lyrique sous ces froides latitudes (encore moins que dans A-ha). Et cependant, une émotion très maîtrisée, condensée dans ce bel éloge de la danse à deux, dans ce rêve impossible d'un temps partagé suspendu, d'une immortalité dans la danse. Une Réunionaise de 27 ans trouvait récemment les paroles très belles (les paroles, parce que la musique ne peut plus parler à des gens "post-new wave"). Preuve que cette chanson peut encore accéder à une certaine universalité. C'était un temps où la piste de danse pouvait revêtir une dimension magique, puisqu'il pouvait s'y passer n'importe quoi... un slow par exemple.

 

 

Night is gone

Now we’re alone
I feel your body near mine
We just have to dance one more time
Your face turned down
I can’t deny
This feeling with you is a fate
I don’t care if the hour is late at all

 

Let us dance just a little bit more

Even if the band walks out the door
And all the others go
Let’s pretend that the music’s on
Even if we’re dancing all alone
And the night is gone

Just for a while
I saw your smile
I know I’ve sang in your ear
«God it’s good to be near»
Your hand in mine
So warm and fine
If only this moment would stay
If only the band was to play some more

Let us dance just a little bit more
Even if the band walks out the door
And all the others go
Let’s pretend that the music’s on
Even if we’re dancing all alone
And the night is gone

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"Vous" de Cassie

15 Septembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

1983. En Béarn les premières "radios libres" récemment légalisées se font entendre. J'ai 12 ans et demi. J'écoute "BFM", "Béarn FM". La présentatrice annonce soigneusement les titres. Moi j'enregistre avec mon magnétophone. elle dit : "Et maintenant 'Cassie : Vous' ". Elle est donc restée dans mes cassettes. J'aimais le style très classique des paroles de cette chanson, c'est si délicieusement désuet, presque une parodie de Corneille. Je croyez même qu'elles disaient "Ici vous eûtes un coeur qui n'a pour se défendre qu'un amour méconnu". Mais c'est "vous souffle un coeur", dommage.

 PAU.jpg

Quand je l'ai enregistrée, la chanson avait déjà un an. Le style musical faisait déjà très 70s, comparé aux tubes d'Imagination ou de Kim Carnes qu'on écoutait au même moment.

 

Je n'ai jamais vu le visage de la chanteuse. Beaucoup de sites (voir par exemple celui-ci en bas de page) qui publient les paroles de la chanson la confondent avec une autre Cassie née en 1986...

 

Les érudits du dimanche qui commentent les chansons nous disent, sur le Net, que "Cassie tout comme Lesley Jane sont les 2 seules Ma-Ry-Lènes à avoir tenté l'expérience de chanteuses après leur période de gigoteuses derrière Martin Circus"... Voilà qui ne parlera pas aux moins de 35 ans ... Et même on lit que "c'est une adaptation d'une méga vieille chanson, j'ai un 78 tours totalement ruiné, c'est un ténor qui chante, et il s'adresse à une "étrange femme"… ça doit dater des années 30" ! La création est un éternel recommencement...

 

 

 

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