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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #le monde autour de nous tag

Elections régionales au Venezuela

25 Décembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

concentrSur la situation au Venezuela, je vous recommande la lecture (en français) de ce petit billet, non pas tellement pour son thème principal (les scores du tout petit Parti communiste vénézuélien qui, en soi, n'ont guère d'importance) que pour ce qu'il révèle de la complexité de la situation de ce pays : on y apprend que certains gouverneurs pro-Chavez mènent des politiques anti-sociales et anti-communistes. Les choses ne sont décidément pas simples dans ce pays. A part ça intéressant aussi le score du PSUV.

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Fourberies républicaines, terrorisme de droite, Torreton/Depardieu, libertarisme des Femen

23 Décembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Bon, je continue de visiter les règlements de compte de Bernanos avec la droite "bien-pensante" de 1870 à 1937 (car j'ai aussi acheté son "Les grands cimetières sous la lune"). Je laisse le côté de l'anti-sémitisme qui, un jour, méritera un commentaire spécifique. Ces livres soulèvent d'importante questions : qu'eût été le monde si une sorte d'ultra-monarchisme "intègre" dont rêvait Bernanos avait réussi sa restauration ? Je me suis posé des questions similaires dans l'autre sens en 2009 quand je me demandais ce qu'aurait donné une république communiste en France. Il faut toujours se demander ces choses-là, car ces questions vous guérissent de l'impression de "Weltgeschichte ist Weltgeright" qui s'impose à nous à travers les catégories scolaires. Quand Bernanos dit que la bourgeoisie à partir de la Révolution a privatisé les droits et socialisé les devoirs (en faisant peser sur l'Etat l'obligation d'éduquer le peuple par exemple), je trouve que c'est une parole forte, mais, en même temps, je ne vois pas bien comment le ultra, eux, avec leurs écoles catholiques, auraient réussi une aussi complète élévation de la paysannerie à la culture que ne le fit Jules ferry (et ce quoi que l'on pense de cette culture républicaine qui était loin d'être totalement honnête...)

 

Il y a toujours du bon à lire ses adversaires. J'apprécie de trouver sous la plume de Bernanos le portait d'un Jaurès en universitaire démagogue qui rallia la classe populaire au dreyfusisme (identifié par la droite à la trahison des clercs), comme j'aimais lire sous la plume de Romain Rolland une présentation d'un Jaurès faible, trop jovial, trop enclin au compromis. Il faut connaître toutes les facettes des icônes historiques, toutes les façons dont elles ont pu être considérées en leur temps, sans pour autant adhérer à aucun des points de vue. Et je vais même vous dire : alors que ma famille fut victime du franquisme espagnol (puisque mon grande père, qui fit partie des gardes civils républicains lui fit la guerre et s'exila, sans quoi je serais né aragonais), j'aime à lire ce jugement de Bernanos selon lequel les républicains ne sont pas fondés à se plaindre de ce que des généraux fêlons fussent instrumentalisés par la réaction, puisqu'eux-mêmes n'avaient pas hésité à utiliser la trahison d'autres généraux pour renverser la monarchie en 1931. Et j'aime d'autant mieux cela que le propos émane d'un écrivain ultra qui a le courage de dénoncer l'essence terroriste du franquisme (avec d'ailleurs des lignes lumineuses aussi sur le terrorisme catholique espagnol en Flandre au XVIe siècle) et le risque (avéré en 1940) que la droite française capitule complètement devant ce terrorisme-là. Oui, il faut entendre quand on nous dit certaines vérités désagréables sur les partis de gauche, républicains ou autres. La politique n'est jamais menée par des enfants de coeur, et la question est de savoir jusqu'où un intellectuel doit valider la Realpolitik, surtout celle de son camp. Bernanos a un argument fort : la peur ne peut pas légitimer une politique, et ce aussi bien lorsqu'elle est le moteur de compromis iniques que celui du terrorisme.

 

Ce voyage dans le passé bien sûr éclaire le temps présent : cette triste aventure de notre gouvernement Ayrault-Hollande, frêle esquif embarqué sur les eaux d'une société où l'égoïsme, la lâcheté conformisme, la bêtise en un mot (grand thème de Bernanos) gouverne aussi sûrement les coeurs que les grandes banques le porte-feuille.  L'affaire Depardieu cristallise l'ultime volonté d'un peuple de croire qu'il pourrait vouloir être solidaire. L'ultime "volonté de volonté". L'appel de Torreton dans Libé et les morsures que lui infligent en retour les vedettes du show-biz (Lucchini, Gad Elmaleh, Deneuve) en disent aussi long sur la difficulté de dire encore quelque chose "de gauche" dans ce pays, que les grands moulinets dans le vide du camarade Montebourg.

 

Alors ont-ils raison de vouloir déplacer le combat sur le terrain "sociétal" nos camarades socialistes ? Oui et non. Cette dictature grossière des "théories du genre" qui veulent interdire aux petites filles de jouer à la poupée et aux petits garçons les jeux de guerre constitue, comme l'a noté à juste titre Pinker, une queue de comète du stalinisme dont on se serait bien passé... Queue de comète sur le mode de la répétition comique de tragédies anciennes, avec la nonne Clémentine Autain dans le rôle du nouveau Jdanov. Et cependant tout n'est pas à jeter dans cet effort pour réformer les moeurs. Prenez les Femen par exemple : en regardant la prose de ce mouvement, qui jusqu'ici se bornait à imposer la violence phallique de corps d'Amazones transformées (avec plus ou moins de succès) en Robocop, je vois émerger ça et là en leur sein (quoique souvent honteusement, et sans doute sous l'éteignoir des bonnes soeurs intégristes de leur club) d'intéressants appels à la liberté sexuelle, dont l'Egyptienne Alia Elmahdi, qui manifestait avec elles en Suède cette semaine, se fait l'avocate (maladroite certes, mais bon). On aurait tort de ne voir là que des manipulations de la Fondation Soros. Cette liberté là ne viendra peut-être pas complètement à bout du pouvoir des banques, mais elle en sera toujours un frein, car, même si Cohn-Bendit est trop sot pour le voir, elle reste incompatible avec le productivisme libéral. C'est pourquoi je reste proche à certains égards de la mouvance écologiste, plus que ne le furent les staliniens de la mouvance anti-impérialiste qui n'y voyaient que des alliés "verts de gris" de l'autoritarisme de l'OTAN. Le nouvel ordre écologique et le libertarisme sexuel restent des instruments très importants de la réforme sociale à venir.

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Telesur exagère et le PCF du Havre oublie Niemeyer

6 Décembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Je regardais Telesur ce soir, cette chaîne de télévision vénézuélienne qui a suscité tant d'espoirs dans les milieux altermondialistes dans les années 2005-2006. Elle parlait de la loi contre la concentration des médias en Argentine (une loi comme en font ou tentent d'en faire passer d'ordinaire les gouvernements de gauche, comme en France sous Mitterrand en 83 ou 84). Telesur titrait "Reporters sans frontières RSF condamne cette loi". Quand on va sur le site de cette ONG on se rend compte qu'il n'en est rien : elle juge la loi positive tout en dénonçant le climat de "polarisation" qu'elle suscite (polarisation à laquelle contribue le gouvernement argentin selon elle, mais pas seulement). D'ailleurs on se rend compte que RSF est souvent assez niniste : en Argentine elle renvoie dos-à-dos gouvernement et opposition, en Syrie elle critique les meurtres ciblés de journalistes par l'armée loyaliste et par les rebelles... Le ninisme n'est pas toujours une attitude intelligente, mais c'est parfois un pis-aller acceptable.

 

Du coup je me dis que, sans doute, le Venezuela et Telesur ont souvent exagéré leurs vitupérations contre les ONG occidentales du type Reporter sans frontière (surtout à l'époque - autour de 2007-2008 - où tout le monde était obsédé dans les milieux antiimpéralistes par le "révolution colorées" et le "soft power"), RSF à laquelle on peut certes reprocher beaucoup de choses (son indifférence au sort des journalistes de médias "ennemis" de l'Occident, son antichavisme primaire etc) mais dont il ne faut pas noircir outre-mesure les partis pris.

 

volcan.jpgPuisque nous parlons de l'Amérique latine, saluons ce soir la mémoire d'Oscar Niemeyer, grand architecte brésilien décédé à l'âge de 104 ans. Le journal cubain Granma cite aujourd'hui Eduardo Galeano à son sujet : "Niemeyer détestait autant le capitalisme que l'angle droit. Contre l'imperialisme, il ne pouvait pas faire grand chose. Mais contre l'angle droit, oppresseur de l'espace, son architecture triomphe, libre et sensuelle et légère comme les nuages". Le Parti communiste du Havre, lui, est bêtement silencieux sur la mort de Niemeyer alors que la ville lui doit pourtant son fameux pot de yaourt ou "volcan" à l'époque où le PC la gouvernait (le journal local Paris-Normandie et la municipalité actuelle de droite du Havre sont plus rapides à réagir). Heureusement le PCF, dont le siège national est aussi l'oeuvre de cet architecte, se fend d'un communiqué éloquent et l'Humanité d'un dossier spécial. L'honneur est sauf.

 

Rien à voir ou peut-être :

 


La liberté, c’est de dire la vérité, avec des précautions terribles, sur la route où TOUT se trouve (René Char)

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Walk like an Egyptian

4 Décembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

J'aime bien les Egyptiens. La façon dont ils faisaient fuir les colonnes de CRS (ou de leurs équivalents cairotes) en 2011 m'avait impressionné. Leur manière de faire sortir le président Morsi de son palais aujourd'hui n'est pas mauvaise du tout non plus. Voilà un peuple qui sait bouger. Bon, je les apprécie moins quand ils déshabillent les journalistes occidentales sur la place Tahir pour leur glisser un digitus obscenus - d'ailleurs ce soir les reporters femmes de LCP et de France 3 parlaient prudemment de la terrasse de leurs hôtels avec vue sur la ville. J'avoue ne pas avoir lu très en détail le projet de constitution de M. Morsi. Il n'avait pas l'air en soi très scandaleux d'après les résumés des agences. La référence à la charia existait déjà sous Moubarak (comme sous Saddam Hussein dpuis 1992 et sous Kadhafi on a tendance à l'oublier) et Morsi avait introduit des mesures intéressantes dans son texte comme le non renouvellement du mandat présidentiel (mais on sait ce que M. Poutine en a fait, passons...). Mais la manière dont il le fait passer (en quelques jours, avec un pistolet sur la tempe de la cour suprême, et une assemblée constituante vidée de ses opposants) ne convenait pas à un président élu dans des conditions comparables à celles dont a bénéficié M. Copé à l'UMP (et avec la même marge en pourcentage).

 

Vu les effectifs de la manifestation pro-Frères musulmans avant hier on peut supposer que la mobilisation d'aujourd'hui suscitera une réaction de ce parti. J'espère qu'ils ne prendront pas le chemin de la guerre civile. En tout cas aujourd'hui le geste égyptien était beau. Plaudite cive.

 

Aristippus01Moins belles sont les menaces d'intervention militaire en Syrie dans les médias ce soir. De quoi s'agit-il ? D'un coup de bluff ? pourquoi , comment ? Je croyais que l'OTAN n'avait pas les moyens militaires d'une intervention là-bas. Quels sont les tenants et aboutissants de cette affaire ? Mystère. Pour tout éclairage nos médias si indépendants nous font un cours sur le gaz sarin. Je ne sais pas du tout si la Syrie en a ou pas, et si M. Assad a décidé d'en utiliser - s'il l'entreprend je doute quand même qu'il le fasse dans les zones urbaines n'ayant pas d'intérêt à s'en prendre ainsi à des civils (ce que font nécessairement les armes chimiques en ville) alors qu'il a lancé un processus de refonte politique de son régime. Cela me paraît aussi idiot que l'idée selon laquelle il pourrait attaquer la Turquie. Oui, cela sent le bluff. Mais dans quel but ? Pour faire pression sur le Russes ? Mystère.

 

Mystère aussi cette nouvelle d'un rachat possible de Pétroplus en Seine-Maritime... par les Iraniens. Les Iraniens, dans le pré carré de Laurent Fabius qui est élu du coin ! On aurait tout vu. Je suppose que notre ministre des affaires étrangères préfèrerait couler cent fois sa raffinerie que de se fâcher avec les Américains (allergiques à tous ceux qui commercent avec Téhéran en moment). Tout ce qui touche au Proche-Orient est décidément  bien sybillin...

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Altius

3 Décembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

vall-e-d-ossau.jpgIl n'y a plus que deux pays montagneux pour s'intéresser à mes travaux : l'Abkhazie, dont le principal journal publiera prochainement une interview de votre serviteur (bien sûr je la posterai sur ce blog), et la Suisse dont un grand média national me posera bientôt quelques questions en anthropologie du corps (pour la troisième fois en 10 mois, pas le même média à chaque fois). Je suis content de travailler avec des Helvètes après avoir, pendant un temps, très proche des Belges (il y en avait beaucoup parmi les contributeurs de l'Atlas alternatif souvenez vous). Il y a un jeu de miroir toujour intéressant entre la France et ces petites communautés francophones non hexagonales. Nous les pensons sous la catégorie de l'identique (par pur impérialisme), mais en vérité leur histoire a façonné chez elles des sensibilités très différentes de celles de notre pays. La Suisse est un pays qui a connu une histoire folle, et souvent tragique. Son émancipation des Habsbourg, son incroyable révolution calviniste, sa survie grâce au mercenariat, et encore son rôle de hâvre de raison dans la folie de la première guerre mondiale.

 

Il y a quelque chose d'à la fois très confortable et de très dur dans le fait d'être suisse, c'est du moins ce que je pressens au vu de ce que j'entrevois de ce pays, et de la dialectique de son rapport à la mondialisation.. J'aurai bien sûr tout cela à l'esprit lors de mon interview.

 

Mais laissons cela. J'ai oublié de saluer cette semaine la reconnaissance de la Palestine par l'ONU qui, bien sûr, m'a fait plaisir. Quand je pense qu'il a fallu que M. Fabius fasse pression sur M. Hollande pour que celui-ci l'accepte alors même que cela figurait dans ses promesses électorale et que M. Sarkozy était déjà allé dans ce sens au moment du vote sur l'entrée à l'UNESCO ! Ce président ne m'inpire décidément aucun sentiment positif. Et que dire du Royaume Uni qui voulait subordonner son vote à un engagement de M. Abbas de ne jamais poursuivre Israël en justice pour crime de guerre !

welcme.jpg

Une pensée pour ceux qui vont endurer de nouvelles colonisations en Cisjordanie. Et une pour Gaza. Pour nous aider : ce bel article de Caroline Bourgeret ici. J'aime les gens qui sont dans le réel. Le réel hors norme. Celui qu'on ne veut pas voir.

 

Bon, et puis un peu de détente. On rend hommage à Georges-Guy Lamotte, dont je vous ai déjà parlé là, et puis, juste en dessous, on se promène aux Halles de Pau. Voilà. Et au passage j'ai aussi une petite pensée pour le type qui aujourd'hui, dans la capitale du Béarn, s'est jeté par dessus le parapet du boulevard des Pyrénées. C'est une sorte de Promenade des anglais au dessus d'une palmeraie. Cet homme l'a choisie comme espace de son suicide. Le message a une certaine valeur.

 

Oh zut ! je découvre soudain que j'ai oublié de vous parler du lien que je fais entre l'Abkhazie et le bouquin de Gaudillières et Davoine "Histoire et trauma" que je relisais hier. Un livre qui enfonce un peu des portes ouvertes (ou du moins qui traite de sujets évidents à mes yeux) mais qui a le mérite de le faire en citant l'Iliade (à juste titre : on ne peut parler de la guerre sans évoquer l'Iliade, ni évoquer la métaphysique masculine sans citer l'Odyssée). Tant pis. Je laisse tout cela de côté. Place aux vidéos.

 

 

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